Publié le 11 mars 2022
Écrit par Élodie Cloutier, stagiaire en naturopathie
Le minimalisme est un courant artistique contemporain qui a vu le jour en 1960. Aujourd’hui, ce terme ne désigne pas seulement une forme d’art visuel minimal, mais aussi une philosophie de vie. C’est un courant qui aspire à épurer, à vivre avec moins, à vivre avec ce qui a le plus de valeur et d’importance aux yeux de celui qui y adhère. Cette manière d’orienter sa vie invite à mettre de côté le superflu pour miser sur ce qui est le plus essentiel. Elle oblige une priorisation des besoins et des réels désirs profonds, afin de simplifier le quotidien et la consommation globale. On entend parler de plus en plus de ce mode de vie et on en vante ses bienfaits sur les réseaux sociaux, mais scientifiquement, quels sont les avantages et les effets observés dans la biochimie du cerveau ? Ce mode de vie simpliste aurait-il une incidence positive sur le système nerveux ? Dans cet article, l’impact de l’application du mode de vie minimaliste sur l’humeur, le stress, la concentration et l’attention, l’effet qu’il a sur les relations sociales, ainsi que le matérialisme seront abordés. Bonne lecture !
Légèreté d’esprit
Tout d’abord, selon M. Florian Richard du blogue Minimalisme, cette manière de vivre visant à s’orienter vers l’essentiel permettrait de ralentir son rythme de vie, ferait économiser du temps, de l’argent, de l’énergie, et dirigerait naturellement la focalisation de l’attention psychosensorielle sur ce qui a le plus d’importance. Cette philosophie diminuerait le nombre de responsabilités habituelles, augmenterait la quantité de temps libre, amènerait plus de liberté, et abaisserait la charge mentale ainsi que le stress qui l’accompagne. Cela s’expliquerait par une réduction des éléments à gérer et à entretenir. Le fait de concentrer son énergie et son temps sur les choses les plus importantes amènerait cette liberté et cette légèreté d’esprit[i].
Épuration, afin d’attirer l’attention
Par ailleurs, le cortex visuel peut traiter une quantité d’information limitée et n’a pas la capacité d’assimiler tout ce qui est dans son champ de vision au même moment. Les neurones vont donc capter certains éléments et feront naturellement abstraction du reste. Ce mécanisme est nommé la « compétition visuelle ». Les « stimulis » présents dans le champ visuel luttent ensemble pour attirer l’attention. En effet, une étude faite en 2011 confirme que la qualité de l’attention portée à toutes les activités est au mieux lorsqu’il y a, dans l’environnement présent, le moins de distractions possible[ii]. Le style de vie minimaliste encourage un environnement agrémenté d’objets précieusement sélectionnés, valeureux et significatifs pour l’individu qui le pratique. Par conséquent, cela engendre moins de distractions visuelles et favorise ainsi une qualité d’attention supérieure.
Plus de bonheur
De plus, le bonheur réside en partie dans la qualité des relations interpersonnelles, et le niveau d’attention concentré dans les différentes activités et tâches connexes est un ingrédient important pour y arriver[iii]. Dans le livre Du bonheur : un voyage philosophique, de Frédéric Lenoir, il est expliqué qu’être pleinement présent dans ses activités, prendre conscience qu’on vit de la joie à un moment précis, être en contact avec les sensations notées dans son corps et avoir la capacité de les mémoriser sont des facteurs nécessaires au bonheur. La pleine conscience tonifie l’air du cortex préfrontal cérébral gauche[iv]. Le cortex ventromédian est le secteur du cerveau qui gère l’activité de la dopamine, de noradrénaline et de la sérotonine, messagers chimiques reliés à la régulation de l’humeur positive et du bien-être[v],[vi]. Si le minimalisme permet d’être plus présent et attentif, il augmente la qualité des relations et favorise un état de béatitude.
Environnement ordonné et reposant
Dans un environnement minimal, il devient plus simple de garder l’endroit propre et rangé. Notamment, un milieu domestique désordonné et inachevé occasionnerait un taux de cortisol sérique plus élevé et augmenterait les troubles de la santé liés à la déprime. En effet, un haut niveau de glucocorticoïdes dans le sang est oxydatif pour les cellules nerveuses et inhibe le maintien de leur homéostasie. En revanche, un lieu de vie reposant et qui rappelle la nature aurait l’effet contraire et augmenterait le niveau de satisfaction relationnelle amoureuse des individus vivant sous le même toit. Ainsi, un environnement net, harmonieux, paisible et naturel aurait un impact favorable sur la santé mentale, générerait une humeur plus positive, avec moins d’anxiété et de déprime[vii].
Matérialisme expliqué
Tout d’abord, à l’inverse du minimalisme, le matérialisme est le fait d’accorder beaucoup d’importance aux biens matériels, et regroupe des traits de personnalité comme « la possessivité, le manque de générosité et l’envie »[viii]. Les gens plutôt matérialistes tendent à effectuer des achats compulsifs, à s’endetter, à être plus insatisfaits de ce qu’ils possèdent, etc. La source d’un tel comportement peut être un développement biologique inadéquat de la structure cérébrale, une appartenance à une classe économique inférieure à la moyenne[ix], le stress, la solitude, la tristesse, la déprime, un sentiment de vide et l’âge. Ainsi, un déséquilibre dopaminergique serait l’une des causes majeures de ce comportement. En effet, l’insuffisance de dopamine ou son incapacité à se fixer aux récepteurs engendrerait un besoin de récompense plus élevé, qui vise à stimuler sa synthèse et sa sécrétion intersynaptique. Bref, ce mécanisme est identique à celui de la dépendance (voir la Figure 1).
En premier lieu, puisque les neurones de l’air cortical préfrontal n’ont pas cru à leur pleine capacité, cela peut engendrer un dysfonctionnement cérébral et, donc, causer un déséquilibre dopaminergique. Dans le même ordre d’idées, l’inaccessibilité aux soins de santé, à l’alimentation et à un environnement adéquat causée par des restrictions financières peut influencer l’intégrité nervine et accentuer ce type de comportement. En deuxième lieu, le stress, la solitude, la tristesse et un sentiment de vide seraient aussi accompagnés de cette instabilité neurobiochimique. Comme mentionné plus haut, l’exposition au stress chronique et aigu à répétition engendre une augmentation du taux de cortisol sanguin et passe aisément la barrière hémato-encéphalique protectrice. Oxydatif pour les cellules nerveuses, ce phénomène détruit l’intégrité neuronale, incluant l’équilibre dopaminergique. Cette nuisance peut ainsi mener à la dépression nerveuse et au sentiment de solitude, deux états qui sont accompagnés d’un dérèglement de ce neuromédiateur. Enfin, l’âge est aussi un élément entrant dans l’équation, surtout pour les plus jeunes. Ils sont souvent la cible des publicités, les plus exposés, et ils n’ont pas le discernement nécessaire pour faire des choix réfléchis et conscients. D’ailleurs, leur cerveau n’est pas à maturité, phénomène qui arrive vers l’âge de 25 ans.
Tout compte fait, accumuler des biens matériels est assez commun. Mais que cela nourrit-il ? Une étude de 2012 met en lumière qu’un lien émotionnel est souvent de pair avec ce comportement. L’importance octroyée à des possessions matérielles ou à un environnement visuellement chargé pourrait être motivée par un besoin de sécurité socio-affectif, par, entre autres, de l’anxiété de séparation. L’impression de ne pas avoir de relations interpersonnelles fiables aurait tendance à amener une compensation matérielle[x]. Ainsi, appartenir à un cercle social solide amènerait un sentiment de sécurité, qui diminuerait la rétention d’acquisitions.
Matérialisme, minimalisme et sphère cognitivo-émotionnelle
D’une part, la philosophie matérialiste engendrerait l’augmentation de conflits interrelationnels, ainsi qu’un faible niveau d’empathie et de gratitude chez la personne qui la pratique. De plus, ce comportement serait renforcé dans les jeunes années de vie. D’autre part, stimuler la motivation par des éléments externes, tels que le besoin d’approbation par les autres ou le besoin de posséder au détriment d’être, écarterait les gens de la signification profonde de la vie et amènerait plus de détresse psychologique. De plus, le matérialisme chronique causerait plus d’isolement[xi]. Quant au minimalisme, il permettrait plus d’espace aux relations ayant de la valeur et serait un catalyseur de croissance personnelle. Par conséquent, les gens qui ont tendance à accumuler compulsivement et à avoir de la difficulté à se défaire d’items se retrouveraient plus souvent célibataires ou vivraient plus de divorce et de conflits conjugaux[xii]. Dans un autre ordre d’idées, pratiquer la gratitude serait directement lié à une baisse du matérialisme. Le sentiment de gratitude entraîne une libération de sérotonine, messager chimique dans le bien-être, l’équilibre de l’humeur et l’apprentissage. Bref, le minimalisme, la pratique de la gratitude et de la satisfaction seraient de bons outils pour entretenir des relations saines, éveiller la conscience, s’accomplir et vaincre un état de neurasthénie.
Conclusion
Le minimalisme encourage une consommation réduite et promeut la simplicité au quotidien. Less is more, devise de ce style de vie, encourage à retirer le superflu pour laisser place à l’essentiel. Serait-ce la solution à une vie plus sereine ?
Bien entendu, il amènerait plusieurs avantages : plus de légèreté, une concentration maximisée, une capacité au bonheur augmentée, des relations interpersonnelles de meilleure qualité, moins de stress, d’anxiété et de déprime, encouragerait l’achat conscient, favoriserait l’équilibre dopaminergique, serait un catalyseur de croissance personnelle et, finalement, augmenterait le niveau d’empathie et de gratitude. Toutefois, il est impossible de dire que c’est la solution absolue. C’est un élément, un ingrédient qui peut grandement contribuer à une vie plus paisible.
** Élodie Cloutier a sept ans d’expérience dans le domaine de la médecine alternative. Passionnée par le bien-être et les vertus médicinales de la flore, elle a un intérêt particulier pour l’équilibre de la sphère cérébro-cognitivo-spirituelle.
RÉFÉRENCES
[i] Florian Richard (2021). Minimalisme et anxiété : 6 façons de réduire votre stress en étant minimaliste, guérir l’anxiété et les crises d’angoisse. https://guerir-anxiete.com/minimalisme-anxiete/?fbclid=IwAR0mPCySEfxcXx4Xejmy4Z64wc20NhX8H1xh7AyPEkQgxsujDYbK5ihb2Fc.
[ii] Stephanie McMains et Sabine Kastner (2011). Interactions of top-down and bottom-up mechanisms in human visual cortex. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21228167/.
[iii] Frédérick Lenoir, Du bonheur : un voyage philosophique.
[iv] https://www.cortex-mag.net/comment-la-meditation-agit-sur-le-cerveau/.
[v] Frédérick Lenoir, Du bonheur : un voyage philosophique.
[vi] https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_08/i_08_cr/i_08_cr_dep/i_08_cr_dep.html.
[vii] Darby E. Saxbe et Rena Repetti (janvier 2010). No place like home: home tours correlate with daily patterns of mood and cortisol, Pubmed. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19934011/.
[viii] https://loveorganization.ca/qc/fr/le-materialisme.
[ix] https://www.proquest.com/openview/1054f7f1133fdc7aeee66a44dbd591af/1?pq-origsite=gscholar&cbl=18750&diss=y&fbclid=IwAR2wJifck4Yxz5s1DCuC1dQRe6-Xe5EGc2xgAfK4i2PpuaVOMCxUADmuddk.
[x] Lucas A. Keefer. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022103112000194.
[xi] https://www.psychologytoday.com/us/blog/talking-about-trauma/201902/what-can-minimalism-do-mental-health.
[xii] https://www.proquest.com/openview/1054f7f1133fdc7aeee66a44dbd591af/1?pq-origsite=gscholar&cbl=18750&diss=y&fbclid=IwAR2wJifck4Yxz5s1DCuC1dQRe6-Xe5EGc2xgAfK4i2PpuaVOMCxUADmuddk.