Une nouvelle solution pour vos bébés congestionnés

Publié le 20 novembre 2015
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O. collaboration spéciale de Sébastien Brassard, d.o, moq

Une nouvelle solution pour vos bébés congestionnés
Expo manger santé Quebec

Pour la chronique en ostéopathie de ce mois-ci, nous avons la chance d’avoir la collaboration de M. Sébastien Brassard, ostéopathe et expert en kinésithérapie respiratoire pédiatrique. Je lui cède donc la place afin qu’il vous explique les vertus de cette discipline fortement intéressante, mais encore méconnue au Québec. Bonne lecture !

 

La kinésithérapie respiratoire

Votre bébé est congestionné ? Il tousse beaucoup, son alimentation diminue et son sommeil est perturbé ? Vous vous sentez impuissant devant ce rhume qui s’éternise et qui vous inquiète ?

Il existe une solution très efficace qui vient de l’Europe francophone : c’est une technique de décongestion des voies aériennes supérieures (nez et pharynx) et des voies aériennes inférieures (trachée et bronches). Cette technique s’appelle la « kinésithérapie respiratoire ». Elle est pratiquée par un kinésithérapeute (le nom donné à la physiothérapie en Europe francophone) qui a réalisé trois ans d’études et un an de préparation à l’université de médecine qui mènent à l’obtention d’un diplôme d’État. Cette technique est très répandue en Europe dans les hôpitaux, les cliniques de ville et les centres de garde de fin de semaine. Dans ces pays, le ministère de la Santé met en place des numéros d’urgence qui orientent les parents vers les professionnels les plus proches.

 

A qui s’adresse cette technique ?

Cette technique s’adresse aux nourrissons qui présentent une congestion respiratoire dont l’origine est bien souvent virale. La plus connue est la bronchiolite causée principalement par le virus VRS. D’après la Société canadienne de pédiatrie, la bronchiolite est la principale cause d’hospitalisation avant l’âge d’un an. Elle touche plus du tiers des enfants avant deux ans. Depuis 30 ans, le taux d’hospitalisation est passé de 1 % à 3 % chez l’ensemble des nourrissons.

Les symptômes sont souvent inquiétants pour les parents, mais cette maladie est le plus souvent bénigne, fort heureusement. Ils sont inquiétants, car les parents entendent beaucoup de bruits respiratoires parfois impressionnants (sifflements, râles bronchiques). Les nuits sont bien souvent agitées et l’alimentation peut diminuer à cause de l’inconfort de l’enfant. La quantité de nourriture et d’hydratation est alors à surveiller particulièrement.

 

Pourquoi la kinésithérapie respiratoire pédiatrique n’est-elle pas présente au Québec et en Amérique du nord ?

Tout simplement parce qu’il s’agit d’une approche différente de celle qui est présente en Amérique du Nord, mais elle commence à apparaître à Montréal et elle offre une solution de rechange à l’inconfort du bébé et du jeune enfant congestionnés.

 

En quoi consiste-t-elle ?

La technique est manuelle et elle repose sur un bilan précis de l’état de l’enfant avec une auscultation minutieuse : fréquence respiratoire, bruits de la respiration, écoute au stéthoscope, état général de l’enfant, alimentation et sommeil sont pris en compte.

Ensuite, il faut décongestionner l’enfant, surtout le nez chez les bébés de moins de six mois, qui respirent essentiellement par le nez, si bien que certains bébés se retrouvent en détresse respiratoire avec « pour seule cause » un nez très congestionné, alors que les bronches ne sont pas congestionnées. Grâce à un geste précis, la technique va désencombrer le nez pour assurer un drainage complet afin que bébé retrouve la possibilité de respirer par le nez.

Il existe deux techniques pour cela : la première est le drainage rhinopharyngé antérograde. Les sécrétions sont alors recueillies directement à la sortie du nez. La deuxième est le drainage rhinopharyngé rétrograde ; les sécrétions descendent dans la bouche et un appui sous la langue du bébé en arrière du menton permet alors de recueillir les sécrétions à la bouche.

Il est important de préciser que ces techniques respectent parfaitement les temps respiratoires du nourrisson : le praticien se cale sur l’inspiration et l’expiration du bébé sans rien imposer, si ce n’est la fermeture d’une narine qui permettra l’évacuation des sécrétions. Ce seul drainage du nez est parfois suffisant lorsqu’il n’y a pas de congestion bronchique, surtout chez le nourrisson de moins de six mois.

Le praticien forme les parents pour qu’ils puissent reproduire le geste correctement au domicile. En effet, un drainage bien fait avant les repas, mais surtout avant la nuit, rend le nourrisson beaucoup plus à l’aise : il recommence alors à manger normalement et retrouve un sommeil beaucoup plus paisible. C’est un soulagement évident pour le nourrisson et ses parents.

Si la congestion se situe également dans les bronches, la technique va se baser sur la respiration de l’enfant en la respectant dans son rythme, mais en augmentant sa vitesse (lentement ou plus rapidement) pour faire « remonter » les sécrétions vers la trachée. Une technique utilise le réflexe de toux pour amener les sécrétions vers la bouche, puis les sécrétions sont recueillies au bord des lèvres. Cette technique est appelée « augmentation du flux expiratoire ». Là encore, elle respecte la respiration de l’enfant : le praticien s’aide de l’expiration de l’enfant et l’amplifie.

Ce geste peut parfois impressionner les parents et le praticien doit prendre le temps de l’expliquer. Une main sur le ventre du bébé maintient l’enfant et une main sur son thorax amplifie la vitesse de l’expiration par une pression adaptée à chaque nourrisson.

Ce geste est rendu possible par la compliance de la cage thoracique du bébé. En effet, à cet âge, la cage thoracique, très cartilagineuse, est souple et malléable.

Le bébé ou le jeune enfant est enfin décongestionné et repart avec le sourire, ses parents soulagés. La technique est sécuritaire et hautement efficace. Elle aide grandement le bébé et les parents à passer ce cap difficile. Elle est recommandée dans les bronchites, les bronchiolites, les rhumes… Dès que l’enfant est congestionné ! Aussi, il est fréquent que le nourrisson soit suivi pendant deux ou trois jours, tant qu’une congestion importante est présente.

 

Est-ce douloureux pour le nourrisson ?

Lors de la pratique de cette technique, le nourrisson pleure pour exprimer un mécontentement. En effet, à cet âge, le bébé ne comprend pas ce qui se passe : un « inconnu » pose ses mains sur lui, il entend une voix qui ne lui est pas familière et pleure donc comme il le fait parfois lors d’une auscultation médicale ou avec des étrangers.

Cette technique n’est pas douloureuse, et la preuve en est que dès que le praticien arrête ses gestes, le nourrisson cesse de pleurer immédiatement et il n’est pas rare qu’il fasse un beau sourire au praticien !

En effet, si l’enfant avait eu une véritable douleur, ses pleurs se prolongeraient pendant plusieurs minutes. De plus, rappelons que chez les bébés, la cage thoracique est très souple et cartilagineuse (il n’y a pas de nerfs dans le cartilage, donc pas de douleur non plus).

 

Quel est l’intérêt principal de cette technique ?

Rendre l’enfant confortable pour ses nuits et son alimentation, mais aussi et surtout prévenir l’accumulation des sécrétions qui peuvent conduire le bébé aux urgences de l’hôpital pour faire pratiquer des aspirations dans les poumons. En Europe francophone, les médecins s’accordent pour dire que la pratique de ces techniques avec un bon suivi évite un nombre important d’hospitalisations. C’est pour cela que l’assurance-maladie prend en charge ces soins.

 

Quels conseils doit-on suivre pour éviter la congestion chez les bébés ?

Le virus se transmet par la salive, les éternuements, la toux et les mains. Ainsi, le rhume de l’enfant et de l’adulte peut entraîner une bronchiolite ou toute autre congestion respiratoire du nourrisson. Il faudra donc éviter les personnes contaminées, les échanges de suces ou de biberons et l’exposition du bébé à un environnement enfumé. Mais aussi et surtout, il faut se laver les mains correctement et ne pas hésiter à porter un masque lorsqu’on est très enrhumé en présence d’un nourrisson. Pendant la maladie, il faut éviter d’embrasser bébé sur le visage… même si c’est difficile ! D’autre part, la température de la chambre doit être de 19 °C,  soit pas trop élevée pour éviter d’assécher les muqueuses, ce qui les rendrait alors trop vulnérables aux virus.

Il est également important que le kinésithérapeute soit entouré de médecins, si une orientation doit être faite vers une prise en charge médicale. Évidemment, un nourrisson doit être conduit vers une urgence hospitalière s’il présente une détresse respiratoire majeure, que l’on observe lorsque le tirage des muscles inspirateurs est important et que la saturation en oxygène dans le sang est nettement diminuée.

La kinésithérapie respiratoire a vu ses techniques évoluer au cours des 30 dernières années et elle se base sur les recommandations des différentes conférences de consensus médicales qui ont eu lieu à Paris entre 1994 et 2001. Elles valident et recommandent les techniques les plus efficaces et sécuritaires : elles ont alors invalidé la technique du « clapping », inefficace dans les congestions respiratoires et incomplète puisqu’elle ne vide pas le nez de ses sécrétions chez le nourrisson.

Cette technique encore méconnue au Québec mérite d’être répandue pour son efficacité et pour la santé des nourrissons. De plus, ce service est couvert par la plupart des assurances maladie. Pour obtenir plus de renseignements ou pour me joindre, vous pouvez consulter le site www.bebecongestion.com.