Mouvement de fond dans le monde médical : l’aromathérapie officiellement admise comme soutien et complément à la médecine allopathique !

Publié le 10 octobre 2018
Écrit par Sonia Blondeau et Ronald Mary, auteure et collaborateur du livre Au cœur des essences, lorsque les huiles essentielles s’invitent en milieu hospitalier

Mouvement de fond dans le monde médical : l’aromathérapie officiellement admise comme soutien et complément à la médecine allopathique !

Le rapport Stratégie de l’Organisation mondiale de la Santé pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 préconisait l’intégration des médecines complémentaires et alternatives (MCA) dans les systèmes de santé nationaux1. Cette directive majeure a permis de donner un nouvel élan au monde scientifique et médical !

 

Ainsi, à la suite de cette recommandation, une réunion chapeautée par l’Association publique des hôpitaux de Paris s’est tenue à Paris, le 30 janvier 2017, pour présenter les résultats de plus de deux années de recherches menées par une équipe multidisciplinaire formée de pharmaciens, de médecins, de chercheurs, d’infirmières, etc. Le public était composé de plus de 200 professionnels du monde médical et scientifique français (représentants du Conseil national de l’Ordre des médecins, de l’Ordre des infirmières, de l’Académie de pharmacie, de l’Académie de médecine, de hauts cadres et dirigeants en milieu hospitalier, etc.), venus pour les entendre et trouver les réponses aux questions qui se posaient encore.

 

Par pur hasard, j’ai eu la chance d’être invitée à cette présentation et d’y assister.

À l’époque, j’étais en pleine rédaction du livre consacré à la formidable aventure de Catherine Maranzana2. Cette infirmière a entrepris de faire entrer l’aromathérapie dans les structures médicales des Hôpitaux Civils de Colmar, en France, sur des bases scientifiques et sous le contrôle des autorités médicales hospitalières et universitaires. Son expérience de plus de dix ans à utiliser les huiles essentielles (HE) en milieu hospitalier a servi, parmi d’autres, de toile de fond à la rédaction des préconisations du comité d’experts dont elle faisait partie.

Cette équipe multidisciplinaire avait pour mission de rassembler toutes les données cliniques et médicales utiles à la mise en place de protocoles aromatiques en milieu hospitalier, puis de rédiger des recommandations de référence à l’intention des équipes hospitalières, partout en France, afin d’utiliser l’aromathérapie comme médecine complémentaire à la médecine traditionnelle allopathique, en s’appuyant sur des protocoles et expérimentations cliniques éprouvés. Ce travail a finalement été diffusé en France le 9 juin dernier sous le titre : Aromathérapie scientifique, préconisations pour la pratique clinique, l’enseignement et la recherche3.

 

On y retrouve, entre autres :

  • un descriptif des familles de molécules qui composent la biochimie des HE ;
  • les critères de qualité des HE admissibles en milieu de soin ;
  • un explicatif des propriétés thérapeutiques reconnues des HE ;
  • les risques de toxicité et d’interaction possibles entre les HE ainsi qu’avec les médicaments allopathiques, et comment les éviter ;
  • le matériel à privilégier, dans le cas de diffusion atmosphérique, par exemple ;
  • les précautions de bon usage à prendre pour encadrer la pratique de l’aromathérapie en milieu hospitalier.

 

Le groupe d’experts s’est entendu pour préconiser une approche aromatique en complément à la médecine traditionnelle comme une « valeur ajoutée » permettant, entre autres, d’assister le monde médical afin :

  • « d’éviter d’augmenter des doses de médicaments » allopathiques nécessaires pour accroître leur efficacité ;
  • « de limiter les risques d’effets secondaires lors d’escalade thérapeutique en utilisant, par exemple, les HE en interdoses », reconnaissant ainsi le peu d’effets secondaires attendus lors d’un usage bien supervisé des HE ;
  • « de potentialiser les effets de la thérapeutique médicamenteuse mise en œuvre, par exemple, en ajoutant des HE à certains antibiotiques qui ne sont plus aussi efficaces face aux germes ou qui y ont développé une biorésistance… »

Sur ce dernier point, de plus en plus d’études scientifiques démontrent le potentiel extraordinairement antiseptique des HE sur de nombreux germes pathogènes qui ne survivent pas à leur contact.

C’est même la majorité d’entre elles qui démontrent des vertus à la fois antibiotiques et antivirales, aujourd’hui supérieures à bon nombre d’antibiotiques pharmaceutiques de synthèse.

Une plante aromatique contient des centaines de molécules, actives et différentes dans leur action sur un organisme vivant, alors qu’un médicament classique à visée antibiotique est généralement porteur d’une seule molécule active, d’origine végétale dans 70 à 80% ds cas4.

 

Par exemple :

  • La digitaline est un très efficace tonique cardiaque, dont la molécule active est extraite des feuilles de la digitale pourpre (Digitalis purpurea).
  • La morphine, le plus puissant analgésique connu à ce jour, est issue du latex obtenu en incisant les capsules du pavot somnifère (Papaver somniferum).
  • La molécule d’acide acétylsalicylique de la célèbre Aspirine a été synthétisée grâce à l’écorce du saule blanc (Salix alba) ou à partir des fleurs de la reine-des-prés (Spirea ulmaria).
  • Le taxol, un puissant anticancéreux, est tiré de l’écorce de l’if (Taxus baccata).
  • La vinblastine, issue de la pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus), est un alcaloïde utilisé dans les traitements contre la maladie de Hodgkin et d’autres cancers du système lymphatique.
  • La quinine, issue de l’écorce de quinquina (Cinchona officinalis), est très active contre le paludisme ou la malaria.

 

Toutes ces spécialités pharmaceutiques, et bien d’autres encore, sont issues de molécules venues de plantes ! À ce jour, plus de 365 plantes médicinales font ainsi partie de la pharmacopée française et sont maintenant inscrites à cette encyclopédie de toutes les substances pouvant entrer dans la composition d’un médicament.

Une fois isolée, chaque molécule choisie est synthétisée jusqu’à plusieurs milliers de fois pour arriver à la rendre efficace et à détruire le germe ciblé. Or, ce processus d’isolation élimine très souvent l’effet global proposé par le « totum5 » du végétal et donc la « synergie » des molécules qui crée l’efficacité thérapeutique d’une plante : cet effet ne persiste que lorsque toutes les molécules de la plante sont conservées. C’est ce qui explique très souvent les effets secondaires dits « indésirables » d’un médicament pharmaceutique fortement synthétisé : quand une plante ou son HE contient encore l’ensemble de ses principes actifs, cette « harmonie moléculaire » — que l’on nomme « quintessence » — ne provoque pas (ou que très rarement) d’effets secondaires malheureux.

Au cours des dernières décennies, les bactéries se sont adaptées et modifiées en conséquence. Les antibiotiques de synthèse sont devenus inactifs sur de nombreux germes qui ont appris à contourner l’unicité de leur molécule active. Il faut alors augmenter les doses pour obtenir un résultat, ce que le corps humain, très souvent, a du mal à supporter.

L’entrée en jeu des HE antibiotiques peut, grâce à la diversité de leurs centaines de molécules, détruire un nombre élevé de bactéries différentes et rendre ainsi l’antibiotique de synthèse beaucoup plus performant. La nature de la plante (et par ricochet de son HE) qui s’adapte constamment à son environnement et l’extrême variété de ses molécules viennent alors en appui pour empêcher les agents pathogènes d’organiser leur résistance.

De plus, l’efficacité des HE ne faiblit pas au fur et à mesure de leur utilisation et il n’est pas nécessaire de multiplier les doses pour soigner et guérir. D’où l’intérêt grandissant du milieu pharmaceutique à les ajouter en complément aux antibiotiques de synthèse déjà existants.

 

Voilà une formidable reconnaissance des vertus et des bienfaits de l’aromathérapie qui retrouve enfin sa juste place au sein de la pharmacopée médicale !

 

 

RÉFÉRENCES

1 À consulter au http://www.meridiens.org/mrd/spip.php?breve363.

2 Blondeau, Sonia avec la collaboration de Ronald Mary. Au cœur des essences – Lorsque les huiles essentielles s’invitent en milieu hospitalier, Éd. Le Dauphin Blanc (Québec), mars 2018.

3 Le document intégral (180 pages) est disponible auprès de l’AFEDI (Association francophone européenne des diagnostics, interventions et résultats Infirmiers / Groupe national Aromathérapie scientifique) et peut être téléchargé à l’adresse suivante : https://afedi.com/Documentation/Article/108.

4 À lire: Gélis-Imbert, Pascale (pharmacienne). Les antibiotiques au naturel, Éd. Solar Santé. Mary, Ronald et DrJean-Pierre Willem. Huiles essentielles antivirales, la solution naturelle pour lutter contre les infections, Éd. Guy Trédaniel.

5 Totum : ensemble des molécules actives de la plante.