Publié le 27 mars 2017
Écrit par Carmen Marois
L’an dernier, lorsque je me suis intéressée à l’art dentaire global, j’ai été fort surprise d’apprendre que les dentistes qui ont une vision globale travaillent en partenariat avec des professionnels d’autres disciplines : acupuncteurs, naturopathes, ostéopathes, etc. Intéressée, j’ai été curieuse d’en apprendre plus sur l’apport des autres disciplines dans cette approche globale.
Il faut savoir que ces dentistes sont d’abord… des dentistes, c’est-à-dire des professionnels qui pratiquent la médecine dentaire. Avec l’évolution technologique et l’augmentation du volume des connaissances, la médecine a été obligée de compartimenter le corps. La bouche, en particulier, a évolué dans un domaine à part, puisqu’elle est maintenant le domaine réservé de la médecine dentaire, laquelle n’a plus grand-chose à voir avec la médecine directement.
Le dentiste soigne les dents, les gencives et tous les problèmes associés. Dans sa pratique quotidienne, il ne fait pas systématiquement appel à d’autres intervenants en santé. Ce qui veut dire qu’en cas de pathologie dentaire pure, l’ostéopathie n’est pas nécessaire. Il faut tout simplement soigner la dent. En clair : vous n’éviterez pas un traitement de canal en vous adressant à un ostéopathe, même le plus compétent.
J’ai tout de même voulu en savoir plus sur les bénéfices que peut retirer le patient à consulter un ostéopathe durant des traitements dentaires. Je me suis informée auprès d’une professionnelle du milieu. Dans sa pratique, elle possède une double expérience, soit vingt ans de chirurgie dentaire et dix-sept ans d’ostéopathie. Je lui ai donc posé les questions qui me turlupinaient.
Je voulais d’abord savoir si l’ostéopathie était une approche sûre et efficace en matière de soins dentaires. Elle m’a affirmé que cette discipline constituait une approche sûre lorsqu’elle est pratiquée par un ostéopathe compétent, ayant une formation accréditée par une association sérieuse et reconnue.
Je me demandais aussi dans quels cas pratiques le dentiste pouvait avoir recours aux soins ostéopathiques. Selon l’experte, il existe en pratique dentaire beaucoup de situations dans lesquelles le dentiste est démuni. Dans certains cas, par exemple, des douleurs peuvent apparaître aux dents sans présence de carie ou de problème aux gencives. On les appelle « douleurs référées ». Dans d’autres cas, les douleurs aux articulations de la mâchoire laissent perplexe quant aux solutions classiques proposées. S’étant toujours intéressée aux causes des problèmes dentaires et à la santé globale, il est apparu à cette professionnelle de la santé que le concept ostéopathique était capable de donner des outils pour répondre à certaines de ces questions, simplement parce qu’il intègre tous les systèmes physiologiques : mécanique, musculaire, squelettique, nerveux, sanguin, les organes, etc.
En décidant de devenir ostéopathe, il lui paraissait logique de pousser l’expérience des deux professions pour être à même de chercher cliniquement des solutions pour les problématiques particulières qui relient l’ensemble de la bouche à l’ensemble du corps.
J’ai voulu savoir quel était le véritable avantage pour le patient. Elle m’a répondu que « lorsque le dentiste travaille en équipe avec un ostéopathe, cela peut, dans certains cas, vraiment améliorer la condition des patients et le pronostic final ». Elle m’a aussi expliqué que le dentiste peut travailler dans de meilleures conditions lorsque les structures du corps ayant subi des traumatismes ont au préalable été traitées. Par exemple, en orthodontie, lorsqu’un enfant a subi un traumatisme lors d’une naissance difficile, le crâne peut avoir souffert. « Des dysfonctions crâniennes peuvent alors en résulter. Les normaliser éliminera des blocages dans la structure et l’orthodontiste aura de meilleurs résultats, parfois même plus rapidement. »
Je me demandais dans quelles circonstances il était souhaitable pour le dentiste pratiquant la médecine dentaire globale d’avoir recours à cette approche complémentaire. « La médecine dentaire constitue un champ très vaste de pratique. Les principales collaborations se feront dans les cas d’orthodontie (redressement des dents), de blocage ou de douleur aux articulations de la mâchoire, d’opération chirurgicale des os des mâchoires, des serrements ou grincements de dents aussi. Les douleurs et restrictions parasites peuvent ainsi être éliminées. »
L’ostéopathie comme approche globale peut sembler avant-gardiste. Il faut cependant se souvenir que les Anciens regardaient la bouche de manière globale pour se faire une idée de l’état de santé générale. La spécialiste m’a expliqué que l’ostéopathie, plus récente dans sa forme actuelle, réhabilite certains paramètres de la santé de la bouche d’une manière plus rationnelle, plus scientifique et de mieux en mieux documentée. Elle m’a précisé que l’ostéopathie est définie comme « un art, une science, une philosophie ». Voici comment : « La main du thérapeute est l’outil de son ART : la palpation. Le raisonnement ostéopathique est basé sur une excellente connaissance de l’anatomie, de la physiologie : la SCIENCE. Enfin, les connexions entre les différents systèmes ou tissus du corps concernent la globalité : la PHILOSOPHIE. Les recherches scientifiques viennent de plus en plus valider les hypothèses du raisonnement ostéopathique.
Il me semble donc judicieux de dire aujourd’hui qu’art ostéopathique et art dentaire forment un mariage heureux.