Publié le 14 juillet 2023
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.
Au Québec, on attend toujours le retour de l’été avec impatience, mais malheureusement pour nous, les plaisirs associés aux températures clémentes sont souvent ponctués de désagréments associés à la profusion d’insectes qui pullulent allègrement sur notre territoire. Parmi les insectes piqueurs ou nuisibles, on doit particulièrement se protéger contre les mouches noires, la mouche à chevreuil, la tique (porteuse de la maladie de Lyme), la puce et bien sûr, les moustiques ! La redoutable guêpe asiatique géante (Vespa mandarinia), qui n’est pour le moment rencontrée qu’aux États-Unis et en Colombie-Britannique, pourrait aussi décider d’immigrer chez nous. Quels sont les risques associés aux piqûres d’insectes et surtout, comment se protéger efficacement de ces désagréables bestioles ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble.
Risques associés aux piqûres
Bien que pour la plupart des Canadiens, le risque de contracter des maladies et de développer des conséquences graves pour la santé soit très faible, les piqûres d’insectes peuvent entraîner :
Les moustiques sont-ils réellement plus attirés par certaines personnes ?
Les moustiques trouvent en effet certaines personnes plus attirantes que d’autres. Selon une étude rapportée dans Scientific American, l’acide carboxylique présente dans notre sébum serait responsable[i]. D’autres facteurs pourraient entrer en ligne de compte, tels que le groupe sanguin, la sueur, la grossesse, les bactéries cutanées, la consommation de bière et les vêtements sombres[ii].
Qu’en est-il de la thiamine (vitamine B1) ?
La vitamine B1 est souvent proposée comme insectifuge depuis 1943 et dénoncée en tant que placebo inefficace depuis tout aussi longtemps. Une analyse de 104 rapports de cas, études de recherche et articles de synthèse pertinents pour retracer l’évolution de cette idée et identifier un consensus scientifique fondé sur des preuves a été effectuée. Les rapports sur la répulsion systémique de la thiamine sont principalement anecdotiques. Des expériences contrôlées n’ont malheureusement pas pu démontrer de preuve dudit effet répulsif de la thiamine.
Se protéger contre les insectes piqueurs
Les insectifuges, ou chasse-moustiques, peuvent contribuer à nous protéger des piqûres d’insectes. Parmi les ingrédients insectifuges approuvés au pays, notons le DEET (N,N-diéthyl-m-toluamide), l’icaridine, l’huile de soja, l’huile d’eucalyptus citronné hydratée et cyclisée (p-Menthane-3,8-diol) et les mélanges d’huiles essentielles. Il existe aussi des vêtements traités au moyen de l’insecticide perméthrine.
Malgré leur efficacité et le fait qu’ils soient approuvés par Santé Canada, les insectifuges chimiques viennent malheureusement avec plusieurs contre-indications et certains risques pour la santé[iii].
Que penser du DEET ?
La plupart des insecticides achetés en magasin contiennent du DEET. Malgré son taux d’efficacité remarquable, le DEET fait l’objet de critiques mitigées. Selon une étude publiée en 2002 dans le New England Journal of Medicine et rapportée dans Scientific American, les répulsifs à base de DEET offraient la protection la plus complète et la plus durable contre les moustiques. D’après les chercheurs, une formulation renfermant 23,8 % de DEET protégeait complètement les sujets pendant plus de 300 minutes comparativement à un produit à base d’huile de soja qui ne fonctionnait que pendant 95 minutes et de répulsifs à base de plantes dont l’efficacité ne s’étendait pas au-delà de 20 minutes[iv].
En dépit de sa redoutable efficacité, beaucoup hésitent à avoir recours à cet insectifuge en raison des effets négatifs qui lui sont associés. Par exemple, une étude menée à la fin des années 1980 sur des employés du parc national des Everglades pour déterminer les effets du DEET a révélé qu’un quart des sujets étudiés ont subi des effets négatifs sur la santé qu’ils ont imputés à l’exposition au produit chimique. Les effets comprenaient des éruptions cutanées, une irritation de la peau, l’engourdissement et les brûlements des lèvres, des nausées, des maux de tête, des étourdissements et des difficultés de concentration[v].
Bien que le DEET soit utilisé depuis plus de quatre décennies et qu’il est généralement considéré sans danger pour une utilisation topique s’il est appliqué comme recommandé, nous devons utiliser le principe de précaution et nous rappeler qu’il a aussi été associé à des effets secondaires importants tels que l’encéphalopathie toxique, les convulsions, la psychose maniaque aiguë, la toxicité cardiovasculaire ainsi qu’à quelques cas de décès dus à une absorption cutanée étendue[vi]. Mon avis est que les humains devraient rester à l’écart des produits contenant du DEET et y avoir recours seulement de manière très occasionnelle comme par exemple lorsque le risque d’exposition à la maladie de Lyme est particulièrement élevé.
Options naturelles
La littérature scientifique soutient l’utilisation de différentes huiles essentielles présentant des propriétés chasse-moustiques, telles que l’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora), la citronnelle de Java (Cymbopogon winterianus Jowitt), la citronnelle (Cymbopogon citratus), le géranium rosat (Pelargonium graveolens), la lavande vraie (Lavandula angustifolia), l’arbre à thé (Melaleuca alternifolia), le clou de girofle (Eugenia caryophyllus), la cannelle (Cinnamomum verum) et le camphre (Cinnamomum camphora)[vii].
Une étude a démontré qu’un mélange de 32 % d’huile d’eucalyptus citronné offrait une protection de plus de 95 % contre les moustiques pendant 3 heures[viii]. Une autre étude effectuée chez les souris a validé l’efficacité de l’eucalyptus (Eucalyptus globulus), de la lavande (Lavendula officinalis), du romarin (Rosmarinus officinalis) et du thym (Thymus vulgaris)[ix]. Selon une étude datant de 2005, l’huile essentielle de thym aurait une efficacité comparable ou supérieure à celle du DEET contre le moustique commun[x].
L’homéopathie
Le remède Ledum palustre est souvent recommandé en prévention. On peut l’utiliser en dilution de 5 CH à raison de cinq granules sous la langue au réveil pendant la période d’exposition aux piqûres (moustiques principalement).
D’autres remèdes homéopathiques peuvent soulager les piqûres et morsures. On les choisit en fonction des symptômes présents. Voici quelques exemples :
Remèdes maison pour soulager les piqûres
Pour soulager les piqûres de moustiques à la maison, on peut appliquer du vinaigre de cidre de pomme sur le site de la piqûre. On peut aussi frotter la piqûre avec une tranche d’oignon cru ou d’ail fraîchement coupé pour soulager et protéger contre l’infection.
Insectifuge maison
Ingrédients
Instructions
NOTES: En plus d’éloigner les insectes, ce mélange anti-insectes agit également comme bactéricide et aide à nourrir la peau grâce aux bienfaits de l’hamamélis, du vinaigre de cidre de pomme et des huiles essentielles.
Conclusion
Les insectes et les piqûres font partie intégrante du paysage estival québécois. On peut réduire les risques via les moyens habituels, favoriser les vêtements de couleur pâle, éviter la consommation de bière et se vaporiser de notre combinaison préférée d’huiles essentielles. Au besoin, on a recours aux chasse-moustiques traditionnels et on conserve les remèdes cités sous la main pour se soulager en cas de piqûres. Bonnes vacances !
RÉFÉRENCES :
[i] https://www.scientificamerican.com/article/some-people-really-are-mosquito-magnets-and-theyre-stuck-that-way/
[ii] https://www.verywellhealth.com/reason-mosquitoes-bite-some-people-more-others-4858811#:~:text=Mosquitoes%20do%2C%20indeed%2C%20find%20some,to%20draw%20mosquitoes%20to%20someone.
[iii] https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/sujet-pesticides/insectifuges.html
[iv] https://www.scientificamerican.com/article/is-it-true-that-the-deet/
[v] https://www.scientificamerican.com/article/is-it-true-that-the-deet/
[vi] Qiu H, Jun HW, McCall JW. Pharmacokinetics, formulation, and safety of insect repellent N,N-diethyl-3-methylbenzamide (deet): a review. J Am Mosq Control Assoc. 1998 Mar;14(1):12-27. PMID: 9599319.
[vii] Pohlit AM, Lopes NP, Gama RA, Tadei WP, Neto VF. Patent literature on mosquito repellent inventions which contain plant essential oils–a review. Planta Med. 2011 Apr;77(6):598-617. doi: 10.1055/s-0030-1270723. Epub 2011 Feb 15. PMID: 21328177.
[viii] Frances SP, Rigby LM, Chow WK. Comparative laboratory and field evaluation of repellent formulations containing deet and lemon eucalyptus oil against mosquitoes in Queensland, Australia. J Am Mosq Control Assoc. 2014 Mar;30(1):65-7. doi: 10.2987/13-6366.1. PMID: 24772681.
[ix] Choi WS, Park BS, Ku SK, Lee SE. Repellent activities of essential oils and monoterpenes against Culex pipiens pallens. J Am Mosq Control Assoc. 2002 Dec;18(4):348-51. PMID: 12542193.
[x] Park BS, Choi WS, Kim JH, Kim KH, Lee SE. Monoterpenes from thyme (Thymus vulgaris) as potential mosquito repellents. J Am Mosq Control Assoc. 2005 Mar;21(1):80-3. doi: 10.2987/8756-971X(2005)21[80:MFTTVA]2.0.CO;2. PMID: 15825766.