Les adaptogènes, pour retrouver force et équilibre

Publié le 20 octobre 2018
Écrit par Anny SCHNEIDER, Auteure et herboriste-thérapeute accréditée

Les adaptogènes, pour retrouver force et équilibre

« L’être humain chemine entre la fatigue et l’ennui, la peine et le plaisir…» – P.C. Victor Boiste, Dictionnaire universel (1800)

 

Plus qu’à toute autre époque de l’histoire de l’humanité, nous souffrons de stress chronique et de la fatigue subséquente, Occidentaux en tête.

Grâce aux travaux du chercheur canadien Hans Selye, effectués autour de la dernière guerre, ainsi que de ses compatriotes russes dans les mêmes années, on sait comment se manifestent physiologiquement les mécanismes du stress chronique.

Les Chinois, les Indiens et les Russes furent les premiers à cibler des remèdes, plantes en premier, pour minimiser les méfaits de l’épuisement nerveux aigu ou chronique, tant chez les athlètes que chez les militaires et les travailleurs manuels. Il s’agissait d’augmenter leur endurance et leur performance et de minimiser le temps de récupération après des efforts intenses.

Ce sont néanmoins des herboristes américains qui ont été les premiers à utiliser le terme « adaptogène » pour évoquer les propriétés des plantes et substances aidant à réparer les tissus, les muscles, les surrénales et surtout le système nerveux.

Un adaptogène aide l’organisme à se réguler et à se réparer après un stress intense, moral, nerveux ou physique, et à contrebalancer les méfaits des tensions subies. Il contribue à réguler l’afflux excessif d’ACTH, hormone hypophysaire activant les surrénales, de même que tous les types d’hormones sécrétées par ces glandes : adrénaline, noradrénaline, DHEA et cortisol, entre autres. L’adaptogène favorise aussi le captage de l’oxygène par les mitochondries en facilitant le travail de l’ATPase et sert à moduler et optimiser la sécrétion des hormones et des neurotransmetteurs.

 

Remèdes naturels rééquilibrants

Outre les hormones purement stéroïdiennes interdites dans les sports de haute performance, on trouve toujours sur le marché naturel des extraits de surrénales de porc, aussi humano-compatibles que l’insuline, des acides aminés isolés comme l’arginine ou la carnitine, ou encore l’acide pantothénique (B15), toujours utilisé. Par contre, plusieurs plantes ont fait leurs preuves comme adaptogènes sécuritaires, sans les dangers des extraits de synthèse ou des glandes animales.

 

PLANTES ADAPTOGÈNES RECONSTITUANTES RECONNUES

Éleuthérocoque ou ginseng sibérien (Eleutherococus senticosus)

Étudié et utilisé depuis longtemps par les autochtones sibériens, puis par les athlètes russes, ce cousin direct de notre ginseng (Panax quinquefolius) a fait ses preuves comme fortifiant et tonique surrénalien.

Astragale (Astragalus membranaceus)

Cette prolifique fabacée originaire de Chine se laisse facilement cultiver ici. Sa racine au goût sucré et boisé est très utile après un épuisement professionnel ou énergétique en général. Elle est également souveraine contre les bouffées de chaleur de la ménopause et l’insomnie subséquente.

Basilic sacré (Ocimum sanctum ou Ocimum tenuiflorum)

Ce basilic particulier à tiges et fleurs pourpres renforce et rassérène effectivement le système nerveux. C’est un calmant, un euphorisant, un digestif et un hypotenseur modulé. C’est effectivement un de nos meilleurs équilibrants nerveux, une annuelle aromatique facile à cultiver, bonne au goût même en cuisine, jolie à regarder et prolifique dans toutes ses parties.

Rhodiola (Rhodiola rosea ou Rhodiola integrifolia)

Cette plante grasse de la famille des sédums, croissant au nord de la forêt boréale, fournit une racine régulant l’énergie aussi bien que la glycémie de façon remarquable. Elle se cultive assez aisément dans le sud, même dans des terres pauvres. Elle calme le système nerveux tout en harmonisant l’énergie et la pression sanguine.

Reishi (Ganoderma lucidum ou Ganoderma tsugae)

Ce champignon croissant sur les vieux conifères n’est pas un stimulant à proprement parler, mais il répare les organes et tissus majeurs tout en leur rendant leur plein potentiel : foie, reins et poumons compris !

Gotu Kola (Centella asiatica ou Hydrocotyle asiatica)

Cette petite feuille brillante extrêmement vivace est reconnue comme dépuratif sanguin et tonique cérébral fortifiant la circulation périphérique, cerveau en tête. À noter : il faut l’éviter en cas d’hypoglycémie, car il abaisse le taux de sucre sanguin et, comme toutes les apiacées, il peut être photosensibilisant.

Réglisse (Glycyrrhiza glabra)

C’est la plus célèbre et douce racine de toutes les fabacées (ex-légumineuses). Elle est utilisée depuis des siècles sous forme de petits bonbons carrés ou de tubes aux effets digestifs, émollients et expectorants. Étonnamment adaptable en culture, même sous nos cieux nordiques, sa racine a de nombreuses vertus : coupe-faim, cholagogue, hépato et stomaco-régénératrice. Elle nettoie également les poumons et les intestins.

Sans oublier ses effets anti-inflammatoires !

Seul bémol pour les hypertendus d’origine rénale : il faut choisir la version déglycyrrhizée.

Voilà la liste de mes plantes adaptogènes favorites, sélectionnées pour leur accessibilité en magasin naturel, en herboristerie et en culture. Avant de choisir l’une ou l’autre, faites-vous conseiller par un herboriste ou un naturopathe compétent, sinon laissez-vous guider par votre intuition et votre bon sens, une à trois plantes à la fois !

 

Proposition de décoction adaptogène agréable

Ingrédients :

  • 500ml d’eau chaude
  • 2c.à soupe de racine d’astragale en lamelles
  • 2c. à soupe de basilic sacré frais ou séché
  • 1c. à soupe de racine de gingembre fraîche, émincée
  • 1c. à soupe de racine de réglisse, hachée

Préparation :

Laisser mijoter tous les ingrédients pendant 5 minutes, puis laisser macérer 10 minutes. Boire chaud ou froid l’estomac vide matin et midi pendant au moins 10 jours d’affilée pour réguler votre énergie et vos surrénales.

 

Longue liste universelle des adaptogènes

Voici une autre liste, également non exhaustive, d’autres plantes adaptogènes, la plupart d’origine indienne, asiatique ou américaine.

 

Les herbes du rasayana ayurvédique indien :

  • Racine d’ashwagandha (Withania somnifera)
  • Racine de curcuma (Curcuma longa)
  • Racine d’asperge « shatavari» (Asparagus racemosus)
  • Racine et tige de guduchi (Tinospora cordifolia)
  • Amla «groseilleindienne» (Amblica officinalis)
  • Épices à curry, garam masala ou chai: racines de curcuma et de gingembre, gousses de cardamome, écorce de cannelle…
  • Formule triphala (trois fruits secs): amalaki,haritaki et bibhitaki
  • Tribulus (Tribulusterrestris)
  • Bacopa «brahmi» (Bacopa monnieri)
  • Mucuna (Mucuna pruriens)

 

Les herbes toniques chinoises :

  • Racine de ginseng asiatique (Panax ginseng)
  • Écorce de cannelle chinoise (Cinnamomum cassia): guizhi et rougi
  • Racine de codonopsis (Codonopsispilosula,C.tangshen): Dang Shen
  • Champignon ou mycélium cordyceps (Cordyceps sinensis): Dong Chong Xia Cao
  • Racine d’angélique chinoise (Angelica sinensis): Dang Gui, Tang Kuei
  • Racine de fo-ti-tieng (Polygonum multiflorum): He Shou Wu (notre chère Japonaise !)
  • Feuille de chirayta verte (Andrographis paniculata)
  • Feuille de gynostème (Gynostemma pentaphyllum):Jiaogulan
  • Fruits et amandes du jujubier (Ziziphus jujuba):TaTsao
  • Fruits du lyciet (baies de Goji) : Gou Qi Zi
  • Fruit du noni (Morinda officinalis): Ba Ji Tian
  • Racine de maral (Rhaponticum carthamoides)
  • Racine de rehmannia (Rehmannia glutinosa): Ti Huan
  • Baies des chizandra (Schisandra chinensis): Wu Wei Zi

 

Les autres adaptogènes de la forêt américaine

  • Feuille et racine de pissenlit (Taraxacum officinale)
  • Feuille d’ortie (Urtica dioica)
  • Aiguilles et huile essentielle de l’épinettenoire.(Picea mariana)
  • Écorce de griffe de chat (Uncaria tomentosa)
  • Écorce de pau d’arco (Tabebuia Serratifolia)
  • Plante de chanca piedra (Phyllanthus niruri)
  • Écorce et racine de chuchuhuasi (Maytenus Macrocarpa)
  • Écorce et tiges du clavo huasca (Tynanthus Panurensis)
  • Écorce, feuilles, racines, fruits et graines de graviole (Annona muricata)

Ces dernières listes sont des versions allégées tirées de Blondstory.com, petit guide sur les adaptogènes et leurs bienfaits sur notre santé globale, par Julian Patrick Griffin. Merci à lui!

 

Conclusion

Faites vos recherches et vos expériences ! Veinards que nous sommes, toutes ces ressources nous sont désormais accessibles, en boutique comme sur le Web !

Et surtout, n’oubliez pas que votre corps est votre meilleur allié : écoutez ses signaux et, si vous avez abusé de vos forces, sachez qu’il pardonne et s’autorépare assez facilement, les végétaux médicinaux et le repos restant nos meilleurs alliés pour retrouver joie de vivre et santé!

 

RÉFÉRENCES

«Plantes médicinales adaptogènes», floramedicina.com.

Yance, Donald R. (2013). Adaptogens in Medical Herbalism, Healing Arts Press, 672 pages.

Winston, David, et Steve Maines (2007). Adaptogens, Herbs for Strenght, Stamina and Stress Relief, Healing Arts Press, 336 pages.