Publié le 27 septembre 2016
Écrit par Carmen Marois
Méconnus, craints, détestés, les insectes laissent peu d’entre nous indifférents.
ON LES TROUVE souvent envahissants, déplaisants, urticants, « buggants », bref difficiles à côtoyer. Beaucoup plus anciens que nous, ils colonisent la Terre depuis plus de 320 millions d’années. En comparaison, l’homme n’est apparu sur notre planète qu’il y a 200 000 ans. Les insectes ont survécu à de nombreux bouleversements climatiques et géologiques. Ils sont donc là pour rester. Autant s’habituer à leur compagnie. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, la FAO, estime quant à elle que la survie de l’humanité passera par la consommation d’insectes. En Europe et en Amérique du Nord, l’idée de manger des insectes en rebute encore plusieurs. Pourquoi devrions-nous changer nos habitudes alimentaires, alors que nos marchés d’alimentation regorgent de denrées fraîches et abondantes en toute saison ?
Si la tendance se maintient, la Terre devra nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050. Si nous voulons continuer à nourrir tout ce beau monde de la même manière que nous nous nourrissons actuellement, il faudrait doubler les surfaces cultivables. On sait maintenant que l’agriculture industrielle a presque atteint sa limite.
Parce qu’il requiert peu d’eau et de nourriture, l’élevage des insectes a un très faible impact environnemental. Son rendement dépasse quant à lui toutes les attentes. Pour produire 500 g de bœuf, il faut en moyenne 10 000 litres d’eau et 11 kg de végétaux. Pour la même quantité de viande de criquet, 3 litres d’eau et 900 g de végétaux suffisent ! La preuve est maintenant faite que l’empreinte carbone de cet élevage est minime, contrairement à l’élevage traditionnel.
Dans un futur proche, l’entomophagie, c’est-à-dire la consommation d’insectes, pourrait s’avérer LA solution au problème de l’approvisionnement en nourriture de la population mondiale. Actuellement, seuls certains peuples d’Afrique, d’Amérique du Sud et du Sud-Est asiatique sont friands d’insectes. Ceux-ci fournissent une quantité très appréciable de protéines bon marché. Selon plusieurs études, le taux de protéines des insectes comestibles est supérieur à celui des végétaux, des viandes, des œufs et des volailles. Les insectes sont riches en potassium, en sodium, en calcium et en fer.
En Thaïlande, l’élevage des insectes détient une part importante de l’économie. Avec ses 20 000 fermes, la Thaïlande produit chaque année 7500 tonnes d’insectes.
Combien d’entre vous consommeraient volontairement un plat constitué d’insectes? Avant d’opposer un refus catégorique, sachez que bon an mal an, nous ingurgitons environ 500 g d’insectes. En effet, selon une étude réalisée par un entomologiste néerlandais, nous avalons à notre insu des insectes dissimulés dans nos salades, nos légumes, nos fruits, nos jus et les farines. Une livre par habitant, par année. C’est un début ! Mais nous sommes loin de l’engouement des Thaïlandais pour les plats à base d’insectes !
Les Thaïs raffolent des sauterelles grillées, du riz sauté aux vers de bambou ou aux punaises d’eau géantes, et se régalent de salades de nids de fourmis rouges à la citronnelle. Ils consomment ainsi chaque année 200 espèces d’insectes différentes.
Au Québec, certains entrepreneurs innovants, comme Marie-Loup Tremblay, de Vaudreuil, proposent des produits à base de farine de grillons. Avec son entreprise, uKa protéine, la jeune femme est actuellement l’une des seules au Québec à élever des insectes pour la consommation humaine.
Source de nutriments et de protéines abondantes et peu coûteuses, les insectes viendront peut-être à la rescousse du genre humain quand l’agriculture industrielle touchera à sa limite.