Le foie, au cœur de la santé

Publié le 1 janvier 2021
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Le foie, au cœur de la santé

Le mode de vie et l’alimentation modernes mettent régulièrement à l’épreuve notre superfiltre biologique, qui peut alors montrer des signes d’« encrassement » et rouspéter lorsqu’on sirote une petite coupe de vino, par exemple. Puisque l’engorgement du foie ne constitue pas un diagnostic médical et qu’il n’existe pas vraiment de façon de le déceler grâce aux tests médicaux conventionnels, il n’est pas rare de se faire dire que tout va bien alors que nos inconforts hépatiques sont bien réels. Qui plus est, l’état de notre foie se répercute sur tous nos grands systèmes, si bien que l’engorgement hépatique peut se manifester de différentes façons pas toujours évidentes à décoder si on ne possède pas une bonne connaissance du fonctionnement de l’organisme. Allons voir ce qui pourrait clocher du côté du foie et, surtout, de quelle façon nous pouvons y remédier.

 

Foie 101 

Le foie est l’un des plus grands et importants organes de notre corps. Il se trouve du côté supérieur droit de l’abdomen, sous la cage thoracique, où il est connecté à la vésicule biliaire, avec laquelle il travaille en étroite collaboration. Ce superhéros biologique accomplit plus de 500 fonctions vitales, dont les plus connues sont la filtration et le nettoyage du sang ainsi que l’élimination des toxines. En tant que principal organe de la désintoxication, c’est lui qui reconnaît les substances toxiques et les transforme en matière inoffensive pouvant ensuite être éliminée. Il est aussi impliqué dans la transformation des nutriments en énergie et l’entreposage des vitamines et des minéraux. 

 

Le lien foie-immunité

Le foie occupe aussi plusieurs fonctions moins connues. Par exemple, on apprenait dans un article du World Journal of Hepatology, en 2017, qu’il est reconnu en tant qu’organe du système immunitaire. Il assure en effet le délicat équilibre entre le dépistage hépatique des antigènes pathogènes et la tolérance immunitaire aux auto-antigènes. Autrement dit, il est chargé de la reconnaissance et du tri entre les envahisseurs et nos soldats. Cette connexion entre le foie et le système immunitaire explique en partie pourquoi nous avons tendance à être plus vulnérables face aux infections comme l’influenza à la suite de périodes d’abus alimentaires. Ce lien étroit met aussi en cause le glutathion, une précieuse substance aussi importante pour notre détoxification que pour notre immunité.

 

Le lien stress-foie-immunité

Lorsque le corps perçoit un stress, la production d’adrénaline et de cortisol, toutes deux des hormones de stress, sont sécrétées. Ces hormones doivent éventuellement être traitées par le foie, mais le hic, c’est que le système digestif se contracte sous l’action du stress, ce qui rend moins efficace la digestion. On sait que le stress chronique abaisse les défenses immunitaires et sape la glutamine servant de nourriture aux cellules appelées « entérocytes » qui tapissent la paroi du tube digestif, contribuant à l’hyperporosité intestinale. Lorsque l’intestin est « poreux », des particules en provenance du tube digestif se retrouvent dans la circulation sanguine et doivent à nouveau être filtrées par le foie, augmentant la surcharge hépatique et plongeant l’organisme dans un cercle vicieux. Il incombe donc de s’attaquer à ce problème avant de procéder à toute cure de détoxification en modulant le stress, en normalisant le transit intestinal, en supprimant les allergènes et en optimisant le microbiote.

 

Le lien stress-foie-hormones

Le stress affecte aussi l’équilibre hormonal au détriment de la progestérone et en faveur des œstrogènes. Le métabolisme des œstrogènes a lieu principalement dans le foie à travers les réactions de détoxification de phase I (hydroxylation) et de phase II (méthylation, sulfatation et glucuronidation). Ces voies métaboliques dépendent de substances nutritives qui agissent comme cofacteurs enzymatiques ou comme des clés qui activent des serrures. Les plus importantes sont les vitamines du complexe B (B12, B9 et B6), le magnésium et les molécules soufrées provenant par exemple des protéines. La qualité de la bile est aussi primordiale pour éliminer les hormones. La consommation d’eau, les substances comme la taurine, la curcumine et les fibres soutiennent le travail de la vésicule biliaire.

Trois principaux facteurs régissent le métabolisme des œstrogènes : la constitution génétique de l’individu, son mode de vie et son alimentation, et enfin son environnement. Les tests génétiques peuvent nous fournir beaucoup d’information sur la capacité de détoxification hormonale et les meilleures formes de vitamines à utiliser. 

 

Le rôle des enzymes

Les enzymes sont essentielles à la bonne digestion et le maintien de la santé du corps. Elles travaillent en collaboration avec d’autres substances biochimiques telles que l’acide gastrique et la bile pour décomposer les aliments en molécules servant à un large éventail de fonctions organiques. 

  • L’amylase produite dans les glandes salivaires, le pancréas et l’intestin grêle sert à décomposer les molécules d’amidon en sucres, qui sont finalement digérés en glucose par d’autres enzymes. Ce dernier est ensuite absorbé dans la circulation sanguine du corps à travers la paroi de l’intestin grêle.
  • La protéase est produite dans l’estomac, le pancréas et l’intestin grêle. La plupart des réactions chimiques se produisent dans l’estomac et l’intestin grêle. Dans l’estomac, la pepsine est la principale enzyme digestive qui attaque les protéines. Plusieurs autres enzymes pancréatiques agissent lorsque les protéines atteignent l’intestin grêle.
  • La lipase est produite dans le pancréas et l’intestin grêle. Les lipides jouent de nombreux rôles, notamment le stockage d’énergie à long terme et le soutien de la santé cellulaire.

Certains facteurs affectent l’activité enzymatique, dont le pH (taux d’acidité) et notre température basale. Consommer des aliments vivants riches en enzymes aide à soulager la charge de travail des enzymes produites par l’organisme. Les suppléments d’enzymes peuvent aussi soutenir le travail digestif et réduire les symptômes d’engorgement hépatique et d’allergies. 

Les enzymes systémiques englobent des enzymes comme la trypsine, la chymotrypsine, ainsi que la bromélaïne et la papaïne extraites de plantes. Ces enzymes survivent à l’acidité de l’estomac et atteignent l’intestin grêle, où elles sont absorbées dans la circulation sanguine. Elles dégradent les protéines, exerçant ainsi plusieurs effets bénéfiques, dont la purification sanguine, et sont dotées d’activité anti-inflammatoire et antifibrotique.

En conclusion

Considérant le rôle majeur du foie, le maintien d’une fonction hépatique performante devrait se situer au cœur de toute démarche en santé. Un foie en bon état soutient entre autres notre immunité et notre équilibre hormonal. Cependant, il ne suffit plus de se soumettre à une petite cure de détox annuelle pour optimiser le travail de notre foie. Idéalement, on procède à un test génétique qui nous permet de déterminer nos forces et nos faiblesses en matière de détoxification et de besoins de cofacteurs nutritionnels. Ensuite, on s’assure que les besoins en vitamines du groupe B, en magnésium et en protéines fournissant des acides aminés soufrés comme la taurine sont comblés. Boire suffisamment d’eau de source et contrôler notre stress sont aussi deux conditions essentielles au bon fonctionnement de la digestion en général. Favoriser une alimentation riche en aliments vivants nous fournissant des enzymes et, le cas échant, ajouter un supplément enzymatique contribuent à soulager la charge digestive et ainsi à permettre au foie de se détoxifier plus efficacement. 

Précautions

Avant de procéder à toute cure de détoxification, on doit s’assurer que l’intestin est en bon état et que nous disposons de l’énergie vitale nécessaire, au risque de nous intoxiquer davantage. Si on peut facilement procéder à ces quelques changements sur les plans de l’alimentation et du mode de vie, il vaut toujours mieux être guidé par un naturopathe agréé, en cas de problèmes plus importants.

Signes d’engorgement hépatique
  • Douleur dans la partie supérieure droite du ventre 
  • Enflure à travers l’abdomen et également vers le ventre
  • Sensibilité au niveau du foie
  • Hypertrophie ou rétrécissement du foie
  • Jaunisse ou jaunissement de la peau
  • Fatigue
  • Nausées, vomissements, perte de poids et d’appétit
  • Faiblesse
  • Confusion et difficulté à se concentrer
  • Ballonnements et gaz
  • Ecchymoses apparaissant facilement
  • Urine foncée
  • Transpiration excessive
  • Constipation
  • Selles pâles, ou foncées de couleur goudron
  • Taches sèches et sombres sur le cou et sous les bras
  • Gonflement des jambes et des chevilles
  • Taux de cholestérol élevé
  • Syndrome prémenstruel
  • Règles irrégulières
  • Acné
  • Sautes d’humeur 

 

RÉFÉRENCES

1. Murray R.K et al. Harper’s Biochemistry. 24th ed. Stamford (CT): Appleton & Lange; 1996. 

2. Zukaczer D. Estrogen’s two-way street. Nutrition Sci News. November 2001 http://www.chiro.org/nutrition/FULL/Estrogens_Two-Way_ Street.shtml visited on August 8th, 2013