L’ostéopathie comme soutien pour la femme enceinte

Publié le 20 juillet 2016
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.

L’ostéopathie comme soutien pour la femme enceinte

Au cours des dernières années, j’ai eu le plaisir d’observer une tendance grandissante chez les femmes enceintes québécoises : elles prennent de plus en plus rendez-vous pour une consultation en ostéopathie.

 

NON SEULEMENT les futures mamans consultent plus souvent qu’avant lorsqu’elles éprouvent différents maux reliés à la grossesse ou à l’accouchement, mais plusieurs d’entre elles souhaitent obtenir un suivi préventif même si elles ne ressentent pas de symptômes d’inconfort. Ces femmes ont, pour la plupart, entendu parler par des amies ou sur internet des bienfaits de cette thérapeutique manuelle douce qu’est l’ostéopathie. Qui plus est, plusieurs femmes bénéficient maintenant d’une couverture de leurs assurances pour ce type de service.

Avant tout, il est important de reconnaître que le suivi en ostéopathie de la femme enceinte ne vise surtout pas à remplacer le travail important réalisé par le médecin attitré ou la sage-femme. Il s’agit d’une approche complémentaire qui vient s’ajouter à ces suivis importants déjà en place. Par l’utilisation de méthodes manuelles douces, l’ostéopathe vise à ce que ces étapes que sont la grossesse, l’accouchement et la vie après l’accouchement se déroulent le plus harmonieusement possible.

 

AVANT LA GROSSESSE

Comme je me plais à le répéter à mes patientes et patients, se dénicher un bon ostéopathe qui a à cœur votre santé et prend le temps de comprendre vos besoins est un atout important dans la société actuelle. Avec un rythme de vie toujours de plus en plus rapide qui génère beaucoup de stress, plusieurs personnes oublient à quel point cela fait du bien de s’accorder ne serait-ce qu’une petite heure par mois de détente. Lors d’un traitement en ostéopathie, on peut éteindre le cerveau et laisser notre corps s’exprimer sous les mains d’un professionnel à l’écoute. Que ce soit pour un homme ou une femme, un enfant ou un adulte, la consultation en ostéopathie vous apportera un grand bien et une perspective nouvelle sur vous-même. Je vous suggère un minimum de trois à quatre séances par année. Pourquoi pas lors des changements de saison ?

Pour la femme qui désire enfanter, une consultation en ostéopathie avant la grossesse pourrait vous être d’une grande aide. Cela s’applique particulièrement si vous souffrez de certains problèmes relativement fréquents, comme des inconforts au dos, des fuites urinaires à la suite d’un effort, des douleurs aux pieds ou aux chevilles, des reflux gastriques et des engourdissements des bras ou des pieds. Je vous conseille d’agir le plus tôt possible, car ces problématiques se résolvent très rarement d’elles-mêmes durant la grossesse. Au contraire, elles se détériorent fréquemment, d’où l’importance d’agir en prévention.

 

PENDANT LA GROSSESSE

Les contraintes imposées sur le squelette et les muscles de la femme enceinte peuvent engendrer certains symptômes déplaisants. En effet, durant la grossesse, la posture de la femme doit s’adapter très rapidement. Pour contrer le poids qui augmente vers l’avant, l’organisme accentue généralement les courbures de l’ensemble de la colonne vertébrale. Cela produit des tensions dans les zones charnières spinales (entre le cou et le haut du dos, entre le bas du dos et le bassin, etc.), particulièrement si des symptômes existaient déjà avant la grossesse. Heureusement, ces manifestations ne sont pas une fatalité que toute femme enceinte doit accepter, comme on l’entend souvent. Il existe des solutions. Par des techniques manuelles de massage, de mouvements articulaires doux et par l’enseignement d’habitudes de vie adaptées à votre situation, l’ostéopathe pourra vous aider à diminuer ces inconforts afin que votre grossesse se passe le plus agréablement possible.

Pensez à consulter si vous expérimentez certains des symptômes suivants durant votre grossesse :

  • Douleur au haut du dos ou entre les omoplates ;
  • Douleur au cou avec parfois irradiations dans les bras ;
  • Douleur aux côtes ;
  • Douleur aux genoux, aux chevilles ou aux pieds;
  • Douleur en barre dans le bas du dos ;
  • Douleur ligamentaire au niveau du bassin ou du pubis.

En plus de la simple réduction des symptômes douloureux, l’ostéopathe permet de faciliter l’accouchement. Bien qu’il n’y ait aucune garantie de vivre un accouchement « facile » grâce à des traitements ostéopathiques, chaque cas étant différent, la femme enceinte peut mettre plus de chances de son côté en s’assurant que les éléments de son bassin et les différents muscles bougent bien et soient en rapport harmonieux entre eux. L’ostéopathe et la sage-femme pourront également donner des conseils sur les positions et la respiration lors des différentes étapes de l’accouchement.

 

PARENTHÈSE SUR L’EXERCICE

En tant que kinésiologue, je dois fréquemment répondre aux inquiétudes des futures mamans quant à l’activité physique. Peuvent-elles continuer leurs exercices alors qu’elles sont enceintes ? Quels exercices sont à proscrire ? Quand s’arrêter et se reposer exactement ?

Pour ce type de questions, il n’y a pas de réponse clé qui s’applique à l’ensemble des femmes. En général, les femmes sont encouragées à continuer à bouger tout au long de leur grossesse de manière sécuritaire et contrôlée. Bien entendu, il faut plutôt chercher à poursuivre les activités déjà entreprises plutôt que de commencer à pratiquer un nouveau sport ou loisir. Cela est bénéfique tant sur le plan du tonus musculaire du dos, qui devra soutenir le poids grandissant du ventre, que sur le plan psychoémotionnel, pour évacuer l’anxiété immanquablement présente devant l’inconnu. Cependant, on peut parfois obtenir trop d’une bonne chose, c’est-à-dire qu’un épuisement physique lié à l’exercice peut affecter l’ovulation d’une femme qui souhaite concevoir.

À mesure que la grossesse progressera, il faudra proscrire les exercices réalisés sur le ventre (pour des raisons évidentes) et opter de plus en plus pour des exercices en position debout ou assise dans les derniers mois. Comme la femme enceinte est plus flexible qu’à la normale à cause de la présence d’une hormone appelée « relaxine », il faudra faire preuve de prudence pour les exercices un peu plus instables (sur ballon, sur une jambe, etc.) et éviter les étir ments au-delà de la limite articulaire normale. Pour une sécurité accrue, il est également recommandé d’éviter les activités générant des impacts, comme la course et les sauts.

 

APRÈS L’ACCOUCHEMENT

Si la grossesse impose des changements rapides à l’ensemble du corps de la femme, l’accouchement met en jeu des modifications plus draconiennes encore. Pendant la grossesse, les muscles abdominaux profonds ont été étirés durant plusieurs mois par l’augmentation de la taille de l’utérus. Si le tonus de ces muscles posturaux n’est pas progressivement restauré, des inconforts dans le bas du dos suivent généralement.

Il faudra donc penser à réaliser certains exercices simples et tout en douceur pour leur redonner un bon tonus dès les premières semaines après l’accouchement. La rééducation du plancher pelvien (ou périnée) est également une étape cruciale souvent négligée. Lorsque la rééducation de ces importants muscles du bassin n’est pas bien faite, la femme peut se retrouver avec des incontinences urinaires et des inconforts au bassin ou au bas du dos qui persistent parfois des années après l’accouchement. Heureusement, il n’est presque jamais trop tard pour agir.

 

INTÉRÊT POUR BÉBÉ

Finalement, nous savons tous que l’accouchement nécessite un effort très important de la part de la maman. Nous parlons cependant moins des contraintes importantes que subit le bébé durant ce passage difficile qui l’initiera au monde dans lequel il se développera.

Lors des premières semaines de vie, une consultation du nouveau-né en ostéopathie peut se révéler un cadeau inestimable : plusieurs problématiques dans les tensions des muscles et des articulations du nouveau-né peuvent cohabiter après l’accouchement. Les nouveau-nés exprimeront fréquemment ces contraintes par des symptômes tels que des pleurs apparemment sans raison, des coliques, un faible appétit, etc.

Les traitements ostopathiques sur les nouveau-nés se font dans la plus grande douceur. Ils ont souvent un effet d’apaisement sur le bébé. Les séances se réalisent en présence des parents, et ces derniers sont encouragés à interagir et à poser des questions, et recevront de précieux conseils.

 

À QUELLE FRÉQUENCE CONSULTER ?

En règle générale et dans un monde idéal, il faudrait voir son ostéopathe tous les deux mois lorsqu’on attend un bébé, afin d’aider le corps à s’adapter en douceur aux changements rapides qu’il subit et d’éviter l’apparition d’inconforts. Différentes stratégies peuvent parfois être envisagées, selon l’état de départ de la patiente. La consultation post-accouchement qui peut avoir lieu dans les premiers mois suivant la naissance de l’enfant n’est pas à négliger. Lors de cette visite de contrôle, l’ostéopathe examine et corrige l’ensemble de votre corps afin que vous soyez en mesure de commencer cette nouvelle étape de votre vie en étant à l’aise et sereine.

 

RÉFÉRENCE

BASKIND SCIPIONE, Tatiana. Vivre sa maternité avec l’ostéopathie, Éditions Médicis, 2009.