Règle numéro un en voyage : protégez votre intestin

Publié le 9 septembre 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

Règle numéro un en voyage : protégez votre intestin

On dénombre de 20 à 50 % des voyageurs dans le monde qui contractent la turista, soit une gastro-entérite aiguë qui se manifeste par de la diarrhée, de la fatigue et des crampes abdominales. Les pays chauds sont considérés comme étant les endroits les plus risqués, mais le Mexique, Cuba et la République dominicaine sont en tête de liste, présentant un risque de développer une diarrhée infectieuse allant jusqu’à 60 %.

 

L’intestin, gage de santé

Rappelons que le côlon est un organe majeur contribuant de façon unique à la santé de l’organisme. Comme c’est à cet endroit que la digestion se termine, il est important d’avoir un intestin en santé qui nous permet d’assimiler les vitamines et minéraux, les acides aminés, les oligo-éléments et les acides gras que nous ingérons dans notre alimentation.

Il faut savoir également que dans le tube digestif d’un individu, on retrouve plus de cent mille milliards de micro-organismes (comprenant surtout les bactéries, mais aussi les levures, les virus et les parasites), soit dix fois plus que le nombre de cellules composant notre corps. On est en réalité composés à 90 % de micro-organismes et à 10 % de cellules humaines. On a longtemps considéré ces micro-organismes comme de simples passagers voyageant dans notre tube digestif. Aujourd’hui, on découvre qu’il existe une interdépendance réelle entre les microbes et nous, et qu’ils accomplissent d’innombrables fonctions dans notre intestin. Un microbiote intestinal équilibré est donc essentiel pour assurer notre santé.

 

Les micro-organismes infectieux

La diarrhée est une réaction naturelle de l’intestin pour évacuer les toxines et pour enrayer toute irritation causée par une infection ou un empoisonnement alimentaire. Mais lorsqu’on parle de diarrhée du voyageur, celle-ci est considérée comme strictement d’origine infectieuse. Elle est plus souvent d’origine bactérienne, soit dans 80 % des cas, mais peut être parfois virale (10 à 20 % des cas) et dans des cas plus rares, parasitaire.

Parmi les infections bactériennes les plus fréquentes, on retrouve Escherichia coli (40 %), les shigellas (15 %) et la salmonelle (10 %). Du côté des virus, le rotavirus, le virus de Norwalk, l’adénovirus, l’astrovirus et l’entérovirus sont les plus problématiques. Finalement, Giardia lamblia (3 %) et le Cryptosporidium sont les principaux parasites responsables de la turista.

Ces microbes peuvent être contractés dans l’air en inhalant tout simplement des gouttelettes de mucus de personnes contaminées qui toussent ou éternuent autour de nous. Ils se trouvent aussi sur divers objets, dont les cellulaires, les rampes d’escalier et les boutons d’ascenseur que l’on touche. Il ne reste qu’à se mettre les mains dans le visage pour déclencher une contamination.

 

La turista et ses complications

Les gens aux prises avec ce problème de santé vivent une détresse intestinale se manifestant surtout par de la diarrhée, et parfois des nausées et des vomissements. Habituellement, ce problème se résout en quelques jours et aucune action n’est nécessaire.

On utilise un antibiotique lors de diarrhées sévères avec présence de douleurs abdominales, de fièvre ou chez la personne fragile. Il vaut mieux consulter un médecin si la diarrhée dure plus de quatre jours, s’il y a du sang dans les selles ou si les selles sont noires, si vous faites une fièvre de plus de 39 degrés Celsius, si vous souffrez de douleurs abdominales sévères, si vous urinez peu ou encore si vous souffrez d’une déshydratation.

Une perte importante de liquides et de minéraux, comme lors d’une diarrhée prolongée, peut entraîner une déshydratation. Celle-ci devient problématique, surtout chez les enfants et les personnes âgées ayant peu de réserves. On remarque alors une bouche et des yeux secs ou creux. La réhydratation est alors nécessaire pour rétablir la personne.

L’hydratation par voie orale est le pilier du traitement de la diarrhée, permettant de réduire les complications. Il est important de boire des liquides clairs comme des bouillons, des jus dilués et des tisanes douces. Tout apport hydrique contenant du glucose, du potassium et du sel peut aider. Les électrolytes perdus lors de la déshydratation peuvent être repris avec des boissons réhydratantes. Par exemple, vous pouvez mélangez 360 ml de jus d’orange à 600 ml d’eau bouillie refroidie, additionnée de ½ c. à thé de sel de mer. Buvez un à deux litres de ce liquide par jour.

 

Quoi faire en situation d’urgence ?

Les règles d’hygiène pour prévenir toute infection intestinale en voyage sont bien simples. Buvez toujours de l’eau embouteillée et évitez les glaçons. Lavez vos mains et les aliments que vous préparez, et évitez les viandes insuffisamment cuites et les fruits et les légumes non cuits. Pelez les fruits et légumes lorsque c’est possible.

Lorsque vous êtes en crise, première règle importante : ne mangez pas d’aliments solides. L’intestin a besoin de repos pour guérir. Un jus de carottes fraîchement pressé et dilué dans une eau pure peut être efficace pour réhabiliter l’intestin. Boire de l’eau de riz est une solution à considérer pour son effet constipant. Mettez quatre cuillères à table de riz dans quatre tasses d’eau. Après 20 minutes de cuisson, recueillez l’eau et buvez-la chaude ou froide.

Buvez des tisanes de camomille ou de menthe poivrée : elles aident à diminuer les crampes, apaisent le tube digestif et arrêtent la diarrhée. Si vous avez des coliques, reposez-vous et appliquez une bouillotte d’eau chaude sur votre abdomen.

Il est nécessaire de nourrir la muqueuse intestinale irritée avec certaines herbes médicinales émollientes, dont la guimauve. Elle combat l’irritation des muqueuses du tube digestif, tout comme l’orme rouge. Le gel d’aloès buvable pris avant chaque repas apaise aussi le tube digestif et est utile en cas de diarrhée.

Ne partez pas sans du charbon activé dans votre trousse, c’est l’antipoison par excellence. Il absorbe les toxines, protège le foie et arrête la diarrhée. Une cuillère à table de bentonite diluée dans une eau de source est une autre option valable pour calmer la muqueuse intestinale.

Lorsque les selles commencent à être mieux formées, on peut réintroduire les aliments solides faciles à digérer, dont des fruits cuits, des soupes, des pommes, des bananes et du riz. Évitez les légumineuses, la viande et les aliments gras, tout comme le café, l’alcool, la nicotine et les produits laitiers à cause de leur effet irritant.

 

Suppléments à apporter dans votre trousse de voyage

Les probiotiques sont une nécessité pour vous assurer d’une flore intestinale saine et vous protéger contre les microbes pathogènes. Les lactobacilles sont les principales souches à utiliser pour coloniser l’intestin et contrôler les germes et les levures présents dans celui-ci. Prenez-en en continu avant, pendant et après le voyage.

L’extrait de pépin de pamplemousse et l’ail peuvent prévenir et combattre une majorité d’infections en empêchant les micro-organismes de s’implanter dans le tube digestif. Également, la berbérine, le noyer noir et l’artémise ont une longue histoire d’utilisation en médecine naturelle pour enrayer les infections parasitaires. Préparez-vous une trousse de voyage comprenant ces herbes et nutriments, à prendre en alternance une semaine avant, pendant toute la durée du voyage et quelques jours après le retour. Vous éviterez ainsi les désagréments d’une turista pouvant vous faire perdre des moments précieux en voyage et surtout transformer vos souvenirs extraordinaires en souvenirs cauchemardesques !

 

RÉFÉRENCES

1.BALCH, Phyllis A. CNC & BALCH James F. M.D. Prescription for nutritional healing, third edition, Avery publishing, New York, 2000.

2.RONA, Zoltan MD. MSc. Encyclopedia of natural healing, Alive Publishing inc, Burnaby BC, 1997.

3.WATSON, Brenda CNC. Skinny gut diet, Harmony Books, New York, 2014.

4.http://www.naturalstandard.com/databases/conditions/all/condition-diarrhea.asp