Publié le 1 octobre 2021
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc. et Sarah Milon, aromathérapeute certifiée
Il est estimé que jusqu’à 80 % des personnes ayant souffert de la COVID-19 ont développé une anosmie (perte de l’odorat) accompagnée d’une agueusie (perte du goût) à la suite de l’infection au nouveau coronavirus. L’anosmie est en effet un symptôme à ce point courant qu’elle est considérée comme un meilleur prédicteur de la maladie que la fièvre. Dans la majorité des cas, ces symptômes se sont heureusement résorbés dans les jours suivants l’infection, mais pour un tiers d’entre eux, ils se sont prolongés des semaines, voire des mois après le rétablissement.
On aurait tort de réduire les conséquences de l’anosmie sur la vie quotidienne à une simple perte de l’odorat. Afin d’en mesurer les vrais impacts, une étude menée en Angleterre a permis de relever que 92 % des personnes qui ont développé une anosmie chronique à la suite de la COVID-19 ont aussi développé des troubles alimentaires, des problèmes reliés à l’isolement (57 %), des troubles relationnels (54 %), des symptômes d’anxiété (45 %) ainsi que de dépression (43 %). Ces chiffres démontrent bien toute l’importance qu’occupe le sens de l’odorat sur le bien-être et l’équilibre émotionnel, ainsi que l’urgence d’identifier des façons de renverser l’anosmie chronique par suite d’une infection au SARS-CoV-2.
Il n’est pas surprenant de constater les conséquences de l’anosmie sur la santé émotionnelle, car l’odorat est le sens le plus ancien et le plus primaire, lié à l’une des parties les plus profondes du cerveau qui est impliquée dans la gestion des instincts, des souvenirs et des émotions. De plus, il occupe un rôle important dans la survie de l’espèce en permettant d’éviter des aliments avariés, par exemple, ou de fuir un feu ou une fuite de gaz. Le sens de l’odorat est ainsi intimement relié aux plaisirs de la vie, permettant d’apprécier une délicieuse recette, un bouquet de fleurs ou une bonne tasse de café. Les études anthropologiques ont d’ailleurs permis de constater que l’odorat joue un rôle essentiel dans les relations sociales et sexuelles, et toute condition qui l’entrave aura nécessairement un effet important sur la santé mentale et émotionnelle de l’individu qui en souffre.
Il est à noter que la perte de l’odorat reliée à la COVID-19 est différente de celle développée durant un rhume ou une grippe. Dans ces cas, l’anosmie est temporaire et reliée au fait que les voies nasales sont obstruées par du mucus et des sécrétions qui entravent les sens de l’odorat et du goût. Dans le cas de la COVID-19, l’anosmie s’installe de façon soudaine et est dite « franche », car elle est causée par des lésions situées sur les cellules olfactives, nonobstant la présence ou non de sécrétions. Les pertes de goût et d’odorat sont ainsi plus profondes et plus difficiles à renverser puisque le traitement consiste non seulement à soigner ces lésions, mais aussi à permettre à l’organisme de développer de nouvelles cellules olfactives.
Au moment d’écrire ces lignes, il n’existe pas encore de traitements reconnus pour traiter l’anosmie, mais il est à noter que de nombreuses recherches sont en cours. Ce que ces dernières ont permis de découvrir jusqu’à maintenant est que le virus SARS-CoV-2 responsable de la COVID-19 s’attache aux cellules responsables de l’odorat situées dans l’épithélium nasal pour faire son entrée dans l’organisme. Ces cellules, de types ciliés et en gobelet, s’en trouvent endommagées, comme en témoigne la présence élevée d’enzymes ACE-2 dans la cavité nasale supérieure à la suite d’une infection au nouveau coronavirus. Des traitements ciblés vaporisés dans le nez pourraient empêcher ou ralentir l’entrée du virus dans l’organisme, selon certains chercheurs, et du même coup, protéger les cellules olfactives.
Rééducation aromatique olfactive
Les troubles de l’odorat reliés à la COVID-19 sont nombreux et se manifestent de différentes façons :
L’association française anosmie.org, qui a pour but de soutenir la recherche et les individus souffrant d’anosmie, propose aux personnes ayant perdu le sens de l’odorat par suite de la COVID-19 un protocole simple, accessible et facile à appliquer, qui vise à rééduquer le sens de l’odorat[1]. Il s’agit de sentir certaines essences et huiles aromatiques quelques secondes deux fois par jour, tout en tentant de se rappeler leur odeur respective ainsi que toute émotion et tout souvenir leur étant associés. Les huiles suggérées sont celles du zeste de citron, de l’eucalyptus globulus (ou radié), du clou de girofle, de la rose (ou du géranium rosat) et de la menthe poivrée.
Protocole aromatique
Selon les données recueillies, ce protocole permettrait d’accélérer la guérison des cellules olfactives et de recouvrer l’odorat en partie ou en totalité lorsqu’il est entrepris de façon régulière et soutenue.
Travaux de Thomas Hummel
Le protocole proposé par anosmie.org est inspiré des travaux du docteur allemand Thomas Hummel, grand spécialiste des troubles de l’odorat, qui préconise l’utilisation des huiles essentielles dans le but de rééduquer les cellules responsables de l’odorat. Selon lui, deux séances quotidiennes de stimulation olfactive aromatique pratiquées de quatre à neuf mois, selon la sévérité du problème, améliorent de façon notable les sens intrinsèquement liés du goût et de l’odorat. Afin de soutenir le processus de guérison, le docteur Hummel propose également de joindre au protocole aromatique des traitements d’acupuncture, des applications quotidiennes de vitamine A dans les cavités nasales et la prise de compléments d’oméga-3 et d’acide lipoïque[3] (suivre les posologies indiquées sur les contenants).
Longue COVID-19
L’anosmie est l’un parmi de nombreux symptômes reliés à la longue COVID-19, cette condition associée à un rétablissement, mais non à une véritable guérison de la maladie et qui touche de 10 % à 30 % des personnes ayant contracté le nouveau coronavirus. Ces symptômes sont variés et s’accompagnent d’une fatigue importante, pouvant perturber de façon sérieuse la vie quotidienne :
Une association de plus en plus fréquente est établie entre la longue COVID-19 et l’encéphalomyélite myalgique (EM), anciennement syndrome de fatigue chronique, non seulement en raison des mêmes symptômes que ces deux conditions partagent, mais aussi parce qu’elles semblent posséder une même étiologie post-virale. De nombreuses recherches sont en cours afin d’identifier si la longue COVID-19 pourrait mener au développement de l’encéphalomyélite myalgique, au grand soulagement d’ailleurs des personnes qui souffrent d’EM depuis de nombreuses années et qui voient dans ces études l’opportunité de faire avancer la recherche sur cette affection et de découvrir des soins qui bénéficieraient aux deux conditions.
Ici encore, les huiles essentielles peuvent jouer un rôle important dans le soulagement et l’amélioration des symptômes reliés à la longue COVID-19, du fait de leurs nombreuses propriétés thérapeutiques :
Trousse d’huiles essentielles longue COVID-19
Formule tonifiante, antivirale et stimulante olfactive
Dans une bouteille d’huiles essentielles de 15 ml, verser :
Bien secouer et diffuser 15 gouttes, durant 20 minutes, 3 fois par jour pendant 3 semaines. Arrêter une semaine et reprendre un autre cycle de 3 semaines.
Dans ma pratique, j’ai eu maintes fois l’occasion de recourir à des huiles essentielles pour soutenir des personnes souffrant d’anosmie, que la cause soit traumatique (accident, chute), auto-immune (Sjögren, lupus) ou virale (grippe, COVID-19). Chaque fois, j’ai pu noter une transformation appréciable, non seulement en lien avec l’amélioration du sens de l’odorat, mais également, de l’humeur, de l’énergie et du bien-être émotionnel. J’ai également pu constater les effets profondément reconstituants et revitalisants des huiles essentielles chez les personnes aux prises avec une fatigue invalidante et paralysante, qu’elle soit d’origine émotionnelle (anxiété, dépression), systémique (hypoadrénalisme) ou post-virale (mononucléose, COVID-19, EM). Les huiles essentielles, correctement appliquées, sont d’un secours incontournable dans l’amélioration de ces conditions et devraient faire systématiquement partie des protocoles de soins.
RÉFÉRENCES
[1] https://www.anosmie.org/@medias/docs/PRO/P.R.O-V1.1F.pdf
[2] Dans ma pratique, j’ai plutôt tendance à utiliser des bâtons inhalateurs, mais le procédé demeure le même.