Les maladies chroniques, conséquences d’une mauvaise communication entre les cellules

Publié le 9 avril 2016
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

Les maladies chroniques, conséquences d’une mauvaise communication entre les cellules

Vous est-il déjà arrivé d’expérimenter la frustration de ne pouvoir communiquer correctement avec un ami dans un environnement où le bruit atteint des sommets inégalés ?

 

IL PEUT S’AGIR D’AUTOS qui klaxonnent ou d’une foule animée où les gens se parlent les uns plus fort que les autres. Vous constatez que ces bruits extérieurs se multiplient et empêchent votre voix de se rendre à votre interlocuteur. Toutes ces interférences vous obligent à augmenter le volume pour que l’autre vous entende jusqu’au point où vous réalisez que vous êtes en train de vous époumoner.

Le même phénomène se produit à l’intérieur de notre corps lorsque les cellules essaient de communiquer entre elles. En effet, lorsqu’une cellule veut communiquer avec d’autres cellules, elle envoie de l’information sous forme de substances biochimiques ou électriques. Il peut s’agir d’hormones, de neurotransmetteurs ou encore de médiateurs inflammatoires. Ces molécules utilisent des langages différents pour rejoindre les cellules. Ils voyagent dans le sang ou par impulsions électriques jusqu’aux récepteurs d’autres cellules qui transportent le signal jusque dans le noyau afin d’activer les gènes pour répondre aux changements demandés. S’il y a trop de bruits internes, le cerveau ainsi que les récepteurs cellulaires coupent l’information et les gènes dans les cellules ne peuvent tout simplement plus entendre le message. On appelle ce phénomène : résistance cellulaire. Les messagers doivent alors intensifier leur message tout comme un individu doit parler plus fort pour se faire entendre. Plus de messagers sont produits et envoyés dans la circulation, plus il y a de résistance cellulaire. À la longue, cela peut endommager les systèmes et organes dans le corps, tout comme un niveau trop élevé de décibels peut endommager l’appareil auditif.

 

LA PHYSIOLOGIE DE LA COMMUNICATION CELLULAIRE

Les cellules communiquent entre elles par le biais de ces messagers toute la vie durant pour signaler, alerter et maintenir l’équilibre entre le monde extérieur et notre monde intérieur. Cela permet aux gènes dans les cellules de s’ajuster en réponse aux changements venant de l’extérieur. Le Dr Hans Selye, un pionnier des études sur le stress, connu pour sa recherche sur le syndrome général d’adaptation, a été le premier à expliquer comment le corps réagit en réponse à des facteurs de stress, soit des situations traumatisantes ou agressantes venant de l’environnement extérieur. Dans une telle situation, la communication cellulaire s’active sur tous les plans dans l’organisme, dont le cerveau et l’hypothalamus, la glande thyroïde, les glandes surrénales et sexuelles. Une plus grande quantité d’adrénaline et de noradrénaline (deux hormones de stress) sont produites pour stimuler la production de messagers, dans l’objectif d’inciter les gènes dans les cellules à recréer l’équilibre interne, soit l’homéostasie.

Si l’organisme est continuellement en situation de stress, cela produit une résistance cellulaire causée par l’augmentation massive de messagers dans la circulation. Les organes qui sont mis à contribution deviennent moins fonctionnels. Le cœur, le cerveau, les muscles, les vaisseaux sanguins, les os, la peau et les reins deviennent plus toxiques. Cela amène des troubles de sommeil, des sautes d’humeur, de la fatigue, de la difficulté à se concentrer ou encore de l’anxiété. Après un certain temps, l’épuisement de l’organisme s’installe et ce dernier ne peut répondre adéquatement aux changements demandés. En médecine, on parle du syndrome général d’adaptation. Les hormones de stress sont moins produites et l’équilibre devient impossible à ramener, car le mécanisme de régulation pour l’homéostasie n’est plus efficace. Les symptômes sont divers : on peut se retrouver avec une hypothyroïdie, une baisse d’œstrogènes, une dépression…

Les scientifiques Paul Ridker et Peter Libby, de l’hôpital Brigham de Boston et de la faculté de médecine de Harvard ont, de plus, suggéré qu’une mauvaise communication cellulaire associée à de l’inflammation est la racine de toutes les maladies chroniques.

En effet, les cytokines, soit un groupe de médiateurs inflammatoires, sont aussi produites en plus grande quantité lors de stress. Ceux-ci activent alors les gènes dans notre système immunitaire qui contrôlent l’inflammation, ce qui enclenche une cascade inflammatoire, le début de tout problème de santé.

 

 PARLER AUX GÈNES, EST-CE POSSIBLE ?

Depuis l’an 2000, on assiste à une explosion d’informations sur l’effet des aliments sur la santé cellulaire. On a ainsi démontré que les phytonutriments qui se retrouvent dans ceux-ci influencent les gènes de façon douce en leur parlant littéralement. Leur rôle est de moduler l’expression des gènes associée à l’inflammation. Par exemple, on a découvert que certaines substances naturelles comme le gingembre, le boswellia, le houblon et le curcuma ont une action anti-inflammatoire très intéressante. Certaines recherches ont montré que ces phytonutriments sont capables non pas de bloquer les médiateurs inflammatoires, mais de contrôler les gènes qui régulent la production des médiateurs inflammatoires. Ils aident de cette façon à rétablir la communication cellulaire. Par conséquent, si notre organisme n’a pas suffisamment de phytonutriments pour influencer nos gènes, nous sommes plus à risque de contracter des maladies. Par exemple, les aliments transformés et raffinés comme les sucres et les farines blanches ainsi que les gras saturés contiennent très peu de phytonutriments. À l’opposé, les fruits et les légumes biologiques sont riches en ceux-ci.

 

LA PENSÉE NATUROPATHIQUE

Si la communication cellulaire est altérée et que le signal d’alarme aux cellules, tissus et organes est amorcé, alors la détoxication, l’assimilation, l’élimination et le système immunitaire sont quelques-uns des systèmes affectés. Chacun de ces systèmes devra être restauré en plus d’avoir à rééquilibrer la communication cellulaire.

Un naturopathe compétent mettra en place un programme personnalisé chez un individu pour ramener l’équilibre dans la communication cellulaire. Il concevra un programme alimentaire approprié à la situation, reverra les facteurs de risque dans le mode de vie et l’environnement et verra à réintroduire les phytonutriments nécessaires pour exercer une influence positive sur les gènes altérés. Le naturopathe gardera toujours en mémoire cinq concepts de base naturopathiques pour y arriver :

  1. Notre santé n’est pas prédéterminée par nos gènes. C’est plutôt l’expression des gènes qui permet à la maladie de se manifester. La bonne nouvelle, c’est qu’un mode de vie sain influence positivement ceux-ci.
  2. La maladie chronique est le résultat du déséquilibre interne dans un ou plusieurs systèmes. Cela découle de l’interaction entre le génome et notre alimentation, notre mode de vie et notre environnement. Heureusement, nous pouvons y faire quelque chose en agissant sur ces facteurs de santé.
  3. L’absence de maladie n’est pas l’assurance de la présence d’une bonne santé. Un diagnostic de maladie chronique arrive souvent après une longue période de fonction déclinante des organes qui, elle, vient d’un mode de vie inapproprié.
  4. Chaque personne répond de façon unique à un mode de vie, à une alimentation et à des facteurs environnementaux. On doit trouver ce qui convient le mieux à la personne.
  5. Les médicaments sont efficaces pour gérer une maladie en aigu, mais deviennent plus risqués lorsqu’ils sont utilisés à long terme en cas de maladie chronique. En effet, un médicament agit en bloquant une réaction enzymatique précise en lien avec un symptôme identifié dans un réseau complexe biochimique. À force de bloquer une fonction physiologique, cela enclenche des effets collatéraux potentiellement dévastateurs dans le corps. Si la médication devient incontournable, il est plus prudent d’utiliser ces substances le plus tard possible dans l’évolution de la maladie et avec les doses minimales pour maintenir une fonction correcte.

 

RÉFÉRENCES

  1. BLAND, Jeffrey S. Dr. The disease delusion, Harper wave, New York, 2014.
  2. JONES, David S., editor in chief. Texbook of functional medicine, The Institute for Functional Medicine, Gig Harbor, 2005.
  3. WILSON, James L. Adrenal fatigue, Smart