Stratégies naturelles pour soutenir votre immunité

Publié le 15 mai 2020
Écrit par Chantal Ann Dumas, nd.a.

Stratégies naturelles pour soutenir votre immunité

Le système immunitaire (si) constitue le système de défense du corps humain contre les substances qui menacent son intégrité et sa survie.

 

Lorsqu’il est en bonne santé et qu’il dispose de toutes les substances nutritives dont il a besoin, il a plus de chances de combattre efficacement les infections (virus, bactéries, champignons, parasites), le cancer et la présence de corps étrangers. À la lumière des récents événements, beaucoup ont compris l’importance d’avoir un SI performant, alors explorons ensemble quelques stratégies naturelles éprouvées et documentées scientifiquement afin d’optimiser nos défenses naturelles.

Des paradigmes différents

En médecine conventionnelle, l’accent est mis sur les facteurs d’agression potentiels qu’on cherche à combattre grâce aux médicaments, aux vaccins et aux autres traitements. Cette approche, qui repose sur l’administration de substances actives – médicaments ou autres – visant à contrecarrer les effets ou les symptômes des maladies, est dite allopathique. On reproche parfois à ce type de médecine d’être réductionniste, c’est-à-dire qu’elle tend à expliquer un phénomène en le divisant en parties ou en compartiments.

Pour leur part, les approches « vitalistes » telles que la naturopathie ont comme pierre d’assise la notion d’énergie vitale, cette force intangible qui circule et anime tout le corps. Selon ce paradigme, l’énergie vitale doit circuler de manière harmonieuse et équilibrée pour conserver la santé. Lorsque son flux est perturbé par différents facteurs tels que le stress, une mauvaise alimentation ou un problème émotionnel, le corps va subir un déséquilibre pouvant mener à son affaiblissement, voire à la maladie. Les approches vitalistes sont aussi dites holistiques, car elles prennent en considération l’individu dans sa totalité, incluant bien sûr le corps physique, mais aussi les aspects psychosociaux, écologiques et énergétiques.

Au cœur du paradigme vitaliste des approches holistiques se trouve la notion de terrain. Ce dernier est formé de l’interaction d’un ensemble complexe d’éléments, incluant notre constitution, notre tempérament et notre diathèse. Certains aspects du terrain comme nos prédispositions héréditaires sont innés, mais nous pouvons influencer les autres via les facteurs naturels de santé tels que l’alimentation et la pratique de l’activité physique. En somme, le terrain est l’état d’un individu à un moment précis, défini par son milieu interne, par son état psychologique et par la relation qu’il établit avec son milieu de vie physique et social. C’est le terrain qui explique la disposition générale d’une personne à réagir de manière différente face à des affections similaires.

Nous avons tous déjà pu observer que devant un même microbe, certains individus développent des pathologies alors que d’autres restent en pleine santé.

Le point commun des différentes approches de santé complémentaire ancrées dans les médecines traditionnelles, c’est qu’elles ne cherchent pas simplement à supprimer les symptômes, mais plutôt à identifier la cause du déséquilibre qui est unique à chaque personne, et elles tentent d’y remédier via des moyens et des techniques naturels éprouvés. Cette distinction est très importante, car elle explique pourquoi les praticiens de ces approches mettent l’accent sur la prévention et la correction du terrain plutôt que sur la recherche de remèdes ou de vaccins pouvant supprimer les manifestations ou les symptômes de maladies. Ces deux paradigmes, en apparence diamétralement opposés, ne doivent cependant pas être compris comme étant mutuellement exclusifs. Le fonctionnement optimal du système immunitaire est essentiel pour se défendre contre tous les types d’infections, du rhume léger à la grippe dangereuse et à la pneumonie potentiellement mortelle. Lorsqu’il n’y parvient pas, on doit avoir recours aux médicaments et autres interventions – naturels ou pharmacologiques – pour retrouver la santé.

 

Les interventions décrites ne sont pas validées spécifiquement pour contrer la COVID-19.

Elles ne constituent pas un avis médical et ne doivent pas remplacer les mesures proposées par la santé publique telles que le lavage des mains. Si vous ressentez des symptômes, contactez le 811 ou votre professionnel de la santé.

 

Optimiser notre système immunitaire

Peu importe le paradigme médical auquel on adhère, il est généralement admis qu’une alimentation dense en substances nutritives, la pratique régulière d’une activité physique, un sommeil suffisant et une bonne gestion du stress sont des facteurs qui contribuent à une saine fonction immunitaire. Allons voir plus en détail quelques-unes des substances pouvant optimiser l’efficacité de notre système immunitaire.

 

La vitamine D

Ce que nous appelons la « vitamine D » n’est pas techniquement une vitamine, puisque le corps peut aussi la fabriquer. Dans l’alimentation, on la rencontre sous deux formes : la vitamine D2 (ergocalciférol), de source végétale, se retrouve en faible quantité dans certains champignons et végétaux, alors que la vitamine D3 (cholécalciférol), d’origine animale, provient des huiles de foie de poisson, du poisson, du lait, du beurre, du fromage et des aliments enrichis en vitamine D. Du côté endogène, la vitamine D est en réalité une hormone synthétisée dans l’organisme humain à partir d’un précurseur du cholestérol (le 7-déhydrocholestérol) sous l’action de la lumière ultraviolette B émise par le soleil. La quantité de vitamine D produite par l’organisme est très variable selon la latitude, l’ensoleillement, l’épaisseur et la pigmentation de la peau ainsi que les prédispositions génétiques.

Cette vitamine a longtemps été reconnue pour son rôle dans le métabolisme osseux, et nous savons aujourd’hui que le génome humain comporte 2776 sites de liaison pour le récepteur de la vitamine D et qu’elle affecte 229 gènes directement. Plusieurs de ces gènes étant impliqués dans la régulation du système immunitaire, la vitamine D peut réduire le risque de contracter certaines infections virales et bactériennes en modulant la réponse immunitaire à ces agents pathogènes. Du côté de l’inflammation, la vitamine D supprime les cytokines inflammatoires, qui sont en partie responsables de la douleur, de la fièvre et de la congestion associées à l’infection grippale. On parle aussi de « tempêtes de cytokines », qui seraient à blâmer dans certains cas mortels de grippe. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la carence en vitamine D est associée à un risque accru de grippe et d’infections respiratoires comme la pneumonie, la tuberculose et la bronchiolite.

L’apport en vitamine D et son taux sanguin optimal pour la santé immunitaire font l’objet de nombreux débats. Les apports nutritionnels de référence (ANREF) recommandés par Santé Canada varient entre 400 et 800 UI par jour, en fonction de l’âge. Au-delà de l’apport, c’est le dosage sanguin de vitamine D qui nous renseigne sur nos besoins réels. Selon les lignes directrices très conservatrices de Santé Canada, des résultats sanguins inférieurs à 30 nmol/l indiquent une carence en vitamine D tandis qu’une plage de 30 à 50 nmol/l signale une carence potentielle. Précisons que ce minimum pour le métabolisme osseux ne prend pas en considération les besoins pour une santé optimale et que même ce seuil minimal n’est pas atteint par près du tiers (32 %) des Canadiens. De l’avis de plusieurs experts, le taux sanguin de vitamine D devrait plutôt être main- tenu entre 125 et 150 nmol/l afin de permettre un maximum de bienfaits.

 

La vitamine C

Pour se protéger contre les infections, particulièrement les infections virales, le système immunitaire humain a besoin d’un apport quotidien suffisant en vitamine C. Cette dernière favorise l’amélioration de la résistance de l’hôte à la maladie grâce à ses propriétés antioxydantes et immunostimulantes. De plus, la vitamine C exerce une action antivirale directe pouvant conférer une protection spécifique contre les maladies virales. En effet, elle permet d’inactiver un large spectre de virus et de supprimer l’expression de la réplication virale dans la cellule infectée.

Plusieurs études ont démontré que la supplémentation en vitamine C, soit avant et peu après l’apparition des symptômes d’infection des voies respiratoires supérieures, peut aider à alléger ces derniers et à réduire la durée de la maladie. Dans le cadre d’une étude impliquant 463 étudiants, des doses de vitamine C variant entre 3000 et 6000 mg par jour administrées avant ou après l’apparition des symptômes de rhume et de grippe ont permis de les réduire de 85 % par rapport au groupe placebo. Selon une autre étude randomisée bien contrôlée, on a pu constater que même une modeste dose de 200 mg par jour de vitamine C administrée aux per- sonnes âgées a entraîné une amélioration des symptômes respiratoires chez les patients hospitalisés les plus gravement malades et 80 % moins de décès sont survenus dans le groupe de la vitamine C.

 

Les probiotiques

Un nombre croissant de preuves démontre que les suppléments probiotiques contenant des espèces de Bifidobacterium et de Lactobacillus peuvent améliorer l’activité immunitaire antivirale et réduire la fréquence, la gravité et la durée des infections virales des voies respiratoires telles que la grippe. Deux méta-analyses publiées par le York Health Economics Consortium (YHEC) et Cochrane en 2019 ont rapporté l’efficacité des probiotiques dans la réduction de l’incidence et de la durée de ces infections, du nombre de traitements antibiotiques et des jours d’absence du travail. Les chercheurs ont conclu que ces améliorations se traduisent par des économies de coûts considérables pour le payeur et la société.

 

La lactoferrine

La lactoferrine est une glycoprotéine de la famille des transferrines présente dans le lait humain et dans le lait de vache. On la retrouve dans certaines protéines de lactosérum (petit-lait) et sous forme de supplément nutritionnel. Son efficacité a été démontrée par de nombreuses études documentant ses propriétés antibactériennes, antimycosiques, antivirales et immunomodulatrices.

Le fer est utilisé par un vaste éventail d’organismes pathogènes et de tumeurs pour croître et se reproduire. La lactoferrine se lie au fer pour le transporter. En limitant sa disponibilité pour les envahisseurs pathogènes, la lactoferrine empêche leur croissance et leur multiplication. Elle réduit aussi les dommages causés par les radicaux libres produits par le fer libre et pourrait également « lyser » directement la membrane cellulaire de certains organismes pathogènes.

 

Le sureau

Les fruits noir violacé de la plante de sureau (Sambucus canadensis) constituent une riche source d’antioxydants et ont longtemps été considérés comme un remède populaire pour le traitement du rhume et de la grippe. Des études cliniques révèlent que l’extrait de sureau est une option de traitement sûre, efficace et rentable pour les personnes infectées par la grippe grâce à sa capacité d’interférer avec le processus de réplication du virus de la grippe.

 

La quercétine

La quercétine est un flavonol végétal présent dans divers aliments, dont les baies bleutées, les oignons rouges, le chou frisé, les canneberges, le brocoli et le thé vert. Il s’agit d’un antioxydant bien connu aux propriétés antivirales et anti-inflammatoires. Elle permet de piéger les espèces réactives oxygénées, des radicaux libres produits pendant l’infection virale, prévenant ainsi les lésions tissulaires. De plus, la quercétine diminue les marqueurs inflammatoires comme l’interleukine 8 et agit comme un puissant agent antiviral en inhibant la réplication de virus respiratoires, y compris le virus de la grippe, l’adénovirus et le rhinovirus. Le chercheur Michel Chrétien et son équipe effectuent d’ailleurs présentement des tests en Chine impliquant la quercétine dans le traitement de la COVID-19.

 

Conclusion

Il existe tout un éventail de substances naturelles impliquées dans le bon fonctionnement du système immunitaire et ayant des propriétés antivirales et antibactériennes. En plus de celles qui sont présentées ici, on pense au zinc, au sélénium, à la N-acétylcystéine (NAC), à la mélatonine, aux champignons tels que le shiitake, à l’extrait de thé vert, aux plantes telles que l’origan et le thym, aux huiles essentielles telles que le ravintsare et aux nombreux remèdes homéopathiques, pour ne nommer que ceux-là. Évidemment, il n’existe pas de remède miracle, mais l’adoption de bonnes habitudes de vie, incluant une alimentation diversifiée et riche en plantes, la pratique d’une activité physique, la saine gestion du stress et certains suppléments bien ciblés peuvent vraiment optimiser notre système immunitaire. Il vaut toujours mieux se faire guider par un ou une naturopathe dans le choix de vos suppléments.

 

RÉFÉRENCES À la demande du lecteur