L’hyperuricémie, un problème plus insidieux qu’il n’y paraît

Publié le 9 avril 2017
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

L’hyperuricémie, un problème plus insidieux qu’il n’y paraît

L’acide urique est une molécule que l’on trouve normalement dans le sang et qui provient de la dégradation des purines dans l’organisme.

 

Elle est une composante indispensable de l’ADN et de l’ARN, qui eux sont responsables du code génétique dans les cellules. Cette substance est par la suite excrétée par les voies urinaire et intestinale. Certains aliments riches en purine ou en fructose peuvent toutefois faire augmenter le taux sanguin d’acide urique et provoquer un problème de santé connu sous le nom d’hyperuricémie.

Ce trouble de santé, en évolution constante depuis plusieurs décennies à l’échelle mondiale, nous vient principalement du mode de vie moderne, dont la malbouffe, l’utilisation de certains médicaments, l’abus d’alcool, l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle et l’accroissement de l’espérance de vie.

On estime qu’environ 20 % des Nord-Américains ont un taux d’acide urique trop élevé dans le sang même si une majorité est asymptomatique. De plus, cela ne déclenche pas systématiquement une crise de goutte (seulement 10 % des personnes pourront en être atteintes), une maladie chronique dont la manifestation la plus fréquente est la monoarthrite aiguë du gros orteil.

En médecine, des médicaments sont recommandés pour abaisser le taux d’acide urique, dont les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les antalgiques. L’allopurinol et la colchicine sont les médicaments les plus prescrits pour ce problème de santé. Ils peuvent toutefois entrer en interaction avec plusieurs médicaments et provoquer des effets indésirables, dont des éruptions cutanées, des maux de tête et des allergies.

 

DEUX TYPES D’HYPERURICÉMIE

Cette maladie résulte soit d’un excès de production d’acide urique ou d’un défaut d’élimination venant des reins ou encore les deux phénomènes combinés. L’hyperuricémie par excès de production se retrouve dans 25 % des cas. Elle peut venir de certains troubles de santé, dont l’hyperactivité de la xanthine oxydase, une enzyme responsable de transformer l’acide urique ou d’un trouble du métabolisme glucidique avec un déficit dans l’enzyme glucose-6-phosphatase. Dans les aliments contenant le plus de purines, on retrouve les viandes et les abats, les fruits de mer, l’alcool (surtout la bière et les alcools forts) et le cacao.

L’hyperuricémie par défaut d’élimination représente quant à elle 75 % des cas. Il peut alors s’agir d’un mauvais fonctionnement des reins. Parmi les médicaments responsables d’altérer le fonctionnement des reins, nous retrouvons les diurétiques en tête de liste, suivent les bêtabloquants, les salicylés et certains antibiotiques. On observe d’ailleurs une hyperuricémie chez 70 % des personnes traitées par des diurétiques. Les corps cétoniques produits lors de diabète ou de jeûne prolongé et les lactates formés dans les hypoxies sévères sont également en cause. L’hyperinsulinémie ou le syndrome métabolique peut provoquer une hyperuricémie en inhibant l’élimination rénale de l’acide urique. La déshydratation rencontrée lors de vomissements, diarrhées et hypersudation peut aussi engendrer ce trouble de santé.

 

LES DÉPÔTS D’ACIDE URIQUE

L’acide urique est un acide faible présent dans le plasma sous forme d’urate à un pH normal. Au-delà d’une certaine concentration, les urates peuvent cristalliser et précipiter. Une accumulation à long terme d’acide urique peut donc provoquer des dépôts de sels calciques. Ces dépôts formés de cristaux piquants se logent plus facilement dans les articulations et autour d’elles, dans la peau, les ligaments ou les os, et peuvent même toucher les tissus mous. On aura alors une forme d’arthrite goutteuse inflammatoire. Il pourra aussi y avoir accumulation de cristaux dans les voies urinaires et provoquer des lithiases rénales. Cela peut enfin évoluer en maladie cardiovasculaire ou cérébrovasculaire en créant une inflammation locale liée à l’accumulation de cristaux d’urates dans ces organes.

La formation de ces dépôts dépend de plusieurs facteurs. Entre autres, un pH urinaire acide entraîne les précipitations de dépôts, car les urates ont une moins bonne solubilité à un pH acide, provoquant ainsi la cristallisation à l’origine de la crise de goutte. Également, la solubilité des urates diminue avec la température, ce qui favorise la formation de dépôts dans les parties froides du corps et peu vascularisées. Les douleurs les plus fréquemment observées touchent l’intérieur du pied, la cheville, le talon, le genou, le gros orteil, le tendon d’Achille, le coude, le poignet et les doigts.

 

LES SOLUTIONS NATUROPATHIQUES

Le régime doit être hypo-uricémiant avec réduction de consommation de viandes, d’abats, de charcuteries, de poissons gras et de crustacés. Éviter l’alcool, car il peut interférer avec la capacité des reins à éliminer l’acide urique tout comme les gras. Le sucre augmente, de son côté, la production de l’acide urique. Évitez les aliments riches en purines, dont la levure de bière et alimentaire, le chocolat, les légumineuses, les épinards, les asperges et les champignons. Buvez deux litres d’eau par jour et évitez les jus de fruits.

Les petits fruits comme les bleuets, les mûres, les fraises et les cerises sont des sources riches en proanthocyanidine, un antioxydant qui protège le collagène et diminue la production d’acide urique.

Consommez les laitages (si vous n’êtes pas intolérant), les œufs, les céréales, les fruits et les légumes qui peuvent diminuer l’uricémie. La canneberge diminue aussi le calcium ionisé dans l’urine de 50 % chez les gens atteints de pierres aux reins.

Conservez un poids santé, car une masse de graisse élevée augmente le niveau d’acide urique et le risque de goutte. Optimisez le fonctionnement des reins responsables de l’excrétion de l’acide urique avec des herbes médicinales, dont les plus spécialisées pour les lithiases urinaires et les rhumatismes goutteux sont la bardane, la salsepareille, l’épinevinette, la reine-des-prés, l’ortie et le bouleau.

Prenez des aliments riches en acide folique, car la synthèse des purines est dépendante de ce nutriment. Parmi ceux-ci, nommons les plus riches, dont les légumes à feuilles vertes, le chou-fleur, les haricots, les endives et le brocoli.

Certains suppléments sont dignes d’intérêt pour le traitement de la goutte. La bromelaïne, par exemple, est une enzyme indispensable grâce à son effet anti-inflammatoire.

La quercétine et l’extrait de pépins de raisin, des antioxydants hors pair, diminuent la production d’acide urique, tout comme la vitamine C.

L’anthraquinone est une substance qui se trouve naturellement dans plusieurs herbes, dont l’aloès, le séné, la bourdaine, la rhubarbe et le nerprun. Ce composé se lie au calcium et diminue le taux de cristaux urinaires lorsqu’il est utilisé en deçà de la dose laxative (à utiliser à court terme seulement).

 

CONCLUSION

Autant l’acide urique, lorsqu’il est en quantité normale dans le sang, possède des propriétés antioxydantes permettant de prévenir l’apparition du cancer, autant, s’il y en a trop, l’hyperuricémie se déclare, un trouble de santé aux ramifications insoupçonnées.

La bonne nouvelle, c’est que l’hyperuricémie est un exemple percutant d’un problème de santé associé au mode de vie. Si vous changez vos habitudes de vie de façon significative, vous verrez les résultats prendre forme plus rapidement que vous ne pouvez l’imaginer. La nature a toujours raison !

 

RÉFÉRENCES

  1. DOWNEY, Michael. « Combat the silent dangers of high uric acid », Life Extension Magazine, février 2017, pp. 75-81.
  2. MURRAY, Michael, N.D. Encyclopedia of natural medicine, Revised 2nd edition, Prima Publishing, Rocklin CA, 1998.
  3. PARENT, Gilles, ND. A. Vitaminothérapie Niveau II, 2001, EESNQ.
  4. SADERNE, Sylvain. L’acide urique : une molécule physiologique pouvant être pathologique, thèse pour le diplôme de docteur en pharmacie, Université de Limoges, 2013.
  5. https://naturalmedicines.therapeuticresearch.co m/databases/medical-conditions/g/gout.aspx