Renaître après une fausse couche ?

Publié le 13 avril 2017
Écrit par Laurence Sala, naturopathe

Renaître après une fausse couche ?
Bio Strath September

Au québec, environ 20 000 femmes connaissent une fausse couche chaque année.

 

Un chiffre qui fait froid dans le dos… on devrait d’ailleurs dire que ce sont 20 000 couples qui vivent ensemble la déception, l’incompréhension, le deuil d’un petit ange.

Aujourd’hui, je vais vous livrer en toute intimité mon parcours et vous révéler comment trois fausses couches (à différents stades de grossesse) ont changé ma vie.Q

LE DÉNI

En 2013, je perds un petit ange à 6 semaines de grossesse. On n’a jamais entendu son cœur battre, mais la vie avait déjà démarré un processus en moi. L’excitation, la joie, l’espoir d’être maman étaient déjà dans mon cœur.

Je perds cet enfant, je suis dans le bus… en route vers mes racines, vers les terres de ma mère dans la région de Chaudière-Appalaches. C’était troublant, fatigant… et j’essayais de me convaincre que c’était normal. Des femmes ont des saignements durant la grossesse. Alors, selon moi, je fais partie de cette catégorie de femmes à ce moment-là.

Quelques jours plus tard, l’échographie de viabilité ne montre aucune présence de vie. Je m’effondre alors, je prends conscience de la réalité que j’avais refusé de voir dans le bus. Le gynécologue me rassure, me disant que toutes les femmes vivent une fausse couche dans leur vie. À 28 ans, il n’y avait rien à craindre pour la suite. Tout est normal, selon lui.

À ce moment de ma vie, je remets toute ma confiance dans les mains de ce médecin. Je n’avais rien à faire. Aucun acte n’était à poser, aucune réflexion n’était à entreprendre. Ce médecin était comme un dieu, à mes yeux. Lui savait, pas moi.

 

LA CONNEXION À SON CORPS

Trois mois après cette fausse couche, je tombe enceinte de nouveau. Le médecin avait raison : on est jeune, on est en santé, ça va marcher.

Je décide de vivre cette grossesse normalement. Je ne m’inflige pas de stress outre mesure, je continue de faire du ski de fond et de la raquette… à mon rythme, bien entendu.

On dépasse le cap des six semaines de grossesse. Comme il n’y a aucun signe préalable d’une fausse couche, on décide de ne pas faire d’échographie de viabilité. On vit le moment présent. On a confiance en la science et la médecine.

À 11 semaines, quelques petits saignements apparaissent. On décide d’aller aux urgences de l’hôpital juif de Montréal. Vient alors la confrontation au monde médical et son absence d’humanité qu’il peut avoir parfois. On se retrouve seul à attendre le triage. Nous ne sommes pas prioritaires : ma vie n’est pas en jeu.

Lorsque je rencontre l’infirmière, elle me dit: « C’est une fausse couche, assurément. Ça arrive. C’est normal. Mais ne vous inquiétez pas, on va faire une échographie. » La colère monte : en quoi est-ce normal de perdre un enfant ? Comment cette absence d’empathie ne lui frappe pas au visage ?

On attend… encore longtemps… avant de faire une première échographie. L’urgentologue n’est pas sûr. Il nous propose de revenir demain rencontrer un gynécologue.

La nuit est alors pleine d’espoir ! Il y a encore une présence de vie en moi. Quant à mon conjoint, il est perdu. Ni optimiste ni pessimiste, il préfère attendre le lendemain.

Sa sagesse avait raison : l’examen révèle qu’une fausse couche est en train de s’opérer. On me propose alors un curetage dans la journée même. Ayant envie de passer à autre chose, j’accepte de passer sur la table d’opération et d’effacer cette grossesse.

On attend la journée entière aux urgences. Aucun anesthésiste n’est disponible. On vit alors une journée de larmes, de remise en question, de partage… dans la salle d’attente. À 21 h, je rejoins le bloc opératoire. À 23 h, je sors de l’hôpital. Une nouvelle vie commence. Je ne suis plus enceinte.

Les mois qui suivent cette fausse couche sont intenses. Je prends conscience de mon corps. Je me connecte à lui. Je veux lui apporter de l’amour… et non de la colère, de la culpabilité et de la haine.

Lors d’un rendez-vous de suivi avec mon gynécologue, je lui parle de la naturopathie, d’une alimentation spécifique pour la fertilité, du pouvoir guérisseur des plantes et des huiles essentielles. À ce moment-là, il n’est pas du tout ouvert à cette pratique… mais il ne me propose pas de solution non plus.

Cette rencontre est un point tournant dans ma vie personnelle et dans ma vie de thérapeute. Je mets alors à profit tout ce que j’ai appris pour retrouver l’équilibre de mon corps, pour le nourrir, pour le nettoyer.

Je tombe enceinte six mois plus tard… et je donne alors naissance en 2015 à une petite fille merveilleuse. Mon rêve de devenir maman étant atteint, je me sens (encore) remplie d’amour et de gratitude pour ce corps et cette nature si bien faite.

 

L’APPEL DU CŒUR

Bébé-surprise pointe le bout de son nez, en 2016. Avoir un 2e enfant était dans nos projets, mais pas si vite. La naturopathie me prouve encore une fois le soutien physique qu’elle peut apporter en permettant au corps de donner la vie.

Mais mon cœur s’interroge sur la maternité. Est-ce le bon moment ? Suis-je prête ? Est-ce que j’accepte de mettre de côté ma vie professionnelle et ma vie de femme quelque temps ? Ce sont des questions qui m’ont traversées l’esprit… sans être un dilemme.

Les échographies de 6 et 12 semaines sont excellentes. Nous attendons une deuxième petite fille. Son cœur bat bien. On décide de l’appeler Alice.

Lors d’un suivi à 18 semaines, on n’entend plus son cœur. Aucun signe ne faisait pressentir une mort in utero. Personne ne soupçonnait que cette âme avait fait son chemin.

S’ensuivent alors des examens et un curetage. On me laisse face à l’échographie de ma fille pendant deux heures. Deux heures de larmes, d’incompréhension, de résistance, de colère envers la naturopathie aussi. Qu’ai-je oublié de prendre ? Comment ai-je pu passer à côté alors que je suis spécialisée dans ce domaine ? Que vont penser mes collègues, mes clients ?

Pour m’aider à atterrir de cet événement, je décide de me connecter et de partir en retraite de yoga pendant que mon conjoint et ma fille sont en voyage (voyage initialement prévu et que je ne voulais pas leur enlever à tous les deux). Mes intentions sont alors de libérer mes émotions, de laisser aller Alice, de me choisir, de me retrouver.

Trois jours où la magie s’est opérée en pleine nature. Trois jours où j’ai eu la chance d’être entourée de personnes exceptionnelles, de sortir de ma zone de confort, de renouer avec la musique, ma voix et la danse. D’ouvrir mon cœur. De respirer. De vivre. D’être moi à 100 %.

J’écris ce texte 15 jours après cette dernière fausse couche… et je suis pleine de gratitude. J’ai le cœur rempli de joie et de paix. Je me sens à ma place, dans mon cœur, dans mon corps. J’accueille la vie telle qu’elle est. Je vis l’instant présent pleinement.

Je comprends alors que les plantes me nourrissent, mais mon cœur aussi. La naturopathie soutient le corps physique, mais les corps émotionnel et énergétique sont tout aussi importants.

Tout est parfait. Tout est aligné. Je suis prête à être moi, à naviguer, à recevoir… à danser la vie.

Le Québec est mon pays de cœur depuis ma naissance. Mais trois ans après avoir choisi de revenir vivre ici, je me sens (enfin) enracinée. Alors, je dis merci à la vie. Elle est pleine de joies et d’épreuves pour grandir, cheminer et être soi-même. Je vous souhaite à votre tour de vous connecter à votre corps et à votre cœur.