L’emballage des aliments de la conservation à l’innovation

Publié le 27 octobre 2022
Écrit par Louis Lapointe et Yves Prescott

L’emballage des aliments de la conservation à l’innovation

Mettre en balle, ça vous dit quelque chose ? Étymologiquement, le mot fait référence aux déplacements des premiers nomades qui utilisaient divers matériaux pour contenir et transporter leurs aliments. Les contenants en céramique, les paniers en fibres végétales, les premiers récipients en verre et même les tonneaux de bois étaient déjà utilisés dans l’Antiquité, mais il faudra attendre la fin du 19e siècle pour utiliser des contenants mieux adaptés à divers usages.

 

C’est le Français Nicolas Appert, confiseur de métier, qui a eu l’idée en 1801 de concevoir un procédé de conservation des aliments par la chaleur dans des récipients hermétiquement clos. La technique sera perfectionnée, afin de prolonger la conservation par une stérilisation à très haute température, ce qui permettra à l’industrie de la conserve de connaître un franc succès. Mais l’on doit à John Landis Mason la création du premier pot en verre à couvercle métallique (1858), qui portera désormais son nom.

 

Stimulée par l’essor de l’industrialisation et de la migration des populations vers les centres urbains, la mise en marché de masse favorise au 19e siècle le développement considérable du design d’emballage. Les techniques d’impression en grande quantité sur des contenants métalliques ont donné l’essor à des présentations colorées, abondamment illustrées et au lettrage fort ornementé. Elles deviendront aussitôt des outils de séduction pour des produits et des marques emblématiques.

Ce marché offrira des possibilités en or pour les pionniers de l’industrie alimentaire. Henry John Heinz a eu l’idée d’utiliser une bouteille de verre transparente pour permettre à sa clientèle de bien voir le produit. Une marque reconnue venait de naître, mais d’autres suivront, telle la célèbre bouteille de Coca-Cola, dont la silhouette emblématique a été enregistrée et protégée dès 1906. Certaines caractéristiques d’emballage créent aussi des conditionnements, afin de devenir occasionnellement des symboles d’une catégorie de produits. C’est le cas du camembert et du brie, qui perdraient leur identité sans leur enveloppe de papier blanc glacé.

 

Mais c’est au siècle dernier qu’apparaît un matériau révolutionnaire, d’abord jugé pratique, mais aujourd’hui contesté : le plastique. Il faut tout de même savoir qu’aujourd’hui, le papier et le carton demeurent toujours les principaux matériaux d’emballage en alimentation. Fabriqués à partir de composantes dont la ressource est renouvelable, ils sont recyclables et biodégradables, protègent, conservent et facilitent le transport des produits, tout en conservant une bonne réputation auprès des consommateurs.

Mais on remarque, par ailleurs, de fortes disparités entre les pays, sachant que 75 % de la production mondiale est consommée par 20 % de la population.

 

Dans un marché très compétitif, l’emballage est devenu un outil de communication qui dépasse le simple aspect esthétique. Afin de capter le regard, l’on doit séduire immédiatement la clientèle qui déambule dans une allée du magasin, car, selon certains sondages, 70 % des décisions d’achat se prennent de manière spontanée devant les étalages. L’agencement des éléments photographiques ou des illustrations, les palettes de couleur et les caractères d’impression qui composent l’information imprimée doivent permettre au regard de suivre un parcours naturel, de gauche à droite et du haut vers le bas.

Les symboles de type « Biologique », « Recyclable » ou « Sans OGM » occupent souvent une place stratégique, afin de véhiculer les valeurs écoresponsables associées au produit. Rien n’est laissé au hasard. À titre d’exemple, un vert intense évoquera une saveur artificielle, alors qu’un vert plus tendre suggérera plutôt un produit biologique.

Malheureusement, ces stratégies visuelles ont des prétentions qui, trop souvent, vont au-delà de la réalité, car tout emballage crée malgré tout un impact sur l’environnement.

 

Il faut aussi être vigilant : les étiquettes mentent parfois sur l’origine d’un produit. À titre d’exemple, les couleurs vert, blanc et rouge sur certaines boîtes de pâtes ou de sauces tomates à l’italienne indiquent, de fait, que le produit est fabriqué en Chine. Il en va de même pour le beurre d’arachide, qui, malgré la présence rassurante du drapeau canadien, est fait à partir d’un produit de base provenant aussi de ce pays d’Orient.

 

Autre constat : grâce à des matériaux combinés à des techniques à la fine pointe, on peut lutter efficacement contre le gaspillage alimentaire, tout en offrant l’expérience au consommateur d’un produit au design innovant. À titre d’exemple, un bouchon peut servir de doseur, alors qu’un contenant adapté au four à micro-ondes peut aussi servir d’assiette.

Actuellement, un pourcentage croissant d’aliments offerts sur le marché asiatique contient un code QR, permettant d’optimiser le rapport au produit de consommation en proposant des animations en réalité augmentée et d’autres programmes de fidélisation de la clientèle.

Certains produits hors normes peuvent souffrir d’une image mal définie. C’est le cas du lait UHT, stérilisé à haute température, que l’on retrouve dans les rayons non réfrigérés de l’épicerie. Il est alors important de mettre en évidence ses caractéristiques sur l’étiquette, en l’occurrence la durée de conservation du produit en étalage.

 

D’autres progrès technologiques ont récemment permis de concevoir des matières qui entrent en interaction avec l’aliment ou s’adaptent à son environnement. Des emballages comestibles aident à conserver efficacement des produits contenant des acides gras, tels que les viandes, alors que des enrobages faits de pellicules de cire naturelle protègent les chocolats, les confiseries ou les pâtisseries, créant ainsi une protection environnementale. Parmi les types d’applications, notons l’apport d’emballages intelligents, dont les indicateurs chromatiques se modifient lorsque la température devient excessive ou, au contraire, lorsque l’excès de lumière nuit à la conservation.

 

Dans tous les cas, l’emballage des aliments est devenu un sujet très important, et l’on croit que l’innovation permettra de grandes améliorations dans les prochaines années.

 

RÉFÉRENCES :

Guide de l’emballage alimentaire, produit par le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation : https://conseiltaq.com/wp-content/uploads/2017/05/Guide_emballage_F.pdf

Éco Entreprises Québec (ÉEQ) est un organisme à but non lucratif privé, qui conçoit pour le marché québécois des contenants, des emballages et des imprimés, et qui représente les entreprises dans leur responsabilité de financer les coûts des services municipaux de collecte sélective efficaces et performants (https://www.eeq.ca).