Nutrition et maladies neurodégénératives – PARTIE 2

Publié le 15 juillet 2018
Écrit par Daniel-J. Crisafi, nd.a., m.h., ph. d.

Nutrition et maladies neurodégénératives – PARTIE 2

Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, les maladies dégénératives ont une composante génétique qui a, malgré ce que l’on nous dit parfois, un effet négligeable sur le développement de ces maladies. Nous avons aussi vu que la nutrition a un effet considérablement plus grand lorsqu’il s’agit de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. Dans cette deuxième partie, j’aimerais aborder trois sujets qui jouent aussi un rôle dans le développement ou l’aggravation de ces maladies. Il sera donc question d’eau, de polluants environnementaux et d’exercice.

 

Eau

On définit généralement un élément nutritif essentiel comme étant une substance absolument nécessaire à la vie, que nous ne produisons pas et que nous devons donc consommer ou absorber de façon régulière. Selon cette définition, l’eau est donc un élément nutritif essentiel. Cet élément nutritif est tout aussi important que les vitamines et les minéraux dont il a été question dans la première partie de cet article. En effet, le manque d’eau ou la déshydratation a un effet important sur le développement de la maladie d’Alzheimer aussi bien que la maladie de Parkinson.

Nous savons depuis plusieurs années que la déshydratation peut affecter la fonction cognitive. En effet, des études en gériatrie ont démontré que la déshydratation, même relative, peut causer une baisse dans la capacité de compréhension et d’expression ainsi que dans la mémoire des individus âgés. Une étude a démontré que les changements dans la structure du cerveau causés par la déshydratation sont les mêmes que ceux qui sont présents dans la maladie d’Alzheimer.

N’oublions pas que le cerveau est composé d’environ 75 % d’eau. C’est dire l’importance de l’eau pour la santé du système nerveux central. En effet, l’eau agit pour protéger les cellules cérébrales, mais elle a aussi un rôle à jouer dans l’équilibre électrique du cerveau, dans ses transmissions électriques. L’eau a, sur le plan cérébral, les mêmes fonctions qu’elle a ailleurs dans le corps. L’eau est essentielle dans la régulation de la température du corps, y compris celle du cerveau. Elle est un solvant qui permet la décomposition, la dilution ou l’élimination de déchets organiques. Elle est nécessaire au transport de nutriments (vitamines, minéraux, protéines) et d’oxygène jusqu’aux cellules.

Il faut alors considérer la déshydratation comme un facteur important dans le développement ou l’aggravation de maladies neurodégénératives. Il faut essayer, à titre préventif tout au moins, de s’assurer de consommer suffisamment de liquides pour s’hydrater et éviter les diurétiques. Malheureusement, lorsqu’il est question de déshydratation, médicalement parlant, du moins, nous nous attardons à la déshydratation aiguë ou chronique. En naturopathie, par contre, nous savons que la déshydratation sous clinique est une forme de déshydratation qui peut avoir un effet néfaste pour la santé. Il est donc important d’éviter ou de réduire la consommation de diurétiques tels que le café et l’alcool, et de s’assurer d’un apport d’au moins 1,5 à 2 litres d’eau pure par jour. Je vous renvoie à mon article d’octobre 2017 dans le magazine Vitalité Québec pour avoir plus d’information sur l’importance de l’eau.

 

Environnement

L’un des facteurs les mieux documentés et néanmoins le moins bien compris lorsqu’il est question de maladies neurodégénératives est le rôle de substances toxiques, de polluants. En effet, un nombre croissant d’études associe les maladies neurodégénératives à l’accumulation de diverses substances toxiques dans le cerveau. Des chercheurs ont suggéré l’association entre l’accumulation d’aluminium dans les tissus cérébraux et la maladie d’Alzheimer aussitôt qu’au début des années 1970. Malheureusement, et faute de preuves « irréfutables », cette hypothèse a peu à peu été mise de côté par la majorité des chercheurs. En 2010, des chercheurs ont néanmoins élucidé le mécanisme par lequel l’aluminium peut causer la maladie d’Alzheimer. En effet, ces chercheurs de l’Université du Kentucky ont pu démontrer que l’aluminium augmente la production et le dépôt de la protéine β-amyloïde, cause reconnue de cette maladie. Malgré tout, certains chercheurs ont continué à nier cet effet de l’aluminium sur le cerveau. Néanmoins, de nouvelles études ont repris cette hypothèse avec force. En effet, en 2017, des chercheurs britanniques ont pu constater une concentration importante d’aluminium sur le plan cérébral chez tous les patients Alzheimer qu’ils ont testés.

L’aluminium n’est qu’une des substances toxiques environnementales qui joue un rôle quant au développement de ces maladies dégénératives. En effet, des études sérieuses ont associé une pléthore de polluants environnementaux au développement de maladies neurodégénératives. Les « polluants » les mieux étudiés comprennent les métaux (aluminium, arsenic, cadmium, mercure et plomb), les pesticides, les solvants et les nanoparticules.

Comme ces polluants environnementaux sont présents partout, on peut se poser la question à savoir pourquoi certains individus développent ces maladies tandis que d’autres semblent en être protégés. Sans vouloir trop simplifier un sujet difficile, j’aimerais offrir un certain nombre d’indices. Premièrement, même si elles sont statistiquement peu nombreuses, les personnes porteuses de gènes qui les prédisposent sont évidemment plus à risque. Deuxièmement, des études ont démontré que certains individus naissent avec une moins grande capacité pour détoxifier ces substances. Finalement, la consommation d’aliments ou de suppléments qui contiennent des substances qui neutralisent ces polluants réduit les risques de dommages neurologiques. C’est d’ailleurs particulièrement vrai en ce qui concerne les antioxydants.

Les points à retenir ici sont les suivants. Premièrement, réduisez autant que possible votre fardeau de polluants en choisissant judicieusement la provenance de vos aliments ainsi que la qualité des boissons consommées. Préférez les aliments de culture biologique autant que possible. Évitez aussi, dans la mesure du possible, l’utilisation de produits domestiques ou de soins du corps qui peuvent contenir des substances « chimiques » pouvant affecter le cerveau. Finalement, assurez-vous d’une alimentation saine, regorgeant d’antioxydants, et pensez à utiliser des suppléments antioxydants à titre préventif. Dans certains cas, il serait utile de faire vérifier les niveaux de contamination aux métaux lourds à l’aide d’une analyse de cheveux. Cela est surtout vrai chez les personnes à risque en fonction de leur travail ou de leur environnement domicilier ou même chez celles qui commencent à développer des symptômes neurologiques.

 

Exercice

L’exercice physique s’est démontré très efficace à la fois dans la prévention des maladies neurodégénératives ainsi que dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes qui en souffrent déjà. Mais ce qui est le plus intéressant à ce stade de la recherche est que l’exercice peut probablement encourager la régénération des neurones. En effet, un nombre croissant d’études ont démontré que l’exercice peut améliorer la fonction cognitive chez les personnes ayant des maladies neurodégénératives. Une étude d’une durée de deux ans a révélé que les patients qui ont entrepris deux sessions d’exercice de résistance par semaine ont eu une amélioration statistiquement et cliniquement significative par rapport aux symptômes de la maladie de Parkinson.

Il va de soi que chez les individus atteints, l’exercice doit être adapté à la capacité physique ainsi qu’à la capacité cognitive. Mais les études récentes confirment hors de tout doute que la tendance actuelle d’encadrer et d’isoler les personnes atteintes de ces maladies va à l’encontre du besoin accru d’activité physique. Ce lien entre l’exercice physique et ces maladies neurodégénératives me rappelle le dicton de la technique Nadeau® : « Grouille ou tu rouilles. »

 

Conclusion

Je ne peux m’empêcher de me questionner sur notre approche médicale classique, qui ne semble prendre aucun de ces facteurs mentionnés précédemment en considération. Et, lorsque c’est fait, l’enthousiasme semble être pratiquement non existant. Pourtant, il est possible de prévenir les maladies neurodégénératives et il est possible d’en ralentir le développement lorsqu’elles sont présentes. Ces mêmes facteurs qui réduisent les risques de cancers ou de maladies cardiovasculaires ont aussi un effet sur les maladies neurodégénératives. Pourquoi ne pas adopter ce type de mode de vie et mettre toutes les chances de notre côté ? C’est notre — votre — choix.

 

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