Récentes découvertes en santé

Publié le 1 novembre 2024
Écrit par Nicolas Blanchette, ostéopathe, B.Sc. kin.

Récentes découvertes en santé
Puresource mars/avril 2025

Pour bon nombre d’entre nous, la fin de l’année est souvent le moment idéal pour faire une rétrospective. Je profite donc de cette période propice à la réflexion pour vous présenter des résultats de recherches récentes qui viennent remettre en question certaines perceptions que l’on peut avoir dans les domaines de la santé et de la réadaptation. Au menu : arthrose du genou, fasciite plantaire, maux de dos et enquêtes sur le lien stress-douleur. Bonne lecture!

 

Arthrose du genou et course à pied

Chaque année, les recherches sur l’arthrose nous aident à percer un peu plus les mystères de cette affection articulaire associée au vieillissement. Encore aujourd’hui, on évoque parfois comme mécanisme de développement de l’arthrose des microdommages progressifs qui seraient liés à la sollicitation répétitive d’une articulation. Or, s’il y a une population qui met à l’épreuve ses genoux de manière soutenue et prolongée, c’est bien les marathoniens! Leurs genoux montrent-ils des signes d’arthroses plus souvent que ceux de la population générale? C’est ce que les chercheurs ont voulu savoir.

Pour ce faire, on a rassemblé 675 marathoniens pour les soumettre à des examens médicaux et des questionnaires. Au terme de l’étude, les chercheurs ont pu constater que la population de coureurs d’endurance présentait un risque de développer de l’arthrose au genou avoisinant 9 %. Ceci correspondait à moitié moins que pour la population générale qui ne pratique pas la course à pied (18 %)! L’arthrose est-elle liée aux impacts articulaires répétés ou se pourrait-il que son apparition soit beaucoup plus complexe? Cette étude tend à nous diriger vers la seconde option. Alors, si vous pratiquez la course à pied ou si vous songez à vous y mettre cette année, soyez rassuré : vos genoux ne s’useront pas plus vite. C’est probablement même le contraire qui risque de se produire.

 

Les chaussures minimalistes contre la fasciite plantaire récalcitrante?

La fasciite plantaire est une pathologie musculosquelettique s’apparentant aux tendinopathies. Très courante, on estime qu’elle toucherait jusqu’à 10 % de la population adulte aux États-Unis. Les symptômes les plus couramment rapportés sont des douleurs au talon et à l’arche plantaire, qui sont souvent augmentées par la dureté de la surface du sol. La fasciite est connue pour prendre beaucoup de temps à guérir avec une moyenne rapportée de 12 à 18 mois, malheureusement parfois beaucoup plus.

Dans la prise en charge conventionnelle de cette pathologie, on cherche habituellement à coussiner le talon et l’arche plantaire dans les chaussures pour réduire la douleur le plus possible. Une recherche de 2024 a cependant employé une approche radicalement différente avec un résultat pour le moins étonnant.

Les chercheurs ont réparti les sujets de l’expérience en deux groupes et suivi l’évolution de leurs symptômes pendant huit semaines. Les deux groupes présentaient des fasciites plantaires. Ils réalisaient des séances de marche sur un tapis roulant pendant quatre semaines : le premier groupe était pieds nus (ouch!) tandis que le second portait des souliers de course à pied.

Au terme de l’expérience, les participants des deux groupes ont montré des améliorations de leurs douleurs, leur qualité de vie et leur fonctionnalité à la marche. Toutefois, le groupe qui avait marché pieds nus s’est davantage amélioré que celui qui avait marché avec des chaussures. On soupçonne que le mécanisme physiologique responsable de ces résultats étonnants reposerait sur l’adaptation graduelle à la demande, sur un patron de marche peut-être légèrement modifié, sur un renforcement graduel de la musculature du pied, sur une augmentation de la liberté de mouvement et de la proprioception du pied, voire peut-être sur toutes ces hypothèses à la fois.

Quoi qu’il en soit, si vous souffrez d’une fasciite plantaire récalcitrante et que vous avez essayé une prise en charge classique sans grand résultat, il pourrait être intéressant de tenter l’expérience des chaussures minimalistes. Celles-ci sont fabriquées pour permettre un maximum de liberté de mouvement des pieds et pour répliquer l’action de marcher pieds nus tout en protégeant des intempéries. Elles sont de plus en plus populaires, et vous pouvez en acheter en ligne et chez plusieurs détaillants de chaussures.

 

Maux de dos : hauteur des disques et postures

Saviez-vous que vous êtes plus grand en vous levant le matin qu’en vous couchant le soir? Eh oui, les recherches montrent qu’il est possible de « grandir » de jusqu’à 2 cm simplement en passant une bonne nuit de sommeil. Comment cela est-il possible? Nos disques intervertébraux, situés entre nos vertèbres, jouent le rôle de coussins amortisseurs et offrent des surfaces de glissement pour permettre à notre rachis de se mouvoir. Or, ces disques sont composés en grande partie d’eau et leur volume (hauteur) varie durant la journée en fonction de la charge gravitationnelle, des changements de pression, des efforts demandés et du positionnement du corps. En vieillissant, les disques de la colonne vertébrale s’amincissent normalement peu à peu et ce phénomène pourrait entraîner certains symptômes chez une part de la population.

Plusieurs équipes de chercheurs se sont penchées sur les postures qui permettaient aux disques intervertébraux de se réhydrater et de regagner du volume pendant la journée. On croit que cette information pourrait être utile pour les gens qui présentent de maux de dos liés aux disques intervertébraux, par exemple des lombalgies qui seraient aggravées par la position debout prolongée ou qui s’amplifieraient à mesure que la journée avance. Plusieurs études montrent que les positions en flexion de la colonne vertébrale permettraient un meilleur acheminement des fluides nutritifs vers les disques intervertébraux, ce qui contribuerait à augmenter la hauteur discale. En effet, certains auteurs ont remarqué des gains de hauteur intervertébrale intéressants à la suite d’une période passée couché sur le côté, en position fœtale. Pas étonnant qu’il s’agisse d’une des postures de sommeil à préconiser pour les gens qui souffrent de maux de dos! D’autres recherches ont permis de constater les bienfaits sur la réhydratation des disques du rachis en passant 10 minutes dans une position assise « évachée » contre le dossier d’une chaise. Vous pouvez cesser de réprimander votre adolescent qui s’assied « tout croche ». Contre toute attente, il semble y avoir des bienfaits à cette posture!

 

Stress et douleurs articulaires

Peut-être que vous ne serez pas étonné d’apprendre qu’il existe une relation étroite entre douleurs chroniques et excès de stress. C’est le cas, entre autres, chez les gens qui souffrent de maux de dos persistants. Toutefois, ressentir du stress de temps en temps est non seulement inévitable, c’est aussi très souvent nécessaire, même bénéfique. Dans ce cas, quelles sont les conditions pour que le stress produise des conséquences négatives sur la douleur et sur l’humeur?

Les recherches en la matière nous apprennent que le stress produit des conséquences négatives surtout dans les cas suivants :

  1. Nous nous sentons inadéquats vis-à-vis lui.
  2. Il nous isole de nos proches.
  3. Nous n’arrivons pas à lui attribuer de signification et avons l’impression qu’il est inutile.

 

En prenant conscience de ces éléments, il devient possible de mieux contrôler le stress et de limiter ses effets pernicieux en travaillant sur notre état d’esprit. Voici comment certains auteurs suggèrent de contrecarrer les facteurs énumérés plus haut :

  1. Considérer le stress davantage comme un défi et une occasion de croissance que comme un évènement à connotation uniquement négative.
  2. Utiliser le stress pour se rapprocher de nos proches et pour faire part de nos émotions au lieu de nous renfermer sur nous-mêmes et de nous isoler.
  3. Rechercher des leçons et des apprentissages à tirer des épreuves stressantes. Chercher à comprendre comment on peut se servir de ce stress pour s’élever et devenir une meilleure personne.

Certes, cela demeure plus facile à dire qu’à faire. Il peut être utile d’imprimer ces conditions et de les garder à la vue pour nous en souvenir plus facilement lors des moments de stress. Comme l’anxiété peut nourrir la douleur persistante, il est dans notre intérêt de créer des stratégies afin de se sentir davantage en contrôle.

 

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Vous avez besoin d’aide pour reprendre le contrôle sur vos douleurs en tous genres? Nos professionnels sont là pour vous aider!

 

Références

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Fujiwara A, An HS, Lim TH, Haughton VM. « Morphologic changes in the lumbar intervertebral foramen due to flexion-extension, lateral bending, and axial rotation: an in vitro anatomic and biomechanical study ». Spine (Phila Pa 1976). 2001;26(8):876-882. doi:10.1097/00007632-200104150-00010

McGonigal, K. The Upside of Stress, Penguins, May 10, 2016

Pape JL, Brismée JM, Sizer PS, et al. « Increased spinal height using propped slouched sitting postures: Innovative ways to rehydrate intervertebral discs ». Appl Ergon. 2018;66:9-17. doi:10.1016/j.apergo.2017.07.016

Ponzio DY, Syed UAM, Purcell K, Cooper AM, Maltenfort M, Shaner J, Chen AF. « Low Prevalence of Hip and Knee Arthritis in Active Marathon Runners ». J Bone Joint Surg Am. 2018 Jan;100(2):131–137.

Reinstein M, Weisman A, Masharawi Y. « Barefoot walking is beneficial for individuals with persistent plantar heel pain: A single-blind randomized controlled trial ». Ann Phys Rehabil Med. 2024;67(2):101786. doi:10.1016/j.rehab.2023.101786