Publié le 12 février 2019
Écrit par Gabriel Parent-Leblanc. B. Sc., M. Env.
Le terme « zéro » déchet pourrait faire peur à quelques- uns qui se sentiraient épeurés devant l’énorme défi de ne produire aucun déchet, mais je tiens à vous rassurer tout de suite, là n’est pas le but derrière le mouvement. Un peu comme la simplicité volontaire, il s’agit plus du chemin à parcourir vers un but et on y va tout un chacun à notre propre rythme.
Pour ceux et celles qui n’auraient pas eu la chance de lire le précédent article, voici un résumé de ce qu’est le zéro déchet, ainsi qu’un rappel du sujet du premier article, soit les cinq règles du mode de vie zéro déchet.
Qu’est-ce que le zéro déchet ?
Le zéro déchet est une démarche à travers laquelle une personne transforme ses méthodes de consommation afin d’éviter le plus possible la production de déchets ultimes. On l’associe souvent avec l’image des gens qui vont faire leurs courses munis de leurs pots Masson et de leurs sacs réutilisables pour acheter ce dont ils ont besoin et les ramener dans leurs propres contenants plutôt que ceux fournis par l’industrie.
Trop souvent, ceux-ci sont effectivement suremballés, et presque toujours en plastique à usage unique, si bien qu’en utilisant leurs propres contenants réutilisables, les adeptes du zéro déchet diminuent de beaucoup leur production de déchets et ainsi, leur empreinte écologique.
Quelles sont les cinq étapes de ce mode de vie ?
La première partie de cet article s’est concentrée presque exclusivement sur ces cinq étapes, car elles sont fondamentalement différentes de ce dont on a l’habitude de privilégier, même pour les plus écolos d’entre nous.
Refuser
Réduire
Réutiliser
Recycler
Composter
Reconnaissez-vous l’intrus ? Mais oui, il s’agit de « refuser », une action très simple, mais ô combien importante ! Effectivement, la création de déchets débute fort souvent par un simple accord un peu niais de notre part.
Un exemple simple pour identifier le propos
Vous a-t-on déjà offert du matériel publicitaire, comme un crayon arborant le logo d’une compagnie ? Assurément.
L’avez-vous pris ? Pas mal sûr que oui, parce que c’est gratuit (l’esprit humain a de la difficulté à résister à une telle offre).
Mais est-ce que cet item vous a vraiment été utile ? Pensez-y deux secondes… Même si vous l’avez vraiment utilisé pour écrire, ça n’a pas dû être pour très longtemps, ces crayons étant produits pour ne pas durer. En bout du compte, cet item n’a fait que prendre de la place sur votre bureau, puis s’est retrouvé au dépotoir. C’est ce genre de gaspillage que le zéro déchet vient solutionner : dans ce cas bien précis, on se munit de quelques stylos à mine ou à encre rechargeable et on refuse tous ces objets carrément inutiles et encombrants.
Astuces et trucs pour intégrer le zéro déchet dans votre vie
Vient enfin le moment que vous attendiez tous, soit le concret « par quoi débuter pour diminuer la quantité de déchets que je génère ? »
La majorité des trucs présentés plus bas proviennent du livre Zéro déchet, de Béa Johnson. C’est un livre que je recommande si vous désirez explorer plus le sujet, mais vous pourriez également consulter ces deux livres écrits par des auteures québécoises.
Dans son livre, Béa Johnson catégorise ses dires et ses astuces selon les pièces de la maison. Je trouve que c’est une bonne idée, si bine que je vais reproduire la méthode ici aussi. La cuisine est l’endroit dans une maison où la majorité d’entre nous produit le plus de déchets. Essentiellement, deux actions concrètes ressortent de cette liste pour s’améliorer en ce sens : l’assainissement de la cuisine et l’achat en vrac.
Pour ce qui est de l’assainissement de la cuisine, il s’agit de désencombrer votre cuisine pour que vous soyez plus efficace :
Les cinq étapes résumées…pour la cuisine :
« Les fabricants promettent de nous transformer ( en chef culinaire ), alors que tous ces objets prennent beaucoup de place, rendent plus difficle l’accès aux ustensiles de base, créent du stress et nous font perdre du temps ( sans parler des ressources naturelles) » ( Johnson, 2013).
Voici quelques questions à vous poser pour identifier l’essentiel et vous débarasser du superficiel :
Cela fonctionne-t-il encore ?
En ai-je plusieurs ?
Mérite-t-il que je consacre du temps à le nettoyer ?
Est-ce que je le garde par culpabilité ?
Bien évidemment, le but ici n’est pas non plus de jeter ce dont vous n’auriez plus besoin. Pensez à donner ou vendre vos objets !
La prochaine action, soit d’acheter en vrac, est un pilier du mouvement zéro déchet, et il faudrait que tout le système agroalimentaire évolue vers ce type de distribution, si on veut éviter de s’empoisonner au plastique dans les années à suivre. En attendant, dépendamment de votre emplacement, il est sûr que vous pourriez ne pas tout trouver ce dont vous avez besoin en vrac. Anciennement, le vrac ne se retrouvait qu’en boutiques d’alimentation santé, mais de plus en plus de grandes chaînes s’y intéressent grâce à l’engouement pour le zéro déchet. Également, de plus en plus de boutiques spécialisées en vrac voient le jour.
Pour découvrir des commerces offrant du vrac, il existe de nombreux registres et cartes, mentionnons :
Le site Web de Béa Johnson https://app.zerowastehome.com/
Le Circuit Zéro Déchet https://circuitzerodechet.com/
Un café pour emporter zéro déchet
La tasse, une initiative de l’Éco-quartier Villeray, permet aux gens de ce quartier à Montréal de déguster leurs boissons favorites sans créer de déchet (les gobelets à usage unique sont bien entendu à éviter).
Effectivement, dans les 10 cafés participants, il est possible d’obtenir La tasse, qui est réutilisable, au coût de 5 $. Le système fonctionne comme une consignation, vous rapportez votre tasse dans n’importe quel commerce participant pour récupérer votre argent après l’avoir utilisé.
« À terme, l’organisme […] souhaite étendre le réseau à tout le Québec et à tous les types de commerces, qu’il s’agisse de grandes chaînes ou de magasins indépendants » (Sirois, 2018)
Évidemment, vous pouvez également amener votre propre tasse réutilisable, mais pour ceux l’ayant oublié à la maison (je le sais que ça vous est déjà arrivé !), quelle excellente idée !
De repartir d’un magasin avec ses vivres dans un bocal réutilisable plutôt qu’un à usage unique en plastique est tellement satisfaisant… Essayez-le, vous ne serez pas déçu !
Les avantages du vrac
Salle de bain
La salle de bain est également un endroit où nous produisons beaucoup de déchets. Je crois que l’action à retenir ici est de fabriquer vos propres produits. Savon, shampoing, déodorant, dentifrice, écran solaire, même des nettoyants ; il est possible d’en fabriquer à partir d’ingrédients simples, qui se retrouvent presque tous en vrac.
Il existe une panoplie de recettes sur Internet pour fabriquer vos propres produits à la maison. Entre-autre, voici un tableau résumé indiquant plusieurs recettes sur le site Web de l’organisme Nature-Action Québec :
http://nature-action.qc.ca/site/sites/default/files/documents/recettes_produits_ecologiques.pdf
Si vous êtes plus du genre à lire les renseignements sous forme de beau livre papier, vous pourriez apprécier les trois ouvrages de la collection « Zéro Toxique », de Marc Geet Éthier.
Les cinq étapes résumées… pour la salle de bain :
Chambre à coucher
Les cinq étapes résumées… pour la chambre à coucher :
Bureau et courrier
Encore ici, le tableau est assez clair et ne demande que peu d’explications supplémentaires, en excluant le cas des imprimés publicitaires. En effet, les différentes publicités et circulaires qui nous sont distribuées toutes les semaines représentent une pollution environnementale et visuelle bien trop importante. Il est grand temps de les combattre. Le sujet est d’ailleurs d’actualité grâce au combat de Charles Montpetit, un retraité de Montréal qui a décidé de mettre son temps libre à combattre cette pollution (particulièrement le Publisac). L’affaire pourrait paraître anodine, mais saviez-vous que seulement à Montréal, 900 000 publisacs sont distribués chaque semaine (Pineda, 2018) ? Dans tout le Québec, on parle d’une distribution de 3,5 millions de Publisac par semaine, et le double quand l’une des circulaires est dans un différent sac –ça arrive souvent (Transcontinental, s.d.). Ça en fait des circulaires en papier, des sacs de plastique, des élastiques et des courroies de plastique…
Quel gaspillage de ressources éhonté !
Imprimez une petite affiche signifiant votre refus, puis collez-la sur votre boîte aux lettres. Vous pouvez l’imprimer de la maison, en la téléchargeant ici :
Les cinq étapes résumées… pour le bureau :
Consultez les circulaires qui vous intéressent à partir de ce site Web :
« Combien d’arbres ces entreprises doivent-elles fourrer dans nos boîtes aux lettres avant de réussir à nous vendre un produit ? Cela dit, je ne blâme pas exclusivement les entreprises de pratiquer ces méthodes de vente génératrices de gaspillage : tant que je recevais leur catalogue sans rien faire pour les empêcher, j’étais tout autant responsable qu’elles » (Johnson, 2013).
Objets zéro déchet vedettes
J’aimerais beaucoup vous fournir tout pleins d’autres trucs pour pratiquer le zéro déchet, mais l’espace manque, déjà que cet article est réparti en deux parutions ! Je vous laisse donc sur deux recommandations de produits zéro déchet que j’apprécie personnellement.
Api-flex
Emballage souple à base de cire d’abeille et de tissu, réutilisable et compostable à la fin de sa vie utile. https://api-flex.com/
Kliin
Essuie-tout constitué de cellulose et de coton, réutilisable et compostable à la fin de sa vie utile. https://kliin.co/
Bref, il est grand temps de changer nos manières de consommer. Voilà un petit défi intéressant : la prochaine fois que vous irez faire l’épicerie, concentrez toute votre attention sur la composition de ce qui se retrouve dans votre panier d’achats. Quelle est la quantité de plastique ? Combien de ces emballages iront directement à la poubelle ou au recyclage ? Je vous rappelle que le recyclage du plastique au Québec, ça ne marche pas : les données de 2015 indiquent que seulement 18 % du plastique consommé par les ménages se retrouve au centre de tri pour recyclage. Et impossible de savoir quel est le taux des matières plastiques qui sont réellement recyclées, car ces données ne sont pas partagées par Recyc-Québec (Recyc-Québec, 2017).
Donc, la prochaine fois que vous mettrez vos matières dans le bac de récupération, pensez au zéro déchet ! En plus d’avoir un effet concret contre la pollution par le plastique, votre porte-feuille vous remerciera !
RÉFÉRENCES à la demande du lecteur