Publié le 15 juin 2019
Écrit par Sylvie Leblanc, n.d.
L’été nous invite à la dolce vita, au farniente, à ralentir notre rythme, à profiter un peu plus du grand air, de la nature, et à consommer avec le plus grand des délices fruits et légumes frais et locaux. Toutes ces mesures participent à maintenir, voire à améliorer, votre potentiel vital.
Longtemps, les principes partagés de la science nous invitaient à penser que le vieillissement était irréversible et que tous y passaient en avançant en âge. J’ai souvent dit : « Ce n’est pas l’âge qui compte, c’est le millage ! », car nous n’avons pas tous le même héritage génétique, la même vie ; certains ont des vies tumultueuses, d’autres, des vies très rangées et remplies de vitalité épargnée.
Dans les dernières décennies, plusieurs travaux de recherche ont apporté une vision différente du vieillissement prématuré. J’aimerais vous parler de toutes petites parties peu connues qui sont importantes dans le vieillissement : les télomères. Télomère vient des mots grecs telos « fin » et meros « partie » ; ils coiffent les double-brins d’ADN de vos chromosomes. Ils protègent les extrémités naturelles des chromosomes contre des fusions bout à bout inopportunes ainsi que des recombinaisons qui pourraient être provoquées par le système de réparation de l’ADN. Comme vous pouvez le constater, ces brindilles protègent en quelque sorte votre code génétique. Il est important d’entretenir notre santé compte tenu des maladies dégénératives actuelles telles qu’un cancer, l’Alzheimer, la SLAP et le Parkinson ainsi que des maladies liées au système cardiovasculaire ; la présence et la qualité des télomères sont d’autant plus essentielles afin de prévenir ces conditions. Je vous présenterai quelques facteurs relatifs à votre santé qui assureront la longévité de vos télomères et qui, de ce fait, vous permettront non pas de vivre éternellement, mais de mieux vivre plus longtemps.
De nombreuses études ont démontré que, chez les nouveau-nés, les télomères présents dans les lymphocytes humains pouvaient contenir de 8000 à 12 000 pb (paires de bases, soit la valeur de calcul sur la longueur de ces derniers), alors que, chez des gens octogénaires, la moyenne est évaluée de 4000 à 6000. Alors, est-ce l’âge ou le millage qui amène un raccourcissement des télomères ? Voyons un peu les causes d’un raccourcissement de ces précieux télomères.
Le genre, me direz-vous… En effet, il semble qu’il y ait une différence entre la vitesse de raccourcissement des télomères chez les hommes et chez les femmes ; une étude menée chez un groupe d’hommes et de femmes de 48 ans a démontré une différence de 320 pb, soit l’équivalent d’environ 8 à 10 ans de différence entre les deux sexes. Or il semble que la vitesse de raccourcissement des télomères soit plus rapide chez les hommes !
Cela confirmerait le fait qu’en règle générale les femmes vivent un peu plus longtemps que les hommes. Maintenant, est-ce attribuable au mode de vie ou à d’autres facteurs de santé ? Cela reste à être démontré.
Une chose mentionnée dans plusieurs textes scientifiques est le fait que le stress et l’inflammation soient des causes du raccourcissement des télomères.
Les oméga 3 sont des éléments protecteurs des télomères. La Dre Elizabeth Blackburn, professeure de biologie à l’Université de San Francisco et récipiendaire du prix Nobel de médecine en 2009 pour ses travaux sur les télomères, ainsi que le chercheur Ramin Farzaneh-Far de l’Université de Californie ont cumulé un certain nombre d’études au cours des 20 dernières années qui les ont menés à élaborer un protocole sur la longévité des télomères. Leur piste de départ leur a permis de constater que les patients qui se remettaient d’une attaque cardiaque et qui prenaient des huiles de poisson (oméga 3) réduisaient le risque subséquent d’attaque ou de décès par maladies coronariennes ! La Dre Blackburn ayant travaillé sur les télomères, les chercheurs ont donc mesuré la longueur des télomères sur 5 ans auprès de 608 personnes qui avaient préalablement subi une attaque cardiaque.
Voici les résultats de leur étude : « Nous avons constaté une association claire entre les ni veaux élevés d’oméga 3 dans le sang et la longueur des télomères. Les personnes qui avaient un taux élevé d’oméga 3 avaient les télomères les plus longs, et ceux qui avaient les taux les plus bas d’oméga 3 avaient les télomères les plus courts ! » Selon le chercheur Ramin Farzaneh-Far, « les oméga 3 contrecarrent les stress oxydatifs, une réaction chimique cellulaire qui peut raccourcir les télomères. Il se peut aussi que l’huile de poisson augmente la production de télomérase, une enzyme qui rallonge et répare les télomères. »
On consomme souvent TROP d’oméga 6 (viandes, certains corps gras, etc.) et pas assez d’oméga 3 (de souches végétales et marines). Il faudrait donc consommer plus d’oméga 3 et moins d’oméga 6.
Actuellement, l’alimentation nord-américaine fournit un ratio d’environ 10:1, donc déséquilibré. Or il est maintenant connu qu’un excès d’oméga 6 peut induire la production de certaines prostaglandines qui favorisent des phénomènes inflammatoires, qui, eux, peuvent avoir une incidence sur la longueur des télomères, comme vu précédemment. C’est pourquoi il est si important d’ajouter des oméga 3 à sa diète.
Si vous consommez des poissons sources d’oméga 3, si possible, choisissez des entreprises qui assurent une pêche durable plus écologique afin de respecter les ressources à long terme.
Voici quelques conseils émis par le Dr Christophe de Jaeger, sommité en matière du vieillissement en France, pour protéger vos télomères.
Bien entendu, augmentez votre part quotidienne de superaliments remplis d’antioxydants comme les verdures, les pousses, les petites baies d’été, les légumes frais, etc. Dois-je mentionner de choisir des aliments les plus biologiques possible afin d’éviter une certaine pollution par les éléments comme les pesticides, les engrais de synthèses, qui sont une forme de pollution que vous consommez ?
Il y a aussi les plantes dites adaptogènes qui, de tous les âges et de tous les continents, ont été des éléments curatifs et salvateurs grâce à leur teneur pour certaines en alcaloïdes, en flavonoïdes, etc. Plusieurs de ces compléments contiennent des nucléotides qui aident à préserver l’intégrité de l’ADN, y compris les télomères. Certaines études ont démontré que l’astragale (Astragalus membranaceus), une des clefs maîtresses de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) contient entre autres une série de glycosides triterpènes cycloartanes dénommés astragalosides I à VIII. Or l’astragaloside IV est actuellement étudié en Europe et en Chine pour ses vertus anti-inflammatoires, antioxydantes et neuroprotectrices. Une étude pilote gérée par la Geron Corporation sur plus d’un an a démontré que, dans un sous-groupe de sujets donnés, il y avait une réduction significative du pourcentage de télomères courts, probablement en raison des antioxydants qu’il contient, selon les auteurs des recherches.
Dans la médecine traditionnelle de l’Inde (la médecine ayurvédique), c’est l’ashwagandha qui est mis de l’avant pour la préservation des qualités cellulaires et surtout pour la résistance et la réduction des stress qui épuisent les surrénales reliées au cortisol. Or, comme mentionné par le Dr Christophe de Jaeger, lauréat de la Faculté de médecine de Paris, le stress mal géré réduit la taille des télomères.
En médecine tibétaine, ce sont les baies de schisandra qui ont la cote.
En Russie, c’est le kvann et l’éleuthéroco que, ou ginseng sibérien, qui ont même été utilisés par certains astronautes russes pour les préserver du stress de l’espace.
Alors, libre à vous de concocter des recettes qui contiennent le plus possible d’aliments contenant des oméga 3 (voir le tableau des teneurs en oméga 3), d’aliments vivants, frais et de qualité. Il faut aussi se laisser aller au farniente, faire de belles promenades en nature, déguster de beaux moments à petites bouchées. Au besoin et sur les conseils d’un professionnel de la santé, en respectant votre nature et votre condition (médication, etc.), quelques fois, un complément à l’alimentation peut être bénéfique afin d’augmenter votre résistance aux différents stress. N’est-il pas préférable de se préoccuper de ses télomères avant que la majorité d’entre eux soient déjà trop courts ?
Comme dans les grandes philosophies et traditions de soins, en médecine traditionnelle chinoise, on dit que nous préparons notre état de santé une saison d’avance. L’été est donc la parfaite saison pour préparer votre automne, mais aussi pour préserver, voire régénérer, toutes vos capacités et vos télomères si précieux. Que votre été soit long et doux !
RÉFÉRENCES
Protégez vos télomères grâce aux oméga-3, https://www.lanu- trition.fr/les-news/protegez-vos-telomeres-grace-aux-omega-3, publié le 21 janvier 2010, mis à jour le 6 février 2017.
Oméga-3 : l’essentiel pour les novices, https://www.lanutrition.fr/bien-comprendre/les-comple- ments-alimentaires/les-principaux-complements-alimentaires/les-complements-correcteurs-de-l-alimentation/les-omega-3/omega-3-lessentiel-pour-les-novices.html, publié le 9 janvier 2008, mis à jour le 10 mars 2017.Comment le stress nous fait vieillir, entrevue d’Elizabeth Blackburn, professeure de biologie à l’Université de San Francisco et récipiendaire du prix Nobel de médecine 2009 pour ses travaux sur les télomères, https://www.lanutrition.fr/bien-etre/le-stress/com- ment-le-stress-nous-fait-vieillir, publié le 24 septembre 2007, mis à jour le 10 mars 2017.
FARZANEH-FAR, Ramin, et autres. « Association of Marine Omega-3 Fatty Acid Levels With Telomeric Aging in Patients With Coronary Heart Disease », Journal of the American Medical Association, vol. 303, no 3, 20 janvier 2010, p. 250 à 257.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2819264/
https://www.ledevoir.com/societe/science/339997/le-telom- ere-un-indice-de-longevite?fbclid=IwAR1wC39lPeXK5lL- 6xcwRKl8RL5E_g7erNnSUM6SQ_agJJEbUXLovwZkat4