Lorsque l’amour fait souffrir…

Publié le 16 février 2020
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Lorsque l’amour fait souffrir…
Now pour mai 2024

Le mois de février possède cette triste capacité à parvenir à déprimer même les célibataires les plus endurcies !

 

En plus d’un nombre d’heures d’ensoleillement encore sous les moyennes annuelles, on assiste à l’apparition des petits cœurs et des inévitables cupidons un peu partout qui viennent cruellement nous rappeler que nous célébrerons (encore !) la fête des amoureux en solo cette année ! Ne vous méprenez pas, on peut très bien s’arranger de notre statut la grande majorité du temps, mais avouons qu’après avoir dû subir les inévitables interrogatoires (Es-tu TOUJOURS célibataire ?), les habituelles remontrances (Tu dois être trop exigeante !) et les regards remplis de soupçons (Elle est peut-être lesbienne ?!) associés au temps des Fêtes, notre capacité à nous faire remettre notre célibat en pleine figure peut commencer à s’éroder lorsque la Saint-Valentin se pointe !

 

L’amour existe-t-il encore ?

Même si les commerçants et les médias moussent à profit l’image des petits couples amoureux ad nauseam, notre statut est loin d’être aussi singulier qu’on peut finir par le croire ! Selon les données du Recensement de 2016, nous sommes 1,2 million de personnes à vivre seules au Québec. Ce nombre représente 17 % de la population de 15 ans et plus, et il grimpe à 21 % dans la région de Montréal. Au cours de la même année, 58 % des hommes et 55 % des femmes vivaient en couple. Le mariage, quant à lui, a du plomb dans l’aile. Selon l’Institut de la statistique du Québec, seulement 22 800 mariages ont été célébrés au Québec en 2018. L’indice synthétique de primonuptialité pour la même année était de 276 pour mille chez les hommes et de 307 pour mille chez les femmes, contrastant fortement avec les années 70 alors que les indices avoisinaient 900 pour mille. Ces indices signifient qu’à peine 28 % des hommes et 31 % des femmes se marieraient au moins une fois avant leur 50e anniversaire. Quant aux unions libres, la tendance est nettement à la hausse et globalement, 39 % des personnes en couple vivent en union libre au Québec.

 

On ne saurait trop les blâmer lorsqu’on sait que 67 % des couples mariés depuis 1990 auront divorcé en 2030 !

 

L’amour en solo ?

Une nouvelle forme de couple gagne lentement du terrain : les VCCS (pour « vivant chacun chez soi »), qui représenteraient 8 % des couples au Canada.

Même si vivre seul coûte de 30 % à 50 % plus cher qu’en couple, cette option à la cohabitation du couple pourrait s’expliquer par différents facteurs, y compris la désillusion amoureuse et la proportion de familles monoparentales. Ces dernières représentent 16,8 % de l’ensemble des familles, et la grande majorité, soit trois sur quatre, sont dirigées par une femme. L’organisation de la garde partagée mutuelle des éventuels conjoints représente ainsi parfois un exercice logistique complexe auquel on peut préférer se soustraire en vivant chacun chez soi. Certains évoquent aussi le besoin de conserver son espace, et d’autres avancent que le fait de ne pas partager le quotidien permet de conserver une certaine « magie » dans le couple.

 

Femme « sans amour fixe »…

Quoi qu’il en soit, l’humanité n’a jamais compté autant de célibataires ! D’après une étude du centre de recherche Pew aux États-Unis, 25 % de la population mondiale vit seule et ne se mariera jamais. Pourquoi sommes-nous si nombreuses et nombreux à opter pour le célibat ? Selon les experts, il y aurait plusieurs explications possibles. Mais l’une des principales causes du célibat est qu’il devient de plus en plus difficile de se rencontrer, du moins dans la vraie vie. On assiste en fait à une glaciation des rapports humains. La drague est devenue ringarde, et le temps manque à chacun. Jamais, non plus, l’individu et l’épanouissement personnel n’ont eu autant la priorité ! Le « je » a pris tellement d’importance qu’il ne laisse guère d’espace au « nous ».

 

Certains n’hésitent pas à pointer du doigt l’indépendance financière des femmes en tant que facteur-clé dans l’échec du couple. S’il est vrai que notre niveau d’exigences s’est accru, les femmes n’en détiennent pas le monopole. Depuis que les technologies ont converti la planète en un immense cruising bar, nous vivons désormais dans l’illusion de l’abondance. Cette illusion d’abondance accroît notre difficulté à poser un choix et diminue notre niveau de tolérance face aux imperfections. On ne saurait non plus minimiser l’impact social de mouvements tels que #moiaussi sur notre inconscient collectif et notre niveau de tolérance. On choisit donc de plus en plus d’être seules plutôt que mal accompagnées…

 

Lorsque la peur de souffrir fait souffrir

Et si derrière la peur de ne pas rencontrer se cachait plutôt celle de rencontrer ? Certaines célibataires font face à une profonde dualité entre le désir d’avoir une relation amoureuse et la crainte de sacrifier leur liberté. Pour d’autres, c’est la peur de l’échec qui est en cause : on craint de se tromper et de souffrir de nouveau.

 

Bien que la souffrance liée à une séparation semble banalisée dans notre société (Un de perdu, dix de trouvés !), il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un des évènements les plus difficiles à traverser. On a même observé que chez la moitié des personnes qui ont fait une tentative de suicide, le déclencheur était une séparation amoureuse. Cela s’explique du fait que les circuits cérébraux impliqués dans les relations amoureuses sont les mêmes que ceux impliqués dans les dépendances ! Les centres du circuit de la récompense réagissent ; l’hypothalamus sécrète l’endorphine qui nous rend complètement euphoriques, alors que le tronc cérébral s’occupe de la sérotonine qui nous permet de conserver notre humeur au beau fixe. L’attachement vient parsemer le tout d’ocytocine, un neuropeptide aussi produit durant l’orgasme. Ce cocktail agit ni plus ni moins comme une drogue puissante dont on est abruptement sevrées en cas de rupture. La douleur émotionnelle et physique, les sensations de manque, de vide et de dépression sont donc bien réelles et devront être surmontées comme tout autre deuil.

 

Lorsque la souffrance devient source de souffrance

Pour d’autres encore, c’est le souvenir de la douleur causée directement par une ancienne relation amoureuse qui posera obstacle. J’ai souvent rencontré des femmes qui souffraient d’un stress post-traumatique à la suite, par exemple, d’une relation abusive avec un narcissique. Puisque ces derniers sont experts dans l’art de la manipulation et de la destruction, leurs victimes peuvent se croire coupables de la situation et éviter d’en parler ou de chercher l’aide adéquate. Le silence entourant ce type de traumatisme empêche sa guérison et conduit souvent à la construction d’une armure de protection qui aura comme conséquence de saboter inconsciemment le processus amoureux.

 

Pour s’en sortir

Lorsque les relations amoureuses ont laissé des cicatrices qui nous empêchent de rencontrer à nouveau l’amour, il faut d’abord et avant tout mettre en lumière cet état de fait et chercher de l’aide. On peut évidemment avoir recours aux thérapies conventionnelles, mais des approches telles que l’homéopathie et la naturopathie peuvent nous être d’une grande utilité. Des remèdes tels qu’Ignatia, Natrum Muriaticum, Nitricum Acidum, Phosphoric Acid et Aurum Muriaticum ont fait leurs preuves pour aider à surmonter les peines d’amour alors que des suppléments tels que le complexe de vitamines B, le magnésium, la phosphatidylsérine, le 5-http ou le GABA peuvent nous aider à nourrir notre système nerveux et surmonter le sentiment de sevrage causé par la fin de la relation amoureuse.

 

Conclusion

Même si l’amour fait parfois (souvent ?) souffrir, avouons que la plupart d’entre nous ne sont pas prêtes à y renoncer complètement. Cependant, si on veut augmenter nos chances de succès dans notre quête de relation amoureuse avec le partenaire idéal, on doit tôt ou tard effectuer un travail sur soi, tant pour guérir de notre passé que pour ajuster nos attentes face au futur. On doit affronter la déception générée par notre enculturation de petites princesses de contes de fées attendant leurs princes charmants montés sur un cheval blanc qui nous aimera et nous rendra heureuses pour toujours. La réalité, c’est que l’homme parfait n’existe pas, l’amour éternel débute par l’amour de soi et le bonheur est un travail interne auquel on doit s’affairer quotidiennement. Si l’on part du principe que les personnes et les expériences apparaissent dans notre vie afin de nous permettre de mieux nous connaître et d’évoluer, on comprend que les partenaires sont des messagers, on cesse de vouloir les changer et on accepte notre part de responsabilité au lieu de toujours chercher un coupable.

Autre étape cruciale dans notre processus de maturation amoureuse, on doit apprendre à se faire suffisamment confiance pour résister à notre besoin de tout contrôler et apprendre à lâcher prise. On fantasme sur l’Amour comme étant la panacea, alors que c’est en fait un catalyseur de chaos ! Non seulement il chambarde nos hormones et nos neurotransmetteurs, mais aussi notre vie et nos illusions !

On doit finalement accepter l’impermanence de tout, ce qui implique de vivre comme si la relation allait durer toujours tout en étant consciente que chaque minute, que chaque baiser et chaque conflit pourraient être les derniers. L’Amour est une drogue puissante pouvant être source d’euphorie ou nous empoisonner l’existence, en fonction de l’usager…

 

RÉFÉRENCES

Disponibles à la demande du lecteur.