Publié le 20 novembre 2019
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.
Déjà, l’an 2020 est à nos portes. Depuis quelques années, j’aime terminer l’année en cours en rédigeant une petite chronique qui permet de donner un peu de visibilité à différentes études publiées récemment en matière de santé. Je crois que ces dernières pourront intéresser plusieurs d’entre vous. Bonne lecture !
L’injection de cortisone pour les douleurs liées à l’arthrose du genou une pratique à revoir ?
Dans une étude clinique portant sur 140 personnes présentant de l’arthrose au genou accompagnée de douleur, les chercheurs ont voulu comparer les effets d’un glucocorticoïde (cortisone) appelé « triamcinolone » par rapport à l’injection d’une simple solution saline. On s’intéressait au niveau de douleur rapporté par les participants ainsi qu’à l’épaisseur du cartilage à l’intérieur de leurs genoux. La moitié des patients recevait donc une injection de 40 mg de triamcinolone tous les 3 mois pendant 2 ans, tandis que l’autre moitié recevait une injection d’eau saline. Fait intéressant : les seuils de douleur rapportés par les participants de l’un ou l’autre des groupes après deux ans étaient équivalents.
En revanche, les participants recevant des injections de triamcinolone ont vu la vitesse de détérioration de leur cartilage du genou s’accélérer. Vous avez bien lu. Les scientifiques concluent leurs recherches en mentionnant que leurs conclusions ne supportent pas l’utilisation de cortisone sur une base régulière dans la prise en charge des patients avec douleur au genou et arthrose1. Il est logique de penser que l’injection régulière de ces puissantes molécules anti-inflammatoires puisse en effet nuire à la réaction naturelle de l’organisme qu’est l’inflammation, dont le rôle est de régénérer les tissus. L’étude portait sur les genoux, mais il ne serait pas surprenant d’observer des résultats similaires pour des injections répétées d’anti-inflammatoire dans d’autres articulations. Sur une note plus positive, de nombreuses études ont, quant à elles, prouvé l’efficacité de l’exercice physique pour réduire les inconforts liés à l’arthrose du genou (Age berg et autres, 2010 ; Juhl et autres, 2014). Et ces résultats positifs pourraient bien s’expliquer par la découverte suivante…
La compression des articulations lors de l’exercice prévient la détérioration du cartilage
Une étude de 2019 publiée dans la revue scientifique Osteoarthritis and Cartilage a permis de mettre en lumière une découverte étonnante. De petites structures cellulaires aussi minuscules que des cheveux et appelées « cils primaires » (primary cilia) seraient responsables de certains bénéfices de la pratique régulière d’activité physique.
En effet, durant l’exercice, les cartilages dans les articulations comme la hanche et le genou se retrouvent comprimés. Ces pressions mécaniques sont détectées par les cellules ciliaires dans le cartilage. Ces dernières réagissent en bloquant l’action de molécules pro-inflammatoire que l’on associe à des conditions dégénératives comme l’arthrose. Les chercheurs ont conclu : « ces découvertes permettent de mieux comprendre le mode d’action et l’effet préventif de l’exercice physique sur des conditions dégénératives comme l’arthrose du genou et de la hanche. Elles pourraient aussi peut-être permettre d’expliquer davantage le mécanisme qui fait que l’exercice prévient le développement de maladie cardiovasculaire comme l’athérosclérose et les anévrismes. »
Mentionnons que, pour l’obtention de bénéfices importants pour la santé allant de la santé cardiovasculaire à la prévention de la perte des capacités cognitives chez les aînés, l’Organisation mondiale de la santé recommande un minimum de 150 minutes par semaine d’activité physique modérée (marche, randonnée, jardinage, etc.) ou 70 minutes par semaine d’exercices vigoureux (conditionnement physique, course, etc.).
L’alignement de la rotule ne permet pas de prédire si une personne présente des douleurs au genou ou non
L’alignement patello-fémoral fait référence à la position de la rotule par rapport à la trochlée du fémur (os de la cuisse). On sait depuis longtemps que cet alignement peut être très variable chez différents individus. Dans le domaine médical et de la réhabilitation, on a cependant longtemps pensé qu’il y avait une position « idéale » pour cet alignement et que des variations de cette position pouvaient prédisposer à développer de la douleur au genou. Or, il semble que ce ne soit pas le cas du tout. Ce sont les résultats auxquels sont parvenus une équipe de chercheurs. Ils ont réalisé une revue de la littérature et publié leur résultat en juin dernier. Selon leurs recherches, toutes sortes de genoux en santé présenteraient toutes sortes d’alignements patello-fémoraux différents. Plusieurs recherches ont permis de démontrer que la réalisation d’exercices de renforcement pour les muscles des hanches et de la cuisse représente la modalité de choix pour la plupart des conditions touchant le genou comme le syndrome fémoro-patellaire ou l’arthrose. Il semble cependant que l’alignement patello-fémoral ait peu d’importance dans le processus qui permet au participant de ressentir moins de douleur.
De plus grosses « bosses » derrière la tête chez les jeunes : résultat d’une exposition précoce aux téléphones intelligents ?
Le saviez-vous ? À la jonction entre votre crâne et votre cou se trouve un petit relief osseux appelé « protubérance occipitale » (le point culminant étant nommé « inion »).
Vous pourrez probablement le palper en appuyant délicatement derrière votre crâne. Chez certaines personnes, cette protubérance est un peu plus développée que chez d’autres.
Or, une tendance paraît se dessiner pour ce relief osseux singulier. L’organisme humain possède une capacité d’adaptation phénoménale. Notre crâne semble s’adapter lui aussi à la nouvelle technologie et aux demandes que ces dernières lui imposent. C’est du moins la conclusion des recherches de 2016 et de 2018 du scientifique David Shar de l’Université Sunshine Coast, en Australie.
Avec son équipe, ce dernier a étudié les radiographies crânienne et cervicale de sujets ayant entre 18 et 30 ans pour les comparer avec celles de sujets plus âgés. Résultats : 41 % des jeunes de son échantillon de 218 présentaient une excroissance à la base de la tête d’au moins 20 mm de long. Selon l’expert, la taille, de même que la fréquence à laquelle il remarque des protubérances occipitales très développées sont en croissance chez les jeunes depuis les dix dernières années.
Pour le scientifique, ces calcifications osseuses appelées « enthésophytes » sont plus présentes et plus massives qu’avant de par l’utilisation croissante des jeunes de la technologie. En effet, la protubérance occipitale est le point d’ancrage du ligament nucal et du muscle trapèze supérieur, des structures qui servent à soutenir notre tête et notre cou. En sollicitant davantage ces muscles et ces ligaments, nous encourageons notre organisme à accroître la solidité de la région pour économiser de l’énergie. « Puisqu’elle se développe au fil du temps, cette croissance osseuse est fréquente chez les sujets plus âgés. Cependant, nous ne la retrouvions pas aussi souvent chez les jeunes auparavant. »
L’utilisation excessive des écrans avec le cou placé en flexion peut apporter des inconforts au cou et au dos, des maux de tête, de la fatigue visuelle, etc. Le développement de la protubérance occipitale pourrait bien être une tentative de notre organisme de se renforcer pour être plus efficace dans cette position.
RÉFÉRENCES
FU et autres. « Mechanical loading inhibits cartilage inflammatory signalling via an HDAC6 and IFT-dependent mechanism regulating primary cilia elongation », Osteoarthritis and cartilage, 2019.
HOCHREITER et autres. « Healthy knees have a highly variable patellofemoral alignment », Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy, juin 2019.
MCALINDON, Timothy et autres. « Effect of Intra-articular Triamcinolone vs Saline on Knee cartilage Volume and Pain in Patients with Knee Osteoarthritis, a randomized clinical trial », JAMA, 2017.
SHAHAR et autres. « Prominent exostosis projecting from the occipital squama more substantial and prevalent in young adult than older age groups », Nature, février 2018.