L’énergie mitochondriale et le syndrome de fatigue chronique

Publié le 9 mai 2016
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

L’énergie mitochondriale et le syndrome de fatigue chronique

Êtes-vous toujours fatigué sans raison ? Huit heures de sommeil sont-elles insuffisantes pour vous sentir reposé au lever? Ressentez-vous de la douleur musculaire après un exercice modéré ? Avez-vous le cerveau embrouillé ou des maux de tête récurrents ? Vous sentez-vous plus vieux que votre âge ?

 

LE SYNDROME de fatigue chronique a été rapporté pour la première fois en 1980 par le Dr Paul Cheney, Ph. D. Ce syndrome est caractérisé par une fatigue extrême, une faiblesse musculaire, des ganglions enflés, un brouillard mental et de l’intolérance à l’exercice ainsi qu’un besoin extrême de dormir. Plusieurs chercheurs ont émis l’hypothèse que ce problème provenait d’une infection virale. Toutefois, même les meilleurs virologues ont été incapables de trouver un quelconque virus pouvant en être la source.

Avec le temps, on a découvert que c’était un problème multifactoriel qui provoquait un dysfonctionnement du système immunitaire. Les dernières recherches ont montré que ce problème venait d’une diminution de ce qu’on appelle la « bioénergétique mitochondriale », en raison d’un quelconque empoisonnement. Qu’est-ce donc ?

 

L’ÉNERGIE MITOCHONDRIALE QUI NOUS MAINTIENT EN VIE

L’énergie vitale en chacun de nous représente la force et la vitalité disponibles dans l’organisme pour permettre à un individu de se mouvoir et de faire ses activités tout au long de la journée. C’est une énergie aussi bien physique que mentale et elle se recharge par le biais du repos, de la méditation ou de la relaxation. La bioénergétique est le terme scientifique utilisé pour expliquer la complexité du processus biochimique en cours permettant de maintenir le courant d’énergie interne dans le corps.

Plus précisément, l’énergie vitale est produite à l’intérieur des nombreuses petites centrales d’énergie dans les cellules, que l’on nomme les « mitochondries », et qui permettent de maintenir le fonctionnement de nos organes dans le corps. Celles-ci doivent convertir les macronutriments (les lipides, les protéines et les glucides) extraits de la nourriture en énergie. Cela se fait par un processus biochimique très sophistiqué et compliqué appelé le métabolisme.

 

LE MÉTABOLISME EN TERMES SIMPLES

Le métabolisme implique toute une série de réactions chimiques. Les nutriments que vous absorbez sont brûlés, ce qui veut dire combinés avec l’oxygène. On pourrait comparer ce phénomène à l’action de mettre une bûche dans le foyer. Ce processus contrôlé de façon très étroite permet que l’énergie venant de l’aliment ne soit pas brûlée entièrement. En fait, ce processus capture l’énergie libérée durant le métabolisme et l’entrepose sous la forme de trois composés chimiques, soit l’adénosine triphosphate (ATP), la nicotinamide adénine dinucléotide (NADH) et la flavine adénine dinucléotide (FADH). Ces substances d’emmagasinage permettent ensuite que l’énergie soit transférée ailleurs dans d’autres tissus pour que des activités de maintien de la vie se fassent, dont la contraction musculaire, le transport d’hormones et de médiateurs, le fonctionnement du cerveau, la réparation des tissus, etc.

L’utilisation de l’oxygène pour métaboliser les aliments est toutefois un couteau à double tranchant. D’un côté, cela nous donne un avantage énergétique sur plusieurs espèces vivantes, mais de l’autre, ce processus amène une corrosion. Comme l’oxygène peut faire rouiller le fer, notre corps peut aussi rouiller ou s’oxyder. Le dommage ainsi amorcé accélère le vieillissement biologique et cause des maladies chroniques, dont les maladies de cœur, le diabète, les maladies rénales, l’arthrite, la démence et les troubles neuro dégénératifs ainsi que la perte musculaire.

Le scientifique Denham Harman, du Collège de médecine à l’Université du Nebraska, a été le premier à avancer, en 1950, la théorie très controversée du vieillissement. Il a mis en évidence le lien entre l’effet corrosif de l’oxygène dans la mitochondrie et la réaction biochimique connue sous le nom de « biochimie des radicaux libres ». Il explique que ce phénomène permet à la rancidité de se développer dans les cellules, un peu comme la rancidité retrouvée dans les aliments ayant été exposés trop longtemps à l’air.

 

NOTRE HÉRITAGE GÉNÉTIQUE

La recherche a démontré que l’information génétique dans nos mitochondries nous vient exclusivement de l’ADN de notre mère. En effet, nous héritons de notre mère notre bioénergétique mitochondriale. Mais en vieillissant, cette production énergétique diminue. Or, les gènes sont aussi influencés par le mode de vie, l’alimentation et l’environnement. C’est alors qu’une interaction peut s’installer avantageusement ou non entre l’environnement et nos gènes devenus moins performants. En effet, ces facteurs environnementaux influencent notre capacité à produire l’énergie en envoyant des messages à nos gènes qui régulent, eux, la fonction mitochondriale.

 

LA PROTECTION ANTIOXYDANTE

Heureusement, la mitochondrie a une protection naturelle contre l’effet corrosif dû au métabolisme cellulaire. Certaines de ces protections nous viennent des vitamines C et E, tout comme du complexe B, du sélénium et du magnésium.

D’autres nous proviennent des enzymes produites à l’intérieur des mitochondries capables de démanteler le dommage fait par l’oxygène. Nommons, parmi celles-ci, le superoxyde dismutase (SOD), la catalase et le glutathion peroxydase (GPx). Ce dernier est le plus significatif. Il joue un rôle clé dans le processus de détoxication interne. Il protège aussi du dommage fait à la mitochondrie par l’oxygène. Il est composé d’acide glutamique, de cystéine et de glycine. La cystéine, l’acide aminé le plus important, contient du soufre, un élément essentiel dans la production du glutathion. Une personne ne consommant pas suffisamment de protéines soufrées (ail, oignon, brocoli, choux de Bruxelles, fruits de mer, poisson, œufs, levure de bière…) peut compromettre sa capacité à produire le glutathion afin de répondre à la demande de détoxication du corps. Une mauvaise alimentation, une consommation élevée d’alcool et une exposition importante aux polluants peuvent dépasser la réserve de glutathion, affaiblir le système de protection et rendre la mitochondrie plus exposée à l’oxydation.

 

QUELQUES ÉTUDES

Dans le cadre d’une étude sur 30 patients souffrant du syndrome de fatigue chronique, un programme a été mis en place avec une diète hypoallergène enrichie de protéines de riz et de suppléments pouvant soutenir la mitochondrie, dont le zinc, la CoQ10, l’acide alpha lipoïque et la vitamine E. Après 12 semaines, les biomarqueurs de dysfonction mitochondriale avaient diminué de façon notoire ainsi que les symptômes des patients.

Une autre étude du Centre pour la médecine moléculaire de l’école de médecine de l’Université Emory, à Atlanta a dévoilé, grâce aux données sur les enfants nés avec une imperfection mitochondriale, que les antioxydants comme la N-acétyl-carnitine, la CoQ10, l’acide lipoïque et la N-acétylcystéine, si en déficience, pouvaient relancer la bioénergétique.

 

LES PHYTONUTRIMENTS

Lorsqu’un processus de dysfonctionnement mitochondrial s’enclenche, cela prend plus qu’une alimentation santé pour ramener l’homéostasie. Les phytonutriments sont alors protecteurs, mais peuvent aussi enclencher un mécanisme réparateur très prometteur. Même une petite quantité de ces nutriments peut changer le processus en cours. Qu’il s’agisse du resvératrol (retrouvé dans les petits fruits), de l’épigallocatéchine (EGCG) (dans le thé vert), des isohumulones (concentrés dans le houblon), de la quercétine (venant du sarrasin) ou des épices comme le romarin, le thym, le basilic, le curcuma, tous sont efficaces, simplement parce que ces phytonutriments, en parlant directement aux gènes, modulent leur expression et permettent de contrôler le dommage oxydatif.

Gardez en mémoire que si vous ressentez des symptômes associés à une baisse de production d’énergie, il est important de consulter un naturopathe rapidement qui vous aidera à bien cibler les phytonutriments et autres facteurs naturels de santé nécessaires pour renverser le processus de dysfonction mitochondriale avant qu’un dommage oxydatif n’enclenche un vieillissement accéléré.

 

RÉFÉRENCES

  1. BLAND, Jeffrey S. D . The disease delusion, Harper wave, New York, 2014.
  2. MURRAY, Michael N. D. Encyclopedia of nutritional supplements, Prima publishing, USA, 1996.
  3. PARENT, Gilles ND. A. Thérapie orthomoléculaire, niveau II, École d’enseignement supérieur de naturopathie du Québec, printemps 2000.