Préserver sa concentration par l’assiette !

Publié le 27 septembre 2022
Écrit par Sylvie Leblanc, n.d.

Préserver sa concentration par l’assiette !

Dans le cadre de mon travail des dernières années, j’ai eu le privilège d’accueillir de nombreuses personnes qui vivaient des moments de stress se traduisant par divers malaises qui pouvaient se présenter sous la forme de difficultés à se concentrer, une mémoire qui fluctue, etc.

Le chercheur émérite Hans Selye disait que le stress est nécessaire à la vie. Il le définissait comme suit : « C’est l’ensemble des moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s’adapter à un événement. » L’être humain est généralement à l’aise dans une routine ; cela lui permet aussi de ne pas devoir s’adapter, car la vie est plus prévisible.

Mais actuellement, tout change ; les problèmes mondiaux sur les plans de la santé, des conflits, du climat, de l’économie, etc.) nous affectent et perturbent nos habitudes. Les êtres humains que nous sommes sont parfois à la source de ces irrégularités, mais nous pouvons aussi générer des changements positifs par notre mode de vie.

Or, lorsque les nombreuses tâches du quotidien qui suscitent déjà une somme d’énergie physique et mentale se retrouvent décuplées par un stress adaptatif intense, il se peut que la qualité des nutriments que vous fournissez à votre organisme ne soit pas suffisante pour maintenir un équilibre. De ce fait, vous êtes en déficit de bon carburant et votre concentration, votre mental, votre énergie et vos humeurs valsent sous la disette. Il faut alors examiner les pour et contre comme un comptable.

Dans la colonne des entrées, les aliments (nutriments) qui sont payants génèrent-ils suffisamment d’énergie, ou apportent-ils un déficit face au besoin réel de votre organisme en forte consommation d’énergie ? Parce que certains aliments du commerce peuvent aussi être des voleurs d’énergie, une fois consommés. Ils carencent votre organisme de minéraux, de vitamines et d’antioxydants.

Qu’il s’agisse de concentration, de mémoire ou de stabilité desémotions, sachez que votre mode de vie et surtout les aliments que vous choisissez peuvent avoir une incidence sur votre système nerveux central (SNC) et votre énergie.

N’importe quel comptable ou gestionnaire vous dira qu’il faut changer, enlever les dépenses inutiles et rechercher les actions les plus payantes pour la survie d’une entreprise en crise. Dans le présent texte, c’est de votre santé qu’il est question !

Parlons des habitudes chez les Nord-Américains, qui, à long terme, sont vraiment des éléments nuisibles à votre concentration, à votre mémoire. Dans beaucoup d’écoles de pensée, le problème le plus cité est sans conteste les taux de glucides élevés dans l’alimentation.

L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) recommandait déjà, en 2015, de se restreindre à 25 à 45 grammes maximum de sucres par jour, afin de lutter contre les maladies non transmissibles en recrudescence comme le diabète, soit plus ou moins 5 % de la ration énergétique quotidienne. Ce n’est pas beaucoup !

Pour mieux comprendre la réelle quantité de glucides nets que contient un aliment, il faut faire des calculs. Lors de la lecture des tableaux de valeur nutritive d’un aliment préparé, il faut regarder le total des glucides et soustraire les fibres, car les fibres ne seront pas assimilées. La résultante du calcul sera alors ce que représente mieux la somme de glucides qui peuvent être assimilés et disponibles pour votre organisme.

Un mécanisme extraordinaire permet au glucose d’être absorbé et transformé en énergie au niveau de vos cellules. L’insuline est une hormone produite par le pancréas, et en plus d’être à la base de l’utilisation du glucose par les cellules, elle favorise aussi le stockage de ce glucose dans les muscles, les tissus adipeux (graisse) et le foie. Si l’on ne fait pas assez d’activités pour brûler toutes ces calories et cette énergie, nos cellules seront submergées par tant d’abondance et répondront de moins en moins aux signaux de l’insuline et y deviendront résistantes.

Elles cessent d’absorber le glucose sanguin, dont le taux demeure alors anormalement élevé après les repas. Les cellules du pancréas « surproduisent » alors de l’insuline dans l’espoir de compenser cette résistance, mais au bout d’un certain temps, elles finissent par s’épuiser et l’organisme en vient à manquer d’insuline. À ce stade, les personnes ont du diabète de type 2 et doivent prendre des médicaments. Cela se présente avec de nombreuses conséquences.

Saviez-vous qu’il existe aussi de l’insuline cérébrale ? En effet, une nouvelle vision de la gestion des sucres sanguins a permis à des scientifiques de découvrir que certaines cellules, en l’occurrence l’hippocampe, une région responsable de la mémoire, qui est très affectée dans le processus de la maladie de l’Alzheimer, produit et fabrique aussi de l’insuline ! L’insuline du cerveau serait produite en beaucoup plus petite quantité que celle du pancréas. Elle n’influencerait pas le taux de glucose sanguin, contrairement à ce qui se produit dans les cas de diabètes de type I et II.

On se rappellera que ces diabètes apparaissent lorsque le corps n’arrive plus à fabriquer ou à utiliser l’insuline produite par le pancréas. Selon le chercheur émérite Seigfired Hoyer de l’Université de Heidelberg en Allemagne, confirmé par la Dre Suzanne de la Monte, neuropathologiste à l’hôpital de Rhode Island aux États-Unis ainsi que les chercheurs du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval (CRCHU de Québec), les personnes diabétiques seraient quatre fois plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Cette insuline produite par les centres nerveux supérieurs aiderait les cellules de l’hippocampe à capter le glucose pour combler ses besoins en énergie, mais encore plus important, elle régulerait les niveaux d’acétylcholine, un neurotransmetteur intervenant dans la mémoire et l’apprentissage. De plus, cela jouerait même un rôle dans la croissance des vaisseaux sanguins qui approvisionnent le cerveau en glucose mais aussi en oxygène, deux éléments essentiels pour les centres nerveux supérieurs.

Afin de ne pas en arriver à un déséquilibre de l’insuline, il faut faire une analyse de votre hérédité, de votre mode de vie, faire en sorte de couper radicalement dans la consommation de glucides. Car à long terme, ces mauvais choix peuvent entraîner non seulement un manque de concentration, mais aussi des troubles de mémoire qui affecteraient votre système nerveux central sous la forme de démence.

 

Le Dr et chercheur Derrick Lonsdale, MD, FACAM, CNS (conférencier en médecine orthomoléculaire) nous apporte plusieurs pistes de solution quant aux nutriments qui peuvent favoriser un taux d’insuline adéquat et un métabolisme des glucides efficace. Il a été pédiatre pendant plus de 20 ans et, au cours de sa pratique, il a suivi de nombreux enfants autistes ainsi que des jeunes enclins à la violence verbale et physique. Il a aussi accompagné de très nombreux jeunes qui vivent avec un déficit d’attention avec ou sans hyperactivité.

Devant la détresse émotionnelle vécue par les enfants, il s’est penché sur différents facteurs, dont le mode alimentaire et les carences possibles. Or, un élément semblait similaire : une alimentation très faible en vitamines du complexe B, particulièrement la thiamine, soit la vitamine B1. La thiamine favorise la transition, voire pourrait être considérée comme la bougie d’allumage pour une meilleure assimilation du glucose sanguin.

C’est connu : une carence en vitamine B1 peut amener une dysautonomie, qui est un dérèglement du système nerveux autonome (hypotension orthostatique, vertige au lever, etc.). Le Dr Derrick mentionne qu’il n’est pas rare de constater qu’avec une alimentation riche en glucides, les personnes (enfants) souffrent de symptômes émotionnels provenant d’une mauvaise combustion des glucides. Selon ses travaux en plus de ce qu’il a constaté chez ses nombreux petits patients, un apport plus intense en vitamine B1 (thiamine) régularise le comportement et améliore l’apprentissage, la concentration et la mémoire.

Les carences en vitamine B1 sont aussi pointées du doigt dans certains cas d’anorexie, de confusion, de troubles de la mémoire, en plus de sensation dépressive et d’irritabilité. Jetons alors un coup d’œil sur les aliments les plus riches en vitamine B1.

 

La levure nutritionnelle est utilisée généralement comme un condiment ou assaisonnement et est très riche en vitamine B1. Selon la variété de levure choisie, cela peut représenter de 100 % à 910 % des valeurs quotidiennes en consommant de 2 à 4 cuillères à soupe. Mettez-en partout même ces aliments :maïs soufflé,  salade, crudités, pâtes, légumes cuits, potage, etc.

Prenez note que si vous chauffez ou cuisinez la levure, elle perd beaucoup de ses vitamines du groupe B. Il est donc préférable de la saupoudrer au service. Pourquoi se limiter, lorsque dans la levure nutritionnelle vous avez toutes les vitamines du groupe B, en plus de minéraux et de protéines ?

 

Voici d’autres aliments sources de B1 : abats et volaille (la viande brune), mélasse verte, graines de tournesol, noix de macadamia, pistaches, graines de pavot, noix du Brésil (graines et noix en général), haricots secs, fèves de soya, jaunes d’œufs (surtout bios ou fermiers), choux de Bruxelles, brocolinis, brocoli, pousses, asperges, céréales entières (riz brun en particulier), avoine, etc.

Il n’existe pas de toxicité pour la vitamine B1, puisque l’organisme l’élimine par voie urinaire en cas de surconsommation. Attention, selon le Dr James F. Balch, le thé, le café décaféiné ou non, les boissons gazeuses, l’alcool et certains médicaments tels que les anovulants et les antibiotiques (sulfas) perturbent l’assimilation de la thiamine. Une surconsommation de glucides appauvrit aussi l’organisme en vitamine B1 contenue dans les aliments.

Comme toute vitamine du groupe B, le fait d’avoir un microbiote sain et de qualité permet une meilleure assimilation de ces dernières, ainsi que de nombreux minéraux. Donc, consommez de bonnes bactéries (ferments) tous les jours, pour favoriser l’absorption des nutriments.

Un autre nutriment, mis à part les vitamines du groupe B, c’est le magnésium, qui réduit la résistance à l’insuline et favorise un mieux-être face à l’anxiété, les spasmes, l’asthme, etc.

 

Voici quelques idées de sources de magnésium à ajouter dans votre assiette :

Graines de citrouille : ¼ de tasse ou de 217 à 317 mg

Chocolat noir de plus de 70 % : ½ tasse ou de 103 à 228 mg

Haricots de soya rôtis à sec : 1 tasse ou 273 mg

Noix du Brésil : ¼ de tasse ou 133 mg

Pois doliques à œil noir (black-eyed peas) : ¾ de tasse ou 121 mg

Tempeh : ¾ de tasse ou 116 mg

Graines de tournesol décortiquées : ¼ de tasse ou 115 mg

Fromage de soya : 1 ½ once ou 114 mg

Graines de lin : 2 c. à soupe ou 111 mg

Fèves de soya cuites : ¾ de tasse ou 109 mg

Beurre de graines de tournesol : 2 c. à soupe ou 101 mg

 

Alors, pensez-vous toujours que votre alimentation et votre glycémie n’ont aucune action sur votre chimie intérieure, vos émotions, vos angoisses, votre concentration ?

 

Il devient donc important pour toutes les familles qui vivent avec des êtres chers souffrant de problèmes de concentration ou de mémoire de mieux calibrer la consommation des glucides dans l’assiette et surtout d’avoir quotidiennement des aliments sources de thiamine, de magnésium, de protéines, d’antioxydants, de bons gras, etc.

Lorsque nous avons l’impression d’être dans un moment de crise, de perte de concentration, de mémoire ou de perception, il n’en tient qu’à nous d’y jeter un regard différent. En langue chinoise, le mot « crise » signifie deux choses étymologiquement : « danger », mais aussi « occasion favorable ». C’est donc à votre famille et vous de voir dans toute situation négative une chance de changer positivement pour le mieux-être de tous ! Bon mois de septembre dans un renouveau de gestes rentables pour vous !

 

RÉFÉRENCES : 

https://www.aprifel.com/fr/source/act-med-int-metabolismes-hormones-nutrition/?pdf

https://scholar.google.ca/scholar?hl=fr&as_sdt=0%2C5&as_vis=1&q=act.m%C3%A9d.int.+juillet+aout+2001&btn

Act. Méd. Int. – Métabolismes – Hormones – Nutrition, Volume V, n° 4, juillet-août 2001

«Grain Brain» Dr. David Perlmutter, m.  Little, Brown and Company, 2013

«Unleash the power of the female brain» Dr. Daniel G. Amen , Harmony book’s, 2013,

«La nutrithérapie, médecine des suppléments alimentaires» Roseline Gagnon, Atlantica Douce Alternative,  2001