Les probiotiques à la rescousse… de maman et bébé !

Publié le 13 mai 2016
Écrit par Nancy Richard, B. ÉD., n.d. Accompagnante à la naissance et B. ÉD.

Les probiotiques à la rescousse… de maman et bébé !

Le système digestif est sans nul doute un de nos systèmes corporels les plus sollicités dans une journée, composé de la bouche, de l’œsophage, de l’estomac, du petit et du gros intestin, du rectum et puis de l’anus.

 

LA SANTÉ de ces organes est d’une importance majeure, car l’absorption des nutriments essentiels a lieu par leurs parois. Saviez-vous que ce fameux appareil digestif est colonisé par pas moins de 100 000 milliards de bactéries, soit l’équivalent en poids d’une livre et demie ? La grande majorité d’entre elles sont bénéfiques, et l’organisme vise l’élimination de celles dites nocives.

Une prise journalière de probiotiques serait un geste intelligent afin d’augmenter le ratio de bonnes bactéries par rapport à celles qui sont nuisibles.

Qu’en est-il des suppléments de probiotiques lors de la grossesse, surtout en considérant le ralentissement du transit intestinal et de la compression accrue des tractus ? Qu’en est-il également de ces merveilleux suppléments chez les tout-petits ?

 

DÉMYSTIFIONS LES PROBIOTIQUES ET LES PRÉBIOTIQUES

La flore intestinale est un écosystème fort complexe. Connue également sous les appellations « microbiote », « flore commensale » et « flore amie », il s’agit d’un concentré de micro-organismes vivants colonisant les intestins et même le vagin. Ces gentilles bactéries aident au maintien de l’équilibre souvent précaire entre les bonnes et les mauvaises bactéries par l’influence péjorative de la fatigue, du stress, d’une alimentation déficitaire et de l’administration d’antibiotiques.

Afin de rétablir le balancier, une prise hebdomadaire de probiotiques serait des plus bénéfiques. Vous pouvez songer à les consommer sous forme de comprimés, de gélules, de flacons ou même de poudre à diluer.

Les probiotiques (bifidobactéries, lactobacilles, et autres) jouent de nombreux rôles :

  • Aident au maintien du microbiote ; • Tonifient le système immunitaire ; • Apportent un bien-être général ;
  • Offrent un soutien à la digestion ;
  • Contribuent à la production des vitamines B et de la vitamine K ;
  • Repoussent les germes ;
  • Neutralisent certaines substances toxiques ;
  • Permettent une diminution de l’incidence de certaines maladies intestinales (côlon irritable, colite ulcéreuse, maladie de Crohn, etc.).

D’autre part, si les probiotiques agissent en tant que soldats en renfort pour l’organisme, les prébiotiques, selon Céline Arsenault, ND.A., serviraient en quelque sorte de camp d’entraînement aux futurs soldats.

Par définition, un prébiotique serait un ingrédient alimentaire aidant à la stimulation et à la croissance des bactéries dans le côlon afin d’en améliorer sa santé. Du coup, le transit intestinal s’effectue plus aisément et l’absorption des vitamines, des minéraux et des oligo-éléments est potentialisée.

 

ET DANS NOTRE ALIMENTATION ?

Certains produits dits lacto fermentés comprennent des probiotiques. Rapidement, il est facile de penser aux yogourts, au kéfir, aux fromages bleus, au lait cru et à croûte.

Toutefois, étant donné que beaucoup de ces produits sont pasteurisés, un simple yogourt ne peut pas toujours jouer une action thérapeutique de par son apport insuffisant.

 

LES PROBIOTIQUES :

JOUEURS NUMÉRO UN EN PÉRIODE DE PRÉCONCEPTION ET DE GROSSESSE

Déjà en 2005, une publication scientifique américaine mettait de l’avant un lien de causalité entre la diminution de la fertilité masculine et la présence d’un champignon nuisible nommé Candida guiller mondii. Les probiotiques pourraient contrer la prolifération de ce dernier et favoriser une meilleure fertilité chez l’homme.

De plus, lors de la grossesse, la santé du microbiote intestinal de la mère est primordiale, car celle-ci engendrerait un impact sur la composition microbienne qui colonisera son petit à la naissance et la qualité de son lait maternel.

Une recherche finlandaise, en 2002, stipule qu’une consommation de probiotiques tout au long de la grossesse engendrerait les bienfaits suivants :

  • Une meilleure tolérance au glucose, et du coup, un contrôle plus adéquat de la glycémie (information ultra pertinente dans les cas de prévention de du diabète gestationnel) ;
  • Une réduction des risques de prise de poids en période post-partum ;
  • Une baisse de l’incidence de l’apparition d’allergies et d’eczéma chez son nouveau-né.

D’ailleurs, ce dernier point a fait la une d’une méta-analyse américaine de 29 études distinctes avançant que cette diminution ne représenterait pas moins de 9% chez les mères consommant des probiotiques tout au long de sa gestation.

 

LE JOUR J

Tout au long des neuf mois de sa conception, bébé vivait dans un milieu stérile, dans la poche amniotique. Son intestin en était de même.

Lors de son passage dans le canal vaginal, le nouveau-né sera colonisé par de bonnes bactéries. Ce processus se poursuivra par la suite durant les quelques heures qui suivent également, dépendamment de la flore maternelle et de son mode alimentaire (le lait maternel comparé à une préparation commerciale pour nourrissons). Cette étape est des plus cruciales. Il importe alors d’agir en prévention et d’offrir la meilleure flore possible.

Si, pour une raison quelconque, la mère doit subir une césarienne, il serait souhaitable de demander à ce que vos sécrétions vaginales soient appliquées sur votre bébé afin de recréer le passage dans le vagin pour la colonisation bactérienne et de favoriser le développement de bonnes bactéries. Sinon, vous pourriez le faire en toute intimité, dès votre retour dans votre chambre de séjour.

 

LES BIENFAITS DES PROBIOTIQUES LORS DE L’ALLAITEMENT

Prenons en considération ce fait suivant : il existe un certain lien entre les intestins et les glandes mammaires permettant le transport de bactéries intestinales vivantes jusque dans le lait maternel. C’est donc pour cette raison que les probiotiques passent dans le lait maternel, notamment les lactobacilles et les bifidobactéries.

Petite parenthèse : La majeure partie des vitamines, des minéraux et autres superaliments (probiotiques, oméga-3, etc.) passent par le lait maternel afin d’en faire bénéficier le nourrisson.

Cependant, la seule vitamine ne passant pas par le lait maternel est la vitamine D. Santé Canada recommande alors la prise de 400 UI de vitamines D lorsque bébé est exclusivement allaité, peu importe les saisons. Cette dernière permet au corps de mieux absorber le calcium. Cet apport permet d’éviter de souffrir de rachitisme (dans les cas extrêmes seulement).

Si un bébé ingurgite 800 ml de lait maternel par jour, c’est comme s’il avait une ingestion journalière oscillant entre 100 000 et 10 000 000 de bactéries ! Cette consommation lui octroie une protection accrue contre les infections et le développement optimal de son système immunitaire. Il s’agit d’une étude réalisée par la Dre Esther Jiménez, abordée lors du Sommet mondial sur le microbiote intestinal et la santé, en mars 2015, à Barcelone, en Espagne. De plus, une autre analyse portant sur les probiotiques et l’allaitement démontre que la prise de probiotiques de souche Lactobacillus aide à prévenir les problèmes d’allaitement suivants :

  • Canal obstrué (douleur locale d’intensité légère à moyenne avec rougeur et bosse) ;
  • Mastite (rougeur, enflure et chaleur sur une zone précise du sein. La douleur est plutôt forte et est accompagnée de fièvre).

En ce qui concerne la mastite, une consommation quotidienne des souches suivantes (Lactobacillus salivarus, Lactobacillus gasseri et Lactobacillus fermentum) permettrait une amélioration de cette condition et agirait en tant que facteur de protection contre une récidive.

 

LES TOUT-PETITS ET LES PROBIOTIQUES

Les probiotiques peuvent être bénéfiques pour les bébés selon les modes de consommation suivants : consommation directe par le bébé ou par le lait maternel d’une mère qui en consomme.

Voici donc leurs bénéfices :

  • Réduction d’infections diverses
  • Diminution des troubles digestifs (constipation, diarrhée, coliques, etc.)
  • Impact positif dans le cadre d’un traitement contre l’eczéma (dermatite atopique)
  • Diminution des pathologies de la sphère ORL (bronchite, otite, rhinite, sinusite, etc.)
  • Rôle préventif dans l’incidence de certaines allergies
  • Bienfaits dans les cas d’asthme.

Tout ceci s’explique par le fait que les probiotiques aident à la maturation de la barrière intestinale, donc les bébés sont moins enclins à contracter des infections. Les germes ne peuvent adhérer aussi aisément sur des parois intestinales saines et vigoureuses. Une étude prouve même que la maturité du microbiote surviendrait autour de l’âge de deux ans, soit après le sevrage naturel du sein maternel et de la diversification alimentaire. Une autre recherche scientifique en Italie datant de 2007 a permis la découverte que l’administration de souche de Lactobacillus reuteri aux bébés allaités souffrant de coliques engendrait une diminution marquée de la durée de leurs pleurs.

Finalement, une autre section de l’étude réalisée par la Dre Jiménez serait très prometteuse auprès des mères infectées par le VIH-1.

Même si ces dernières allaitent leur poupon, les bébés seraient moins susceptibles de contracter à leur tour le VIH-1 si leur mère consomme des probiotiques. Dossier à suivre…

Note : Certaines infections transmissibles sexuellement et d’autres maladies pourraient être transmises aux bébés lors de la grossesse, mais également par le lait maternel. Le lait est considéré comme un fluide biologique, au même titre que le sang et la salive.

 

COMMENT ADMINISTRER DES PROBIOTIQUES À UN BÉBÉ ?

Lorsque vous irez vous procurer des probiotiques pour votre nourrisson ou même pour vous-même, veuillez suivre les recommandations suivantes :

  • Choisir les souches adéquates selon ce que vous désirez (bonne santé, traitement de diarrhée comme la tourista, etc.) ;
  • Choisir un produit de qualité muni d’un numéro de produit naturel (NPN) ;
  • Les conserver de la manière recommandée par le fabricant (réfrigérateur ou température de la pièce) ;
  • Suivre la posologie adaptée selon l’âge et le poids de votre bébé.

Trucs de maman pour l’administration :

  • Ouvrir une capsule ou utiliser une formule en poudre, en mettre sur le bout d’un doigt et faire téter bébé.
  • Créer une pâte en mélangeant un peu de son lait maternel avec la poudre. Il vous suffit de badigeonner la bouche de votre nourrisson avec cette mixture.
  • Utiliser une seringue ou une cuillère afin d’administrer une solution diluée avec davantage de lait maternel.
  • Si le bébé a plus de six mois et a amorcéle processus d’introduction des aliments complémentaires, vous pourriez intégrer vos probiotiques à même une compote ou un yogourt, par exemple.

 

PETIT CONSEIL

Si vous suivez une antibiothérapie, il serait sage de consommer des probiotiques tout au long du traitement prescrit et de poursuivre le tout durant au moins trois semaines.

Certains antibiotiques ont tendance à engendrer une augmentation d’incidence d’apparition de muguet, de vaginite à levure, de maux de ventre et même de diarrhée.

Quoi de mieux que les probiotiques à la rescousse, afin de prévenir ces désagréments ?

 

CONCLUSION

En guise de conclusion, tous gagneraient à consommer de façon quotidienne des probiotiques, et davantage lors de la grossesse.

Même l’American College of Allergy, Asthma & Immunology, en 2014, par les propos du Dr Alessandra Fiocchi, recommande pour la première fois une consommation journalière de probiotiques, dans le cadre d’un programme de prévention des allergies.

Un premier pas vers notre bien-être global… et surtout celui de notre microbiote !

 

RÉFÉRENCES

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