Le toc, vous connaissez ?

Publié le 9 janvier 2016
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

Le toc, vous connaissez ?

Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) est considéré par la science comme un trouble d’anxiété qui prend la forme d’obsessions causant de l’inconfort, de l’appréhension ou de la détresse et dont les compulsions servent à neutraliser l’anxiété.

 

Chez certaines personnes, les symptômes sont bénins. Pour d’autres, il s’agit d’un problème sérieux qui entrave leur fonctionnement normal. Lorsque ce type de pensées ou de comportements accaparent la personne plus d’une heure par jour, on peut penser qu’il s’agit bien d’un TOC, surtout s’il s’agit d’idées persistantes, de pensées, d’impulsions ou d’images mentales intrusives ou inappropriées causant de la détresse ou de l’anxiété.

Les pensées obsédantes sur le danger de la contamination par des germes, entre autres, les inquiétudes prenantes sur la peur d’avoir oublié de fermer à clé une porte ou de fermer le rond de la cuisinière, l’urgence de placer les objets dans un ordre particulier, une imagerie mentale sexuelle terrifiante sont quelques exemples de la manifestation de ce trouble de santé. D’autres troubles anxieux peuvent être associés au TOC, dont la dépression, les troubles alimentaires, l’abus de stimulants, les troubles de la personnalité et le déficit d’attention.

Les compulsions qui servent à calmer l’anxiété prennent la forme de comportements répétés ou ritualisés d’ordre physique (se laver les mains, tout vérifier et revérifier avant de sortir) ou psychologique (prier, compter, ruminer ou répéter des mots silencieusement).

On a longtemps pensé que le trouble obsessionnel-compulsif était rare dans la société. Le problème, c’est qu’il est souvent mal diagnostiqué, car les gens en souffrant sont gênés de leur comportement irrationnel et tentent de cacher leur secret.

Aujourd’hui, la science confirme que le TOC est un trouble anxieux qu’il ne faut pas prendre à la légère. Le National Institute of Mental Health (NIMH) estime qu’environ 2,5 % de la population de 18 à 54 ans souffre de ce problème de santé, qui serait d’ailleurs plus courant que les troubles de panique ou la maladie bipolaire.

 

LA PHYSIOLOGIE DU TROUBLE OBSESSIONNEL-COMPULSIF

Autrefois, les psychiatres pensaient que le TOC était causé par un événement traumatisant, s’étant produit par exemple dans l’enfance. Même s’il a été déterminé que l’environnement extérieur pouvait jouer un rôle déclencheur dans ce trouble de santé, aujourd’hui, on comprend qu’il y a des facteurs biologiques et cognitifs en cause et que cette maladie pourrait se transmettre de génération en génération. La psychothérapie cognitivo-comportementale s’est toutefois démontrée efficace en donnant des résultats concrets dans le traitement du TOC.

Plusieurs personnes affectées répondent aussi à la médication, qui altère la biochimie du cerveau. Les médicaments efficaces agissent en augmentant le niveau de sérotonine, dont les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS).

 

LA CONTRIBUTION DE L’APPROCHE NATURELLE

Les thérapies naturelles ont donné des résultats encourageants dans ce trouble de santé. En effet, certaines herbes et certains nutriments agissent directement sur le cerveau en diminuant notamment l’intensité du stress mental.

  1. La L-théanine est un acide aminé se trouvant en grande concentration dans le thé vert. Cet acide aminé traverse la barrière hématoencéphalique et exerce des changements biochimiques dans le cerveau. Il contribue entre autres à augmenter les ondes alpha, soit les ondes produites lors de la méditation. Il augmente aussi la présence de deux neurotransmetteurs, soit le GABA, qui a un effet calmant, et la dopamine, qui améliore le sentiment de bien-être. Certaines études ont démontré que la théanine réduit l’intensité des épisodes de personnes affectées par le TOC (Kakuda et coll., 2000).

Il a été observé que certaines personnes anxieuses pouvaient être sensibles à la caféine se trouvant dans le café, le thé, les boissons caféinées, le chocolat et le guarana. Fait intéressant, la théanine est, selon des chercheurs japonais, un antagoniste de la caféine et peut désamorcer l’effet hyper stimulant de cette substance (Kakuda et coll., 2000).

  1. Le méso-inositol est un nutriment se trouvant dans les légumineuses, les noix, les céréales et les fruits, qui est nécessaire à la formation des membranes cellulaires. Il joue un rôle dans la transmission nerveuse. Il a été observé que l’inositol renversait la désensibilisation des récepteurs cellulaires de la sérotonine et permettait à ce neurotransmetteur d’entrer plus facilement dans les cellules nerveuses. Il agit donc de façon similaire aux médicaments ISRS sans toutefois entraîner leurs effets indésirables.

En 1997, dans l’étude « Controlled Trials of Inositol in Psychiatry », publiée dans le journal du Collège européen de neuro psycho pharmacologie, Levine et son équipe de chercheurs rapportent de nombreux bienfaits découlant de l’administration de l’inositol par rapport à ce trouble de santé. Dans cette étude étalée sur six semaines en double aveugle et contre placebo sur 13 patients ayant reçu 18 grammes par jour de ce nutriment, il a été déterminé que l’inositol réduisait de façon significative les symptômes de TOC (Levine, 1997).

  1. Les oméga-3 contenus dans l’huile de poisson sont nécessaires au bon fonctionnement du cerveau et peuvent aider à stabiliser l’humeur. Même si les deux composantes des oméga-3, soit l’acide éicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA), sont essentielles au cerveau, c’est surtout le DHA que l’on trouve dans les synapses, la rétine et les mitochondries. Celles-ci ont particulièrement besoin de DHA pour créer de nouvelles connexions neurales.
  2. Les aliments riches en tryptophane sont des précurseurs de la sérotonine. Parmi ceux-ci, on retrouve les avocats, le poulet, le cacao, le fromage cottage, le canard, la dinde et le blé germé. La vitamine D, la mélatonine et le 5-HTP sont quelques-uns des suppléments suggérés par un naturopathe qualifié pour augmenter la sérotonine dans le cerveau. De plus, la vitamine B6 est nécessaire pour la synthèse du tryptophane en sérotonine. Également, le calcium et le magnésium peuvent avoir un effet relaxant sur le système nerveux.
  3. Le docteur Michael Gershon, dans son livre The second brain, mentionne que l’intestin pourrait être considéré comme notre deuxième cerveau. En effet, on retrouve plusieurs neurotransmetteurs à l’intérieur de l’intestin. À ce sujet, les pères de la gastroentérologie ont clairement reconnu le lien entre celui-ci et le cerveau. Une des découvertes intéressantes de la médecine a confirmé le fait que l’on retrouve la sérotonine, le principal neurotransmetteur pour moduler l’humeur, à 95 % dans l’appareil gastrointestinal.

Celle-ci est en fait un médiateur de la connexion cerveau-intestin, selon l’American Journal of Gastroenterology. La sérotonine, qui voyage de l’intestin jusqu’au cerveau, est responsable de notre bien-être psychologique. Il y a donc un système de communication cellulaire établi entre le système nerveux entérique (dans l’intestin) et le cerveau.

Certains aliments, dont le sucre raffiné, le gluten et les produits laitiers sont responsables d’altérer cette communication en provoquant des intolérances alimentaires chez plusieurs individus et en déclenchant une inflammation importante de l’intestin, ce qui a pour effet de bloquer la synthèse de la sérotonine dans l’intestin, diminuant du même coup le niveau de ce neurotransmetteur au cerveau. Un microbe très commun dans l’organisme, le candida, a également cette propriété.

Une fois de plus, nous devons conclure qu’une combinaison de plusieurs facteurs doit être mise de l’avant pour améliorer ce trouble de santé. Toutes les pistes de solutions explorées par un naturopathe compétent seront envisagées.

Il peut s’agir d’assainir le microbiote intestinal en enlevant les aliments allergènes et intoxicants, en débarrassant des organismes pathogènes, en aidant à la régénération de la muqueuse de l’intestin ou en supportant la digestion. Un mode de vie comprenant les changements alimentaires, la prise de suppléments naturels bien ciblés, l’exercice et la méditation feront assurément partie de la solution.

 

RÉFÉRENCES

  1. BRAVERMAN, Eric R. M.D. The edge effect, Sterling Publishing co, New York, 2004.
  2. ROUSSEAU, Sylvie, ND.A. Baby-boomers, visez la santé optimale !, Les Éditions Québecor, Montréal, 2009.
  3. SEGALA, Melanie, editor. Life Extension Disease prevention and treatment, Expanded fourth edition, Life Extension Media, 2003.