Le sommeil des aînés

Publié le 15 octobre 2016
Écrit par Louise Lamontagne

Le sommeil des aînés

Quand on atteint le troisième âge, les difficultés rencontrées pour dormir sont de plus en plus fréquentes. On se plaint de ne pas pouvoir s’endormir, de s’éveiller souvent, de ne pas avoir un sommeil réparateur, de se réveiller trop tôt !

 

LA DURÉE IDÉALE

Les besoins en sommeil sont très variables d’une personne à une autre. On se fixe généralement cette durée idéale autour de huit heures par nuit, mais tous ne sont pas dans la moyenne. Il y a les petits dormeurs, qui se contentent de 6 heures ou moins par nuit, et les gros dormeurs, qui oscillent entre 9 et 12 heures. En définitive, la durée idéale n’est pas à déterminer en nombre d’heures, mais elle répond à la durée de sommeil dont on a besoin pour être capable d’affronter la journée qui vient.

 

QUAND ON AVANCE EN ÂGE…

Nombreux sont ceux qui refusent d’admettre que les besoins en sommeil se modifient avec l’âge. À partir de la cinquantaine, tous sexes confondus, il ne faut plus espérer dormir aussi facilement que dans le jeune âge. Si le sommeil peut rester toujours aussi réparateur en vieillissant, malheureusement il se dérègle plus aisément.

L’angoisse de ne pas dormir suffisamment est une cause non négligeable de troubles du sommeil chez les gens du troisième âge. Désormais à la retraite, ils oublient que leurs besoins ont évolué et confondent des changements normaux pour leur âge avec l’insomnie. Ils s’inquiètent alors de ne plus dormir leurs huit heures de façon ininterrompue, et pour certains le temps de sommeil devient une véritable obsession. La personne qui somnole devant la télé de 20 h à 22 h , se couche à 23 h et dort jusqu’à 5 h, tout comme celle qui fait deux heures de sieste l’après-midi, ne doit surtout pas s’étonner de ne dormir que six heures par nuit !

Quand l’activité professionnelle cesse, le cadran ne sonne plus, alors les levers sont plus tardifs, on rencontre moins de gens. Plusieurs retraités souffrent de sédentarité, on abuse de la sieste pour tromper l’ennui, les emplois du temps sont désormais décousus, car ce n’est plus le travail qui dicte l’horaire. Tous ces pièges classiques d’une retraite mal préparée sont des ennemis traditionnels du sommeil.

 

LES RYTHMES CIRCADIENS

Le sommeil repose sur des équilibres physiologiques, psychologiques et sociaux subtils qui peuvent se rompre à tout moment. Par exemple, les rythmes circadiens sont sensibles à l’âge. Leur transformation pourrait justifier la tendance, en vieillissant, à se coucher plus tôt et à se réveiller aussi plus tôt. Faites un tour rapide des retraités de votre entourage. Vous serez peut-être surpris de constater que les trois quarts se couchent avant 23 h, et 25 % avant 22 h. Ils sont 75 % à se réveiller tout naturellement avant 7 h, et 30 % très précocement. Le responsable serait notre pendule interne, qui se dérègle tout doucement.

 

L’INSOMNIE OCCASIONNELLE

C’est la plus fréquente. Elle se traduit, en général, par une difficulté à s’endormir et par de fréquents réveils au cours de la nuit, mais elle peut aussi se manifester par un réveil précoce avec impossibilité de se rendormir.

La cause de cette insomnie occasionnelle est souvent facile à trouver :

  • Soucis que l’on ressasse au moment de mettre la tête sur l’oreiller ;
  • Maladies douloureuses (comme l’arthrite ou le zona, par exemple) ;
  • Problèmes de santé qui provoquent une gêne physique (quintes de toux, démangeaisons, etc.) ;
  • Prise d’excitants au souper ou durant la soirée (café, thé, boissons contenant du cola, alcool) ;
  • Repas trop copieux, trop riche et trop lourd ;

Certains médicaments, surtout au début de leur utilisation.

 

Voici quelques exemples de soucis qui provoquent une période de tension psychologique chez les aînés :

  • Le temps de l’impôt ;
  • Une rupture sentimentale ;
  • Un déménagement ;
  • Le décès d’un proche ;
  • La maladie du conjoint ;
  • Les problèmes des enfants et des petits-enfants ;
  • Et combien d’autres.

 

CONDITIONS POUR BIEN DORMIR

Au moins trois conditions sont nécessaires pour passer une bonne nuit :

1- Être assez calme pour se laisser aller à cet état d’inconscience. Commencez à vous détendre une heure avant d’aller au lit. Délaissez l’ordinateur, l’Internet, la tablette ; tous ces écrans lumineux tiennent le cerveau en alerte.

2- Se sentir en sécurité pour entrer dans le sommeil. Quand la noirceur tombe, bien des gens âgés s’inquiètent de leur sécurité. Vérifiez que portes et fenêtres sont bien verrouillées, avant d’aller au lit. Un détecteur de fumée, des serrures solides, des barreaux aux fenêtres du sous-sol vous procureront la tranquillité d’esprit nécessaire. Ne nuisez pas à cette quiétude en visionnant un film d’horreur durant la soirée. Le moindre craquement vous apparaîtra comme une menace – insomnie garantie !

3- Respecter ses rythmes biologiques. Si possible, ayez des horaires de repas et de coucher réguliers. Dites-vous bien qu’un biscuit sec et une tasse de thé n’entrent pas dans la catégorie d’un repas complet ! Votre estomac vous le fera savoir tout au long de la nuit.

 

AH! LES CHANCEUX

Si vous n’avez jamais présenté de trouble du sommeil avant 50 ans, à moins d’un facteur aggravant majeur, il est fort possible que vous n’y soyez jamais exposé par la suite. Les enquêtes statistiques indiquent que la proportion d’individus n’ayant jamais eu de trouble de sommeil se modifie peu avec l’âge. J’ose espérer que vous entrez dans cette catégorie.

 

Saviez-vous que…

L’alcool est à surveiller, car c’est un faux ami du dormeur. Si sa consommation favorise l’endormissement, il induit, en revanche, des éveils fréquents dans la seconde partie de la nuit. Chez les sujets prédisposés, il potentialise le ronflement et les apnées du sommeil.

Outre les variations individuelles dans les capacités d’adaptation au travail de nuit, les sujets avançant en âge deviennent de plus en plus intolérants aux horaires décalés et présentent progressivement des troubles les obligeant à reprendre rapidement un horaire de jour.

Le ronflement concerne 80 % des hommes et 60 % des femmes. Ce sont les personnes dormant sur le dos qui ronflent le plus, car cette position entraîne un relâchement musculaire ; l’air se fraye alors un passage en force, provoquant ainsi un tremblement du voile du palais.

 

RÉFÉRENCES

EN COLLABORATION. Les troubles du sommeil, éd. Hachette, Paris, 2011.

ESPIE, COLIN A. Réussir à surmonter l’insomnie et les problèmes de sommeil, éd. Béliveau, Montréal, 2008.