Publié le 9 octobre 2019
Écrit par Stéphanie Plamondon, AC., M. SC. écrit en collaboration avec Sarah Milon, stagiaire en aromathérapie.
On retrouve sur le marché de nombreuses huiles essentielles de thym, mais malgré le fait qu’elles proviennent du même genre, thymus, les huiles obtenues des différentes espèces, sous-espèces, sont très différentes en ce qui concerne leur composition et par conséquent, leurs propriétés.
Comprendre les chémotypes
En aromathérapie scientifique, il est primordial de connaître le genre, l’espèce et éventuellement le chémotype des huiles essentielles utilisées et d’en tenir compte afin de s’assurer de choisir celles qui seront les plus efficaces selon les propriétés qui sont recherchées et les malaises que l’on souhaite traiter.
Dans le cas du thym, il en existe plus de 50 types différents rien que dans la région du sud de la France. Une des sortes les plus courantes appartient à l’espèce vulgaris. Cette précision est indispensable, mais encore insuffisante, car au sein des Thymus vulgaris, il existe plus d’une dizaine de chémotypes qu’il est très important de prendre en considération. En effet, ils déterminent les propriétés uniques de chaque huile essentielle de thym. Ainsi, les différentes huiles de Thymus vulgaris contiendront plusieurs molécules, mais dont une dominera et conférera à l’huile essentielle ses propriétés principales.
La variation de ces molécules est due à plusieurs facteurs reliés à l’endroit où le thym aura poussé : ensoleillement, altitude, composition de la terre, quantité de pluie, etc. Parmi les chémotypes de l’huile essentielle de thym vulgaire, trois sont explorés dans cet article : linalol, thujanol et thymol.
Tout thérapeute mais aussi tout utilisateur d’huiles essentielles se doit de bien connaître les distinctions entre ces huiles de thym au risque de ne pas obtenir les résultats escomptés ou, pire, de causer des accidents. Dès lors, on comprend qu’on ne peut parler « d’huile essentielle de thym » comme s’il n’en existait qu’une sorte.
Propriétés communes à ces trois huiles essentielles de thym
Les huiles essentielles de thym vulgaire à linalol (Thymus vulgaris linaloliferum), de thym vulgaire à thujanol (Thymus vulgaris thujanoliferum) et de thym vulgaire à thymol (Thymus vulgaris thymoliferum) ont les propriétés communes d’être d’une efficacité redoutable contre un large spectre de pathogènes : virus, bactéries, champignons, vers, microbes, parasites, etc.
Elles sont donc principalement utilisées à l’interne, par voie orale ou rectale.
Chacune de ces huiles essentielles possède toutefois ses spécificités et particularités en raison de son chémotype particulier.
Thym vulgaire à linalol (Thymus vulgaris linaloliferum)
Sa spécialité : les infections à levure.
Sa composition élevée en linalol (70 % en moyenne) en fait une huile essentielle d’une grande douceur pour la peau et les mu queuses : la force du thym alliée à la douceur du linalol, telle une main de fer dans un gant de velours !
De ce fait, elle sera l’huile de prédilection pour toutes les affections gynécologiques d’origine candidosique (Candida albicans). Comme toutes les huiles essentielles, cependant, et malgré sa grande douceur, elle ne peut être appliquée pure sur les muqueuses. Elle sera donc diluée dans une crème de base naturelle ou incorporée dans un ovule vaginal pour les cas de vaginite, de vulvite ou de candidose vaginale.
Pour les cas de métrite ou de salpingite, l’huile essentielle de thym à linanol est appliquée sur le bas-ventre, diluée dans quelques gouttes d’huile végétale.
Le linalol, cette molécule que l’on trouve également dans l’huile essentielle de bois de Hô ou de lavande vraie et qui leur confère leur belle odeur poudrée, est une molécule de choix pour la peau. Pour bénéficier de ses propriétés réparatrices et anti-âge, incorporer une quinzaine de gouttes dans 50 g de crème naturelle et appliquer sur les affections cutanées telles que l’eczéma.
Contrairement à d’autres types d’huiles essentielles de thym, celle du thym à linanol peut être diffusée dans l’air afin de profiter de son odeur très agréable et pour désinfecter les pièces. Idéale pour les périodes froides quand de nombreux pathogènes circulent !
Enfin, il s’agit d’une huile si sécuritaire qu’elle peut être utilisée par tous, y compris les bébés, enfants et femmes enceintes.
Thym vulgaire à thujanol (Thymus vulgaris thujanoliferum)
Sa spécialité : les affections des sphères ORL et respiratoires.
Il s’agit d’une autre huile essentielle très sécuritaire et douce, mais non moins puissante. La rareté de la plante et son faible rendement en font une huile essentielle assez chère, mais exceptionnelle, car elle peut être utilisée même sur des bébés !
Elle sera appliquée pure ou diluée dans quelques gouttes d’huile végétale pour des affections telles que les sinusites ou pharyngites. En cas d’otite, comme aucune huile essentielle ne doit être directement mise dans l’oreille, on en massera le pourtour avec deux gouttes de thym vulgaire à thujanol dans une goutte d’huile végétale, trois à quatre fois par jour.
Dans les cas de sinusite et de pharyngite, il s’agit de la même formule, mais qui sera appliquée respectivement sur les sinus ou la gorge. Il est également très efficace de déposer une goutte de l’huile sur une pastille neutre à laisser fondre dans la bouche trois ou quatre fois par jour. À cet effet, la littérature scientifique rapporte que l’huile essentielle de thym vulgaire à thujanol viendrait à bout d’une pharyngite en deux ou trois jours seulement. C’est dire son efficacité !
Pour tout ce qui touche les voies respiratoires, comme la bronchite ou le rhume, c’est cette fois par voie rectale que l’on profitera le plus de ses propriétés thérapeutiques. Pour ce faire, préparer ou faire préparer par un spécialiste en services apothicaires des suppositoires à base d’huile essentielle de thym vulgaire à thujanol et appliquer trois suppositoires par jour pendant une semaine. Compléter le protocole par la diffusion régulière de cette même huile essentielle mélangée à celles d’eucalyptus radié et de sapin baumier.
Thym vulgaire à thymol (Thymus vulgaris thymoliferum)
Sa spécialité : les affections sévères accompagnées de fièvre.
Avec sa forte concentration en thymol, une molécule phénolée puissante, cette huile essentielle constitue un puissant antibiotique naturel.
Elle est si puissante qu’on réservera son usage à des cas d’affections plus avancées, provoquant des malaises importants et de la fièvre. C’est à l’interne, par voie orale, qu’elle est utilisée, à raison de deux gouttes dans ½ c. à thé d’huile d’olive, trois fois par jour, pendant une semaine.
À la différence des huiles essentielles de thym vulgaires à linalol et à thujanol, l’usage du thym vulgaire à thymol est réservé aux adultes et interdit aux bébés, aux enfants de moins de 12 ans et aux femmes enceintes. La diffusion est également proscrite en raison de la dermocausticité des huiles phénolées, qui provoquerait des irritations respiratoires importantes.
L’exemple du thym vulgaire à thymol illustre bien à quel point les chémotypes varient d’une huile à l’autre et combien il est important de les connaître et de les prendre en considération. Rien que dans les thyms vulgaires, certains peuvent être utilisés purs ou sur des bébés alors qu’un autre est dermocaustique et trop fort pour être diffusé !
Place à quelques formules !
Sinusite et bronchite
Dans une bouteille vide de 5 ml d’huile essentielle, mélanger :
Usages :
Ajouter 50 gouttes d’huile essentielle de thym à thymol (Thymus vulgaris thymoliferum) dans le mélange s’il y a présence de fièvre et utiliser cette formule en suppositoires.
Vulvite ou vaginite
Dans une bouteille vide de 5 ml d’huile essentielle, mélanger :
Usages :
Grippe
Dans une bouteille vide de 5 ml d’huile essentielle, mélanger :
Usages :
Bonne découverte des thyms à tous !