Pour une vraie prévention du cancer du sein

Publié le 16 octobre 2019
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Pour une vraie prévention du cancer du sein

Octobre est le mois national de sensibilisation au cancer du sein, Ou devrais-je dire : le mois de l’industrie du cancer du sein ?

La culture du ruban rose se concentre sur les mammographies et les médicaments comme moyen de « prévention » et déploie annuellement sa machine médiatique afin de ramasser des millions de dollars pour la cause. Entre le discours de propagande de l’industrie du fameux « ruban rose », les entreprises qui en profitent pour faire leur pinkwashing et l’avalanche de produits teints en rose pour l’occasion, nous en oublions presque qu’une Canadienne sur huit reçoit toujours un diagnostic de cancer du sein et qu’une sur trente-et-une en meurt. Le cancer du sein constitue la forme de cancer la plus répandue chez les canadiennes (exception faite de ceux de la peau) et c’est la deuxième principale cause de décès par cancer. Qui plus est, ces tristes statistiques entourant le cancer du sein demeurent pratiquement inchangées depuis les 20 dernières années en dépit des milliards de dollars investis.

 

Parlons franchement

Bien sûr, nous avons assisté à une légère diminution de l’incidence de cancer du sein à partir de 2002 à la suite de la baisse de l’usage de l’hormonothérapie substitutive (THS) par les femmes post-ménopausées provoquée par la publication des résultats de l’étude Women’s Health Initiative. Au canada, l’utilisation du THS a diminué de 7,8 % entre 2002 et 2004 et pendant la même période, les taux de cancer du sein ont également diminué de 9,6 %.

En ce qui concerne les mammographies de routine, selon le New England Journal of Medicine les mammographies semblent avoir réduit le taux de mortalité par cancer de seulement 0,4 décès pour 1000 femmes. Une autre étude publiée dans le British Medical Journal a révélé que les mammographies peuvent même s’avérer dommageables pour les femmes, en particulier au cours des premières années du programme de dépistage. En fait, 70 % des cancers du sein sont encore diagnostiqués grâce à un autoexamen des seins.

 

Et parlons de réelle prévention

Pendant ce temps, le plus grand compte rendu de recherches portant sur la prévention du cancer du sein et entrepris par l’American Institute For Cancer Research et le World Cancer Research Fund révèle qu’environ 40 % des cas de cancer du sein aux États-Unis pourraient être évités grâce à des choix de vie plus sains. Plusieurs considèrent que ce chiffre est beaucoup trop bas, surtout que de l’avis même de la très conservatrice American Cancer Society, seulement 5 % à 10 % des cas de cancer du sein sont directement attribuables à la génétique. En termes simples, l’adoption d’un mode de vie sain et d’une alimentation équilibrée combinée à l’élimination de facteurs de risque modifiables (cigarette, alcool, etc.) Peut prévenir au moins 90 % des cancers du sein. Pourquoi ne mettons-nous donc pas l’accent sur l’éducation et n’investissons-nous pas dans une réelle prévention ?…

 

Suppléments pour la prévention du cancer du sein

Bien que chaque cas doive être évalué individuellement et qu’un(e) naturopathe qualifié(e) puisse vous aider en ce sens, voici quelques recommandations générales en matière de suppléments pour la prévention du cancer du sein.

 

Vitamine D

La vitamine d est l’une des substances naturelles les plus efficaces pour prévenir le cancer : il existe au-delà de 100 études publiées démontrant ses effets anticancer ! Malheureusement, au moins 60 % des femmes présentent une carence en cette substance-clé. Une étude à double insu et contrôlée – le gold-standard des études cliniques – publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition a révélé que les femmes recevant un supplément de vitamine d et de calcium présentaient une réduction du risque de cancer supérieure à 50 % au cours de l’essai de 4 ans par rapport au placebo. Des taux sériques plus élevés de la principale forme circulante de vitamine D, la 25-hydroxyvitamine d (25(oh) d), sont également associés à des taux d’incidence considérablement plus faibles de cancers du sein et de l’ovaire.

Augmenter le niveau minimal annuel de 25 (oh) d sérique de 100-150 nmol/l par l’intermédiaire d’un régime alimentaire, d’une supplémentation et d’une exposition au soleil appropriée permettrait d’éviter environ 58 000 nouveaux cas de cancer du sein chaque année et le trois-quarts des décès dus à cette maladie au canada et aux États-Unis. Selon la plupart des experts, les concentrations idéales pour la 25-hydroxyvitamine d sont comprises entre 125 et 200 nmol/l.

Du côté des suppléments, un apport en vitamine d (3) de 2000 ui par jour est généralement considéré comme sécuritaire, mais il vaut mieux consulter, car il en faut souvent plus pour atteindre des taux sanguins idéaux. Puisque la vitamine d est un nutriment liposoluble, elle devrait être consommée avec le plus grand repas de la journée afin d’en assurer une absorption maximale.

 

Curcuma et curcumine

L’effet potentiel de la curcumine sur les cellules cancéreuses a récemment été reconnu par la communauté scientifique internationale. La curcumine – principal ingrédient actif extrait de la plante Curcuma longa – a en effet démontré une activité chimiopréventive et antitumorale contre certains cancers agressifs et récurrents. Les différents mécanismes d’action attribuables à la curcumi ne ont fourni des résultats probants dans la lutte contre un remarquable éventail de cancers, notamment ceux du sein, de l’utérus et du col utérin.

Des études ont montré que la curcumine interfère avec plusieurs voies importantes impliquées dans le développement, la croissance et la propagation du cancer. Les études humaines portant sur l’impact de la curcumine dans la prévention et le traitement du cancer en sont aux premières étapes, mais plusieurs essais cliniques de phases I et II indiquent qu’elle est relativement sécuritaire et peut présenter une efficacité thérapeutique. La curcumine est intéressante à la fois en prévention chez les femmes à risque de développer un cancer du sein et en tant que substance adjuvante chez celles qui ont déjà développé la maladie. Cependant, la biodisponibilité de la curcumine pose de sérieux défis et il faut s’assurer d’opter pour un supplément dont l’efficacité a été démontrée.

 

Autres suppléments

Plusieurs autres suppléments nutritionnels et herbes médicinales ont fait l’objet d’études cliniques et pourraient également s’avérer utiles dans la prévention du cancer du sein, dont la coenzyme Q10 (CoQ10), la mélatonine, le gallate d’épigallocatéchine (EGCG) extrait du thé vert, l’actée à grappes noires, l’huile d’onagre, l’artémisinine (un principe actif extrait de l’absinthe), le champignon shiitake et la grenade.

 

Conclusion

La prévention active et véritable du cancer du sein passe obligatoirement par des modifications au mode de vie, à l’alimentation et par la prise de suppléments nutritionnels ciblés. Il existe une abondance d’information bien documentée sur ce sujet et il peut devenir complexe de s’y retrouver, mais surtout, d’adapter cette information à nos besoins spécifiques. Le suivi naturopathique et les tests d’épigénétiques (voir article Vitalité de juin 2019) peuvent nous aider à cibler les facteurs à prioriser en fonction de notre individualité biochimique afin d’optimiser la prévention tout en continuant à jouir de la vie.

 

20 meilleures stratégies pour prévenir le cancer du sein

  1. Buvez au moins 1,5 L d’eau de source tous les jours.
  2. Mangez beaucoup de légumes frais, entiers et biologiques en mettant l’accent sur les légumes fermentés et les crucifères.
  3. Consommez une cuillère à soupe de graines de lin moulues ou de graines de chia quotidiennement.
  4. Évitez tous les aliments transformés, minimisez le sucre, les céréales et les féculents.
  5. Éliminez ou réduisez la consommation de viande et de produits laitiers. Si vous en consommez, optez pour des animaux d’élevage biologique et produits localement.
  6. Évitez de trop griller ou de frire les aliments.
  7. Mettez l’accent sur l’huile d’olive et les acides gras oméga-3 présents dans les poissons d’eau froide, les graines de lin fraîchement moulues et les noix.
  8. Intégrez au moins 35 grammes de fibres par jour à votre régime alimentaire ou ajoutez un supplément de fibres.
  9. Faites de l’exercice régulièrement.
  10. Adoptez des stratégies efficaces pour gérer votre stress et votre santé mentale.
  11. Évitez de boire de l’alcool, ou au moins, limitez-vous à une consommation par jour.
  12. Remplacez le café par 2 à 4 tasses de thé vert fraîchement préparé par jour.
  13. Évitez le tabagisme.
  14. Dormez dans l’obscurité totale et évitez si possible de travailler de nuit afin d’optimiser la production de mélatonine.
  15. Avoir des grossesses et allaiter chaque bébé exclusivement durant au moins 6 mois.
  16. Évitez de porter des soutiens-gorges à armature.
  17. Évitez ou limitez la prise de contraceptifs oraux à base d’hormones ainsi que l’hormonothérapie substitutive (THS).
  18. Réduisez votre exposition aux xénoestrogènes (composés chimiques de synthèse tels que les pesticides et les polluants industriels ayant une activité semblable à celle des estrogènes dans notre corps).
  19. Pratiquer l’autoexamen des seins.
  20. Prenez part à un programme de prévention active comme celui que j’offre et qui inclut l’examen thermographique.

 

RÉFÉRENCES

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