Le ronflement intermittent

Publié le 15 mars 2017
Écrit par Louise Lamontagne

Le ronflement intermittent

Qu’il soit intermittent ou permanent, le ronflement agace et irrite. Cette nuisance sonore dont le ronfleur lui-même n’a pas conscience peut atteindre 40, 50, voire 70 décibels.

Si le ronflement est un phénomène fréquent, il n’est pas pour autant une manifestation normale. C’est le premier symptôme d’un problème de circulation d’air. En état d’éveil, les muscles de la gorge gardent les voies aériennes ouvertes et la gorge se détend. Le moindre ronflement indique la présence d’une gêne mineure ou majeure causée par l’obstruction partielle des voies hautes respiratoires combinée à la vibration du voile du palais.

Lors de l’inspiration de l’air, le voile, qui est un tissu mou, peut vibrer de 30 à 60 fois par seconde. Cette vibration de base s’accompagne, à l’expiration, d’autres sonorités qui trouvent leur source au niveau de la cavité buccale et des joues. On parle de grognement, de gargouillis, de raclement qui donnent toutes sortes de sonorités, de tonalités et d’intensités. Les bruits que peut générer un ronfleur sont renversants.

 

LES « SUSPECTS » HABITUELS

1- L’âge, le surpoids et l’alimentation

2- Le tabac et l’alcool

3- La sédentarité

4- Le stress

5- Les somnifères et les calmants

6- Les infections ORL.

 

ÂGE, SURPOIDS ET ALIMENTATION

Le ronflement augmente avec l’âge. Entre 35 et 50 ans, ce sont surtout les hommes qui ronflent par apparition de surpoids. Chez la femme, le problème se manifeste plus tardivement, habituellement entre 50 et 65 ans, une fois la ménopause bien installée.

Le surpoids est la première de toutes les causes générales du ronflement ; 75 % des ronfleurs sont grassouillets. Le surplus de poids est lié à de mauvaises habitudes alimentaires où les erreurs diététiques sont multiples : nourriture trop abondante en comparaison aux dépenses énergétiques ; nourriture trop riche en sucres rapides et en graisses animales ; mauvaise répartition de la nourriture dans la journée (couramment, le souper est le repas le plus abondant et le plus calorique, et souvent il est trop tardif).

Ces mauvaises habitudes conduisent, au quotidien, à un sommeil lourd en période de digestion, et à plus ou moins long terme, à une prise de poids, qui ne fait qu’augmenter le ronflement.

On arrive à 60 ans. À cet âge, le ronflement est presque généralisé. C’est que l’âge détend les fibres élastiques, les bajoues et les rides apparaissent et survient un allongement du voile du palais. La vibration du voile découle de la position adoptée par la langue à son contact, et l’air qui passe par un orifice rétréci ne peut que le faire ballotter comme la voile d’un bateau lorsque souffle le vent.

 

TABAC ET ALCOOL

Le tabac entraîne une diminution de l’élasticité des tissus. Observez le visage d’un fumeur ou d’une fumeuse d’un certain âge. La peau est terne et prématurément ridée. Sans bronzage ou maquillage, elle est grise, sans vie.

L’atteinte directe des fibres élastiques par la consommation de tabac accélère non seulement l’apparition des rides et l’affaissement de la peau, mais elle entraîne aussi une chute du voile du palais, surtout au niveau de sa partie basse, non « armée » de muscles. Comme le tabac produit aussi une congestion nasale et un rétrécissement des voies aériennes, çà n’aide en rien le ronfleur.

Même pris sans excès, l’alcool augmente la lourdeur du sommeil et le relâchement musculaire. À sept calories par gramme, il est aussi une cause de prise de poids ; on l’oublie trop souvent.

Chez certaines personnes, tabac et alcool sont parfois associés, et leur effet nocif cumulatif est d’autant plus marqué que la consommation a été faite durant la soirée, donc proche du sommeil : gage de ronflement assuré !

 

SÉDENTARITÉ

La sédentarité, c’est :

  • rester collé devant la télévision ;
  • oublier que la marche, c’est bon pour la santé ;
  • prendre l’ascenseur pour monter deux étages ;
  • prendre sa voiture pour aller au dépanneur du coin, et combien d’autres exemples qui nous rendent de plus en plus inactifs.

Toutes ces mauvaises habitudes qui empêchent les calories excédentaires d’être brûlées sont un facteur de surpoids et de ronflement. Elles favorisent le relâchement des tissus musculaires, et le voile du palais en prend un coup.

 

STRESS

Si le surpoids est la première de toutes les causes générales du ronflement, les réactions au stress en restent la cause indirecte la plus importante.

Si fréquent à notre époque, le stress est un grand pilleur des réserves énergétiques et, en tant que tel, un grand créateur de ronflement. Connaissez-vous quelqu’un qui ne ronfle qu’en période de soucis ou de tracas ? Ce serait dû à un spasme des muscles de la gorge, comparable à celui de la « gorge serrée » lors des moments de trac.

 

SOMNIFÈRES ET CALMANTS

Ces deux catégories de médicaments font partie du traitement du stress et entraînent un relâchement du tonus du voile en augmentant la profondeur du sommeil.

Le sommeil provoqué par les somnifères n’est pas de même nature que le sommeil normal, il est moins réparateur pour deux raisons : il ralentit l’activité cérébrale et supprime la période durant laquelle naissent les rêves.

 

INFECTIONS ORL

Si les ronflements occasionnels sont causés par un rhume, essayez un vaporisateur nasal. Une simple rhinite obstrue temporairement les voies respiratoires, et un nez bouché occasionne des ronflements.

 

CONFLIT CONJUGAL

Les ronflements n’ont pas tous la même intensité. Si votre femme change de chambre, vous ronflez modérément, précise le Dr Philip Westbrook, mais si vos voisins déménagent, c’est que les plafonds risquent de s’effondrer !

Les femmes se plaignent plus du ronflement masculin que le contraire. Peut-être parce que le sommeil de la femme est plus léger et son ronflement moins bruyant en raison de la puissance moindre de sa « soufflerie » pulmonaire.

Les ronflements intenses peuvent perturber les bons mariages et aggraver les mauvais. Si le ronflement est d’abord intermittent, il devient de plus en plus fréquent et prolongé. Au fil du temps, ce sont les périodes de calme qui deviennent rares.

Au début, le ronfleur reçoit un coup de coude pour le faire changer de position. Couché sur le dos, il ronfle à tout vent. Avez-vous essayé la balle de tennis insérée dans une petite poche cousue à l’arrière du pyjama, à la hauteur du dos évidemment ? Hélas, quand le ronflement devient permanent, le « bruitage » peut survenir dans toutes les positions : sur le dos, bien sûr, mais aussi allongé sur le côté, et même assis.

On pense pouvoir s’y habituer, mais cette intensité sonore entraîne une gêne croissante du conjoint, source de stress, d’irritation, le réveillant de plus en plus souvent, pour enfin l’empêcher de dormir. Reproches, tensions conjugales, couple qui fait chambre à part et parfois séparation définitive et dramatique, comme le souligne le Dr Gérard Vincent.

Le ronflement intermittent est un signal d’alarme qui nous amène à juger de notre mode de vie (tabac, alcool, alimentation, surpoids, sédentarité, etc.), à en distinguer les faiblesses et à rectifier ce qui pourrait nous faire retrouver le calme dans le silence de la nuit.

 

RÉFÉRENCE

VINCENT, Dr Gérard et BIDAINE, Damien. En finir avec les ronflements, Paris, éd. Eyrolles, 2015.