Les maladies cardiovasculaires et l’oxyde nitrique

Publié le 8 février 2020
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

Les maladies cardiovasculaires et l’oxyde nitrique
Atelier Deuil-Temps des fêtes

La recherche médicale nous a permis d’établir un lien évident entre le durcissement des vaisseaux sanguins (athérosclérose) et la défaillance du système cardiovasculaire responsable de précipiter le vieillissement. C’est Dr linus pauling, Titulaire de deux prix nobel, qui a élucidé le mécanisme en cause.  

 

À l’époque, il avait associé cette insuffisance coronarienne à une déficience nutritionnelle en vitamine C. L’hypothèse énoncée par la suite mentionnait que la baisse de la synthèse d’une molécule nommée oxyde nitrique, produite dans les vaisseaux sanguins, pouvait provoquer ce phénomène de vieillissement.

 

Un prix Nobel a d’ailleurs été octroyé en 1998 au Dr Ferid Murad, M. D., Ph. D, pour avoir percé le secret sur le rôle de l’oxyde nitrique dans la physiologie humaine. Cette molécule agirait comme un messager pour faciliter la communication entre les cellules. L’équipe du Dr Murad a découvert qu’un déséquilibre touchant ce médiateur altère la communication cellulaire et devient un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires.

 

L’oxyde nitrique et   la   santé du   système   cardiovasculaire

On définit l’oxyde nitrique comme étant un composé gazeux formé d’un atome d’azote et d’oxygène (NO). On considère que l’oxyde nitrique endogène (produit par notre organisme) participe à plusieurs fonctions essentielles. Cette substance est naturellement fabriquée dans l’endothélium (paroi interne) des vaisseaux sanguins. Les études ont démontré qu’un des premiers rôles de cette substance est d’aider à relaxer les artères. De ce fait, elle améliore la circulation sanguine dans l’organisme tout entier et peut abaisser la pression sanguine. Cette action empêche également le cholestérol et les globules blancs (monocytes) d’obstruer les capillaires sanguins et de former des plaques d’athérome.

Cette molécule joue plusieurs rôles importants dans le système. D’une part, elle facilite la performance sexuelle chez l’homme comme chez la femme, car elle augmente la circulation sanguine dans la région de l’abdomen. L’oxyde nitrique agit aussi sur le cerveau. Il favorise la mémoire à long terme par le biais de l’hippocampe. À ce sujet, on a observé que les gens atteints de la maladie d’Alzheimer ont une production plus basse d’oxyde nitrique.

À l’opposé, une déficience de l’oxyde nitrique entraîne une vasoconstriction. Les cellules étant mal oxygénées et mal nourries, on assiste à la progression d’un état pro-thrombotique, pro-inflammatoire et pro-oxydant, soit les prémisses pour que l’athérosclérose s’installe.

Aussi, une dysfonction vasomotrice peut se produire. Chez les femmes à la ménopause, elle se traduit par l’augmentation des bouffées de chaleur. On a effectivement observé que la production de l’oxyde nitrique diminue au moment de la ménopause. Les études tendent à démontrer qu’il existe une relation directe entre les bouffées de chaleur et une baisse de production d’oxyde nitrique.

 

Le polymorphisme génétique NOS3

Les recherches en nutrigénomique ont permis d’identifier des polymorphismes génétiques (SNP) pouvant influencer notre susceptibilité à développer des troubles de santé lorsqu’en lien avec un mode de vie inapproprié (malbouffe, pollution, sédentarité…), dont les maladies cardiovasculaires. Le gène connu sous le nom d’oxyde nitrique synthase 3 (NOS3), jouant un rôle pivot dans la santé cardiovasculaire, fait partie de ceux-ci. Cette enzyme est encodée par le gène NOS3 sur le chromosome 7.

Parmi les signes caractéristiques d’un polymorphisme du NOS3, on observe une tendance à avoir les mains et les pieds froids ou des cicatrices qui guérissent lentement. La personne peut souffrir de troubles comme l’angine, l’anxiété, la dépression, la dysfonction érectile, la congestion des sinus ou une respiration buccale déficiente causée par une obstruction nasale.

Ce gène joue un rôle central pour la production de l’oxyde nitrique, la substance responsable de garder les vaisseaux sanguins souples et dilatés et d’amener l’oxygène aux cellules. Quand le NOS3 n’est pas optimal, la production de l’oxyde nitrique en est diminuée grandement.

Plusieurs troubles de santé peuvent alors apparaître, touchant le système cardiovasculaire, notamment les migraines, car le plus grand consommateur d’oxygène est le cerveau.

D’ailleurs, si celui-ci n’a pas suffisamment d’oxygène, les cellules neuronales meurent et peuvent entraîner un dommage cérébral à long terme. Un polymorphisme du NOS3 diminue également l’agrégation plaquettaire et l’angiogenèse nécessaire lors de traumatismes, pour apporter l’oxygène et les nutriments au site de la blessure afin d’assurer la réparation cellulaire. Aussi, si les vaisseaux sanguins ne se dilatent pas suffisamment, plus de pression s’exerce sur les membranes des vaisseaux sanguins, pouvant entraîner une hypertension.

De plus, un polymorphisme du NOS3 peut entraîner des complications pour le diabète de type II, car un taux d’insuline trop élevé augmente la production de l’oxyde nitrique par le NOS3 jusqu’à induire une défaillance de cette enzyme et provoquer la production de super-oxyde, un des radicaux libres les plus dangereux pour la santé humaine.

Finalement, un gène défectueux de NOS3 chez la femme enceinte peut provoquer des fausses couches, une pré-éclampsie ou des malformations congénitales, car le fœtus a besoin d’une grande quantité d’oxygène pour pouvoir se développer, produire les tissus et cellules nécessaires à sa croissance.

Plusieurs facteurs de risque peuvent rendre le NOS3 dysfonctionnel. Parmi ceux-ci, nommons les anormalités respiratoires ; l’acide folique synthétique (qu’on retrouve dans les suppléments de mauvaise qualité) ; la glycémie élevée, la consommation exagérée de glucides ; les infections ; l’inflammation ; la sédentarité ; une baisse d’arginine ; un niveau bas d’œstrogènes ou d’antioxydants, dont le glutathion ; une mauvaise oxygénation ; un déséquilibre du microbiote ; la suralimentation ; le stress oxydatif ; une mauvaise méthylation ; une exposition importante de polluants environnementaux ; la congestion des sinus ; l’apnée ; la cigarette ; le ronflement et le stress.

 

L’arginine et la synthèse de l’oxyde nitrique

L’oxyde nitrique n’étant pas un supplément, on a démontré que la consommation de certaines substances naturelles pouvait augmenter la production de cette molécule. Dans les nutriments capables d’augmenter la production d’oxyde nitrique, on utilise souvent l’arginine, un des premiers acides aminés à diminuer avec le vieillissement. L’arginine soutient en effet la dilatation des vaisseaux sanguins et la formation de la créatine ; combat les infections ; améliore la tolérance de l’immunité, la transmission des neurotransmetteurs et l’érection, et diminue l’agrégation plaquettaire.

Il faut toutefois savoir que dans une situation d’infection bactérienne ou virale, d’autres gènes ont priorité pour l’utilisation de l’arginine, afin de produire l’oxyde nitrique au détriment du NOS3. Comme l’oxyde nitrique a une action antimicrobienne, il existe un risque qu’une production massive d’oxyde nitrique se fasse dans l’objectif d’enrayer les microrganismes.

Malheureusement, cette situation peut avoir une action oxydante sur les tissus de l’humain. Si moins d’arginine est disponible pour le NOS3, la production de l’oxyde nitrique par les vaisseaux sanguins en sera diminuée et poussera la production du superoxyde en compensation. Cela peut, de surcroît, augmenter la production de peroxynitrite, un oxydant puissant influant sur les lipides, les protéines et l’ADN dans le corps. Prendre un supplément d’arginine ne règle pas nécessairement la situation, car si le corps a besoin d’arginine ailleurs, le NOS3 produira encore plus de superoxyde et de peroxynitrite. Il vaut mieux soutenir le système immunitaire parallèlement pour combattre l’infection en cours avec des herbes médicinales ou des champignons immunostimulants, par exemple, plutôt que d’augmenter la supplémentation en arginine dans une telle situation.

 

D’autres nutriments d’intérêt

Le pycnogénol, un dérivé de l’écorce de pin maritime, est un autre nutriment d’intérêt, car il facilite la conversion de l’arginine en oxyde nitrique. Toutefois, la conversion en est facilitée lorsque le pH corporel est optimal. En effet, il semble que la synthèse de l’oxyde nitrique ne soit pas optimale dans l’organisme lorsque le pH n’est pas suffisamment alcalin et qu’une hypoxie (un niveau d’oxygène bas) s’installe. On suggère à ces gens de consommer de grandes quantités d’aliments riches en nitrate, dont la roquette, les betteraves, le céleri et les épinards pour optimiser la conversion d’oxydenitrique. Aussi, les sources alimentaires d’arginine se retrouvent dans la dinde, le poulet, les graines de citrouille, la spiruline, les produits laitiers, les pois chiches et les lentilles.

Plusieurs nutriments ont également la capacité d’augmenter la synthèse de cette molécule de différentes façons dans notre corps. Parmi ceux-ci, nommons l’hespéridine, les proanthocyanidines et le resvératrol. Finalement, la vitamine C, E et l’acide folique sous la forme de 5MTHF (5 L méthyl-tétrahydrofolate) ont tous le même effet positif sur l’oxyde nitrique. La PQQ (pyrrolo-quinoléine quinone), un antioxydant et neuroprotecteur d’importance, facilite la respiration cellulaire, assure la production de l’oxyde nitrique et empêche la transformation de ce dernier en superoxyde.

Pour que le NOS3 puisse fonctionner de façon optimale, l’organisme a besoin de beaucoup d’oxygène. La respiration ainsi que l’exercice peuvent donc jouer un rôle central dans cette situation. Le fonctionnement du NOS3 peut être diminué chez les gens aux prises avec l’apnée, la respiration buccale, une congestion des sinus, des ronflements ou ayant une respiration superficielle ou retenue. D’un point de vue holistique, réapprendre à bien respirer peut assurément faire partie de la solution.

 

RÉFÉRENCES

LYNCH, Ben Dr. Dirty genes, Harper Collins publishers, New York, 2018.

TRACEY, Megan MSc, rédactrice en chef.

« NOx 321 Technology, The Power of Nitric Oxide »,

AdVances in orthomolecular research, volume 3, numéro 10, Calgary, 2010.

http://www.naturalstandard.com/news/news200611024.as p#

https://www.mygenefood.com/genes/heart-health-genes/nos3/