Manger des fleurs pour mettre de la beauté dans nos vies

Publié le 1 août 2024
Écrit par Sarah-Maria LeBlanc, HTA, M.A.

Manger des fleurs pour mettre de la beauté dans nos vies
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Qui n’aime pas les fleurs ? Elles sont l’expression de la complexité mystérieuse du végétal, elles sont pour moi le chant d’amour du vivant. En plus de leurs propriétés médicinales, elles nous soignent avec leur beauté et leurs parfums. Comment les intégrer encore plus à notre quotidien ? L’une des façons de pouvoir les garder avec nous tout l’été, c’est de les ajouter à nos repas, de les manger. Eh oui, une bonne partie des fleurs de nos jardins est comestible. Parfois délicieuses, parfois sans saveur, elles ajoutent de la couleur et de la magie à nos plats, faisant le bonheur des enfants et réveillant notre propre cœur d’enfant ! L’herboristerie, c’est aussi ça : se faire du bien avec la beauté du végétal.

Nous pouvons inclure les fleurs comestibles en décoration dans l’assiette, dans une salade ou sur les aliments. Nous pouvons également les confire, cuire certaines d’entre elles, les farcir, les sauter, les paner. Enfin, une façon simple et efficace de les utiliser est d’en faire des glaçons pour ajouter une touche de couleur à vos boissons estivales — vous n’avez qu’à les mettre dans le bac à glaçons et à le remplir d’eau.

Découvrons aujourd’hui quelques-unes d’entre elles et la manière de les utiliser. Pouvoir aux fleurs !

 

Les valeurs sûres

 Bourrache (Borago officinalis)

La bourrache m’émerveille depuis toujours. Plante vivace plutôt facile à cultiver, ses feuilles et ses tiges sont très grossières et velues, tandis que ses fleurs bleu métallique sont complexes et délicates. Ce sont ces dernières qu’on utilise pour enjoliver nos assiettes — il faut les retirer doucement de leur calice pour ne garder que la fleur. Elle a un goût subtil de concombre, ce qui en fait une candidate de choix pour les cocktails ! En salade, sur des plats chauds et dans des glaçons, elle fera sensation. Sur le plan médicinal, c’est une plante qui apporte apaisement et joie.

 

Calendule (Calendula officinalis)

Toutes les variétés de calendules sont comestibles. Il suffit d’épétaler la fleur et de ne pas consommer le centre, qui est plutôt amer. Les pétales peuvent être ajoutés dans une salade ou un plat chaud (saupoudrer le plat juste avant de servir), mis dans des glaçons, sur des fruits coupés ou de la crème glacée, et même être séchés et conservés, pour décorer des gâteaux.

 

Capucine (Tropaeolum majus)

Les fleurs de capucine sont magnifiques, donnant du panache à n’importe quel plat salé. Elles sont également très goûteuses : leur saveur poivrée peut très bien remplacer l’assaisonnement au poivre, selon la quantité utilisée (les feuilles aussi sont poivrées et comestibles, un vrai régal !). Pour préserver leur beauté, on les dispose entières sur des plats froids. Elles peuvent être cuites, mais les pétales délicats se fanent alors. On peut également utiliser les graines (la saveur de ces dernières est supérieure à celle des boutons floraux) pour en faire des câpres maison.

 

Centaurée bleuet ou sauvage (Centaurea jacea ou montana)

Comme le calendule, toutes les variétés de cette plante sont comestibles. La centaurée bleuet, cultivée, ajoute un bleu impressionnant et peu commun à nos plats. Séchée dans de bonnes conditions, elle se conserve très bien, tandis que la centaurée des montagnes, naturalisée au Québec et qu’on trouve à l’état sauvage, a une couleur plus violacée et se conserve moins bien séchée. Quelle que soit l’espèce choisie, on doit l’épétaler pour l’utiliser de façon comestible, avec les mêmes utilisations que la calendule : comme cette dernière, son goût n’est pas très marqué.

 

Hémérocalle (Hemerocallis spp)

Magnifique plante très facile à cultiver, son nom signifie « belle-d’un-jour ». Toute la plante est comestible, cela vaut la peine de s’y attarder. Toutes les espèces sont comestibles — éviter cependant l’hémérocalle fauve, qui est très envahissante. Sa saveur variera d’une espèce à l’autre, allant d’un côté alliacé à un côté qui rappelle le goût du beurre (la Stella de Oro, un délice). On suggère d’enlever les étamines de la fleur avant de la manger, car elles sont plus amères. On peut manger les hémérocalles comme ça, croquées comme des légumes du jardin, en salade seules avec une vinaigrette, farcies (de fromage de chèvre, par exemple), sautées ou panées, ou épétalées dans les salades et les plats.

 

Mauve (Malva spp)

La mauve est une fleur délicate qui ajoute de la magie de fée dans notre journée. Sa couleur particulière va de rose pâle, dans le cas de la Malva moschata et de la Malva alcea qu’on retrouve à l’état sauvage dans les champs, à mauve zébré ou foncé, dans le cas de la mauve sylvestre, aux multiples variétés, dont la plus belle est la mauve de Mauritanie. Toute la fleur est comestible, même les sépales, et a un léger goût de concombre. Comme elle est délicate, on évite de la cuire, de la congeler et de la mettre sur des repas chauds. On préfère la déposer sur des salades ou des plats froids. Son côté émollient adoucit les muqueuses irritées et aide également au transit !

 

Mélilot (Melilotus albus ou officinalis)

Avez-vous déjà senti, en vous promenant sur un chemin, l’été, cette odeur vanillée si suave ? C’est le mélilot, plante sauvage de bord de route qui se fait discrète si on ne la connaît pas. Ses fleurs, jaunes ou blanches selon l’espèce, sont comestibles et délicieuses, en petite quantité. En effet, elle est riche en coumarines, qui lui donnent cette odeur bien caractéristique, mais qui sont un fluidifiant sanguin et hépatotoxiques à fortes doses. Cela dit, en mettre ici et là dans ses plats est loin d’être dangereux ! On détache les petites fleurs de la tige et on les utilise particulièrement dans les desserts, les salades de fruits et les plats sucrés. On en fait même de la crème glacée et du chocolat… C’est notre vanille québécoise, un secret bien gardé (oups, plus maintenant) !

 

Monarde (Monarda didyma ou fistulosa)

La belle monarde sait elle aussi se faire aimer. Les colibris la connaissent bien d’ailleurs et ne manquent pas de goûter à son nectar sucré. C’est une plante vivace cultivée : si la monarde didyme est rouge pompier, la fistuleuse est plutôt rose ou violet-lilas. Son goût, poivré et très parfumé, rappellerait celui du fruit de la bergamote. On peut donc utiliser ses pétales pour créer un thé qui ressemble au Earl Grey. Épétalée, elle ajoute du mordant à tous les plats, chauds ou froids, et peut également être ajoutée aux glaçons. Elle est d’ailleurs délicieuse en tisane, chaude ou froide.

 

Pensée (Viola spp)

La pensée sauvage est une annuelle ou bisannuelle qui se ressème souvent dans nos jardins, tandis que les autres variétés de pensées sont ornementales (attention aux produits chimiques utilisés en centre horticole !). Son goût légèrement mentholé est agréable, mais subtil. Facile à cultiver et à cueillir, toute la fleur se mange. Pour cette raison, elle est intéressante à confire. On la met dans tous nos plats, froids et chauds, en décoration, et dans des glaçons, qui feront sensation.

 

Trèfle rouge (Trifolium pratense)

J’espère que, tout comme moi, vous avez eu la chance de goûter aux fleurs sucrées du trèfle rouge lorsque vous étiez enfant. Ses pompons roses mellifères font la joie des insectes pollinisateurs. Contrairement aux autres trèfles, cette variété de trèfle est bien comestible, crue ou cuite. Crue, on peut détacher ses fleurs minuscules de la tête globuleuse de la plante et en parsemer nos plats. Cuite, toute la plante s’utilise, par exemple dans une soupe, un ragoût, des quiches. Ce n’est pas une fleur impressionnante comme certaines autres ici, mais, en combinaison avec les fleurs mauves, roses et bleues, elle sera mise en valeur.

 

Pour aller plus loin

 Les plantes suivantes sont tout aussi intéressantes, mais sont parfois plus goûteuses, difficiles d’accès lorsqu’on habite en ville ou encore amies des insectes : ainsi, elles nécessitent plus d’apprivoisement. Cela dit, elles peuvent constituer des pistes d’exploration à ne pas négliger pour varier les salades de fleurs et les décorations culinaires.

 

Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : goût prononcé, à utiliser comme une épice.

Ciboulette (Allium schoenoprasum) : bien défaire les inflorescences et en parsemer vos plats.

Courgette (Cucurbita pepo) : délicieuse cuite, frite ou farcie, c’est un classique italien.

Marguerite (Leucanthemum vulgare) : boutons floraux délicieux en câpres. Pétales comestibles, mais attention aux insectes !

Pissenlit (Taraxacum officinale) : toute la plante est comestible. Fleurs magnifiques sur salades, mais attention aux insectes !

Sureau (Sambucus canadensis ou nigra) : attention à ne pas prendre d’autres variétés. Les fleurs du sureau rouge sont comestibles, mais pas celles du sureau yèble. Goût parfumé et fin, délicieux cru ou pané.

Stellaire (Stellaria media) : difficile de prendre les fleurs sans la plante, toute la plante se mange et est très nutritive.

Tagète (Tagetes spp) : comestible, mais plutôt amer. Épétalé, il est plus doux.

Vesce jargeau (Vicia cracca) : plante grimpante aux fleurs mauves, qui s’accroche aux autres plantes. Fleur délicieuse et sucrée.

 

En terminant, les fleurs sont le résultat d’une longue évolution et méritent toute notre admiration. D’ailleurs, ce qui est formidable, c’est qu’habituellement — pour les plantes des champs et des jardins —, plus on cueille leurs fleurs, plus elles en font : elles veulent se reproduire et faire des graines, pour perpétuer la vie. Alors, avec considération et respect, profitons de leur présence pour ajouter de la joie à nos repas estivaux !