Soutien aromatique de la (péri)ménopause

Publié le 10 avril 2021
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc., en collaboration avec Sarah Milon, stagiaire en aromathérapie scientifique

Soutien aromatique de la (péri)ménopause
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La ménopause constitue une étape importante dans la vie d’une femme et peut s’avérer une période de grandes transformations physiques et psychologiques positives. Heureusement, pour aider à faciliter cette transition et à diminuer aussi les symptômes désagréables qui peuvent l’accompagner, la nature regorge de plantes aromatiques et médicinales endocrinorégulatrices.

 

Afin de mieux comprendre la physiologie de la ménopause, il est utile de se remémorer celle des menstruations. 

Phase folliculaire

La première phase des menstruations, appelée « phase folliculaire », s’étend du premier jour des menstruations jusqu’à l’ovulation. À la fin des règles, l’hypophyse, petite glande située dans le cerveau, se met à sécréter l’hormone folliculostimulante (FSH) qui stimule la croissance des follicules ovariens. Durant sa croissance, le follicule produit des œstrogènes, permettant à l’endomètre d’épaissir et de se gorger de sang en vue de préparer l’utérus à accueillir un embryon. À son tour, l’hormone lutéinisante (LH) commence à augmenter, provoquant ainsi la libération de l’ovule. La LH stimule également la production de testostérone, ce qui a comme effet d’augmenter le désir sexuel de la femme. Il s’agit du point culminant du cycle ovulatoire. 

 

Ovulation

À sa naissance, une femme possède en moyenne 1 million d’ovules en réserve. Elle en a 300 000 à la puberté et entre 300 et 1000 à la ménopause. 

L’ovule mature est normalement libéré au 14e jour du cycle et migre dans la trompe de Fallope, où la fécondation peut avoir lieu s’il y a présence de spermatozoïdes. Si l’ovule n’est pas fécondé, il se désintègre environ 24 à 36 heures plus tard. De son côté, après avoir libéré l’ovule, le follicule se referme et se transforme en corps jaune. 

 

Phase lutéale

Après la libération de l’ovule, les taux de FSH et de LH diminuent, alors que le corps jaune, lui, commence à sécréter de la progestérone (progestation). Si fécondation il y a eu, cette dernière préviendra le déclenchement des menstruations et l’évacuation de l’endomètre, sinon le corps jaune se désintégrera, ce qui aura comme effet de diminuer la production de progestérone, occasionnant ainsi le déclenchement des menstruations.

 

Cycles menstruels

Habituellement, les menstruations débutent vers l’âge de 13-14 ans et cesseront entre 45 et 55 ans. Une femme aura ainsi environ entre 450 et 550 cycles ovulatoires durant sa vie. Les menstruations s’étalant environ sur 5-6 jours, cela représente ainsi environ 27 00 jours ou 7 ans de menstruations. 

 

Étapes de la ménopause

Pour que la ménopause soit officielle (méno : menstruations, pause : arrêt), les menstruations doivent avoir cessé depuis 12 mois. Cette étape s’accompagne d’une baisse de la production d’œstrogènes et de progestérone, et représente la fin des fonctions reproductives chez la femme. 

 

Œstrogènes

Le principal œstrogène produit jusqu’à la ménopause est l’estradiol. Il s’agit d’un type d’œstrogène très puissant qui est remplacé pendant la périménopause par un type moins vigoureux appelé « estrone », produit par les ovaires et les réserves adipeuses. 

 

Périménopause

Bien que la ménopause occasionne des désagréments physiques et psychologiques chez de nombreuses femmes, c’est plutôt durant les cinq années précédentes, soit durant la périménopause, que ces désagréments sont souvent beaucoup plus prononcés. C’est pendant cette période que les cycles menstruels deviennent de plus en plus irréguliers en raison du fait que les taux d’œstrogènes et de progestérone commencent à diminuer. En réponse, l’hypophyse se met à sécréter de plus en plus de FSH afin de pallier cette baisse hormonale et de maintenir les fonctions reproductives des ovaires actives. Une femme est dite ménopausée lorsque ses taux de FSH sanguins atteignent au moins 30 UI/litre.    

Contrairement aux idées reçues, ce n’est habituellement pas la baisse d’œstrogènes qui causent les premiers symptômes de périménopause, mais bien celle de la progestérone. Il est en effet normal que ce soit cette hormone qui commence à diminuer, puisqu’elle est directement reliée aux fonctions reproductives. Quant aux œstrogènes, ils peuvent même augmenter dans certains cas avant de commencer, eux aussi, à diminuer. 

 

Symptômes de la (péri)ménopause

  • Baisse de libido
  • Bouffées de chaleur (50-80 % des femmes en souffrent)
  • Douleurs osseuses et articulaires
  • Fatigue
  • Hirsutisme
  • Migraines
  • Prise de poids
  • Sécheresse de la peau et des muqueuses
  • Sueurs nocturnes
  • Troubles cognitifs (baisse de la mémoire et de la concentration)
  • Troubles de l’humeur (irritabilité, tristesse, anxiété)
  • Insomnie 
  • Troubles urinaires

 

Symphonie hormonale

Lors de la ménopause, on pense prioritairement aux ovaires, mais c’est l’équilibre de l’ensemble du système endocrinien qu’il est important d’assurer, notamment celui des glandes surrénales. En effet, à partir de la périménopause, les surrénales vont produire davantage de cortisol et vont prendre la relève de la production d’œstrogènes, alors que les ovaires se mettent graduellement au repos. Cette charge additionnelle de travail peut être lourde, si les surrénales sont déjà épuisées, aussi est-il important d’y remédier (voir l’article sur ce sujet dans le numéro de janvier 2021 de VQ). 

 

Facteurs de risque  

Plusieurs facteurs de risque peuvent occasionner ou aggraver les symptômes de (péri)ménopause :

  • La sédentarité
  • Une alimentation déficiente
  • Le surmenage
  • Le stress chronique
  • Le manque de relations sociales significatives

 

Ces facteurs de risque, en plus de rendre l’expérience de la ménopause plus difficile, peuvent mener au développement d’ostéoporose, de troubles vasculaires et neurodégénératifs. 

Dans le but de trouver des solutions pour gérer les symptômes de la périménopause et pour remplacer l’hormonothérapie, de plus en plus de femmes se tournent vers les médecines complémentaires et les produits naturels. 

 

Voici quelques recommandations afin de rendre cette transition des plus fluides possible.  

Alimentation

S’assurer de consommer quotidiennement des aliments riches en isoflavones, en lignanes et en coumestrols, des sources naturelles de phytoestrogènes présentes dans les graines de lin, le soja et le tofu, le sésame, les pois chiches, les abricots séchés, le fenouil et les crucifères (brocoli ; chou-fleur ; choux rouge, vert et de Bruxelles). 

 

Bouger !

S’adonner quotidiennement à au moins 45 minutes d’une variété d’exercices physiques agréables (marche, natation, tai-chi, Qigong, yoga, escalade, ski de fond, raquette, etc.) qui auront de nombreux effets positifs sur la santé, notamment de réduire le stress, de renforcer les os et le cœur, de normaliser la glycémie et d’induire un sommeil réparateur. 

 

Entretenir des amitiés significatives

De plus en plus d’études démontrent les bienfaits des relations sociales sur le maintien de la santé physique et émotionnelle. Elles seraient même aussi importantes que l’arrêt du tabac et l’exercice physique sur la santé du cœur ! Les amitiés auraient également comme effet de stimuler la production d’ocytocine, une hormone qui induit une sensation de calme et de bien-être, sensations importantes dans le maintien de l’équilibre hormonal. 

 

Plantes médicinales

Plusieurs plantes aromatiques et non aromatiques possèdent la propriété d’équilibrer les hormones féminines. Elles ont tendance à être qualifiées de phytoestrogènes. Cette façon de les nommer porte cependant à confusion, puisque cela sous-entend qu’elles stimulent la production d’œstrogènes dans le corps alors qu’elles ont plutôt comme action de les équilibrer. Il s’agit d’une notion importante qui fait référence aux propriétés normalisantes de ces plantes, qui s’avèrent utiles autant lorsque les taux d’œstrogènes sont bas que lorsqu’ils sont élevés. En ce sens, je préfère les appeler des « plantes adaptogènes estrogéniques » :

  • Actée à grappes noires
  • Angélique (Don Quai)
  • Houblon
  • Sauge officinale
  • Trèfle rouge

 

Elles peuvent être consommées en infusions, en teintures mères ou en comprimés, selon la sévérité des désagréments physiques et psychologiques de la ménopause. 

Quant au vitex, il s’agit d’une plante très intéressante lorsque ce sont les fluctuations dans le taux de progestérones qui causent des manifestations désagréables. Rappelons qu’il s’agit de la première hormone qui diminue lors de la périménopause et qui est souvent en cause dans la manifestation des premiers symptômes.  

 

Trousse d’huiles essentielles de la (péri)ménopause

Les huiles essentielles authentiques, biologiques et chéotypées s’avèrent d’un grand secours dans la gestion des désagréments reliés à la (péri)ménopause par leurs propriétés tant endocrinorégulatrices que tonifiantes, calmantes et sédatives.    

Tonifiantes cérébrales Tonifiantes surrénaliennes Adaptogènes œstrogéniques Adaptogènes progestéroniques Calmantes sédatives Toniques sexuelles
Anis vert et étoilé XXX
Cannelle vraie (éc.) XXX
Citron (z) XXX
Épinette noire XXX XXX
Fenouil XXX
Lavande vraie XXX
Mandarine (z) XXX
Menthe poivrée XXX XX
Niaouli XXX
Petitgrain bigaradier XXX
Romarin à cinéole XXX
Sapin baumier XXX XXX
Sauge officinale XXX
Sauge sclarée XXX
Verveine des Indes XXX
Vitex  XXX
Ylang-ylang XXX XXX

 

Formules aromatiques 

Baisse de libido

  • 100 ml huile végétale de noyau d’abricot
  • 40 gouttes d’huile essentielle de petitgrain bigaradier
  • 15 gouttes d’huile essentielle de ylang-ylang
  • 5 gouttes d’huile essentielle de cannelle vraie (éc.)

Mélanger tous les ingrédients ensemble dans une bouteille opaque. Bien remuer. Verser quelques gouttes dans la main et masser le bas du ventre et les avant-bras avant une soirée amoureuse. Peut sublimement servir d’huile à massage ou à bain.  

 

Équilibrante hormonale (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes)

  • 40 gouttes d’huile essentielle de sauge sclarée
  • 40 gouttes d’huile essentielle de vitex
  • 30 gouttes d’huile essentielle d’anis vert
  • 30 gouttes d’huile essentielle de niaouli
  • 10 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée

Verser les huiles essentielles dans une bouteille codigoutte de 5 ml. Bien remuer. Appliquer 5 gouttes sur la région ovarienne 3 fois par jour (jusqu’à 6 fois par jour) en incluant 1 application avant d’aller au lit. 

 

Tonifiante (fatigue, baisse de concentration et de mémoire)

  • 50 gouttes d’essence de zeste de citron
  • 50 gouttes d’huile essentielle de romarin à cinéole
  • 50 gouttes d’huile essentielle de sapin baumier

Verser les huiles dans une bouteille codigoutte de 5 ml. Bien remuer. Diffuser 15 gouttes dans un diffuseur ou nébulisateur durant 20 minutes, 2 fois par jour. 

 

Apaisante, sédative (anxiété, insomnie, irritabilité)

  • 70 gouttes d’essence de zeste de mandarine 
  • 50 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie
  • 30 gouttes d’huile essentielle de verveine des Indes

Verser les huiles dans une bouteille codigoutte de 5 ml. Bien remuer. Diffuser 15 gouttes dans un diffuseur ou nébulisateur durant 20 minutes, 2 fois par jour, dont 1 fois avant d’aller au lit. 

La (péri)ménopause est une étape normale et importante dans la vie d’une femme, et il serait malheureux de la réduire à un problème de santé. Au contraire, il peut s’agir pour les femmes d’une grande période d’affranchissement, aux niveaux tant physique qu’émotionnel. La nature regorge de solutions pour faire face aux désagréments qui l’accompagnent et l’accueillir avec bienveillance !