Rétrospective des découvertes de l’année en santé

Publié le 20 novembre 2018
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.

Rétrospective des découvertes de l’année en santé
Bio-Strath Novembre

L’année 2018 tire bientôt à sa fin. Rapidement, le temps des fêtes sera à nos portes et, avec lui, le bon temps en famille, les réjouissances et le repos pour recharger nos batteries.

 

C’est aussi le moment idéal pour effectuer une rétrospective de l’année. Voici donc une sélection des découvertes intéressantes dans le domaine de la santé qui ont eu lieu dans les derniers mois.

 

Un regard plus éclairé sur la dyslexie

Partout dans le monde, plusieurs enfants dyslexiques se découragent d’apprendre à lire et à écrire. En effet, les personnes atteintes de dyslexie éprouvent des difficultés en lecture et en écriture. Ils confondent des lettres comme le b et le d ou le p et le q. Ce trouble de l’apprentissage largement répandu touche près de 700 millions de personnes. Malheureusement, son mécanisme est encore mal compris. Jusqu’à présent, les chercheurs ont analysé des hypothèses liées à des causes génétiques et neurologiques. Or, deux physiciens français ont apporté récemment une nouvelle hypothèse sur la table : une différence d’origine anatomique pourrait être en cause.

Ces physiciens spécialisés dans la vision ont étudié attentivement l’anatomie des yeux de personnes dyslexiques pour les comparer à celle de gens ne présentant pas ce trouble. Leur découverte fut étonnante. Selon leurs recherches, une anomalie située au niveau de la fovéa, la partie postérieure de l’œil, pourrait expliquer les difficultés des personnes atteintes de dyslexie. En effet, en plein centre de la fovéa, il existe une zone d’à peine un millimètre de diamètre appelée « tache de Maxwell ». Alors que ces taches sont asymétriques dans chaque œil chez les non-dyslexiques, elles seraient parfaitement symétriques chez les gens présentant le trouble d’apprentissage.

Les chercheurs ont associé ces taches à la fonction d’œil dominant. Ainsi, en présentant des taches de Maxwell symétriques dans chaque œil, ce serait comme si les dyslexiques n’avaient non pas un, mais bien deux yeux dominants ! Cette double dominance engendrerait une surcharge d’informations dans la zone du cerveau traitant la vision et serait à l’origine des fameuses images miroirs rendant le décodage des lettres plus difficile.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour tirer des conclusions de cette étude, il s’agit d’une hypothèse intéressante. Elle permettrait peut-être, entre autres, de mettre au point des lampes de lecture permettant de corriger le trouble de dyslexie des gens atteints de ce trouble d’apprentissage.

 

Un implant au cerveau pour améliorer la mémoire

Dans une expérience rapportée par le journal Nature, des scientifiques auraient réussi à améliorer la performance des participants d’environ 15 % lors de différents tests de mémorisation grâce à l’utilisation d’un implant au cerveau. L’impact de cette étude est immense, car on estime justement à 15 % le pourcentage des pertes de mémoire provoquées par la maladie d’Alzheimer sur une période de deux ans et demi.

Le fonctionnement de cet implant ressemble à celui d’un stimulateur cardiaque, mais pour le cerveau : l’appareil autonome envoie des impulsions électriques au cortex lorsque ce dernier peine à chercher de l’information. Il se désactive cependant lors d’une activité plus normale. Cette technologie a été mise au point à la suite de nombreuses années de travail de scientifiques décodant les signaux de l’encéphale. L’expérience est financée par le Département de la défense américain, qui y a investi jusqu’ici plus de 70 millions de dollars. Leur objectif ? Trouver des traitements aux blessures traumatiques du cerveau chez les vétérans des guerres de l’Afghanistan et de l’Iraq.

Mais cette expérience et ses répercussions pourraient se révéler aussi cruciales pour des troubles comme la démence, la maladie d’Alzheimer, les déficits d’attention, etc. Des implants autonomes similaires, mais aux objectifs différents, sont utilisés depuis plusieurs années pour bloquer l’activité anormale du cerveau, notamment chez les gens souffrant d’épilepsie ou de la maladie de Parkinson.

Le Dr Edward Chang, professeur de neurochirurgie de l’Université de la Californie, est optimiste : « Une approche très similaire d’appareil autonome modulant l’activité du cerveau pourrait être adaptée dans le futur pour d’autres motifs. On peut penser par exemple au traitement de la dépression ou de l’anxiété. »

 

Les médicaments antidouleur en vente libre jouent-ils avec votre tête ?

Les médicaments en vente libre couramment utilisés pour atténuer la perception de douleur, comme l’ibuprofène et l’acétaminophène, pourraient-ils influencer la psychologie de ceux qui les utilisent ? C’est une question qu’explore un récent article du magazine scientifique Brain Science de février dernier. Après l’analyse de plusieurs recherches réalisées entre 2010 et 2016, les responsables de l’étude ont conclu qu’il y a raison de croire que la prise de ces analgésiques pourrait influencer des traits humains tels que l’empathie, la sensibilité aux expériences douloureuses émotionnellement et la capacité à traiter l’information.

« Ces médicaments courants agissent sur des zones du cerveau qui s’occupent de gérer à la fois la douleur physique et la douleur socioémotionelle », soutient Kyle Ratner, le responsable de l’étude et professeur adjoint au Département de psychologie de l’Université de la Californie à Santa Barbara. « Bien que d’autres recherches demeurent nécessaires, on peut émettre l’hypothèse que ces médicaments destinés à réduire la douleur physique pourraient aussi modifier les perceptions socioémotionnelles. Les implications de ces recherches sont importantes, car il s’agit de médicaments largement consommés dont les effets sont complexes. Nous verrons prochainement de plus en plus d’études sur les liens entre l’inflammation et la psychologie des gens ».

 

Une consommation d’alcool modérée pourrait augmenter la fertilité chez l’homme

Je vous rassure, il ne s’agit pas d’un de ces articles un peu douteux des médias sociaux qui mentionne que boire un verre de vin peut remplacer 30 minutes d’activité physique par jour ! En revanche, les résultats de cette étude de juillet dernier portant sur 323 hommes adultes et parus dans la revue Andrology jettent un regard nouveau sur la relation entre la consommation d’alcool et la fertilité masculine.

Traditionnellement, les médecins recommandent aux hommes qui souhaitent devenir pères de limiter leur consommation d’alcool, puisqu’il a déjà été démontré depuis longtemps qu’une consommation excessive peut réduire le nombre de spermatozoïdes. Cependant, cette nouvelle recherche est arrivée à la conclusion que les hommes qui consommaient de quatre à sept boissons alcoolisées par semaine présentaient un taux de spermatozoïdes plus élevé que les groupes qui consommaient plus d’alcool OU moins d’alcool. En effet, après avoir éliminé de l’équation les facteurs connus qui endommagent la qualité du sperme, comme fumer la cigarette, consommer beaucoup de caféine et avoir un mode de vie sédentaire, les scientifiques en sont venus à la conclusion qu’une consommation d’alcool modérée permettrait d’augmenter la quantité de spermatozoïdes et le volume total du sperme chez les participants.

Bien sûr, il ne faut pas oublier que pour favoriser la fertilité chez l’homme, d’autres variables jouent un rôle plus important que la quantité d’alcool consommée par semaine. Par exemple, faire de l’exercice, avoir une alimentation riche en fruits et légumes variés, dormir suffisamment et éviter de prendre des bains chauds trop souvent.

 

RÉFÉRENCES

Le Floch, Albert, et Guy Ropart. « Left-right asymmetry of the Maxwell spot centroids in adults without and with dyslexia », Proceedings of the Royal Society.

Ezzyat et coll. « Closed-loop stimulation of temporal cortex rescues functional networks and improves memory », Nature Communications, février 2018.

Ricci, E. « Alcohol intake and semen variables: cross-sectional analysis of a prospective cohort study of men referring to an Italian Fertility Clinic », Andrology, juillet 2018.