Publié le 15 octobre 2019
Écrit par Gabriel Parent-Leblanc. B. Sc., M. Env.
En mai dernier, le gouvernement fédéral a lancé un programme qui offre une subvention à l’achat pouvant aller jusqu’à 5000 $ aux acheteurs de voitures électriques. Cette subvention s’ajoute à celle déjà offerte par le gouvernement du Québec.
Depuis, les ventes de voitures électriques ont carrément explosé. Imaginez la bonne affaire ! Pour les véhicules qui se classent le plus favorablement, vous aurez le droit à une subvention de 5000 $ et 8000 $ du gouvernement fédéral et provincial, respectivement.
13 000 $ de rabais qui s’appliquent directement sur le prix d’achat, avouons-le, ce n’est pas rien ! Et on ne parle pas des crédits d’impôt ou des remboursements postaux qui peuvent s’ajouter…
Ce n’est donc pas une coïncidence si depuis le lancement de ce programme supplémentaire plus de 14 000 canadiens ont acheté ou loué une voiture électrique, tout ça en date du 1er août 2019, soit en approximativement trois mois (la presse canadienne, 2019).
Pourquoi un tel engouement ?
La voiture électrique offre tellement d’avantages au Québec que de telles données ne sont pas surprenantes. Considérons les avantages suivants, en rapport avec un véhicule classique à essence (breton, 2019) :
Bien entendu, le gros point faible de la voiture électrique demeure son autonomie. C’est immanquable. Chaque fois que je parle de voitures électriques avec quelqu’un, la discussion tourne autour du fait que la voiture électrique, « c’est pas ben, ben pratique quand on veut faire une longue distance ».
Mais saviez-vous que « 89 % des canadiens parcourent moins de 60 kilomètres aller-retour » pour se rendre de la maison au travail (breton, 2014) ? C’est donc dire que la majorité des canadiens effectuent moins de 30 kilomètres pour se rendre au boulot…, endroit où ils restent en moyenne plus de huit heures et où ils peuvent recharger leur véhicule !
De plus, loin de nous est le temps où toutes les voitures électriques sur le marché avaient une autonomie de plus ou moins 100 kilomètres… plusieurs modèles disponibles en 2019 arrivent à parcourir 200, 300, 400 et même 500 kilomètres avec une seule recharge !
Les rabais en bref
Il existe plusieurs programmes qui s’appliquent à différentes catégories de véhicules. Le tout peut facilement semer la confusion, si bien que je vais essayer de vous les résumer :
Programme fédéral
Incitatifs pour l’achat de véhicules zéro émission
Programme provincial
– Roulez vert
> Le montant du rabais dépend du prix de détail suggéré par le fabricant (PDSF), soit 8000 $ pour une voiture valant moins de 75 000 $ et 3000 $ pour une voiture valant de 75 000 à 125 000 $.
> Le PDSF doit être plus bas que 75 000 $.
> Le véhicule doit être immatriculé pour la première fois au Québec lors de la transaction.
> Seuls les véhicules entièrement électriques (non hybrides) sont admis. Ils doivent être âgés de trois ou quatre ans et être munis d’une garantie pour véhicule neuf d’origine honorée au Québec.
> Le concessionnaire automobile vous vendant la voiture doit évaluer la capacité résiduelle de la batterie par rapport à la capacité initiale.
> 350 $ pour l’achat d’une borne admissible ;
> 250 $ pour son installation par un électricien.
> Véhicules neufs : https://vehiculeselectriques.gouv.qc.ca/rabais/veneuf/vehicules-neufs-admissibles.asp
> Véhicules d’occasion : https://vehiculeselectriques.gouv.qc.ca/rabais/ve-occasion/vehicules-admissibles-rabais-vehiculeoccasion.asp
> Bornes admissibles https://vehiculeselectriques.gouv.qc.ca/rabais/domicile/bornes-admissibles-remboursement-borne-rechargedomicile.asp
La voiture électrique, populaire au Québec !
Saviez-vous qu’en date du 30 juin 2019, près de 47 % de tous les véhicules électriques circulant au Canada étaient au Québec ?
Détails : 52 556 véhicules électriques au Québec (26 300 entièrement électriques et 26 256 hybrides rechargeables) / 112 020 véhicules électriques au Canada.
Source : Duchaine, 2019.
Jamais sans mon pétrole
Si la société dans laquelle nous vivons s’est structurée autour de la disponibilité du pétrole à bon marché, celle-ci sera profondément transformée par la hausse de son prix et la fin de son abondance. Pour un Québec libéré du pétrole en 2030, Équiterre
Nous vivons dans un monde dépendant du pétrole. La consommation mondiale actuelle est de 85 millions de barils de pétrole par jour (mbl/j) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une augmentation jusqu’à 106 mbl/j d’ici 2030. Parallèlement à cela, environ 75 % des pays producteurs de pétrole connaissent une baisse de production. Les analystes du milieu affirment que le pic de production du pétrole conventionnel aurait été atteint en 2005 et que la production décroîtrait depuis. Il est donc aisé de constater que nous nous dirigeons tout droit vers un mur. Même au Québec, 37,7 % de l’énergie que nous consommons provient du pétrole, à peine moins que le 39,9 % qui provient de l’électricité majoritairement fournie par l’hydroélectricité. En 2007, alors que le prix du baril de pétrole était de 74 $ (pic à 147 $ en 2008 et ~60 $ en 2019), le Québec a dépensé environ 13 milliards de dollars pour son approvisionnement. Comme nous importons pratiquement tout cet or noir, 10,6 milliards de capital ont été exportés, et ce, seulement pour 2007 (Équiterre, 2009).
Pourrons-nous nous permettre une dépense aussi monstrueuse, tant au niveau monétaire qu’environnemental ? Comme le secteur du transport consomme plus de 70 % du pétrole au Québec, la venue des voitures électriques tombe vraiment sous le sens.
Les nouveaux programmes offerts par le gouvernement du Canada s’additionnant à ceux déjà offerts par le Québec nous donnent une offre particulièrement alléchante en ce moment. Le coût à l’achat d’un véhicule électrique demeure légèrement prohibitif, mais lorsqu’on prend en considération les économies réalisées à chaque plein d’énergie, ça peut valoir la peine, d’un point de vue monétaire.
D’un point de vue environnemental, la voiture électrique est assurément un pas dans la bonne direction considérant qu’elle émet 65 % moins de GES (gaz à effet de serre), comparativement à une voiture conventionnelle, après avoir parcouru 150 000 km sur les routes du Québec (Schepper, 2019). Célébrons donc le fait que de plus en plus de gens font le plein à la maison et au boulot grâce à l’hydroélectricité, plutôt que de contribuer activement au réchauffement climatique en arrêtant à la station-service toutes les semaines !
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