Publié le 15 novembre 2015
Écrit par Louise Lamontagne
Cette dernière décennie a été marquée par une prise de conscience sans précédent des enjeux écologiques et des conséquences de notre société de consommation sur notre santé et sur la planète en général.
On s’inquiète depuis longtemps de l’évolution de l’industrie agroalimentaire. Déjà, en 1940, le Testament agricole de sir Albert Howard mettait les cultivateurs en garde contre l’utilisation des engrais artificiels et ses risques sur la santé et la fertilité des sols. En 1968, un article de la revue britannique Science établissait un lien entre la diminution du nombre d’oiseaux et leur stérilité à cause d’un excès de pesticides. En 1975, le Conseil américain sur la qualité de l’environnement déclarait que 95 % des apports en DDT se retrouvant chez l’homme provenaient de la viande et des produits laitiers. En 1959, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait à 1 million de cas et 20 000 décès les empoisonnements causés par les pesticides à travers le monde. Par la suite, les années 1990 se sont fait remarquer par leur lot de « vaches folles », de salmonelloses, d’hormones de croissance, d’irradiation, de génie génétique, et de combien d’autres.
Les terres modernes : des sols pauvres
L’excessive fertilisation chimique conduit à la dégradation des sols par destruction des micro- organismes qui font partie intégrante de l’humus. Quand ces micro-organismes sont détruits, la terre devient stérile, et pour garder ou pour accroître les rendements on doit recourir à des doses croissantes d’engrais chimiques. Les plantes qui poussent ainsi sont plus fragiles ; elles sont une proie de choix pour les parasites et les champignons. On doit les arroser de pesticides et de fongicides de plus en plus puissants, mais de plus en plus nocifs pour la santé.
Les organophosporés
On pourrait qualifier ces pesticides de « poisons neurologiques » qui affectent le système nerveux et provoquent des maux de tête, des troubles de la vision, des problèmes respiratoires, des pertes de mémoire. Ces produits chimiques sont très employés sur les choux, les brocolis, les champignons et les pommes de terre. Souvent interdits dans les pays du Nord, mais largement exportés et utilisés dans les pays du Sud, ils reviennent, tel un boomerang, dans nos assiettes.
Les OGM
D’après un nombre sans cesse croissant d’arguments scientifiques, les OGM seraient nuisibles à la santé.
En Grande-Bretagne, l’Association des médecins a demandé que l’on interdise les OGM dans l’alimentation, en raison des risques d’allergies de ces protéines nouvellement apparues. Emmanuelle Vibert, dans 100 réflexes bio, a un exemple particulièrement intéressant. Elle écrit « Imaginez que vous soyez allergique aux fraises et que, pour des raisons de couleurs, on injecte des gênes de la fraise dans les crevettes.
Eh bien, le jour où vous vous offrez un beau plateau de fruits de mer, vous vous retrouvez couvert d’eczéma. Le gros problème avec les OGM c’est qu’en jouant aux apprentis sorciers, les scientifiques risquent de bouleverser complètement les repères. »
La « pollution génétique » et les dégâts causés par les champs d’OGM affectent l’environnement. Du pollen transgénique est transporté par le vent, la pluie, les oiseaux, les abeilles et les insectes pollinisateurs vers les champs voisins, polluant l’ADN des cultures biologiques et conventionnelles qui refusent les OGM.
Les maladies provoquées par les produits chimiques
Notre organisme lutte vaillamment contre les pesticides et les autres produits chimiques. Si de fortes teneurs peuvent provoquer un empoisonnement, des taux plus faibles sont, à la longue, néfastes pour la santé. L’exposition prolongée aux pesticides est désormais associée avec de nombreuses maladies dites de « civilisation » : allergies, stérilité, fatigue chronique, colopathies fonctionnelles, asthme, troubles neurologiques, hyperactivité et dépression.
Une attitude responsable
Le mouvement partisan des produits biologiques et naturels vise à trouver une solution aux nombreux problèmes du XXIe siècle : pollution, parasites, érosion des sols, constructions au détriment des espaces verts, disparition d’espèces animales, problèmes de santé, crises agricoles, pêche industrielle à outrance, etc.
Ce mouvement ne recherche ni le profit ni des solutions à court terme, mais une attitude saine envers la nature et la planète. Avant tout, l’agriculture biologique veut instaurer un rythme basé sur le respect des cycles biologiques par le biais de la rotation des cultures et l’emploi des fertilisants naturels.
Choisir les produits bio
Les légumes bio poussent sans apport d’engrais artificiels ou de pesticides, dans des sols ayant été déclarés propices à l’agriculture biologique, ce qui est tout le contraire des pratiques intensives. Aucun produit bio n’a été irradié ou ne renferme d’OGM. Ainsi, les fruits et les légumes bio, qu’ils soient frais, séchés, congelés ou en boîte, ne contiennent aucun pesticide chimique ; on peut cependant y retrouver des traces infimes liées à la pollution diffuse de l’environnement. Si les produits bio se conservent moins longtemps, c’est qu’ils n’ont pas été traités avec des cires, des conservateurs, des produits radioactifs ou le génie génétique pour accroître leur durée de vie. Si la forme et l’apparence des produits bio sont généralement moins parfaites que celles de leurs homologues conventionnels, c’est qu’on ne fait rien pour modifier leur véritable aspect naturel.
Les écologistes, les agriculteurs, les naturalistes engagés dans le bio et tous leurs adeptes soutiennent que la consommation de produits bio est bénéfique pour la santé. Depuis plusieurs années, de nombreuses études se sont succédé et leur donnent raison. Par contre, d’autres études soutiennent qu’il ne s’agit que d’une mode ou d’une illusion. Les détracteurs du bio sont souvent liés aux grands trusts alimentaires ou chimiques. Difficile de critiquer la firme qui nous emploie sans se faire montrer la porte !
On doit quand même laver les végétaux bio
Même si les fruits et les légumes bio n’ont pas été traités avec des pesticides, on doit quand même les laver, parce qu’ils sont passés par de nombreuses mains et ont un risque potentiel d’introduire des bactéries, des virus ou d’autres micro-organismes. De plus, parce qu’un sol cultivé selon les principes de l’agriculture biologique n’est quand même pas stérile, le lavage s’impose. Enfin, parce que les divers polluants, les pluies acides et les déjections des insectes, des oiseaux et des animaux peuvent se retrouver sur un produit, aussi naturel soit-il. Le choix du bio concourt à se maintenir en santé, mais il participe aussi à la préservation de la planète et permet de construire pour nos enfants un monde meilleur.
RÉFÉRENCES
LAZARUS, Marthe. Je suis tout bio, Paris, éd. Paja, 2008.
VADROT, Claude-Marie. Bio – le vrai du faux, Paris, éd. Delachaux et Niestlé, 2013.
VIBERT, Emmanuelle et Hélène BINET. 100 réflexes bio, Paris, éd. Leduc, 2008.