Publié le 10 novembre 2015
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc.
Bel arbre imposant retrouvé sur tout le pourtour de l’océan Indien ainsi qu’à Madagascar et en Polynésie, le Calophyllum inophyllum produit une huile végétale riche, possédant une odeur prononcée d’épices, qui demeure peu connue en Occident. Elle gagne cependant à être intégrée à la pharmacie naturelle, tant elle possède des propriétés médicinales remarquables, notamment en ce qui concerne le traitement des troubles cutanés d’origines infectieuse et circulatoire. Portrait de cette belle huile exotique.
Un peu de botanique
L’huile de calophylle provient d’un arbre tropical, le Calophyllum inophyllum, dont le feuillage, comme celui de nos conifères nordiques, ne fane jamais. Ce type d’arbre entre dans la famille sempervirente, qui signifie coquettement « arbre toujours vert ». Le Calophyllum inophyllum, ou « takamaka» comme il est communément appelé, apprécie particulièrement les terrains sablonneux et se retrouve abondamment sur les rivages de l’océan Indien, dans le sud-est de l’Asie, à Madagascar, dans le nord de l’Australie et en Polynésie. Le Calophyllum inophyllum est un arbre plutôt solitaire, qui affectionne la lumière du soleil, la chaleur ainsi que les terrains salés situés près de la mer.
Il s’agit d’un arbre imposant, qui peut atteindre une hauteur de 25 mètres et dont les feuilles, vert foncé, épaisses et cirées, atteignent jusqu’à 20 cm de longueur. L’étymologie du mot « calophyllum » témoigne d’ailleurs de sa beauté, alors qu’en grec «kalos » signifie « belle » et « phullon », « feuille ». Le Calophyllum inophyllum est ainsi, littéralement, l’arbre aux belles feuilles.
Les habitants du Pacifique recourent fréquemment au bois du takamaka autant pour fabriquer des objets quotidiens (ustensiles de cuisine, instruments de musique, par exemple) que des objets de culte (temples, hôtels, etc.). L’écorce est utilisée traditionnellement pour traiter les diarrhées et les troubles oculaires ainsi que pour faciliter l’accouchement.
Mais c’est pour l’huile que produisent ses fruits que le Calophyllum inophyllum est le plus apprécié. Celle-ci porte différents noms, suivant les langues utilisées pour la désigner. À Madagascar, par exemple, on la nomme « foraha », alors qu’en Polynésie on l’appelle « tamanu ». Aussi retrouve-t-on ces différentes appellations sur les étiquettes de l’huile de calophylle, ici, en Amérique du Nord.
Cette huile est utilisée par les indigènes depuis des siècles pour traiter les maladies de peau ainsi que les troubles arthritiques, dont elle est réputée pour soulager les raideurs et les douleurs. Fait intéressant à noter, durant la Seconde Guerre mondiale, l’huile de calophylle était utilisée en tant que carburant pour produire de l’électricité afin d’alimenter les moyens de communication (radio, walkie-talkie, etc.).
La production de 5 kg d’huile de calophylle exige environ 100 kg de fruits, soit l’équivalent de ce qu’un arbre produit en moyenne par année. La majorité de l’huile de tamanu retrouvée sur le marché provient de la Polynésie, mais l’Inde ainsi que Madagascar demeurent des producteurs très importants.
L’huile provenant du Callophyllum est verte, visqueuse et très odorante, rappelant l’odeur de certaines épices indiennes. Il est possible de trouver sur le marché de l’huile de calophylle certifiée biologique et issue du commerce équitable, notamment celle provenant de certaines régions de l’Inde, où la production de l’huile est organisée entre les hommes, qui cueillent les fruits, et les femmes, qui ramassent ceux tombés au sol. Le fruit est ensuite ouvert, pour y recueillir la noix, qui, elle, renferme l’amandon, qui est mis à sécher pour être ensuite pressé à froid. Les huiles de calophylle de qualité supérieure renferment une certaine quantité de pulpe, contribuant à augmenter ses vertus thérapeutiques.
Composition et entreposage
L’huile de calophylle est composée majoritairement d’acide oléique (35 %), un acide gras mono-insaturé, ainsi que d’acide linoléique (30 %), un acide gras polyinsaturé. Cette composition lui confère des vertus recherchées pour traiter de nombreuses affections cutanées, dont le psoriasis et l’eczéma.
Elle est également riche en substances antioxydantes, notamment en polyphénols ainsi qu’en vitamine E, ce qui lui attribue de grandes propriétés réparatrices et cicatrisantes.
Fait intéressant, l’huile de tamanu possède une molécule cétonique appelée « inophyllin », qui lui confère des propriétés désinfectantes, utiles dans le traitement d’infections cutanées telles que l’acné et le zona, par exemple. Il n’est d’ailleurs pas rare, notamment en Polynésie, que les gens recourent à l’huile pure pour soigner une coupure, une éraflure ou une plaie. Cette même molécule attribue à l’huile de calophylle des propriétés analgésiques, qui apportent un soulagement dans le cas de douleurs du système ostéomusculaire.
Mais ce qui distingue l’huile de calophylle, c’est sa grande affinité avec le système circulatoire, qu’elle tonifie et renforce. Ces propriétés sont attribuables à sa richesse en deux composés flavonoïdes, la calaustraline et l’inophyllolide, qui contribuent à assouplir et à fortifier les parois des vaisseaux sanguins.
En raison de sa grande concentration en acides gras polyinsaturés, il est préférable de garder l’huile de tamanu au frais, ou mieux, au réfrigérateur, où elle se conservera entre 10 et 12 mois. Au froid, elle durcira un peu, et pour la liquéfier, il s’agit simplement de placer la bouteille sous un jet d’eau tiède durant quelques minutes.
Propriétés thérapeutiques
De par sa composition particulière en acides gras, en flavonoïdes et en molécules antioxydantes, l’huile de tamanu possède plusieurs propriétés dermatologiques.
D’abord, elle est utile dans le traitement de cicatrices anciennes ou récentes attribuables à des troubles cutanés (acné) ou à une blessure ou à une chirurgie. Elle favorise la souplesse de la peau et détend son élastine, tout en régénérant les tissus endommagés. À cet effet, elle se combine exceptionnellement bien avec l’huile de rose musquée, qui possède également de grandes vertus cicatrisantes.
L’huile de calophylle s’avère aussi très efficace pour traiter les troubles cutanés d’origine infectieuse. Elle peut être utilisée pure pour soigner les coupures et les éraflures. Elle possède également de belles propriétés antiacnéiques et antifongiques, spécialement si elle est combinée à l’huile essentielle d’arbre à thé.
L’huile de tamanu possède des propriétés analgésiques, antispasmodiques et anti-inflammatoires particulièrement efficaces pour diminuer les douleurs, l’inflammation et les spasmes reliés aux muscles et aux articulations. Pour potentialiser ces effets antalgiques, elle se combine efficacement avec l’huile essentielle de gaulthérie.
Enfin, l’huile de calophylle est très intéressante dans le soin de problèmes cutanés d’origine circulatoire tels que les varices et la couperose. Elle possède en effet des propriétés fluidifiantes et protectrices des vaisseaux sanguins, qui s’avèrent reconnues et recherchées. Pour traiter ces types de problèmes de peau, l’huile de calophylle se marie bien avec des huiles essentielles telles que l’hélichryse italienne, le géranium, le patchouli, le lentisque pistachier et le cyprès.
Voici quelques recettes permettant d’intégrer et de découvrir les merveilleuses propriétés de l’huile de calophylle.
Traitement des varices et de la couperose
Huiles essentielles
Dans une bouteille ambrée munie d’un compte-gouttes, mélanger tous les ingrédients. Bien secouer la bouteille. Appliquer quelques gouttes du mélange sur le doigt et masser délicatement les varices et les régions couperosées, deux fois par jour. Cette formule peut également servir à soulager les hémorroïdes.
Soin anti-vergetures et cicatrisante
Huiles essentielles
Dans une bouteille ambrée munie d’un compte-gouttes, mélanger tous les ingrédients. Bien secouer la bouteille. Appliquer quelques gouttes du mélange sur le doigt et masser délicatement les cicatrices et les vergetures, une fois le matin et une fois le soir.
Formule antiacnéique et antifongique
Huiles essentielles
Dans une bouteille ambrée munie d’un compte-gouttes, mélanger tous les ingrédients. Bien secouer la bouteille. Appliquer quelques gouttes du mélange sur le doigt et masser délicatement les boutons d’acné. Pour traiter une infection fongique, le pied d’athlète par exemple, placer deux gouttes du mélange sur l’ongle et bien masser jusqu’à absorption complète. Répéter deux fois par jour.
Huile à massage analgésique, anti-inflammatoire et antispasmodique
Huiles essentielles
Dans une bouteille ambrée, mélanger tous les ingrédients. Bien secouer la bouteille. Appliquer une petite quantité dans la main et masser la région douloureuse, deux à trois fois par jour.
L’huile de calophylle, de tamanu ou de foraha, demeure une huile encore peu connue en Occident. Ces quelques recettes permettront, espérons-le, de la découvrir et de l’intégrer à la pharmacie naturelle, où elle deviendra rapidement une alliée précieuse dans le maintien d’une peau en santé.