L’Inde : fascinante, mystérieuse et paradoxale !

Publié le 19 octobre 2013
Écrit par Aurore Bonvalot, présidente l’agence Collectionneurs de Voyages

L’Inde : fascinante, mystérieuse et paradoxale !
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Ce pays n’a pas d’équivalent sur la planète. Dès que j’y ai posé le premier pied, tous mes sens ont été bousculés : les odeurs, les couleurs, la musique, les nombreuses personnes qui défilaient devant mes yeux… Notre porte d’entrée au pays fut par la ville de Mumbai (anciennement Bombay), répartie sur plusieurs îles.

À la sortie des douanes, notre chauffeur nous attendait pour nous conduire à notre hôtel, situé au bord de la mer, sur Marine Drive. Le long de la route, il y avait la mer d’Arabie d’un côté et toute cette circulation chaotique de l’autre.

Mon conjoint avait choisi un hôtel de calibre international, afin de rendre la transition plus douce et d’éviter ainsi un choc culturel. Ce fut adroit de sa part. L’accueil à l’hôtel fut des plus agréables, avec remise d’un collier de fleurs, dégustation d’un cocktail local, musique râga et massage en couple dans notre chambre. Bon, j’étais contente, mais à la fois en alerte, car tous mes repères avaient disparu.

 

CE QU’IL FAUT SAVOIR !

La population est officiellement de 1,3 milliard d’Indiens, soit 18 % de la population mondiale, mais l’on doit ajouter à ce nombre plus ou moins 500 millions d’habitants non recensés ! C’est un pays très densément peuplé.

Il faut changer notre mode opératoire nord-américain pour un mode « témoin du quotidien du peuple indien » : la pollution, la pauvreté, les inégalités…

Le système de castes est à la base de la société indienne : les hommes ne seraient pas égaux entre eux et sont répartis en quatre castes ou groupes distincts, hiérarchisés et héréditaires. De la naissance jusqu’à la mort, ils ne peuvent d’ailleurs pas changer de caste. Les métiers et les comportements de vie sont dictés par la caste à laquelle ils appartiennent.

L’Inde est le berceau de quatre grandes religions, soit le bouddhisme, l’hindouisme, le jaïnisme et le sikhisme. Il y a des milliers de temples et de lieux de culte. Il existe autant de croyances qu’il y a d’endroits pour se recueillir et mourir. De là vient la notion de la réincarnation et du karma. Ce que nous faisons de bien aujourd’hui nous permettra d’être meilleurs dans notre prochaine vie. C’est pour cette raison qu’ils acceptent toutes ces inégalités et misères dans leur vie au quotidien. Finalement, tous veulent avoir leur cérémonie de crémation le long du Gange, aux abords de la ville de Varanasi.

Cette grande population et le système de castes les confrontent à la réalité des naissances sélectives entre les femmes et les hommes.

Alors, dans certaines villes, il y a un ratio de sept hommes pour trois femmes, avec toutes les conséquences que vous pouvez imaginer…

Les Indiens sont de grands amateurs de cricket. Et ils joignent l’utile à l’agréable en trans- formant, à la nuit tombée, les terrains de cricket en immense espace de mariage. C’est quelque chose à voir. Un soir, nous avons d’ailleurs été des « wedding crashers ». Nous avons ainsi vu l’extravagance de certains mariages : des milliers de fleurs ornent les grandes tables de réception, la nourriture est apportée à profusion, les tenues vestimentaires sont spectaculaires. Les hommes et les femmes sont d’ailleurs séparés et ne s’assoient pas ensemble. Plusieurs s’amusaient de nous voir et nous demandaient à être pris en photo avec eux ! Nous étions, à notre tour, devenus la curiosité de la soirée.

 

ET LES ANGLAIS ET LA LANGUE ANGLAISE, DANS TOUT CELA ?


La découverte de l’Inde par les Européens vient de la conquête de la route des épices, des herbes et de l’encens en passant par le cap de Bonne Espérance, en Afrique du Sud. L’Inde a vu débarquer les Portugais, puis les Hollandais, les Français et enfin les Anglais. L’Inde a été gouvernée par les Britanniques de 1858 à 1947. À cette époque, la langue anglaise était celle du commerce, de l’éducation et du gouvernement.

L’année 1947 est celle de l’indépendance, grâce à Mahatma Gandhi, créateur du mouvement révolutionnaire pacifique par la désobéissance civile. Petit à petit, au bout de 15 ans, l’hindi devint la seule langue officielle en Inde. Aujourd’hui, outre dans les grandes villes, on arrive à peine à se débrouiller avec l’anglais. Cette situation nous a d’ailleurs obligés à utiliser des guides locaux pour toutes nos visites et tous nos déplacements privés.

Les vestiges coloniaux, incluant les infrastructures, ont été abandonnés par les Indiens. Les routes sont par moment impraticables, sans compter qu’il faut se frayer un chemin entre les humains, les vaches sacrées, les tuk-tuks, les motos, les charrettes tirées par les hommes, les voitures, les bus et les camions. C’est difficile à imaginer tant que vous ne l’avez pas expérimenté ! Toutefois, depuis quelques années, le gouvernement tente de bâtir de nouvelles autoroutes.

 

BOMBAY REBAPTISÉE MUMBAI

C’est la capitale économique de l’Inde. On y retrouve les plus grandes fortunes au monde avec toute l’extravagance que celles-ci procurent. À l’opposé, il y a le plus grand slum ou bidonville d’Asie, Dharavi, que nous avons visité en privé. On se faufile à pied à travers les ruelles étroites, on découvre la vie quotidienne des habitants par des fenêtres brisées, on aperçoit les différents commerces et industries de recyclage, puis on arrive dans une petite école, ou plutôt un centre d’apprentissage de l’informatique. En effet, les profits générés par les visites réalisées par l’organisme avec lequel nous avons fait affaire sont versés à ce centre, qui vient en aide aux plus démunis en leur apprenant les rudiments de l’informatique.

Nous avons également observé les va-et-vient au sein de la plus grande laverie au monde à ciel ouvert, Dhobi Ghat. Les compagnies d’électroménagers tardent à percer ce marché, car les gens préfèrent que leur lessive soit faite à la main !

Pour ce qui est de la restauration, elle se fait sur la rue, dans un hôtel, sur le bord d’un parc, au restaurant ou bien juste au-dessus d’un feu de fortune sur le trottoir. Nous avons essayé un peu de tout et ce fut d’agréables surprises à chaque fois. Les odeurs et les couleurs dans nos assiettes sont incroyables et le goût des plats est toujours surprenant. Dernièrement, le film franco-indien intitulé Saveurs indiennes résume assez bien l’idée des expériences culinaires de là-bas ; je vous le conseille.

 

LE PAYS DES MAHARAJAS

Nous avons également visité deux magnifiques villes de cet incroyable état du Rajasthan, ou pays des rois, au nord-ouest de l’Inde. Tout d’abord, la ville blanche d’Udaipur, où nous avons vu un des plus beaux hôtels au monde, situé en face du magnifique lac Pichola : l’hôtel Oberoi Rajvilas. Mon conjoint, toujours aussi romantique, m’a organisé à deux reprises un souper croisière en barque sur le lac Pichola : nous étions alors seuls tous les deux avec l’équipage au coucher du soleil. Ce fut magique et unique.

Puis, la ville rose, Jaipur, où il y a tant à visiter et à faire, que ce soit la visite du fort d’Amber, le palais des vents Hawa Mahal, une ballade à dos d’éléphant ou un spectacle de marionnettes et de danse indienne. Vous serez à chaque instant étonné de découvrir les facettes de la culture indienne.

Pour avoir une expérience complète du folklore indien, il faut monter à bord d’un tuk-tuk et se laisser balader. Vous devez négocier en premier et ne payer qu’à la fin de votre aventure, donc dans certains cas, quelques jours plus tard. Son chauffeur sera en même temps votre gardien et protecteur. Évidemment, il a ses « arrêts obligés » commerciaux !

C’est ainsi que nous avons eu du plaisir à négocier un chandail en laine de cachemire tout en dégustant un thé du Népal, à base de masala. Ce type de négociation se fait également pour les tapis ! 

 

AU PAYS DES SIKHS

Le Temple d’or est le haut lieu sacré de cette religion. Il se situe dans la ville d’Amritsar, au nord-ouest de l’Inde, près de la frontière du Pakistan. Honnêtement, mis à part son aéroport ultra moderne et le site majestueux du Temple d’or, cette ville de plus de 2,5 millions d’habitants semble être une sur- vivante d’une guerre nucléaire !

Lorsque vous pénétrez pieds nus dans l’enceinte du Temple d’or, vous restez tout simplement sans voix ! Tout est d’or et de marbre blanc. Il y a des milliers de pèlerins qui sont bénévoles et travaillent à la cuisine populaire, aux dortoirs ou à l’entretien de ce monument. Nous avons assisté à une prière dans le temple. Je dois dire que l’énergie dégagée était apaisante et réconfortante, et ce, que ce soit de jour ou de nuit.

Une autre activité régionale, mais unique au monde, est la fermeture quotidienne de la frontière de Wagah Border, entre l’Inde et le Pakistan. Il y a des gradins pouvant contenir, à mon avis, 5 000 personnes de chaque côté de la frontière, avec un endroit aux premières loges réservé aux étrangers (avec votre passeport à l’appui). Je vous encourage à aller voir sur YouTube le spectacle de marche et de musique militaires, c’est impressionnant !

 

VERS LA VILLE D’AGRA EN TRAIN

Nous nous sommes dirigés vers la ville où se trouve le fameux Taj Mahal en expérimentant le wagon-couchette en seconde classe depuis la ville de Jaipur ! C’est 100 % adrénaline, soit de la gare de départ à la bousculade de l’embarquement, et des centaines de gens agrippés aux wagons et ceux dans le couloir jusqu’à l’arrêt forcé sur les rails pour cause de brouillard quelques heures avant l’arrivée. Nous avons pu côtoyer de près tous ces Indiens… Honnêtement, c’est une expérience qui nous restera en tête pour le reste de nos jours.

Et quelle splendeur de voir ce fameux palais construit par amour, au coucher du soleil ou très tôt le matin ! Le Taj Mahal est une réelle prouesse d’architecture : en s’approchant de sa paroi, on dirait pratiquement qu’elle est recouverte d’une dentelle de marbre. La sérénité qui règne à l’intérieur est saisissante.

 

VARANASI, LA VILLE SACRÉE AU BORD DU GANGE


Dans la religion hindouiste, Varanasi est l’endroit le plus sacré pour réaliser des bûchers et des cérémonies funéraires. Ces dernières débutent au coucher du soleil : les crémations s’opèrent sur les escaliers qui mènent aux rives du Gange.

Nous sommes montés à bord d’une petite barque et nous nous sommes postés devant ces bûchers immenses. On a pu observer les Intouchables préparer les bûchers, les allumer avec la flamme sacrée, refroidir les cendres dans les rives du Gange, passer celles-ci au tamis et lancer le sternum des hommes ou le sacrum des femmes directement dans le Gange.

Afin de compléter notre expérience, nous avons allumé une petite chandelle que nous avons mise à l’eau, depuis notre embarcation, et laissé dériver sur le Gange. Après avoir fait un vœu, nous espérions que Shiva nous aide à le réaliser !

Un peu plus loin, le long des rives, nous avons pu observer des hommes se purifier avec l’eau du Gange avant leur mariage ou bien d’autres faire la lessive. Enfin, clou de la visite, déguster un thé masala dans une tasse d’argile, que nous avons lancée dans le Gange après avoir bu son contenu.

Vous ne reviendrez pas indemne d’un voyage en Inde : tous vos sens seront en alerte et vous profiterez d’un dépaysement complet. Un tel voyage vous fera également relativiser sur votre vie et l’appréciation que vous avez de celle-ci.