Publié le 27 octobre 2022
Écrit par Marik Péro, ND.A.
Par les temps qui courent, les glucides ont souvent mauvaise presse… avec raison, en général ! Ce n’est pas pour rien que les approches alimentaires faibles en glucides et riches en bons gras ou cétogènes ont le vent en poupe. Effectivement, les glucides (raffinés surtout, mais aussi en excès) sont de plus en plus pointés du doigt dans de nombreux troubles métaboliques, notamment.
Bien conscients de cela, de nombreux parents viennent me voir et s’inquiètent de leur enfant qui ne mange que des pâtes blanches, du riz blanc, des grilled-cheese ou des crêpes.
Mais pourquoi donc les enfants aiment-ils taaaaant les glucides ?
Même si, dans certains cas, une alimentation hypersélective peut être un signe de quelque chose de plus important (hypersensibilités olfactives et orales/gustatives, carences en zinc ou en fer, candidose, autisme, etc.), il faut savoir que cette attirance naturelle des enfants pour les glucides et les saveurs douces et sucrées est avant tout normale et physiologique.
Rassurez-vous, votre enfant n’est clairement pas le seul à préférer un repas de crème glacée aux bonbons que de magret de canard aux asperges et aux champignons. Dans la nature, les saveurs douces et sucrées sont synonymes de source d’énergie sécuritaire [1], contrairement aux saveurs amères dont certaines sources sont toxiques. On pense que les humains ont évolué génétiquement en développant une aversion plus prononcée pour les saveurs amères en bas âge ; cette sensibilité accrue donnerait aux tout-petits le temps d’apprendre ce qui est comestible ou non (sinon l’espèce humaine n’aurait probablement pas survécu aux minis qui se mettent tout dans la bouche !)
Cela expliquerait pourquoi vos enfants perçoivent l’amertume largement plus que lorsqu’ils auront 20 ans [2] – un brocoli a pour eux le goût d’un rapini… Les enfants sont donc intuitivement portés vers la saveur sucrée, qui est d’ailleurs celle du lait maternel. Plusieurs études confirment que la préférence pour la saveur sucrée diminue graduellement avec l’âge [1]. Donc oui, je vous le promets, un jour votre enfant mangera autre chose que du macaroni au fromage !
De plus, le cerveau des enfants consomme (vraiment) beaucoup de glucose. C’est vers l’âge de cinq ans que les besoins en glucose du cerveau sont les plus élevés comparativement aux autres organes du corps. Le cerveau de votre jeune progéniture consomme deux fois plus de glucose que le vôtre [1] ! On a même découvert que les os en pleine croissance sécrètent des hormones qui influencent probablement les envies de sucre générées par le cerveau [1]. Bref, il est tout à fait normal que vos enfants aient tendance à faire la moue devant un plat de viande et de légumes, mais n’hésiteraient pas à manger du riz blanc tous les soirs.
Et si c’était lié à de l’hypoglycémie… ?
Tout cela étant dit, une alimentation excessivement glucidique qui ne fait pas suffisamment de place aux fibres (légumes, légumineuses, etc.), aux protéines (viandes, poissons, légumineuses, soya, etc.) et aux bons gras (noix et graines ainsi que leurs huiles et beurres, avocat, olives, etc.) peut mener votre enfant dans un cercle vicieux néfaste à long terme.
Effectivement, ce sont les fibres qui ralentissent l’absorption intestinale du glucose. Les protéines et les bons gras peuvent également contribuer à cela en diminuant la charge glycémique des aliments. Ainsi, un enfant qui consomme constamment des glucides (jus de fruits, sodas, lait de vache, fruits, pains et pâtes blancs raffinés, pâtisseries, desserts, collations emballées sucrées, céréales à déjeuner commerciales, bonbons, etc.), mais qui boude les légumes, la viande, les poissons, les légumineuses et le tofu, les noix et graines, et dans une moindre mesure, les yogourts et fromages… s’expose à des vagues glycémiques importantes. Quand le taux de glucose sanguin (glycémie) monte, le pancréas le détecte et sécrète de l’insuline. Cette dernière est l’hormone responsable de faire entrer le glucose dans les cellules, pour ramener la glycémie dans les valeurs normales.
Toutefois, lorsque la glycémie s’élève très rapidement, l’organisme le traite comme un stress majeur et, devant l’urgence, le pancréas peut relâcher trop d’insuline, conduisant à une hypoglycémie. Celle-ci représente également un stress majeur pour l’organisme, qui met alors tout en branle pour remonter la glycémie dans des valeurs normales : sécrétion de glucagon par le pancréas, sécrétion d’adrénaline par les glandes surrénales pour commander la dégradation du glycogène par le foie, et augmentation des signaux de faim avec envies de sucre.
Coco va alors faire une crise de bacon pour obtenir un verre de jus, une toast à la confiture, du lait au chocolat ou des biscuits… qui vont le replonger dans ce beau cercle vicieux.
Comment savoir si votre enfant est juste un enfant « difficile, mais normal pour son âge » ou s’il est coincé dans le cercle vicieux de l’hypoglycémie ? Voici un beau schéma des symptômes d’hypo- et d’hyperglycémie les plus courants. Il peut être difficile d’en faire l’inventaire quand ils sont trop petits pour nous communiquer certains d’entre eux, mais disons que si votre enfant passe de zéro à cent en quelques minutes relativement à sa faim et qu’il gruge les murs en attendant son repas ou sa collation, c’est généralement un signe que sa gestion glycémique n’est pas optimale.
Des signes plus graves d’hypoglycémie peuvent également apparaître (troubles d’élocution, difficultés à marcher, puis convulsions, perte de conscience, etc.), mais alors ils sont plus généralement le signe d’une maladie sous-jacente importante et un accompagnement médical s’impose d’urgence [3]. En cas de doute, consulter un médecin pour faire des analyses sanguines peut être éclairant.
Il faut toutefois interpréter les résultats avec discernement, car une valeur normale pour la glycémie à jeun n’indique réellement qu’une seule chose : ce jour-là, au moment de sa prise de sang, votre enfant n’était pas en hypoglycémie… Cela ne veut aucunement dire qu’il ne l’a jamais été ou qu’il ne l’a pas été 20 minutes plus tard sur le chemin du retour, par exemple…
Le problème, c’est que, trop souvent, dès que de légers signes d’hypoglycémie sont perçus, on a tendance à les traiter comme des hypoglycémies graves en donnant un jus ou une collation sucrée, par exemple. Cela améliore temporairement l’état de l’enfant, mais le replonge également dans ce cercle vicieux sans fin.
Comment briser ce cercle vicieux ?
En dehors d’une hypoglycémie grave ou d’un diabète juvénile, le meilleur moyen de sortir de cette roue infernale est d’offrir aux enfants des repas et des collations qui offrent non seulement des glucides complets de qualité en quantité modérée, mais aussi des fibres, des protéines et des bons gras.
Et je sais (JE SAIS) combien il peut être difficile de leur faire aimer manger autre chose. Pour être moi-même la maman d’un petit garçon diagnostiqué hypersensible en ergothérapie, je sais que parfois, on abdique et on leur donne ce qu’ils aiment, parce qu’au moins, ils mangent. Je vous donne donc mes 10 meilleurs trucs pour enrichir et densifier l’alimentation de vos petits difficiles tout en leur donnant ce qu’ils aiment :
[1] | M. Jacobsen, «3 Biological Reasons Children Crave Carbs (And Why It’s Not Such a Bad Thing),» 19 Mai 2016. [Online]. Available: https://www.huffpost.com/entry/3-biological-reasons-chil_b_10014042. [Accessed Août 2022]. |
[2] | L. Villazon, «Science focus,» [Online]. Available: https://www.sciencefocus.com/the-human-body/why-do-children-dislike-vegetables/. [Accessed Août 2022]. |
[3] | «Prise en charge de l’hypoglycémie et de l’hyperglycémie,» 17 Octobre 2016. [Online]. Available: https://www.aboutkidshealth.ca/fr/Article?contentid=1726&language=French#undefined. [Accessed Août 2022]. |