Les plantes nervines, grandes amies de notre vie

Publié le 30 janvier 2024
Écrit par Sarah-Maria LeBlanc, HTA

Les plantes nervines, grandes amies de notre vie
Atelier Deuil-Temps des fêtes

Avant de commencer cette nouvelle chronique,

J’aimerais saluer une femme magnifique,

Inspirante et rayonnante, une vraie battante,

Qui, pendant des années, a tenu la rubrique

Pour propager l’amour de nos amies les plantes.

 

Fille d’un coureur des bois d’Alsace,

Elle s’est renaturalisée dans nos contrées,

Comme plusieurs des alliées d’ici

Qu’elle nous a aidés à découvrir et à apprivoiser.

 

Ses livres sont devenus des classiques

De toute personne amoureuse des plantes sauvages ;

En quelque sorte, c’est un peu notre sage pas si sage

Qui a inspiré une génération d’herboristes de mon âge,

En plus de toute son implication politique…

 

Dans Mères au front ou ailleurs,

Elle porte sa voix de poète et elle revendique

Un monde dans lequel ses petits enfants pourront, eux aussi,

Bénéficier des plantes des bois fraîchement cueillies.

 

Alors un grand merci, Anny !

C’est un honneur d’écrire à ta suite.

Et souhaitons-lui de longues années de poésie,

De paroles libres et de marches à son rythme !

 

Après le temps des fêtes, temps de rencontres familiales et (on l’espère) de repos, il arrive qu’on retourne au travail ou à nos activités quotidiennes un peu à reculons. Dans ces moments-là, si l’on souhaite retrouver notre vitalité et notre joie de vivre, il est toujours avisé de prendre soin de notre foie (j’en reparlerai ultérieurement), mais aussi de notre système nerveux. C’est pourquoi j’ai décidé, dans cette première chronique, de vous parler de trois plantes « nervines » que j’apprécie particulièrement. Ces plantes sont de merveilleuses amies qui nous soutiennent dans les petits et les grands moments de notre vie.

Connaissez-vous le terme « nervin » ? Il s’applique aux plantes qui soutiennent et tonifient le système nerveux. Attention ! Lorsqu’on parle de « tonifier », on ne parle pas de stimuler. Il s’agit ici de soutenir/fortifier/régénérer les systèmes, les organes, les tissus, les cellules du corps. Ainsi, les plantes qui tonifient le système nerveux vont permettre, par exemple, une régénération des cellules et des tissus de ce système, une diminution du stress, un calme accru, entre autres, contrairement aux plantes stimulantes, comme le café ou le thé, qui vont donner une énergie rapide en stimulant la production d’hormones de stress.

Ce qui est extraordinaire avec les plantes nervines, c’est que plus on en prend, plus elles font effet ! On peut les prendre pendant de longues périodes : leurs propriétés agissent en profondeur et « transforment » notre relation avec les divers agents stressants de notre vie. Plusieurs de ces plantes contiennent des huiles essentielles, qui donnent un bon goût à nos tisanes du jour. Pourquoi s’en priver, surtout en ces temps où le manque de lumière se fait sentir ? Voici donc quelques alliées qui pourront raviver votre vie.

 

L’avoine fleurie (Avena sativa)

Douce plante nutritive riche en bêta-glucanes, l’avoine soutient la santé cardiovasculaire et immunitaire, sans oublier ses nombreux polyphénols, qui la rendent très antioxydante. Cela dit, la raison pour laquelle je l’invite dans cet article, c’est qu’elle est l’une des meilleures alliées de notre système nerveux. L’avoine soutient les nerfs et reconstituerait même la gaine de myéline, qui enveloppe ces derniers. Tout comme certains antidépresseurs, elle régule notre humeur en inhibant les enzymes monoamines-oxydases, ce qui permet à la sérotonine et à la dopamine d’être sécrétées. C’est une adaptogène : en prendre pendant quelques semaines, voire quelques mois aide à gérer le stress, amène un profond sentiment de stabilité intérieure, soutient le sommeil, régénère et redonne de l’énergie. Prise avant le sommeil, elle facilitera l’endormissement en calmant les pensées. Prise le matin, elle nous donnera une sensation d’énergie pour la journée ! Pour certaines personnes, elle augmente même la libido — peut-être à cause de son contenu en apigénine, qui empêche la conversion de la testostérone en œstrogènes… avis aux personnes intéressées !

Utilisations : en infusion longue (10 à 15 min) ou en légère décoction (15 min), une cuillère à soupe par tasse. La décoction, que j’appelle « le spa nerveux », est plus efficace et très agréable à boire. De façon médicinale, on utilise les tiges et les fleurs d’avoine et non le grain que l’on mange dans le gruau, quoique des grains d’avoine frais peuvent avoir le même effet. En teinture ou en vinaigre : prendre de 20 à 200 gouttes (1 à 5 ml) par jour, selon les besoins.

 

La scutellaire (Scutellaria lateriflora)

La scutellaire est LA plante pour calmer le petit hamster dans la tête. Plante anxiolytique grâce à son contenu en baicaline, qui agit sur nos récepteurs GABA, elle est très efficace pour calmer les angoisses et les pensées tourbillonnantes. C’est une de mes plantes chouchous pour la période prémenstruelle et la périménopause, car elle stabilise les émotions. Elle peut être prise en teinture (plus efficace avec des plantes fraîches), en faibles doses, tout au long de la journée, ce qui permet de rester « zen » dans des moments de nervosité. Elle est également utilisée dans des protocoles de sevrage lors de dépendance : je l’ai souvent suggérée à des clients qui souhaitaient arrêter de fumer. D’après mon expérience personnelle et de clinicienne, l’effet de la scutellaire n’est pas sédatif à petites doses, on peut donc en consommer le jour sans craindre de s’endormir. Ainsi, pour un effet plus calmant ou même sédatif, il est préférable de la boire en tisane ou en plus fortes doses de teinture (par précaution, évitez les fortes doses de teinture de scutellaire si vous avez un dérangement du foie).

Utilisations : Pour des propriétés plus calmantes, à prendre séchée, en tisane. Ajouter une cuillère à thé par tasse, et boire de 1 à 2 tasses le soir ou en journée. En teinture ou en vinaigre : prendre de 10 à 80 gouttes (0,25 à 2 ml), de 2 à 3 fois par jour, ou au besoin, comme remède de « secours nerveux » — se combine bien avec l’agripaume et la lavande.

 

La mélisse (Melissa officinalis)

La délicieuse mélisse est une plante très spéciale, autant pour les abeilles que pour les humains. Elle fait partie de la pharmacopée européenne depuis longtemps pour ses vertus calmantes et digestives. Son goût citronné nous donne envie de boire des litres de son infusion. Je l’appelle affectueusement « mélisse complice », car c’est une plante de choix pour l’anxiété. Elle l’apaise et nous amène plus de sérénité. Comme pour la scutellaire, la recherche démontre que certains de ses constituants agissent sur les récepteurs GABA avec des effets similaires à ceux des benzodiazépines, qui sont une classe de médicaments anxiolytiques et sédatifs. Carminative, elle calme aussi les gaz, ce qui s’avère très pratique en cas de ballonnements prémenstruels. Des études démontrent que les huiles essentielles qu’elle contient sont antivirales, particulièrement antiherpétiques, ce qui est très appréciable lorsque notre système immunitaire est un peu déprimé et que le « feu sauvage » nous guette ! On peut l’utiliser également pour favoriser le sommeil, mais attention : la mélisse fait parfois intensément rêver ! Cette plante peut diminuer l’activité de la thyroïde, alors elle est déconseillée aux personnes qui souffrent d’hypothyroïdie.

Utilisations : en tisane, 1 cuillère à thé par tasse, à infuser pendant 10 minutes. Mettre un couvercle sur la tisane pour garder les huiles essentielles de la mélisse dans l’infusion. En teinture (ou alcoolature) : prendre de 40 à 120 gouttes (1 à 3 ml), de 2 à 4 fois par jour, comme remède de « secours nerveux ».

 

Voici, je vous ai présenté ici mes plantes préférées pour chouchouter notre système nerveux. En ce début d’année, elles nous permettront d’entrer en contact avec notre petite lumière intérieure et d’en prendre soin, et elles sauront nous inspirer afin d’accueillir avec motivation ce retour au travail et notre quotidien. Bonne année et doux moments d’autosoins !