Rajeunir nos articulations, c’est possible !

Publié le 17 décembre 2020
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Rajeunir nos articulations, c’est possible !

Les troubles articulaires sont tellement répandus qu’on a l’impression qu’ils font partie du processus inéluctable du vieillissement ! L’arthrose est la forme la plus courante d’arthrite et l’une des principales causes d’invalidité dans le monde. Selon la Société de l’arthrite, l’arthrose touche près de cinq millions de Canadiens (un sur six), et ce nombre est en augmentation. On estime qu’un Canadien sur quatre souffrira d’arthrose d’ici 2035, avec un nouveau diagnostic toutes les 60 secondes. Cela est énorme et génère beaucoup de souffrance, que je qualifierais d’inutile. 

La douleur est le symptôme caractéristique de l’arthrose, contribuant aux limitations fonctionnelles et à la réduction de la qualité de vie. C’est aussi ce qui pousse habituellement les personnes affectées à consulter un médecin. Toutefois, les études nous révèlent que les options de traitement pharmacologique restent très limitées, tandis que les options non pharmacologiques sont sous-utilisées. Explorons donc ensemble les stratégies naturelles, éprouvées et efficaces pour protéger nos articulations et gérer la douleur associée à l’arthrose.

 

L’arthrose, la douloureuse

Selon la théorie courante, l’arthrose provoque l’inflammation et, au fil du temps, la perte de cartilage dans les articulations, entraînant l’inflexibilité, la douleur et la raideur, une diminution de l’amplitude des mouvements et de l’enflure. L’arthrose est principalement ressentie dans les articulations portantes comme les genoux, les hanches et la colonne vertébrale, mais elle peut se produire dans n’importe quelle articulation. Les articulations synoviales sont les plus courantes dans le corps. Pour éviter l’usure des extrémités osseuses en contact, ces dernières sont recouvertes d’un cartilage hyalin articulaire. La synovie, une substance visqueuse et lubrifiante, facilite les mouvements et permet la nutrition du cartilage. 

 

Arthrose versus polyarthrite rhumatoïde

L’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde (PR) impliquent la dégradation structurelle et la destruction progressive du cartilage dans les articulations vieillissantes. L’arthrose a longtemps été considérée comme une conséquence de la simple « usure » sur les articulations tandis que la PR est reconnue comme une maladie inflammatoire et auto-immune. Des maladies auto-immunes telles que la PR, la thyroïdite d’Hashimoto et le lupus érythémateux surviennent lorsque le corps attaque par erreur ses propres tissus. Dans le cas de la PR, les muqueuses articulaires et le cartilage sont les principales cibles d’attaques auto-immunes.

 

Une nouvelle compréhension de l’arthrose

La théorie de l’usure dans les cas d’arthrose est remise en question par un groupe de 25 scientifiques de l’Université Stanford, qui ont démontré que l’arthrose est accompagnée des mêmes facteurs pathologiques immunitaires inflammatoires que ceux qui sont impliqués dans la PR. Selon ces chercheurs, la réponse auto-immune joue un rôle clé dans l’apparition de l’arthrose, et si le traitement est initié avant que les symptômes se manifestent trop intensément, l’arthrose peut être entièrement évitée.

 

Stratégies naturelles

Compte tenu de la prévalence de l’arthrose et de la PR et considérant que ces conditions débilitantes sont à l’origine d’un énorme fardeau symptomatique et économique à l’échelle mondiale, les stratégies naturelles visant à les prévenir, à les atténuer et même à les inverser devraient être largement répandues. Voici quelques conseils utiles.

  1. Arrêtez de fumer : Le tabagisme est associé à la diminution de la production de molécules anti-inflammatoires et à l’induction de l’inflammation.
  2. Éliminez autant que possible la consommation de médicaments antiacides, antibiotiques et anti-inflammatoires : Remplacez-les par des solutions naturelles, car ils nuisent au microbiome intestinal et peuvent provoquer l’hyperperméabilité intestinale. Les toxines qui s’échappent de l’intestin peuvent être à l’origine de l’inflammation systémique chronique.
  1. Éliminez le gluten : Lorsqu’une personne souffrant de la maladie cœliaque ou sensible au gluten en consomme (gliadines et gluténines), cela déclenche son système immunitaire, qui provoque une inflammation de bas grade. Même si l’inflammation n’est pas toujours perceptible, elle peut affecter les organes, les tissus mous et causer des douleurs articulaires.
  1. Favorisez les aliments anti-inflammatoires : L’alimentation riche en gras saturés, en gras trans et en glucides est associée à une production accrue de molécules pro-inflammatoires, en particulier chez les personnes atteintes de diabète ou de surpoids. Au contraire, une alimentation saine et peu transformée contenant de bons gras comme l’huile d’olive et les poissons à chair grasse est utile pour vaincre l’inflammation. Optez surtout pour une alimentation à base de plantes pour les légumes et les fruits riches en antioxydants, en polyphénols et autres substances anti-inflammatoires.
  1. Adoptez un mode de vie actif : La sédentarité affaiblit les structures de soutien autour de l’articulation comme les muscles et les ligaments, ce qui peut augmenter le risque d’arthrose.
  1. Atteignez votre poids idéal : Le surpoids favorise l’arthrose en augmentant le stress sur les articulations portantes. De plus, les études démontrent que le tissu adipeux agit comme un organe endocrinien, sécrétant des adipokines et d’autres médiateurs inflammatoires. L’indice de masse corporelle d’un individu serait même proportionnel à la quantité de cytokines pro-inflammatoires sécrétées. En plus d’aider à la gestion du poids, la pratique régulière de l’activité physique diminue le risque de maladies cardiovasculaires et favorise le renforcement du cœur, des muscles et des os.
  2. Gérez votre stress : Le stress chronique est associé à un risque accru de dépression, de maladies cardiaques, et à la perte de contrôle sur la réponse inflammatoire et la défense normale. Il provoque aussi la libération de cytokines inflammatoires et peut causer des troubles du sommeil. Le yoga et la méditation peuvent atténuer l’inflammation induite par le stress et ses effets nocifs sur le corps.
  3. Améliorez votre sommeil : Les troubles du sommeil sont considérés comme l’un des facteurs de risque indépendants pour l’inflammation chronique. Les études démontrent en effet que les personnes aux prises avec des horaires de sommeil irréguliers sont plus susceptibles de souffrir d’inflammation chronique que les dormeurs cohérents. Dormir au moins sept à huit heures par nuit dans une chambre sombre favorise la stimulation de l’hormone de croissance humaine (HGH) et de testostérone. Ces hormones aident le corps à se réparer et à se reconstruire.

Suppléments nutritionnels

Sulfate de glucosamine (SG)

Certainement l’un des suppléments les plus étudiés pour l’arthrose, le SG est composé de glucose et de l’acide aminé glutamine. Il est naturellement présent dans le cartilage et le liquide synovial, mais le corps a aussi besoin de sulfate pour produire des tissus cartilagineux. Une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo publiée dans Arthritis Rheumatology, a démontré son efficacité dans le traitement de l’arthrose du genou. De nombreux suppléments destinés au traitement des douleurs articulaires contiennent du SG, parfois combiné avec d’autres ingrédients tels que le méthylsulfonylméthane (MSM), une forme de soufre organique présent dans les organismes vivants. Si vous êtes végétarien ou si vous souffrez d’allergie aux crustacés, recherchez une formule de SG sans crustacés.

 

Acide hyaluronique (AH)

C’est une substance protectrice que l’on trouve dans le liquide synovial servant à lubrifier les articulations et qui est essentielle à leur mobilité. L’AH agit comme un amortisseur qui réduit la friction, facilite le mouvement et fournit des nutriments aux articulations. En vieillissant, notre corps produit moins d’AH, laissant notre cartilage exposé. Des études ont démontré que l’AH réduit la douleur et favorise la fonction articulaire chez les patients atteints d’arthrose du genou. Les mécanismes d’action incluent la restauration du fluide synovial pour lui fournir une meilleure viscoélasticité, une action sur la biosynthèse et la dégradation de cartilage ainsi qu’un effet anti-inflammatoire et analgésique.

 

Collagène

Il s’agit de la protéine la plus abondante dans notre corps et la principale composante des tissus conjonctifs incluant les tendons, les ligaments, la peau et les muscles. Les suppléments de collagène sont devenus populaires dans la lutte contre le vieillissement. La plupart sont hydrolysés, ce qui réduit la taille des particules et favorise leur absorption. Puisque les suppléments de collagène sont d’origine animale, il est important de choisir un produit fabriqué par un laboratoire de confiance, obtenu de manière durable et ayant fait l’objet d’études cliniques.

 

Curcumine

La curcumine, le principal ingrédient actif du Curcuma longa, jouit maintenant d’une réputation bien établie en tant que substance naturelle aux nombreuses propriétés, dont ses effets anti-inflammatoire, antioxydant et analgésique. La curcumine est efficace pour plusieurs affections, incluant l’inflammation, ainsi que le soulagement de la douleur aiguë et chronique. Cependant, la curcumine n’est que faiblement biodisponible et elle est rapidement éliminée du corps. Pour pouvoir bénéficier pleinement des nombreux effets thérapeutiques du curcuma, on doit se procurer des suppléments qui contiennent de la curcumine libre ou combinée à des polysaccharides de curcuma hydrosolubles qui fournissent une action rapide et prolongée.

 

PEA (N-palmitoyléthylanolamide)

Cette molécule ayant fait l’objet de plus de 80 ans d’études est récemment apparue sur les tablettes. Il s’agit d’un acide gras synthétisé et métabolisé par nos propres cellules lors de conditions stressantes comme la douleur et l’inflammation. Essentiellement, c’est une molécule dont la seule fonction est d’offrir une protection immédiate par le biais d’un processus de modulation du système endocannabinoïde (SEC). Le SEC constitue un réseau de communication lipidique agissant comme modulateur clé des fonctions physiologiques dans de nombreux autres réseaux et systèmes de signalisation du corps. Par conséquent, le PEA influence une multitude de fonctions physiologiques et possède de puissantes propriétés anti-inflammatoires et analgésiques. On peut le trouver sous forme de supplément isolé ou dans des formules synergiques combiné avec le boswellia, la quercétine et le glycinate de magnésium pour une gestion à large spectre de la douleur.

D’autres suppléments nutritionnels pourraient être d’intérêt dans la protection de nos articulations et la gestion des symptômes associés à l’arthrose, incluant les combinaisons de calcium et de magnésium, les suppléments d’oméga-3, le Boswellia serrata et quelques autres.

 

Conclusion

Le fardeau global et généralisé imposé par les articulations débilitantes est facilement évitable et gérable par l’adoption de mesures simples, efficaces et sécuritaires. Il existe de nombreuses solutions de rechange aux médicaments conventionnels pour gérer la douleur qui sont non seulement exemptes d’effets secondaires, mais qui contribueront également à protéger les articulations ainsi qu’à préserver la facilité de mouvement et le confort. Conserver nos articulations en bon état nous permet de rester physiquement actifs, ce qui engendre à son tour toute une cascade de bienfaits pour notre santé.

 

RÉFÉRENCES

 

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