Publié le 17 mai 2018
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.
Depuis la nuit des temps, le mois de mai est associé au renouveau et à la fertilité.
Parmi les rituels païens les plus importants, le sabbat de Beltaine issu de la tradition celtique protohistorique et célébré le 1er mai marque la fin de la saison sombre et le début de la saison claire. Des preuves archéologiques associées aux cérémonies printanières ponctuées de rituels païens honorant la fertilité se retrouvent dans pratiquement toutes les cultures, et ce n’est pas le fruit du hasard si la majorité des pays ont choisi de célébrer la fête des Mères durant ce mois. L’alternance cyclique des saisons module la fertilité de la Terre et évoque invariablement le cycle de fertilité de la femme.
Cependant, l’humanité ayant depuis longtemps abandonné le mode de vie ancestral axé sur les cycles naturels de la vie et le respect des valeurs associées au Féminin sacré au profit du patriarcat dominé par le contrôle de ces cycles dans le but d’assouvir notre soif intarissable de productivité, notre cycle menstruel n’échappe pas à la tendance. On nous acculture plutôt à faire fi de la sagesse portée par cet ultime bastion nous commémorant notre connexion divine aux astres via nos variations hormonales cycliques. Nous nous efforçons donc, tant bien que mal, d’en ignorer les signaux d’alarme même lorsque cela signifie devoir avoir recours à des armes pharmacologiques pour bâillonner l’irritant dissident ! Bien que toute cette armada constituée de médicaments anti-inflammatoires, diurétiques, antidépresseurs et contraceptifs oraux puisse masquer temporairement nos symptômes réunis sous le terme de syndrome prémenstruel(SPM), l’impact de cette déconnexion avec notre nature profonde poursuit ses ravages et n’attend que le moment propice pour s’exprimer dans toute sa puissance. Lorsque le corps se lasse finalement de tenter de nous ramener à la conscience à travers les signaux qu’il nous émet via nos hormones de stress, cette disharmonie prend souvent la forme d’un épuisement professionnel, d’une dépression ou d’une maladie (mal-a-dit).
Lorsque le mal-être se transforme en malaise
On associe plus de 200 symptômes au SPM dont l’intensité et la durée varient beaucoup d’une femme à l’autre et même, d’un mois à l’autre ! Les plus courants englobent : la sensation de fatigue, de gonflement, la tension mammaire, les crampes utérines, les douleurs lombaires, les maux de tête, l’humeur changeante, l’irritabilité, l’insomnie ou, au contraire, l’hypersomnie ainsi que les envies d’aliments particuliers. Selon les études, près de 75% des femmes éprouvent des symptômes qui ne les empêchent pas de poursuivre leurs activités normales, mais entre 20 et 30% considèrent que ces derniers interfèrent avec leurs tâches quotidiennes. Quant au trouble dysphorique prémenstruel, une forme de SPM dont les manifestations psychologiques sont très prononcées, il affligerait de 2 à 6 % d’entre nous.
Impact psychologique
Les hormones étant des messagers biochimiques, leurs fluctuations sont perçues par tous les systèmes de notre corps, incluant le système nerveux, et peuvent être responsables des symptômes psychologiques associés au SPM. De plus, les taux d’estrogènes et de progestérone modulent l’activité de neurotransmetteurs tels que la sérotonine et le GABA, qui ont un impact direct sur notre sensation de bien-être, notre humeur, notre niveau de sociabilité et notre sommeil.
Causes du SPM
Selon la médecine conventionnelle, les causes exactes du SPM sont encore mal comprises. On parle de fluctuation hormonale typique de la deuxième phase du cycle (phase lutéale) qui débute à partir de l’ovulation, autour de la quatorzième journée du cycle menstruel. L’ovule non fécondé se convertit en corpus luteum qui sécrète la progestérone. Cette dernière vient équilibrer l’action des estrogènes, dominants lors de la première phase du cycle (phase folliculaire).
Ce scénario est celui du cycle idéal, mais on sait que dans les faits, environ une femme sur trois présente des cycles anovulatoires, c’est-à-dire un cycle où il n’y a pas d’ovule relâché puis converti en corpus luteum secrétant de la progestérone. On se retrouve donc régulièrement en situation de déséquilibre hormonal en faveur des estrogènes.
Le rôle sous-estimé du stress
Dans sa grande sagesse, la nature avait heureusement prévu un plan B afin de pallier l’éventualité des cycles anovulatoires ; nos glandes surrénales fournissent normalement une certaine quantité de progestérone qui va en s’accroissant à mesure que nous avançons vers la ménopause. Par contre, ces fameuses sur rénales n’ont pas pour seule fonction de fabriquer la progestérone : elles sont aussi responsables de la production de l’adrénaline et du cortisol, deux hormones relâchées en réponse au stress perçu. De plus, le cortisol est métabolisé à partir de la progestérone, épuisant rapidement cette dernière en cas de stress prolongé. L’exposition au stress chronique affecte donc profondément notre capacité à produire nos hormones stéroïdiennes, incluant les estrogènes et la progestérone et à en maintenir des ratios équilibrés tout au long de notre cycle menstruel.
Dominance estrogénique
Cette situation où le ratio d’estrogènes par rapport à la progestérone est dominant est extrêmement répandue, mais elle n’est que rarement diagnostiquée en médecine conventionnelle en raison des méthodes d’évaluation utilisées. Pourtant, lorsqu’il y a un excès relatif d’estrogènes par rapport à la progestérone disponible, plusieurs symptômes vont survenir, car l’une des fonctions de la progestérone consiste à antagoniser l’action multiplicatrice des estrogènes.
La dominance estrogénique provoque entre autres de l’inflammation et de la rétention d’eau qui peuvent se traduire par certains des symptômes typiques du SPM ainsi qu’un cycle plus court, un flux menstruel plus abondant, des kystes ovariens, des fibromes et même, des cancers hormonodépendants.
Ces hormones venues d’ailleurs
Parmi les autres facteurs responsables de la dominance estrogénique, notons la présence d’hormones dans notre nourriture et dans notre eau de consommation ainsi que la prise d’hormones synthétiques comme la pilule contraceptive.
Nous sommes aussi de plus en plus exposées aux xénoestrogènes, ces composés chimiques largement utilisés par l’industrie, tels que les phtalates, le bisphénol A (PBA) et les biphényles polychlorés (BPC). Ces substances sont considérées comme des perturbateurs endocriniens, puisqu’elles imitent l’activité estrogénique dans notre corps.
En somme, la qualité de notre alimentation, de notre eau de consommation et de notre environnement sont autant de facteurs qui se répercutent sur notre équilibre hormonal.
Autres facteurs de risque
En plus du stress, de la qualité de notre alimentation et de notre eau, d’autres facteurs, tels que la consommation de caféine, d’alcool, de produits laitiers et de sucre, le tabagisme; la sédentarité; et le manque de sommeil, la carence en calcium, en magnésium et en vitamines du complexe B peuvent contribuer aux symptômes associés au SPM.
Pistes de solution
Pour aussi incommodant qu’il soit, on doit se rappeler que le syndrome prémenstruel est en fait un précieux allié qui tente d’attirer notre attention sur des zones de déséquilibre dans notre vie. Même si la tentation d’en masquer les manifestations est parfois très tentante, nous devons identifier et corriger la source du problème afin d’éviter que le signal d’alarme ne se manifeste sous une forme encore plus sévère le long de notre parcours.
Tous les facteurs mentionnés ici constituent des pistes de solution sur lesquelles nous exerçons un pouvoir d’action. Le mois prochain, nous explorerons plusieurs options naturelles soutenant l’équilibre hormonal et pouvant nous permettre d’atténuer les symptômes associés au SPM.
D’ici là, ne vous en faites pas trop si vos hormones affectent votre humeur ou celle des femmes de votre entourage, car comme le disait si bien Oscar Wilde, les femmes sont faites pour être aimées, pas pour être comprises !
RÉFÉRENCES
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