L’obésité : un problème de « taille »

Publié le 15 janvier 2016
Écrit par Louise Lamontagne

L’obésité : un problème de « taille »

Longtemps sous-estimés, le surpoids et l’obésité représentent Un véritable fléau désormais reconnu et classé par l’organisation mondiale de la santé (oms) comme « épidémie mondiale ».

Conséquence évidente de notre société d’abondanne, l’obésité est le trouble nutritionnel le plus courant dans le monde occidental. N’allez surtout pas croire que l’obésité n’est qu’une affaire de pays riches. Elle frappe partout sur la planète. C’est devenu un phénomène universel qui concerne tous les pays, même ceux en voie de développement. Ça touche aussi bien les enfants que les adultes, les femmes que les hommes.

 

PHÉNOMÈNE RÉCURRENT

L’obésité est un phénomène dont l’ampleur est récente. D’accord, il y a toujours eu des personnes obèses, mais l’évolution très rapide du taux de progression de l’obésité est un élément nouveau.

Les États-Unis ont toujours été montrés du doigt pour leur nombre d’obèses croissant. Le Canada, les pays européens, les pays sud-américains et même la Chine ne sont pas de meilleurs élèves, et par une progression fulgurante rattrapent avec quelques années de retard le « modèle » américain. Le professeur Boyd Swinburn, de l’Unité de prévention de l’obésité de Melbourne, prédit qu’à ce rythme de progression, dans le monde, un adulte sur cinq sera obèse, en 2020.

 

« MODÈLES » ACTUELS

La pression sociale et culturelle dans nos sociétés occidentales est très forte. L’obésité est très mal vue dans de nombreux pays : elle est perçue comme peu souhaitable, à la fois quant à l’aspect physique et aux faiblesses de caractère qu’elle est censée indiquer.

Cette pression sociale amplifiée par les médias impose des normes et des exigences qui incitent à une minceur exagérée. Nous nous devons d’être minces, sveltes, sans tenir compte de notre histoire ou de nos contraintes biologiques ou sociales.

Les problèmes psychologiques rencontrés chez les personnes obèses sont parfois vécus, en matière de souffrance, de manière aussi grave et même plus grave que chez les personnes atteintes de maladies chroniques importantes. Cette souffrance intense, évaluée par des échelles et des questionnaires, a pour éventuelles conséquences un repli sur soi, une sédentarité accrue qui confine chez soi, et elle favorise la prise de nouveaux kilos, ce qui devient un véritable cercle vicieux.

 

LE « YOYO »

La succession de régimes amaigrissants est assurément l’un des meilleurs moyens de prendre du poids. Ces régimes restrictifs répétés sont mauvais pour la santé : je perds 10 kilos, j’en reprends 12 dès que je reviens à mes habitudes alimentaires, j’en perds à nouveau 8 avant d’en reprendre 10, etc. ces conduites de restriction peuvent s’exprimer de cette façon : j’ai peur d’engraisser, je me restreins, je craque, je culpabilise, je recraque, je prends du poids, je me restreins encore, et le « yoyo » est parti.

Lorsque le poids est bloqué après une succession de régimes, il ne sert à rien de diminuer encore plus son alimentation : le corps a appris à faire plus avec moins en prévision d’une autre période de famine. C’est ainsi que la muqueuse intestinale absorbe plus de nutriments et que les cellules apprennent à utiliser au mieux le format nutritionnel qui leur est livré. En résumé, l’organisme s’adapte en économisant.

Les diurétiques pris pour maigrir sont ineffiécaces à long terme et ne sont pas sans danger. Ils ne font perdre que de l’eau et des sels, que l’on reprend dès qu’on arrête de les prendre. L’organisme supporte mal ce petit jeu qui va à l’encontre d’une de ses lois les plus fondamentales : la constance de son milieu intérieur.

 

L’OBÉSITÉ CHEZ LES ENFANTS

L’obésité gagne du terrain ; elle envahit nos collèges, nos écoles primaires, et même nos maternelles. Le degré de surpoids chez l’enfant conditionne assez fortement la constitution de l’obésité chez l’adulte.

Dans l’enfance, la première conséquence de l’obésité est une souffrance psychologique importante liée à la stigmatisation dont est victime l’enfant. Dans le regard de l’autre naît un véritable cercle vicieux : de la moquerie quotidienne à l’école à la problématique d’achats vestimentaires naît la mésestime de soi, le retrait sur soi-même et parfois des comportements de compensation alimentaire, qui ne font qu’alimenter le problème. Ces enfants subissent des agressions verbales, et parfois même physiques, dans la cour de récréation. En consultation, fréquemment, l’évocation des insultes entendues déclenche des pleurs qui témoignent du vécu douloureux subi au jour le jour.

Les enfants obèses sont plus nombreux dans les milieux défavorisés. Les familles aisées ont plus facilement accès à l’information et à l’éducation à la fois dans le domaine de l’alimentation et de celui des loisirs. L’alimentation diversifiée et variée a un coût. Les fruits, les légumes et le poisson ne se donnent pas. Lorsque les conditions socio-économiques sont défavorables, les aliments à haute densité énergétique sont plus massivement consommés parce qu’ils sont bon marché.

Chez l’enfant, plus on intervient tôt, plus le risque de devenir obèse diminue. L’intervention du tout début est la plus efficace, parce que les efforts à consentir ne paraissent pas incommensurables à l’enfant. Le régime restrictif sévère ne convient ni à l’enfant ni à l’adolescent, parce qu’à ces âges-là ils sont très exposés aux troubles du comportement alimentaire. Il est préférable de leur donner les bases d’une meilleure hygiène, à la fois alimentaire et physique, et évidemment de corriger les erreurs grossières : abus de liqueurs douces, de croustilles, de bonbons, de gâteaux, de chocolat, de crème glacée, et trop de grignotage hors des repas.

 

L’HÉRÉDITÉ

L’obésité n’est pas une fatalité. Les études scientifiques ont démontré que le rôle de l’hérédité intervient à environ 30 % dans le développement de ce problème dans les familles à risque. Ce qui signifie que 70 % des causes d’obésité ne sont pas génétiques, mais proviennent de notre environnement. À gènes « égaux », les mêmes individus deviendront obèses ou non, en fonction de leur mode de vie.

L’obésité n’est pas un problème à prendre à la légère, car elle représente une réelle menace pour la santé. Les risques de mortalité sont augmentés, d’autant plus que l’obésité est sévère et précoce.

Si les deux parents sont obèses, l’enfant a huit fois plus de risques de le devenir, car il n’y a pas que l’hérédité qui joue : la composante familiale non génétique, qui est la copie des attitudes, est très déterminante. En cas d’affectations comme l’angine de poitrine et l’arthrose, par exemple, les symptômes peuvent être plus accentués et, en résumé, les personnes obèses courent le risque de vivre moins bien et de voir leur espérance de vie raccourcie.

 

Maladies et espérance de vie

Voici la liste des principales complications qui accompagnent fréquemment l’obésité et qui en sont tantôt la cause, tantôt la conséquence :

  • Maladies cardiovasculaires, en particulier hypertension, infarctus, accidents vasculaires cérébraux, insuffisance veineuse, varices ;
  • Diabète dit «de type 2»;
  • Arthrose des genoux et des hanches ;
  • Lombalgie ;
  • Sciatique ;
  • Goutte ;
  • Jambes lourdes et chevilles enflées ;
  • Phlébite des membres inférieurs ;
  • Ronflement et insuffisance respiratoire ;
  • Troubles de la vésicule biliaire ;
  • Lithiase rénale ;
  • Reflux gastro-œsophagien ;
  • Mycoses des plis cutanés ;
  • Troubles des règles.

 

RÉFÉRENCES

En collaboration, Comprendre et vaincre l’obésité : l’urgence d’agir, Montréal, éd. Décision média, 2006.

ROUSSEL, Renaud, Surpoids et obésité, suivez le coach…, Paris, éd. Désirirs, 2009.

THOMAS, Paul, L’obésité, une maladie qui s’attrappe, Montréal, éd. Québécor, 2002.