Thrombose et embolie : la prévention a bien meilleur goût

Publié le 9 juillet 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

Thrombose et embolie : la prévention a bien meilleur goût

La coagulation est le procédé qui permet de maintenir le sang dans un état liquide tout en arrêtant les saignements, lors de traumatismes. C’est grâce à ce processus que les réparations et les nettoyages des microdéchirures se font en continu tout au long de notre vie.

 

Si la réponse hémostatique ne se fait pas correctement, il peut y avoir hémorragie ou encore formation de caillots. En effet, le sang se maintient dans un état liquide grâce à l’équilibre délicat entre les inhibiteurs et les activateurs de la coagulation. C’est le déséquilibre quantitatif ou qualitatif de ces facteurs qui peut entraîner une thrombophilie (prédisposition aux caillots sanguins).

 

Après l’âge de 50 ans, on estime que les risques de formation de caillots sanguins augmentent considérablement. Un caillot qui se forme dans un vaisseau sanguin ou dans le cœur se nomme thrombus, alors qu’on parle d’un embolus lorsque le caillot se détache et circule dans le système circulatoire. Les problèmes associés à un thrombus sont les infarctus, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et l’ischémie cérébrale transitoire (ICT). Si le caillot se rend aux poumons, on voit apparaître l’embolie pulmonaire. S’il bloque la veine qui se rend au foie, ce sera la congestion portale.

 

Le caillot et les facteurs de risque

Un caillot est un amoncellement de particules sanguines et leurs dérivés qui se sont accolés ensemble dans un vaisseau sanguin lors d’un traumatisme. Ce phénomène fait partie d’un processus normal de guérison. Dans le sang, nous retrouvons plusieurs cellules sanguines impliquées dans le maintien de la coagulation sanguine. Les plaquettes, les facteurs de coagulation et les fibrines jouent un rôle de premier plan dans ce processus.

 

Dans un premier temps, la vasoconstriction se produit lors d’un dommage à un vaisseau sanguin. Il y a alors diminution du flot sanguin pour favoriser la coagulation. Les plaquettes se déplacent au site enflammé et colmatent le vaisseau sanguin. Une série de réactions par les facteurs de coagulation s’enclenche. Mais c’est l’activation du fibrinogène (le principal facteur de coagulation), qui se convertit en fibrine, qui permet à l’agrégation plaquettaire de se faire.

 

Une sorte de filet se forme alors autour des plaquettes et des particules sanguines. C’est la formation du caillot. Plus tard, une fois que le vaisseau sanguin est réparé, d’autres facteurs de coagulation sont sécrétés pour dissoudre le caillot.

 

C’est lorsqu’il y a altération ou dommage à l’endothélium (la paroi interne du vaisseau sanguin) que le processus thrombotique s’amorce. Plusieurs facteurs de risque responsables d’amorcer ce processus ont été découverts. Parmi les plus connus, nommons l’athérosclérose, la stase veineuse, un taux élevé de cholestérol, de protéine C réactive ou d’homocystéine, une hypertension, une hyperglycémie, une inflammation chronique, une sédentarité ou une obésité abdominale. Un taux élevé de fibrinogène peut être initiateur de caillots sanguins à cause du tabagisme, de troubles thyroïdiens, d’une infection ou d’un cancer. Finalement, la grossesse augmente l’activité des plaquettes, surtout dans les cas de pré-éclampsie.  Avec le mode  de vie sédentaire d’une majorité de la population, on observe que les risques de thrombose augmentent considérablement. D’ailleurs, une étude à l’American College of Cardiology a démontré que le risque de développer des troubles cardiovasculaires est 125 % plus élevé chez les individus restants assis quatre heures et plus par jour comparativement à ceux qui restent assis moins de deux heures par jour. De plus, une thrombose veineuse peut arriver rapidement, sans avertissement, et peut mettre la vie de la personne en danger. On considère que 30 % des gens ayant vécu une thrombose peuvent mourir subitement à l’intérieur d’un mois après un tel événement. Parmi les survivants, 33 % d’entre eux peuvent présenter une récurrence à l’intérieur de 10 ans. S’il y a des signes avant-coureurs, ils prennent la forme d’enflure, de fatigue, de douleurs à une jambe ou au deux, ou encore d’apparition soudaine de veines.

 

Malheureusement, les traitements médicaux sont limités. D’une part, les médicaments anticoagulants sont difficiles à contrôler et peuvent augmenter les risques de saignements, tandis que les bas de contention ont des effets limités.

 

L’oxyde nitrique

On définit l’oxyde nitrique (NO) comme étant un composé gazeux formé d’un atome de nitrogène (azote) et d’oxygène. Cette substance est naturellement produite dans l’endothélium des vaisseaux sanguins et aide à relaxer les artères. De ce fait, elle améliore la circulation sanguine. Une déficience de l’oxyde nitrique entraîne une vasoconstriction. Les cellules étant mal oxygénées et mal nourries, on assiste alors à la progression d’un état pro-thrombotique, pro-inflammatoire et pro-oxydant. Si ce médiateur vasculaire est en déséquilibre, on voit apparaître une dysfonction endothéliale et de l’inflammation, soit les prémisses pour que l’athérosclérose s’installe. L’oxyde nitrique joue un rôle central dans la régulation vasculaire, qui diminue les risques de caillots.

 

La prévention naturelle

La vitamine K est nécessaire à l’activation des facteurs de coagulation II, VII, IX, X, de la protéine C et de la protéine S impliqués dans ce processus. Cette vitamine est requise non seulement pour une coagulation optimale quand il y a traumatisme, mais aussi pour enrayer la formation de thrombusin opportun.

 

Les polyphénols contenus dans le thé vert ont un effet protecteur pour le cœur et diminuent l’agrégation plaquettaire tout comme le lycopène, l’antioxydant que l’on retrouve dans la tomate. Le resvératrol, un polyphénol contenu dans le vin et l’extrait de pépins de raisin supportent la vasodilatation, diminuent la pression, protègent l’endothélium et le maintiennent flexible. Le curcuma et l’ail, quant à eux, diminuent l’adhésion plaquettaire. Les oméga-3 bloquent la cascade inflammatoire en cours lors du processus thrombotique, prolongent la vie des plaquettes et diminuent leur activation.

 

Pour diminuer le taux de fibrinogène, la niacine (vitamine B3) et la vitamine C sont des nutriments essentiels qui réduisent efficacement le risque de maladie cardiovasculaire. Dans les nutriments capables d’augmenter la production d’oxyde nitrique, on utilise souvent l’arginine, un des premiers acides aminés à diminuer avec le vieillissement.

 

Deux nutriments prometteurs pour la fibrinolyse (destruction des caillots)

La nattokinase, une enzyme que l’on retrouve dans le soya fermenté, a fait l’objet de plusieurs études concernant sa capacité à dissoudre les caillots sanguins. Ces études ont démontré que cette enzyme diminue l’agrégation plaquettaire et la viscosité sanguine, et encourage l’activité fibrinolytique chez les cobayes animaux (Fujita, 1995). Plus précisément, les études ont montré que cette substance était capable de détruire la fibrine, soit la molécule filamenteuse retrouvée majoritairement dans les caillots, et son précurseur, le fibrinogène. La nattokinase diminue aussi l’activité de deux protéines, soit les facteurs VII et VIII en lien avec la formation de caillots.

 

L’extrait d’écorce de pin maritime (Pycnogenol), de son côté, réduit l’agrégation plaquettaire et augmente l’activité de l’enzyme qui améliore la circulation sanguine en générant l’oxyde nitrique dans les vaisseaux sanguins. Il diminue également l’action des enzymes métalloprotéinases matricielles (MMPs) responsables de détruire les protéines qui maintiennent l’élasticité des vaisseaux sanguins.

 

L’approche naturelle

En naturopathie, on favorise une approche multifactorielle pour enrayer les risques de thrombose. Il est important de considérer les facteurs de risque sous-jacents pour favoriser une coagulation normale. Réduire l’inflammation et le cholestérol, maintenir une composition corporelle saine, supprimer un niveau élevé d’homocystéine et abaisser la pression sanguine font partie d’une stratégie globale de prévention. Un mode de vie sain et la supplémentation peuvent assurément intervenir sur les processus en cause.

 

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