Problème de genoux : gestion du syndrome fémoro-patellaire

Publié le 20 juillet 2018
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.

Problème de genoux : gestion du syndrome fémoro-patellaire

Le syndrome fémoro-patellaire est un problème douloureux commun caractérisé par une douleur à l’avant du genou.

 

Bien qu’il ne soit pas exclusif à cette population, le syndrome touche davantage les gens physiquement actifs, tant de manière compétitive que récréative. La douleur est surtout ressentie lorsque l’articulation est mise en charge de manière importante, comme lors de la descente des escaliers.

Selon une compilation des études récentes par le Journal of Sports Medicine (2016), ce problème affecterait jusqu’à 17 % de la population. Chez les sportifs récréatifs présentant ce syndrome, près de 25 % d’entre eux abandonneront leur sport après avoir ressenti les malaises liés au syndrome. Voilà une conséquence des plus négatives, surtout lorsque l’on considère que le manque d’activité physique est une cause majeure d’augmentation des risques de maladies cardiovasculaires et d’autres maladies dégénératives, comme le diabète de type 2 !

Avec le syndrome fémoro-patellaire, le patient ou la patiente rapporte des douleurs à un ou aux deux genoux sans que la radiographie ou la résonance magnétique puissent en fournir une explication. C’est particulièrement vrai chez les jeunes sportifs ; en effet, ils sont eux aussi touchés par ce syndrome, malgré le fait qu’ils ne présentent aucune dégénération visible des composantes articulaires de leurs genoux. Les femmes sont plus touchées que les hommes par ce syndrome.

 

Causes du syndrome

Les recherches montrent qu’un facteur clé dans le développement du syndrome fémoro-patellaire est ce que l’on appelle en kinésiologie la présence d’un valgus dynamique du genou. Qu’entend-on par cela exactement ?

La position appelée « valgus du genou » fait référence à un déplacement du genou vers la ligne centrale du corps. Certaines variations génétiques dans l’ossature ou certains déséquilibres de force musculaire peuvent entraîner un maintien postural en valgus.

Lorsqu’on parle de « valgus dynamique », les genoux ne dévient pas vers l’intérieur en permanence. Ils effectuent plutôt de petits mouvements de déviation par saccade lorsque l’articulation est mise en charge. Ce sera notamment le cas lors de la montée et de la descente d’escaliers, tandis que tout le poids du corps est temporairement supporté par un seul membre inférieur. Des recherches récentes ont permis de montrer que ce valgus dynamique du genou a un impact sur le glissement de la rotule, l’entraînant davantage vers l’extérieur. Cette malposition de la rotule pourrait expliquer une partie des symptômes douloureux impliqués dans le syndrome fémoro-patellaire.

 

Quels éléments peuvent contribuer à la présence de ce valgus actif ?

Deux éléments ont été mis en évidence par les recherches. Ce sont :

  1. La présence d’un déficit de force (faiblesse) de certains muscles de la hanche ;
  2. La présence d’un pied dont l’arche plantaire est affaissée ou s’affaisse de manière excessive lors du mouvement.

 

Gestion et correction du problème

Les données collectées par les scientifiques jusqu’à maintenant montrent qu’une approche multimodale sans intervention chirurgicale apporte les meilleurs résultats dans la gestion du syndrome fémoro-patellaire. La prise en charge d’un patient pourrait, par exemple, combiner certains des éléments suivants :

  • Gestion de la douleur aiguë par la prise d’analgésiques et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens
  • Utilisation d’un support externe, comme des orthèses ou du taping pour stabiliser la rotule
  • Correction du valgus dynamique du genou par l’utilisation d’exercices visant le renforcement des muscles de la hanche, du tronc et des jambes
  • Utilisation d’une orthèse plantaire pour les patients présentant des anomalies génétiques ou dégénératives du pied
  • Éducation du patient quant au problème et à l’importance de demeurer physiquement actif.

Une méta-analyse réalisée en 2015 et publiée dans le Journal of Physical Therapy Science a mis en commun les résultats de plusieurs études faites dans le monde au sujet des méthodes utilisées pour soulager les douleurs liées au syndrome fémoro-patellaire. Or, les interventions qui ont obtenu le meilleur taux de succès incluaient des exercices d’assouplissement et de renforcement des muscles de la cuisse (quadriceps), mais aussi des muscles fessiers. Les muscles fessiers, comme le grand et le moyen fessiers, de même que les pelvitrochantériens, permettent en effet de stabiliser la hanche lors de la mise en charge sur une jambe. Pourvu que le pied fonctionne bien, c’est par cette action des muscles fessiers sur le fémur que l’on prévient une déviation vers l’intérieur de ce dernier et, par le fait même, de l’articulation du genou.

 

Descente de marches sous contrôle (step down)

L’exercice que je trouve le plus efficace en clinique pour traiter le syndrome fémoro-patellaire est la « descente de marches sous contrôle ». Cet exercice présente plusieurs points forts et produit son effet rapidement chez ceux qui prennent le temps de l’exécuter :

  • Il permet un renforcement et une rééducation des quadriceps et des muscles fessiers en minimisant les contraintes de compression sur la rotule (donc, la plupart du temps indolore à réaliser)
  • Il favorise une synergie des muscles de plusieurs articulations : le pied, la cheville, le genou et la hanche
  • Il cherche à minimiser le mouvement de valgus actif, c’est-à-dire, la déviation du genou vers l’intérieur à l’effort, une faute biomécanique qui a été détectée chez les gens souffrant de syndrome fémoro-patellaire
  • Il utilise le travail de la partie excentrique de l’exercice (descente), une méthode qui s’est révélée efficace avec de nombreuses tendinopathies, selon les études (ici, le tendon du quadriceps est parfois impliqué dans le phénomène douloureux)
  • Il améliore la conscience de son corps dans l’espace (proprioception).

 

Étapes pour réaliser adéquatement la « descente de marches sous contrôle »

  1. Placez-vous sur une marche d’escalier, avec un pied dans le vide derrière vous. Pour débuter (et si nécessaire), il est possible de tenir une rampe d’escalier afin de maintenir son équilibre pendant l’exercice.
  2. En fléchissant le genou, laissez-vous descendre lentement sous contrôle jusqu’à ce que les orteils de la jambe arrière frôlent le plancher ou la marche du dessous. Prenez de quatre à cinq bonnes secondes pour descendre et ne déposez pas le pied arrière au sol complètement. Lors de cette étape, il est primordial de chercher à aligner le genou avec la pointe du soulier (le deuxième orteil). C’est cette action qui favorisera un recrutement adéquat des muscles fessiers pour réduire le valgus du genou (déviation vers l’intérieur).
  3. Si vous en êtes capable, remontez à la position de départ en contractant la cuisse. Si c’est trop difficile, déposez le pied arrière au sol et remontez pour reprendre la position de départ.
  4. Répétez l’exercice pour 2 à 4 séries de 5 à 10 répétitions. Misez sur la qualité plutôt que sur la quantité.

 

L’exercice sera ensuite réalisé tous les deux jours jusqu’à diminution des symptômes douloureux lors des activités quotidiennes.

Pour les mêmes raisons citées plus haut, le step-down est aussi un excellent exercice même si l’on ne souffre pas de syndrome fémoro-patellaire.

 

En conclusion

Si vous souffrez de syndrome fémoro-patellaire et ne parvenez pas à régler le problème par vous-même, n’hésitez pas à prendre contact avec un professionnel, comme un kinésiologue ou un physiothérapeute. Il saura vous aider à vous procurer les outils pour surmonter ce problème.

 

RÉFÉRENCE

PETERSON, WOLF ET COLL. Patellofemoral pain in athletes, Dove Medical Press Limited, 2017.