L’endométriose, s’en sortir une fois pour toutes !

Publié le 25 janvier 2021
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

L’endométriose, s’en sortir une fois pour toutes !

En dépit du fait que je rencontre souvent des femmes atteintes d’endométriose en consultation, j’ai longtemps hésité à aborder le sujet dans le cadre de cette chronique, car cette affection possède une saveur aigrement autobiographique. Toutefois, c’est animée du désir de donner espoir à celles qui en souffrent que je me décide finalement à vous partager un volet de mon parcours personnel avec cette maladie qui touche une femme sur dix. Je vous ferai également part de l’approche que j’ai développée au fil des ans et que je propose à ma clientèle. 

 

Endométriose 101

Malgré qu’environ 200 millions de femmes souffrent d’endométriose à travers le monde, cette affection gynécologique responsable de pertes économiques de 22 milliards aux États-Unis seulement demeure largement méconnue. L’appellation « endométriose » provient du mot « endometrium », tissu qui revêt l’intérieur de l’utérus. Un diagnostic d’endométriose est établi lorsque de tels tissus ou de telles adhérences croissent à l’extérieur de l’utérus. L’endomètre et les adhérences sont soumis à l’action des estrogènes qui régulent le cycle menstruel, mais contrairement aux tissus évacués au cours des menstruations, les adhérences qui se trouvent dans des lieux et des organes avoisinants restent bloquées à l’intérieur du corps et provoquent de l’inflammation. À la longue, du tissu cicatriciel se développe autour des organes périphériques affectés et peut interférer avec leur bon fonctionnement, en plus d’occasionner de la douleur dont l’intensité est variable.

Du point de vue médical conventionnel, des hypothèses telles que les antécédents familiaux sont évoquées, mais les médecins admettent ne pas connaître les causes de l’endométriose ni pourquoi certaines femmes – dont l’âge peut varier entre 15 et 50 ans –- en sont atteintes.

 

Mon parcours de combattante

Dès mes premières règles, j’ai été confrontée à la douleur et à l’enflure abdominale caractéristiques de l’endométriose. Évidemment, ne pouvant pas vraiment comparer notre seuil de douleur avec celui des autres femmes, on se dit que c’est sans doute normal et on se résigne à subir tant bien que mal notre torture mensuelle. Puisque je devais m’absenter régulièrement de l’école en raison de la douleur, j’ai fini par consulter un médecin. Sans me soumettre à aucun test, il s’est contenté de me prescrire des anovulants (de nos jours, ce sont plutôt les antidépresseurs qui semblent avoir la cote du côté des prescriptions faites aux jeunes filles !). Même si les anovulants m’ont soulagée un peu, j’en ai interrompu l’usage durant ma formation en naturopathie, car je voulais m’adresser aux causes du problème et non me contenter d’en masquer les symptômes.

Grâce aux changements alimentaires et au mode de vie ainsi qu’à certains suppléments ciblés, je m’en sortais assez bien, sauf pour une douleur récurrente à la hanche. J’ai fini par consulter une gynécologue qui m’a découvert un kyste ovarien (endométriome) de 9 cm sur l’ovaire gauche et un de 6 cm sur le droit. Une ablation par laparoscopie a été immédiatement planifiée, mais vu la quantité d’adhérences et ma propension aux hémorragies, je me suis réveillée six heures plus tard avec une cicatrice de césarienne et un ovaire en moins ! Ma gynécologue me propose à nouveau des anovulants pour « mettre mes ovaires (ou plutôt, ce qui en restait) au repos » et m’éviter une autre éventuelle chirurgie. J’ai suivi son conseil, mais j’ai refusé le traitement au Lupron qu’elle me proposait. C’était en 1999, et malheureusement pour moi, j’ai dû subir cette même procédure quelques mois plus tard, en 2000. C’est à ce moment que j’ai décidé de trouver mes propres solutions. 

Mon diagnostic de thyroïdite d’Hashimoto est arrivé peu de temps après et je notais que lorsque je m’abstenais de consommer du gluten, mes symptômes d’endométriose étaient beaucoup moins douloureux. Je commençais donc à traiter mon endométriose comme une autre maladie auto-immune avec des résultats spectaculaires ! Bien que la moitié des femmes souffrant d’infertilité sont affectées par l’endométriose et que mon pronostic était plutôt mauvais vu mon hypothyroïdie, mes nombreuses adhérences et mes chirurgies, je suis tombée enceinte dès la première ovulation et j’ai accouché d’un beau garçon en santé (par césarienne) en 2001.

 

Mon hypothèse

À l’époque, on ne connaissait pas aussi bien le rôle du gluten dans les maladies auto-immunes qu’on le connaît aujourd’hui, mais ayant étudié à fond le métabolisme œstrogénique, je savais que les estrogènes pouvaient être reconjugués et réacheminés depuis l’intestin vers la veine porte du foie. Mon expérience personnelle et en tant que clinicienne m’a enseigné que l’élimination du gluten et tout le travail sur ce que nous appelons maintenant le « microbiome » avaient un impact profond sur les symptômes de l’endométriose. Puis, les recherches du Dr Fasano sont venues valider l’impact du gluten sur la zonuline, une protéine chargée de contrôler l’ouverture des jonctions étroites entre les cellules épithéliales de l’intestin et responsable de l’hyperporosité intestinale. L’évolution des tests d’intolérance au gluten m’a de plus permis de valider que mes clientes souffrant d’endométriose étaient habituellement également intolérantes au gluten. Dans la majorité des cas, l’hypothyroïdie – diagnostiquée ou subclinique – fait aussi partie du tableau clinique. À la suite de plusieurs réussites avec cette clientèle, j’en suis venue à la conclusion que l’endométriose est une autre facette de l’intolérance au gluten, responsable de l’hyperporosité intestinale qui permet ensuite aux estrogènes et aux autres substances indésirables de se répandre dans l’abdomen et les organes avoisinants, suscitant les symptômes mentionnés précédemment et les lésions à la texture de mélasse souvent décrite. De plus, mon hypothèse sur l’endométriose en tant que maladie auto-immune associée à l’intolérance au gluten et à l’hyperporosité intestinale cadre bien avec l’aspect héréditaire associé à l’endométriose, puisque l’intolérance au gluten comporte aussi une composante génétique. 

 

Mes solutions 

Il faut impérativement éliminer le gluten et mettre en pratique l’approche des 4 R (retirer, remplacer, réinoculer, reconstruire) pour résoudre l’hyperperméabilité et le déséquilibre du microbiote. On le fait à l’aide de substances telles que la glutamine et les probiotiques. Le cas échéant, on s’occupe des parasitoses ou des proliférations de levures de type candida albicans ou autres.

Il faut ensuite gérer l’inflammation locale avec des substances telles que la curcumine. Lorsque ces étapes ont été franchies, on ajoute les produits visant à soutenir la biotransformation et l’élimination des estrogènes (vitamines B bioactives, sulforaphanes, etc.), puis leur neutralisation au niveau intestinal avec notamment, le calcium-D glucarate.

 

En conclusion

Même si je sais que tout le monde aimerait obtenir la recette secrète pour adresser l’endométriose (et tout le reste), il faut comprendre qu’en naturopathie, chaque situation et chaque personne sont différentes, alors on doit avoir une approche vraiment personnalisée. Je propose différents suppléments en fonction de différents facteurs qu’on regarde en consultation. Cependant, les fondements de la démarche demeurent les mêmes et consistent en ce que je vous ai décrit. L’idéal est vraiment de faire un suivi avec une naturopathe compétente afin de trouver la meilleure façon d’améliorer votre état en fonction de votre terrain biochimique, de votre historique de santé (anamnèse), etc. Sinon, abordez l’endométriose sous l’angle de l’intolérance au gluten.

Avec une bonne approche et de la persévérance, on s’en sort une fois pour toutes !

 

RÉFÉRENCES

 http://www.endostats.com/