Publié le 9 mai 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.
Les allergies sont, en fait, des réactions anormales du système immunitaire à certains agents connus sous le nom d’allergènes.
C’est la réponse d’un système immunitaire irrité par l’excès d’éléments potentiellement dérangeants. Parmi ceux-ci, nous retrouvons le pollen, la poussière, les moisissures, les poils d’animaux, l’herbe à poux ou curieusement toute substance environnementale considérée comme normale pour une majorité de gens.
En réalité, une allergie se développe lorsqu’une substance inoffensive entre en contact avec une surface du corps enflammée, comme lors d’une infection ou d’une exposition à des irritants. Cela libère l’histamine, le principal médiateur inflammatoire, et d’autres substances, dont certaines enzymes, leucotriènes et interleukines, produisant des radicaux libres qui fragilisent les membranes cellulaires susceptibles de libérer encore plus d’histamine. Le corps se met alors en état d’alerte, et toute substance environnementale qui ne devrait pas le déranger devient un poison pour la personne affectée.
LES FACTEURS DE RISQUE
La muqueuse intestinale est une des principales lignes de défense contre l’invasion des substances étrangères. On associe de plus en plus les problèmes de réactions allergiques, même environnementales, au syndrome de l’intestin perméable, car un intestin altéré peut laisser entrer dans la circulation sanguine des toxines et des protéines mal digérées qui deviennent alors des antigènes pour le système immunitaire, qui tente alors d’empêcher l’entrée massive de ces toxines. On doit aussi rechercher les intolérances et les allergies alimentaires qui accompagnent ce processus d’intestin poreux et peuvent être le point de départ d’un système immunitaire dysfonctionnel. Les foyers infectieux ou inflammatoires chroniques au visage (dents, gencives, bouche, nez, polypes, gorge, sinusite frontale, maxillaires ethmoïdaux et occlusion maxillaire) peuvent aussi favoriser le processus allergique.
LES INFECTIONS AU CANDIDA, UNE CAUSE IMPORTANTE D’INFLAMMATION
Le candida est un micro-organisme de type levure vivant normalement dans l’intestin et sur toutes les muqueuses de l’organisme, dont la peau, les poumons, la bouche, l’œsophage, la vessie et le vagin. Cette levure vit en harmonie avec les autres bactéries et levures du corps. Son rôle est de débarrasser l’organisme des matières inertes ou en décomposition. Mais certaines conditions permettent sa prolifération exagérée, comme une trop grande consommation de sucre. On parle alors de candidose.
Les infections causées par le candida peuvent favoriser le développement des allergies ou des hypersensibilités environnementales, car ces microbes provoquent une réponse exagérée de notre système immunitaire, qui tente de les détruire. Ce phénomène amène une augmentation de débris cellulaires, de radicaux libres dans le sang et d’hormones pro-inflammatoires. On peut, de plus, développer une hypersensibilité à ces parasites et à leurs toxines, amplifiant la réaction allergique.
LE BIOFILM, UNE MATRICE INDESTRUCTIBLE DES MICRO-ORGANISMES
Vers les années 1970, le microbiologiste canadien J. William Costerton propose pour la première fois le concept de biofilm pour décrire le principal mode de croissance des bactéries et micro-organismes. Il a aussi démontré que ce phénomène était responsable d’amener le problème de résistance aux antibiothérapies.
En effet, les microbes s’organisent à l’intérieur d’une petite matrice qu’on appelle un biofilm. C’est donc une communauté bien organisée de micro-organismes (bactéries, levures, champignons, algues, virus) qui s’attache à toute surface humide et s’enrobe dans une matrice collante qui les rend indestructibles. Pour y arriver, ils ont besoin d’un milieu aqueux, de nutriments (résidus alimentaires) et d’une surface adhérente vivante ou inerte, dont l’épithélium intestinal. On en retrouve partout dans l’environnement, mais aussi sur et dans notre corps, notamment à l’intérieur de l’appareil gastro-intestinal. Quand une infection devient chronique et réfractaire à tout traitement, on doit alors suspecter un biofilm.
Dans une approche intégrée, dissoudre ces matrices devient une nécessité. En naturopathie, on peut utiliser diverses enzymes spécialisées (prises entre les repas) pour digérer les polysaccharides dont les biofilms sont constitués. Nommons parmi les plus intéressantes la glucoamylase, la chitosanase, la cellulase, l’hémicellulase, la bêta-glucanase et les complexes spécialisés de protéase. Ceux-ci sont capables de lyser les polymères extracellulaires et de dégrader les membranes celllaires des micro-organismes. L’utilisation conjointe de probiotiques et de prébiotiques permettra de remplacer favorablement la flore intestinale.
Il est important d’utiliser parallèlement les substances antiseptiques pour détruire les micro-organismes, dont l’acide caprylique, l’ail, l’artémise, la berbérine, le noyer noir et les huiles essentielles, comme le thym (thymus vulgaris) ou l’origan (origanum vulgare). Les bioflavanoïdes sont aussi reconnus pour réduire les réactions allergiques en stabilisant les membranes cellulaires qui libèrent l’histamine. À cet effet, l’extrait de pépins de raisin et la quercétine sont des puissants antioxydants et bioflavanoïdes recommandés pour ce type de problème. La vitamine C est un immunostimulant et un anti-inflammatoire intéressant pour les allergies.
PEUT-ON SE DÉSENSIBILISER AUX ALLERGÈNES ?
L’homéopathie peut être d’un grand secours, combinée à une approche naturopathique, car cette médecine énergétique aide à reprogrammer le fonctionnement cellulaire. La démarche en homéopathie consiste à rétablir l’équilibre physiologique par l’action de certaines molécules (hormones, neuropeptides, interleukines, facteurs de croissance…) préparées en différentes dilutions-dynamisations. Elles augmentent l’efficacité de la communication entre les molécules et permettent d’activer les mécanismes d’autorégulation.
Par exemple, l’acétaldéhyde pris en dilutions homéopathiques peut contrecarrer les effets de la candidose. Or, cette substance sous forme pondérable est classée comme agent cancérigène pour l’homme et est associée au phénomène amplifié des sensibilités alimentaires et de réactions allergiques au candida albicans. Elle se retrouve partout où on retrouve de la fermentation d’éthanol et est présente en faible dose dans certains aliments, alcools, parfums, vapeurs d’essence, ainsi que dans le tabac et le plastique. Administrée en dose infinitésimale, elle renverse cette réaction de sensibilités alimentaires et l’allergie au candida.
Une autre substance d’intérêt en homéopathie est le mannane, un polysaccharide qu’on retrouve à 78 % sur les membranes cellulaires des levures. En fait, c’est un métabolite du candida albicans. Ce dernier a besoin de mannane pour s’attacher aux cellules endothéliales, dont la muqueuse intestinale. Cette substance est utilisée en cuisine comme stabilisant, épaississant et émulsifiant, dont la gomme de guar. Plusieurs études ont aussi révélé que le mannane a un effet immunosuppresseur chez les individus sensibles. En dilution homéopathique, il est d’un grand intérêt pour programmer une désensibilisation au candida.
On peut aussi utiliser des complexes homéopathiques composés des substances allergènes (pollen, arbres, arbustes, poussières, levures…) en diverses dilutions, qui auront pour effet de désensibiliser la personne à ces substances.
ET L’ALIMENTATION DANS TOUT ÇA ?
Comme la réaction allergique est rendue possible à cause d’une alimentation déficiente composée de sucres raffinés, de gras saturés, d’alcool, de caféine et de nicotine, ce qui favorise une hyperactivité et un déséquilibre du système immunitaire, il est important d’adopter une alimentation riche en fibres (graines de lin, chia, chanvre, noix de coco râpée), en fruits et légumes frais, en poissons et en fruits de mer riches en oméga-3 (maquereau, truite, crevettes, huîtres, pétoncles, hareng, sardine, saumon, thon), et d’éviter les aliments raffinés (pâtisseries, desserts, chocolat, colas, tabac).
Voilà donc quelques pistes de solutions naturelles pour vous aider à enrayer toute problématique allergique et à profiter pleinement des beaux jours.
RÉFÉRENCES
CHAPUT, Mario. Traitement naturel des allergies, Éditions Fleurs sociales, Montréal, 2000.
CHUMPITAZA, B. et coll. « Characteristic and clinical relevance of candida mannan test in the diagnostic of probable invasive candidiasis », Medical Mycology, 2014, 52, p. 460-469.
EMOND, Stephen. « Phenolics, in brief », Index thérapeutique, Viatrexx, mai 2014.
GORMAN, Christine. « The fires within », Time, 22 mars 2004.
NELSON, R. D. et coll. « Candida mannan : chemistry, suppression of cell-mediated immunity and possible mechanisms of action », Clinical Microbiology Reviews, janvier 1991; 4(1): 1-19.
https://pubchem.ncbi.nlm.nih.gov/compound/acetaldehyde#section=Top