Publié le 8 juillet 2019
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.
La « diabésité », un problème endémique à l’heure actuelle chez les Occidentaux, est une pathologie complexe combinant obésité et diabète de type 2 avec hyperglycémie, résistance à l’insuline, hyperinsulinémie, hypertension artérielle et hypercholestérolémie. C’est un problème de santé grave qui augmente considérablement les risques de maladies cardiovasculaires. Trop souvent, le facteur de risque déclencheur pour la diabésité est l’hyperinsulinémie.
On reconnaît dans la communauté scientifique qu’il existe un réel danger à maintenir un taux élevé de glucose sanguin, ce qui peut évoluer en diabète de type II à long terme. En effet, une telle situation endommage tous les tissus dans l’organisme et accélère le vieillissement. Toutefois, on méconnaît les dangers d’avoir un taux élevé d’insuline à jeun, un problème souvent occulté et non diagnostiqué. En effet, on peut observer un taux élevé d’insuline plusieurs années avant que le glucose s’élève de façon chronique dans le sang.
L’hyperinsulinémie en bref
Pour comprendre, il faut savoir que les cellules de notre corps ont besoin de glucose pour fonctionner. Mais le sucre ne peut entrer dans les cellules sans l’intermédiaire de l’insuline, une protéine sécrétée par le pancréas. Celle-ci permet le métabolisme des glucides, des gras et des protéines ainsi que la régulation du taux de sucre sanguin. Cette hormone augmente au moment des repas et redescend entre ceux-ci, soit pendant la période de jeûne. On parle alors de l’insuline à jeun.
L’hyperinsulinémie est une circulation excessive d’insuline dans le corps causée par une trop grande consommation de glucides, habituellement causée par une alimentation riche en sucre raffiné. Avant qu’on diagnostique à une personne un taux de glucose élevé dans le sang, celle-ci a vécu pendant très longtemps avec ces habitudes de vie qui l’ont précipitée dans le processus de vieillissement accéléré.
Plus concrètement, la surconsommation de glucides ainsi qu’une sédentarité amènent les cellules à se saturer en sucre et celles-ci ne peuvent accepter plus de ces molécules à travers leurs membranes. Les cellules se protègent en réduisant le nombre de récepteurs à l’insuline, pour que moins de sucre soit absorbé. Les cellules étant résistantes aux effets de l’insuline, le taux de glucose augmente tout comme le risque de développer un diabète de type II. Dans l’espoir de contrer cette résistance, le pancréas sécrète encore plus d’insuline, amplifiant la condition d’hyperinsulinémie. Alors, l’insuline peut rester élevée même pendant les périodes entre les repas. Cette situation est trompeuse parce que le taux de glucose sanguin peut encore être dans les normes et ne permet donc pas de diagnostiquer un diabète, et ce, durant plusieurs années. En effet, la régulation de la glycémie se perd beaucoup plus tard que celle de l’insuline.
Quand le taux d’insuline est gardé à un niveau trop haut trop longtemps, la personne peut se retrouver avec une myriade de problèmes chroniques, par exemple les troubles inflammatoires, l’obésité, les ovaires polykystiques, l’hypertrophie de la prostate, la dysfonction érectile, la goutte, les migraines, l’acouphène, l’Alzheimer, le cancer, l’arthrite, l’ostéoporose, l’hypertension, les troubles cardiovasculaires ou encore le diabète de type II.
Cette situation favorise toute une réaction en chaîne qui déséquilibre toutes les autres hormones et réactions biochimiques sur le plan cellulaire, entraînant un vieillissement accéléré. Elle est de plus directement reliée à une perte de masse musculaire et à une augmentation de la masse de graisse dans le corps. Ce processus est connu comme étant de la sarcopénie, c’est-à-dire un affaiblissement général causé par un changement dans la composition du corps.
Médicalement parlant, le test d’insuline à jeun est un test très peu prescrit. On peut parfois tester le taux d’hémoglobine glyquée utilisé pour le contrôle du sucre sanguin chez les diabétiques. Lorsque cette mesure est élevée, elle permet d’évaluer le taux de sucre sanguin sur une plus longue période que la mesure de la glycémie simple, soit sur trois à quatre mois. C’est un test utile, mais pas le plus fiable pour détecter l’hyperinsulinémie.
L’AMPK, l’enzyme contrôlant la régulation de l’insuline
On retrouve dans toutes les cellules une enzyme connue sous le nom d’AMPK (protéine kinase activée par l’adénosine monophosphate). Cette enzyme considérée comme un senseur métabolique joue un rôle fondamental dans la régulation du niveau d’insuline à jeun. En effet, lorsqu’elle est activée, elle peut améliorer le métabolisme en augmentant la sensibilité des cellules à l’insuline. En plus de faciliter le transport du glucose dans les cellules, celle-ci améliore le fonctionnement des mitochondries (nos centrales d’énergie), accélère la perte de la masse de graisse et diminue le stress oxydatif et l’inflammation.
Aussi, elle active les voies métaboliques qui produisent l’ATP (glycolyse, oxydation des gras), inhibe les voies métaboliques qui consomment de l’ATP (synthèse du cholestérol et triglycérides, lipogenèse des adipocytes) et module la sécrétion d’insuline. Ce sont ces mécanismes qui permettent à l’humain de s’adapter aux contraintes externes pour assurer sa survie. Le corps dispose de plusieurs moyens pour répondre à ces contraintes, dont l’AMPK.
Cela permet la régulation du métabolisme énergétique et agit sur l’insulinorésistance, l’obésité et les troubles cardiovasculaires.
Prévenir l’hyperinsulinémie
Plusieurs moyens à votre portée peuvent aider à activer l’AMPK. Parmi ceux-ci, on retrouve l’exercice, une alimentation équilibrée et certains nutriments d’intérêt, dont le Gynostemma pentaphyllum et l’hespéridine.
L’exercice modéré
L’exercice stimule l’activité de l’AMPK en agissant sur le métabolisme du glucose, la diminution de la masse de graisse, l’augmentation de la masse musculaire et l’entreposage du glucose. À cet effet, le Dr Gerald Reaven, médecin en géronotologie de l’Université de Californie, à confirmé par ses recherches qu’une des causes directes de la résistance à l’insuline nous vient de deux facteurs combinés associés au vieillissement, soit l’augmentation de la masse de graisse et l’inactivité. Il mentionne que le muscle est le principal réservoir du glycogène. Plus la musculature est développée, plus il y a une réserve importante de glycogène.
L’alimentation équilibrée et la restriction calorique
L’alimentation nord-américaine, riche en glucides et en calories, qui force la production de l’insuline, est également à blâmer. Des découvertes récentes nous amènent à une meilleure compréhension de la possibilité d’agir sur le vieillissement par le contrôle du taux de glucose sanguin grâce à l’alimentation et aux habitudes de vie, notamment par la consommation des trois macronutriments (glucides complexes, protéines et bons gras) dans un rapport équilibré à chacun des repas.
Diminuer le nombre de calories quotidiennement ou utiliser le jeûne intermittent sont d’autres stratégies efficaces pour activer l’AMPK. Certaines expériences ont été menées sur des primates qui ont démontré que les régimes hypocaloriques amènent une réduction de la résistance à l’insuline et du taux de sucre dans le sang.
Les nutriments d’intérêt
Citons parmi les nutriments prometteurs pour leur influence sur l’AMPK le Gynostemma pentaphyllum, une plante grimpante chinoise de la famille des cucurbitacées aussi connue sous le nom de Jiaugulan, pouvant notamment être consommée en infusion. Lors d’une étude publiée dans le journal Obesity, quatre-vingts personnes souffrant d’embonpoint ont reçu 450 mg de Gynostemma pentaphyllum ou un placébo pendant douze semaines. À la fin de l’étude, on a noté une réduction de 6,3 % de la graisse abdominale chez ceux qui en avaient reçu, en comparaison avec le groupe témoin.
L’hespéridine, un bioflavonoïde qu’on trouve principalement dans les agrumes, a aussi démontré une capacité à augmenter l’AMPK.
En effet, une étude sur les rats nourris avec une alimentation riche en gras saturés a montré que l’espéridine avait contribué à diminuer la graisse abdominale, le taux de sucre et de lipides sanguins ainsi que la résistance à l’insuline chez ceux-ci. Dans une autre étude publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism sur des patients souffrant d’hyper insulinémie ayant reçu 500 mg d’hespéridine
par jour, on a observé, cette fois, une amélioration de la fonction vasculaire et une diminution des marqueurs inflammatoires. De plus, on a noté que les deux nutriments étudiés, lorsque pris conjointement, agissent en synergie sur le contrôle de la résistance à l’insuline.
Le corps fonctionne en synergie à travers ses différents systèmes et mécanismes, non seulement dans tout le système osseux et musculaire, mais aussi dans tout le système hormonal et neurologique. En raison de cette interrelation, si une personne arrive à équilibrer par ses habitudes de vie une ou deux hormones majeures dans le corps, cela permet à l’organisme au complet de se rééquilibrer. Gardez en mémoire qu’une des hormones les plus importantes à contrôler pour votre santé est assurément l’insuline.
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