Publié le 9 avril 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.
À l’opposé du décalage horaire, soit un trouble de santé se présentant après un déplacement, le mal des transports peut toucher une personne dès le début du voyage et pendant toute la durée de celui-ci.
On dénombre environ 20 % des passagers de bateau souffrant de mal de mer et trois personnes sur dix expérimenteront des vomissements, tandis que l’on considère que 10 % de la population souffre de nausées en voiture.
La cinétose est le terme médical donné à ce que l’on connaît sous le nom de mal des transports. Les femmes, les personnes âgées ainsi que les enfants de 10 à 12 ans sont les plus souvent touchés. En bas de cet âge, on croit que l’appareil vestibulaire des enfants est insuffisamment développé et donc moins apte à déceler les mouvements.
Les symptômes peuvent prendre différentes formes. Il peut s’agir de nausées ou de migraines, d’étourdissements et de vomissements. La personne peut aussi expérimenter de la fatigue, une perte d’appétit, de la détresse et peut même avoir de la difficulté à respirer. Il peut y avoir superposition de symptômes, dont une salivation et une transpiration excessives. L’anxiété, une suralimentation et une mauvaise ventilation peuvent amplifier ce trouble de santé. Certaines personnes peuvent avoir une sensibilité à réagir à des bruits, à des images ou à des odeurs fortes, qui déclencheront une crise.
LA PHYSIOLOGIE DE LA CINÉTOSE
Normalement, le cerveau s’en remet à trois systèmes sensoriels pour maintenir son orientation spatiale : le système vestibulaire (l’oreille interne), le système visuel (les yeux) et le système somato-sensoriel (la peau et les muscles). Ces trois systèmes interagissent pour donner une information complète de l’orientation spatiale au cerveau.
Quand les étourdissements apparaissent, comme avec le mal des transports, il y a un conflit entre le signal envoyé au cerveau par le système vestibulaire et les autres systèmes d’équilibre du corps. Cela peut se produire lorsque des mouvements importants et chaotiques se produisent, par exemple en avion ou en bateau.
Il existe trois types de cinétose. Le premier est causé par un mouvement ressenti, mais non vu. Le système vestibulaire est sollicité, aucun mouvement n’est détecté par le système visuel. Le mal de voiture, le mal de l’air et le mal de mer font partie de cette catégorie. En effet, les yeux voient en majeure partie l’intérieur du véhicule, qu’il s’agisse de l’intérieur de la voiture, du bateau ou de l’avion, qui ne bouge pas, contredisant l’effet ressenti. Le deuxième type est vécu par un mouvement vu, mais non ressenti. Cette fois, c’est le système visuel qui est sollicité, mais pas le système vestibulaire.
Cela se produit lorsque des personnes sensibles regardent des films sur grand écran, par exemple montrant des mouvements spectaculaires, comme voler au-dessus d’un paysage. Le dernier type de cinétose peut être causé lorsque le système visuel et le système vestibulaire détectent des mouvements contradictoires, comme dans les jeux à l’ordinateur, les simulateurs ou les jeux vidéo.
LA VISION NATUROPATHIQUE
On dit souvent, en naturopathie, que la nausée est un signe de foie congestionné. Or, l’explication pour le moins novatrice de Dr Martin Gagnon, un chiropraticien de la rive-sud de Montréal qui a participé à la recherche sur le mal des transports au ministère de la Défense et à l’Agence spatiale européenne, vient appuyer cette thèse. Il affirme que l’appareil vestibulaire joue un rôle de premier plan pour détecter nos toxines internes et que l’un des premiers symptômes de l’intoxication est d’ailleurs un étourdissement. De plus, le vomissement est une façon pour le corps d’éliminer ses toxines.
On peut donc comprendre que la réaction de nausées et de vomissements soit facilement déclenchée lors d’un déplacement pour une personne ayant un foie surchargé, car l’appareil vestibulaire est alors surstimulé. On a également observé que les femmes sont plus sujettes à ce trouble de santé, car le seuil de sensibilité aux poisons est plus bas selon leur cycle hormonal et atteindrait un minimum juste avant les règles, selon une étude portant sur le mal des transports à l’Université de Westminster, à Londres, par l’équipe du psychologue John Golding.
QUE PEUT-ON Y FAIRE ?
La prévention est la meilleure arme contre cette affection, car une fois les nausées et les étourdissements enclenchés, il devient plus difficile de contrôler la réaction.
Parmi les moyens à votre disposition, le simple fait de pouvoir choisir sa place lors d’un voyage fera une grande différence. Par exemple, lors d’un voyage en bateau, il vaut mieux choisir une cabine près du centre, car il y a moins de variations d’élévation causées par les vagues. En avion, on suggère de s’asseoir près de l’aile, alors que dans un train, on devrait s’asseoir à côté d’une fenêtre et faire face à l’avant.
Finalement, en voiture, il est préférable de conduire ou de s’asseoir dans le siège du passager avant.
Il est conseillé de regarder par la fenêtre du véhicule en mouvement et dans la direction du voyage. On doit fixer l’horizon ou un point fixe au loin et éviter de détourner le regard rapidement, ce qui permet de ramener l’équilibrioception. La personne devrait éviter de lire pendant le déplacement et garder la tête immobile appuyée. Respirer profondément et prendre de l’air frais aide à mieux oxygéner le cerveau. Vous pouvez fermer les yeux et prendre du repos pour résoudre le conflit interne entre le système visuel et le système vestibulaire lorsque les symptômes apparaissent.
Du côté alimentaire, on devrait éviter les mets épicés, l’alcool et la cigarette. Cela peut perturber le fonctionnement délicat à l’intérieur de l’oreille interne. Pour éviter les difficultés digestives, il est important de ne pas manger gras, salé ou sucré avant et pendant le voyage. Il est préférable de manger plusieurs petits repas tout au long du voyage pour s’assurer que l’estomac ne soit jamais vide.
Lorsque les symptômes apparaissent, on peut exercer une pression ou frotter les poignets à peu près à trois doigts de largeur de la ligne qui sépare la main du bras. En massant ce point d’acupuncture, on peut arriver à faire avorter une crise.
QUELQUES SOLUTIONS NATURELLES
Même si certains médicaments utilisés pour le mal des transports, dont le Gravol, sont efficaces, il faut savoir que ceux-ci peuvent causer certains effets indésirables, comme la somnolence. Toutefois, ils ne règlent pas le problème sous-jacent, soit la congestion du foie.
En naturopathie, on suggère plutôt d’entreprendre une cure de détoxication avant même la planification d’un voyage. Certains nutriments peuvent être d’un grand secours, notamment le chardon-marie, le curcuma, le N-acétyle-cystéine et les facteurs lipotropiques (dont la choline et l’inositol), qui aideront à décongestionner le foie.
Pendant le voyage, le glycinate de magnésium est un bon supplément pour tonifier les nerfs, et la vitamine B6 pour réduire les nausées. L’extrait de gingembre est aussi un traitement efficace pour les nausées et l’estomac fragile. Ce nutriment est réputé pour calmer la valve pylorique située à la base de l’estomac et empêcher le contenu de l’estomac de rester stagnant à cet endroit, un facteur pouvant provoquer des vomissements. Également, une goutte d’huile essentielle de menthe poivrée sous la langue calme l’estomac, prévient la nausée et le mal des transports.
Voilà quelques idées simples et à votre disposition pour vous aider à profiter pleinement de vos déplacements.
RÉFÉRENCES
1.BENSON, AJ. Motion Sickness In: Medical Aspects of Harsh Environments, vol. 2, Washington, DC, 2002.
2.ERNST, E et M.H. PITTLER. “Efficacy of ginger for nausea and vomiting: a systematic review of randomized clinical trials”, British Journal of Anaesthesia, 367–371, mars 2000.
3.CHEUNG, B., R. HESKIN, K. HOFER et M. GAGNON. “The menstrual cycle and susceptibility to coriolis-induced sickness”, Journal of Vestibular Research II, 129-136, 2001.
4.RONA, Zoltan, M.D., M. Sc, Encyclopedia of natural healing, Alive books, 1997.