Manger bio : mode ou tendance ?

Publié le 27 février 2016
Écrit par Carmen Marois

Manger bio : mode ou tendance ?
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Manger bio : est-ce une mode passagère ou une tendance qui ira en s’affirmant et en s’accroissant ?

 

AVANT LE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE INDUSTRIELLE d’après-guerre, tout le monde mangeait bio. La dénomination « agriculture biologique » n’est d’ailleurs apparue qu’en 1985. C’est donc un concept récent. Plutôt que biologique, l’agriculture saine, pratiquée depuis 10 000 ans, devrait être qualifiée d’écologique, car elle met en pratique la gestion durable de l’agriculture.

Sont qualifiés de biologiques les aliments cultivés selon les principes de production de l’agriculture biologique :

  • Une gestion durable de l’agriculture.
  • Le respect de la biodiversité, des équilibres naturels.
  • La promotion des produits de haute qualité dont l’obtention ne nuit ni à l’environnement, ni à la santé, ni au bien-être des êtres vivants (végétaux ou animaux).
  • La non-utilisation de produits chimiques de synthèse ni d’organismes génétiquement modifiés (OGM), le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et la lutte biologique.

Les produits transformés qui reçoivent la certification biologique ou organique n’utilisent que des ingrédients biologiques, restreignent l’ajout d’additifs et utilisent des matières premières produites à partir de procédés respectueux de l’écosystème et non polluants. Pour obtenir de plus amples renseignements, visitez le site www.mangersantebio.org.

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie? Tout simplement que les producteurs biologiques traitent moins leurs cultures, car ils travaillent dans un milieu où la biodiversité crée un équilibre écologique favorable à la présence d’une multitude d’auxiliaires qui contrôlent les espèces potentiellement nuisibles. De plus, les agriculteurs biologiques utilisent des barrières physiques ou des répulsifs à base de plantes. Dans ce contexte, les produits parasitaires qu’ils emploient à l’occasion se dégradent rapidement et ne laissent que très peu de résidus dans le sol et sur les aliments.

Les produits biologiques sont plus coûteux à l’achat, car ils sont cultivés en plus petites quantités, sur des exploitations agricoles de tailles souvent réduites. Quoique moins polluantes et moins mécanisées, ces exploitations agricoles biologiques de plus petites dimensions seraient jusqu’à 200 fois plus productives à l’acre. Pourquoi alors payer plus cher pour des aliments biologiques ?

D’abord parce que les études indépendantes prouvent que les produits biologiques ont une meilleure valeur nutritive que les aliments issus de l’agriculture industrielle : les tomates et les kiwis bio, par exemple, contiennent plus de vitamine C que ceux produits industriellement.

Ensuite, parce que les aliments bio recèlent beaucoup moins de résidus de pesticides que les aliments industriels. Après lavage, les pommes industrielles contiennent en moyenne des résidus de quatre pesticides, on en retrouve même parfois jusqu’à dix. La pomme serait, selon les études récentes, le produit de consommation le plus contaminé par ces résidus, suivi de près par le céleri et les fraises. Le fait de manger des fruits et des légumes bio réduit donc en moyenne de 30 % l’exposition aux pesticides. Si vous voulez connaître la teneur en pesticides des principaux fruits et légumes, vous pouvez consulter le site www.whatsonmyfood.org.

De plus, les aliments bio ne contiennent pas d’OGM. Il est interdit, en agriculture biologique, de cultiver des aliments modifiés génétiquement, ce qui nous garantit l’absence d’OGM lorsque nous mangeons des aliments bio certifiés. Quand on sait que 70 % des OGM sont des plantes adaptées à des herbicides, on comprend que leur culture maintient en place un système qui favorise l’emploi de 2,5 millions de tonnes de pesticides par année en agriculture dans le monde. L’impact de ces plantes insecticides est désastreux pour la biodiversité, car toutes leurs cellules produisent chaque seconde des molécules toxiques qui portent atteinte aux papillons, aux oiseaux, aux abeilles, etc.

Les fruits et légumes biologiques possèdent aussi un autre avantage non négligeable : ils sont meilleurs au goût ! Tous les grands chefs le savent. Pour les plus sceptiques, sachez que des études de laboratoire ont prouvé que les rats préféraient les betteraves biologiques aux autres !

Comme consommateur, nous faisons chaque jour des choix et nos choix conditionnent l’économie. Les plus chanceux peuvent manger trois repas par jour. Quand on mange les produits issus de l’agriculture industrielle qui empoisonne la terre et la nature avec des produits chimiques hautement toxiques, on cautionne chaque jour, trois fois par jour, ce type d’agriculture détournée du vivant par l’industrie chimique. Manger biologique, c’est encourager des cultivateurs astucieux, combatifs, déterminés et novateurs. Manger biologique, c’est dire oui au vivant : aux sols propres, aux insectes, aux amphibiens et aux animaux qui partagent, avec nous, la vie sur notre planète.

Les épidémies de vache folle ont montré l’importance de nous préoccuper de l’origine de ce que nous mangeons. Nos arrière-grands-parents produisaient leur viande, leur lait, leur fromage et leurs légumes. Ils connaissaient donc parfaitement l’origine de leurs aliments. Aujourd’hui, avec l’agriculture industrielle et la mondialisation, c’est plus difficile de savoir comment sont produits ou récoltés les aliments que nous mangeons chaque jour.

En devenant conscients, de plus en plus de gens veulent savoir ce qu’ils mettent réellement dans leur assiette, ce qu’ils servent à leurs enfants. Ils deviennent ainsi plus responsables. Quand on observe l’état désastreux de la planète, on se dit qu’on a un rôle à jouer pour en préserver la beauté et la santé. C’est ce qui me permet d’affirmer que l’agriculture biologique n’est pas une mode passagère, car c’est l’agriculture traditionnelle, celle qui nous a permis de survivre depuis 10 000 ans !

L’agriculture biologique, celle de nos ancêtres depuis le néolithique, est une agriculture vivante et naturelle. Y revenir est une tendance qui s’intensifiera, car il en va de notre survie sur cette petite planète bien malmenée.